MUSTANG
Cinq
sœurs orphelines sont élevées par leur grand-mère dans un village du nord de la
Turquie, à 1000 km d'Istanbul. Le dernier jour de l'année scolaire, elles
rentrent chez elles par le bord de mer, en compagnie de camarades de classe.
Juchées sur les épaules des garçons, elles s'affrontent pour se faire tomber à
l'eau tout habillées. Les ragots du village les précèdent chez elles. Leur jeu innocent
a été jugé obscène. L'oncle Erol — sombre brute très à cheval sur un patriarcat
qui se drape de tradition, de morale et de religion — reproche à la grand-mère
une éducation trop laxiste. Les aînées doivent subir à l'hôpital un examen
d'intégrité hyménéale. Et la maison se transforme peu à peu en prison : murs
d'enceinte rehaussés, portes fermées à clef, barreaux aux fenêtres, plus
d'école, plus d'ordinateur, plus de téléphone, mais des cours de cuisine et de
ménage dispensés par des femmes à hijab.
Mustang
Réalisation : Deniz
Gamze Ergüven
Scénario : Deniz
Gamze Ergüven, Alice Winocour
Musique : Warren
Ellis
Production : CG
Cinéma
Genre : Drame
Titre
en vo : Mustang
Pays
d'origine : France, Allemagne, Turquie
Langue
d'origine : turc
Date
de sortie : 17 juin 2015
Durée : 97
mn
Casting
:
Güneş
Nezihe Şensoy : Lale, la
benjamine, 11 ans environ
İlayda
Akdoğan : Sonay, l'aînée, 16 ou 17
ans, mariée selon sa convenance
Tuğba
Sunguroğlu : Selma, la
deuxième, mariée contre son gré
Elit
İşcan : Ece, la troisième, qui se
suicide
Doğa
Zeynep Doğuşlu : Nur, la
quatrième, qui est violée par l'oncle Erol
Ayberk
Pekcan : Erol, l'oncle rigoriste et
violeur
Nihal
Koldaş : la grand-mère
Burak
Yiğit : Yasin, le
chauffeur-livreur
Bahar
Kerimoglu : Dilek,
l'enseignante
Enes
Sürüm : Ekin, le petit ami de
Sonay
Suzanne
Marrot : tante Hanife
Hüseyin
Baysal : le propriétaire au fusil
Şerife
Kara : la grand-tante
Aynur
Kömeçoğlu : tante Emine
Erol
Afşin : Osman, le jeune époux de
Selma
Serpil
Reis : la mère d'Osman
Rukiye
Sarıahmet : la tante
d’Osman
Aziz
Kömeçoğlu : le père
d'Osman
Müzeyyen
Çelebi : la mère d'Ekin
Kadir
Çelebi : le père d'Ekin
Tuncer
Kumcular : le gynécologue
Aykut
Karatay : l'amant occasionnel d'Ece
Utku
Zeka : le compagnon de Dilek
Mon avis :
Même si cela fait un certain temps que le cinéma turc n’était plus présent sur
ce blog, celui-ci a déjà été mis a l’honneur a de multiples reprises, même si,
il faut le reconnaitre, a chaque fois, il s’agissait principalement de productions
germano-turques voir allemandes tout court, mais, traitant de la population
turque outre-Rhin – Head On, L’étrangère,
pour ne citer que deux exemples. Ici, avec Mustang, nous conservons le duo
habituel (teutons, ottomans) et y ajoutons la France, la réalisatrice, Deniz
Gamze Ergüven, vivant dans l’Hexagone, cependant, ne nous y trompons pas :
Mustang est avant toute chose un film
turc, réaliser par une turque, avec des acteurs turcs et traitant de
problématiques turques… et, justement, pas la moindre puisque celle-ci est la
condition féminine dans ce magnifique pays, condition peu enviable, comme on
peut s’en douter surtout depuis la prise de pouvoir de ce triste sir d’Erdoğan
(oui, celui qui joue double jeu avec Daesh) et de son parti d’ultrareligieux il
y a de cela quelques années. Bien entendu, l’intrigue de Mustang ne se déroule pas a Istanbul mais dans un petit village
paumé où le patriarcat est le plus fort : sous couvert de religion et de
bonnes mœurs, cinq adolescentes vont vivre ce qu’il faut bien appeler un enfer,
emprisonnées par leur famille et, assez rapidement, contraintes a des mariages
forcés tandis que, de sa tour d’ivoire, règne en maitre ce triste individu qu’est
leur oncle, patriarche moustachu insensible a leur sort et ne se souciant, accessoirement,
