mardi 24 janvier 2012

LA CITÉ INTERDITE



LA CITÉ INTERDITE

L’empereur Ping est un homme d’humble origine et à la forte ambition, monté sur le trône à partir du rang modeste de capitaine. Il a abandonné sa première femme pour épouser la princesse de Liang, aujourd’hui son impératrice Phœnix. L’empereur n’aime pas sa seconde femme, met son humeur aigre sur le compte de la maladie et l’oblige à prendre un traitement qu’il a concocté lui-même toutes les deux heures depuis dix ans. Elle et le prince héritier Wan, le fils que l’empereur a eu de sa première femme, ont une liaison depuis trois ans. Wan se sent coupable de cette liaison et entretient une seconde relation secrète avec Jiang Chan, la fille du médecin impérial. Il souhaite s’échapper du palais, qu’il n’a jamais quitté, et voir le monde réel avec Chan. Le prince Jai, le deuxième fils et l'aîné de l’impératrice, a dirigé l’armée de l’empereur Ping aux frontières du royaume pendant trois ans. Le palais a préparé une cérémonie d’accueil grandiose pour le retour du prince à la veille de la fête des chrysanthèmes, mais l’empereur annule celle-ci au dernier moment pour rencontrer son fils dans une auberge voisine où Jai a reçu instruction de l’attendre. Là, l’empereur provoque son fils en duel comme un acte de domination, après quoi il avertit Jai de ne jamais répéter une erreur passée, non précisée, insistant sur le fait que tout ce que Jai reçoit provient de la volonté de l’empereur et que toute tentative d’obtenir quelque chose de l’empereur par la force est vouée à l’échec.

Je ne remercierais jamais assez France Ô de nous avoir proposé, hier soir, pour fêter la nouvelle année chinoise, ce très beau film qu’est La Cité Interdite, œuvre du réalisateur chinois Zhang Yimou et déjà responsables de véritables petits bijoux comme Le secret des poignards volants, Hero ou Epouses et concubines. Ainsi, et alors que je m’apprêtais a passer une soirée peu engageante, en zappant sans grande conviction, et dans l’attente d’une sale nuit où j’aurais bien du mal à trouver le sommeil suite à mes quintes de toux, j’eu l’agréable surprise de tomber par hasard – comme l’on dit, celui-ci fait décidément bien les choses – sur ce film que je ne connaissais pas (franchement, vu sa date de sortie, mon plus jeune fils était tout petit et j’avais bien d’autres chats à fouetter que de suivre l’actualité cinématographique) ou que j’avais oublié (ma mémoire et moi) et, en moins de deux minutes, décision fut prise de m’exiler au salon (et oui, ça n’enchantait pas madame qui préféra, soupir, L’amour est dans le pré sur M6) et de m’installer confortablement devant un bon moment de cinéma.


Bon, avant toute chose, je dois reconnaitre que cela faisait belle lurette que je ne voyais pas un film asiatique alors qu’il fut un temps – plus insouciant, moins de responsabilités, en gros, je n’avais que ça à faire – où je ne me lassais pas de ceux-ci : ainsi, entre des véritables petits bijoux de Kurosawa comme Les Sept Samouraïs ou La Forteresse cachée pour les films de sabres nippons, mais aussi, Battle Royal ou Ring dans des genres différents ainsi que, du côté du cinéma chinois, des pépites d’humour et d’action comme Il était une fois en Chine et des fresques comme Hero ou Tigres et Dragons, pour ne citer que les plus connus, les premières années du vingt et unième siècle, pour moi, furent asiatiques ! Par la suite, et les aléas de la vie, j’ai un peu abandonné le genre et ce, même si celui-ci me plaisait toujours au temps ce qui a fait que, depuis que Le Journal de Feanor existe (quatre ans), je n’ai eu l’occasion que d’en voir un seul : Les Trois Royaumes, superbe fresque semi légendaire, semi historique des Royaumes combattants, il y a de cela trois ans environ. Ainsi, telle ne fut pas ma joie de retrouver ainsi un genre aimé, pour ne pas dire adorer, et que j’avais laissé, selon moi, bien trop longtemps de côté.


Mais alors, que vaut vraiment cette Cité Interdite ? Car bon, comment dire, ce n’est pas parce que l’on aime un genre particulier que l’on doit tout accepter sans emmètre la moindre critique. Et ben, tout d’abord, reconnaissons-le tout de suite, ce film n’est pas le meilleur que j’ai eu l’occasion de voir du cinéma chinois, certes, à l’époque de sa sortie, il en était le plus cher – mais cela n’a jamais été un gage de qualité. Ensuite, et quelque part, ceux qui connaissent et apprécie le genre peuvent trouver cela curieux de ma part mais sur ce coup-là, je n’ai pas franchement aimé les exagérations habituelles des combats. Certes, par-là, je n’émets pas de critiques sur tous les combats du film, après tout, le dernier, dans son exagération même – deux armées qui s’affrontent en plein cœur de la Cité interdite, le massacre qui suit, l’un des personnages principaux qui tient tête à des centaines d’adversaires à lui tout seul (ah, les bons souvenirs de l’un des jeux les plus extravagants et jouissif de tous les temps : Dynasty Warriors !) est un modèle du genre et ravira les amateurs dans mon genre. Par contre, le côté mecs qui volent sur ce coup, était de trop car ne se justifiait pas vraiment. Pire encore, le fait que certaines femmes aient des prédispositions au combat et plus particulièrement la fille du médecin royal : franchement, ce fait a desservi le film alors que dans d’autres, ça passait assez bien. Mais alors, pourquoi ses griefs ? La Cité Interdite est-il une œuvre ratée ?

Et ben non, pas le moins du monde en fait ! Le problème qui se pose ici, c’est qu’en fait, nous nous trouvons la devant une œuvre plus profonde, plus intimiste et plus, comment dire, axé sur la réflexion que ce que l’on a l’habitude de voir dans le cinéma chinois. Véritable drame que n’aurait pas renié Shakespeare, La Cité Interdite vaut énormément pour son coté terriblement oppressant, renforcé par ses décors certes somptueux et féeriques, mais dans lesquels chaque protagoniste n’est en fait qu’un jouet dans une prison dorée, soumis aux bons vouloirs d’un souverain, à la fois cruel et aimant (selon ses gouts), mais aussi au poids encore plus important des traditions ancestrales qui régissent l’ensemble de la société chinoise et plus encore la classe dirigeante. Cette oppression, ce sentiment d’étouffement est amplifié par une bande son qui colle parfaitement bien à l’intrigue et qui écrase davantage – comme s’ils n’en avaient pas encore assez – les personnages de ce drame. Car oui, c’est un drame qui se cache derrière cette intrigue de palais, cette volonté de l’impératrice de formenté un coup d’état, tentative forcement voué à l’échec mais qui reste sa seule et unique solution, condamnée qu’elle est selon la volonté de son époux. Mais drame aussi pour son beau-fils, le Prince héritier, qui souffre d’avoir perdu sa mère, mais aussi de sa liaison avec sa belle-mère ; drame également pour les autres enfants, l’un tirailler entre son père et sa mère et qui pourrait tout perdre, l’autre, véritable cinquième roue du carrosse, nourrissant sa haine secrètement pour l’ensemble de sa famille. Drame également pour d’autres protagonistes, que je ne dévoilerai pas davantage afin de ne pas trop en révéler sur l’intrigue et gâcher l’effet de surprise ; sachons seulement qu’entre jalouseries, haine, inceste, les pauvres protagonistes de cette histoire, accablés par le destin et sachant par avance que celui-ci ne leur sera pas profitable, n’en sortiront pas indemnes, loin de là.

Car malgré ses somptueux décors, ses costumes flamboyants et ses hauts faits d’armes, La Cité Interdite est avant tout une œuvre en vase clôt, une affaire de famille qui ne peut que se finir mal, une œuvre dont le personnage principal, et de loin, est cette impératrice – formidable et magnifique Gong Li au sommet de son art – qui écrase de sa prestance tout le reste. Tant de par son jeu, tout bonnement parfait, alternant entre lucide et révolte, sensualité et folie, amour et haine, celle-ci remporte haut la main de personnage le plus intéressant, et ce, malgré un lot assez bien fournie pour une fois. Mais du coup, lorsque l’on regarde La Cité Interdite, et malgré un combat final, comme je l’ai dit, qui mérite le coup d’œil, ce que l’on recherche, ce sont les relations entre personnages, d’une complexité rare, ce que l’on regarde, ce sont ces décors, tout bonnement grandioses, et surement pas, à coup sûr, ces types costumés qui volent dans tous les sens de façon grand guignolesque. Sincèrement, ceux-ci n’auraient pas été présents et ce film ne s’en serait que mieux porté. 