que de sa réputation a lui et de son plaisir – les bonnes mœurs, c’est bien
pour l’image de marque, l’inceste, c’est bien pour son plaisir. Alors bien sur,
j’ai put voir ici et la que certains auront trouvé a redire quand au propos du
film, celui-ci, selon eux, caricaturant de belle manière, une fois de plus, la
société musulmane et, dans le cas présent, la Turquie. Pourtant, ces mêmes
personnes qui seront prêt a lever hurler au loup pour des causes moins nobles
ont tort dans le cas présent : oui, la condition féminine n’est pas
terrible dans bien des pays musulmans et oui, celle-ci était meilleure dans la
Turquie d’avant Erdoğan. Le nier serait une ineptie, voir, pire, contribuer a
ce quelle se pérennise. Mais bon, peu importe car ce qui compte avant toute
chose, c’est le film en lui-même et de savoir si celui-ci est bon ; après
tout, contester, c’est bien, mais si l’œuvre est bonne, c’est mieux. Et, ma
foi, force est de constater que Mustang
est diablement bien ficeler ; oh, certes, ce n’est pas un grand film, un
incontournable qui marque les esprits et que l’on pourrait voir, encore et
encore, cependant, ne serais-ce que pour ses cinq et très jeunes actrices qui,
quasiment, portent a elles seules le film, Mustang
vaut le coup. Touchantes, parfois drôles, souvent dramatiques, les jeunes
filles éblouissent de fort belle manière ce long métrage au propos dur, très
dur même par moments, tentant, tout simplement, de vivre et d’être heureuses
dans une société où l’homme est roi et où la femme, forcément, une véritable
bonniche. Bref, vous l’avez compris, un film attachant, triste et joyeux à la
fois, mais qui, ma foi, ne m’aura pas laissé indifférent et qui démontre bien
qu’encore aujourd’hui, en bien des pays, la femme n’est pas un homme comme les
autres…
Points
Positifs :
- Les cinq jeunes filles qui jouent le rôle
des cinq sœurs, bien sur. Celles-ci éblouissent de belle manière ce film et
sont très rapidement attachantes, particulièrement la plus jeune, Güneş Nezihe
Şensoy.
- La thématique de Mustang prête à polémique
mais bon, a un moment donné, pourquoi se voiler la face ?! Oui, la
condition féminine en Turquie s’est considérablement dégradée au fil des ans et
oui, il y a des mariages forcés, de nombreux crimes d’honneurs et, tandis que
les hommes sont des rois, les femmes, elles, ne sont que des bonniches qui ne
sont la que pour les satisfaire, particulièrement, bien entendu, loin des
grandes villes. En parler n’est pas pointer du doigt une religion ou un pays
mais, tout simplement, une injustice.
- Forcément, au vu de sa thématique, Mustang
est un drame et certaines scènes sont plutôt dures. Cependant, surtout par le
biais des jeunes actrices, il y a ici et la des scènes plus touchantes, drôles
même parfois.
Points
Négatifs :
-
Certes, je ne nie pas que l’inceste n’existe pas – d’ailleurs, nul besoin d’aller
jusqu’en Turquie pour cela, la France étant bien fournie de ce coté là –
cependant, faire de l’oncle un violeur est, de mon point de vu, une erreur :
ce dernier était déjà suffisamment haïssable au vu de son comportement vis-à-vis
de ses nièces – poids des coutumes, de la religion, de la morale, de la société
patriarcale – sans que l’on en fasse un violeur, histoire de noircir davantage
le personnage.
-
Grosse erreur a un moment donné : Lale, fan de foot, est supportrice de
Trabzonspor, ensuite, l’occasion est donné d’aller voir un match où joue… Fenerbahçe ;
mouais, a ce moment là, je me suis dit que les deux équipes jouaient l’une
contre l’autre ?! Puis, oh surprise, à la télévision, quand il y a un but,
on a droit à une image de célébrations d’un joueur de… Galatasaray ! Je
sais, c’est un détail mais bon, les détails, ça compte aussi.
Ma
note : 7,5/10
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