vendredi 20 janvier 2012

L’ARMEE DES DOUZE SINGES



L’ARMEE DES DOUZE SINGES

En 2035, l'humanité vit rejetée dans des souterrains suite à la propagation d'un virus mortel et à l'extermination de la majeure partie de la population en 1996. Le seul espoir des survivants est de retrouver la piste du virus dans le passé afin de l'identifier et de soigner la population. La technique du voyage dans le temps est alors balbutiante et seuls des prisonniers sont déclarés volontaires pour cette dangereuse exploration. James Cole (Bruce Willis), hanté par une image d'enfance, une image violente et douce qui revient comme un leitmotiv, est ainsi envoyé dans le temps à la recherche de cette fameuse Armée des 12 Singes qui a apparemment libéré le virus. Cole parviendra-t-il à obtenir ces précieux renseignements ? Qui est-il vraiment ? Que sont ces flashbacks qui le hantent ?


Cela peut paraitre incroyable quand j’y pense, mais, alors que L’armée des douze singes est l’un des films que j’ai le plus vu et revu (si l’on excepte les Louis de Funès et autres Ben Hur et Autant en emporte le vent), je n’avais jamais proposé la critique de celui-ci sur ce blog. Bien évidemment, il y a une explication à cela : le simple fait que cela faisait quelques années que je ne le regardais plus (c’est après tout une raison comme une autre) ce qui a un avantage certain : le fait de vous proposer une critique bien meilleur que je ne l’aurais fait en 2008 par exemple, mais aussi et surtout, comme ça faisait un bon bout de temps que je ne le revoyais plus, j’ai grandement apprécier cet énième visionnage de cette œuvre, surtout que, pour la toute première fois, je l’ai vu en VO ; ce qui, accessoirement, fut une bonne idée. Ainsi, ce mercredi, et pendant que ma femme et mes enfants partaient au cinéma voir La colline aux coquelicots (argh, fiévreux, je ne pus les accompagner), je me suis donc installer devant mon petit écran pour me replonger dans ce qu’il faut bien appeler l’un de mes films préférés.

Avant d’aller plus loin, une petite précision s’impose : oui, je suis parfaitement au courant que L’armée des douze singes est une adaptation du court métrage La jetée de Chris Marker et datant de 1962 (voir ici pour en savoir plus). Mais comme, malgré mes propres promesses de m’être jurer de le voir, je ne l’ai jamais fait (du moins, pour le moment quoi que cela fait juste une bonne dizaine d’années d’attente), je ferais l’impasse, dans cette critique, de La jetée. Du coup, et tout en sachant pertinemment ce que l’œuvre qui nous préoccupe aujourd’hui doit à celle de Chris Marker, cette critique sera uniquement considérer a L’armée des douze singes. Que l’on me pardonne donc par avance si je n’en ferais plus mention par la suite.

Ceci étant dit, attaquons le problème à bras raccourcis, c’est-à-dire, cette fameuse Armée des douze singes, qui, en son temps, les années 90, marqua bien des cinéphiles et des amoureux de fantastiques. Œuvre du fantasque et génial Terry Gilliam que l’on ne présente plus, ce film est l’aboutissement, selon moi, de ce que doit être une œuvre fantastique comme je les aime : en effet, dans celle-ci, tous les éléments dont je ne me lasse pas sont présents. Ainsi, dès les premiers instants et une musique de générique inoubliable, le ton est donné ; s’ensuit, tout au long du film, des allés retours incessants entre passé/présent et futur au point où le spectateur ne sait plus où donner de la tête, et surtout, si tout cela est bel et bien réel. Et c’est surtout ce futur qui marque les esprits : dans une planète dévastée par un virus mortel qui décima la quasi-totalité de la population mondiale, des prisonniers de droit commun, volontaires d’office, sont envoyés dans le passé afin de trouver des indices sur cette fameuse Armée des douze singes, organisation suspectée d’avoir provoqué l’apocalypse. Et ce futur, forcement peu rassurant, est encore plus effrayant quand on voit ce que l’espèce humaine – ou ce qu’il en reste – est devenu, ne serais ce que ces scientifiques en blouse blanche, véritables archétypes du savant fou qui, dans des décors improbables, envoie donc de simples quidam vers, apparemment, une mort certaine. Et parmi ces « volontaires », il y a donc la grande star hollywoodienne de l’époque, le symbole même des films d’actions des années 90, Bruce Willis en personne dans ce qui, à mes yeux, restera comme son meilleur rôle au cinéma. Car ici, si, pour la énième fois dans sa carrière, Bruce Willis essaye de sauver le monde, c’est d’une façon bien plus subtile et intéressante que d’habitude car plutôt que l’habituel bourrin qui castagne tout ce qui bouge, dans L’armée des douze singes, s’il ne joue pas un enfant de cœur, c’est un personnage hautement plus attachant que d’habitude qu’il joue : paumé, souvent – par la force des choses – défoncé par les médicaments et baveux, Bruce Willis fait des allers retours entre passé et futur sans savoir si, finalement, tout cela n’est pas qu’une simple illusion de son esprit et qu’en fait, il ne soit complétement fou. Bien évidemment, on se doute bien que ce n’est pas le cas mais quoi qu’il en soit, le tout est si bien tourné que l’on peut avoir des doutes. Autre rôle marquant de ce film, un Brad Pitt complétement halluciné qui nous sort toute la panoplie du parfait amateur de camisole de force. Sincèrement, l’on peut aimer ou détester cet acteur mais ici, il est tout bonnement parfait et ce, même s’il pousse tellement à fond son rôle que parfois, on a l’impression qu’il surjoue un peu trop, allant toujours plus loin dans les profondeurs de la folie.


Folie, le mot est lancée : folie des hommes qui ont provoqué un tel drame, folie des hommes, dénoncé tout le long du film, qui n’ont pas respecté la nature, folie de la plus part des protagonistes – Brad Pitt, assumé, Bruce Willis, qui pense l’être, Madeleine Stowe, elle, jouant une… psychiatre – et puis, ces savants, pas très net, ces décors, faits de bric et de brocs, et cette musique, ah, cette musique, oppressante et qui reviens sans cesse. Mais le pire, du moins, ce que l’on retient avant tout de cette œuvre, c’est que, quel que soit nos connaissances du futur (ou du passé), quel que soit nos efforts afin d’essayer de le modifier, cela est tout bonnement impossible : chaque acte, chaque décision, chaque parole ne tendra que vers l’inéluctable vérité : ce qui doit arriver arrivera.

Bien évidemment, un film comme L’armée des douze singes ne laisse pas indifférent, ne serais ce que par son propos et son esthétisme, peu commun, il faut l’avouer. Peut-être un peu oublier, de nos jours, il n’en reste pas moins comme étant ce qu’il faut bien appeler, sans exagération aucune, un pur chef d’œuvre. Et que je vous dise cela alors que le rôle principal est tenu par Bruce Willis, ce n’est pas rien, je peux vous l’assurer. Quoi qu’il en soit, avec cette Armée des douze singes, Terry Gillian signe là l’une de ses plus belles œuvres, certes dérangeante par moments, peu commune, originale et qui, sans nul doute, mérite le détour. A voir ou à revoir… 

dimanche 8 janvier 2012

L’ETOFFE DES LEGENDES : L’OBSCUR



L’ETOFFE DES LEGENDES : L’OBSCUR

1944, Brooklyn. Un enfant est kidnappé par le croquemitaine qui l'emmène dans un royaume mystérieux nommé l'Obscur. Conscients de cette disparition, les jouets du jeune garçon décident alors de partir pour ce monde inconnu afin de sauver leur petit maître. À leur arrivée, ils se trouvent réincarnés dans leur propre personnage beaucoup plus réaliste : l'ours en peluche devient un animal féroce, le soldat de plomb un as de la stratégie militaire, le bouffon dans sa boîte un acrobate maniant parfaitement la hache… Sous ces nouvelles apparences, ils se lancent dans un combat éperdu contre les armées du croquemitaine.

On a souvent tendance à l’oublier mais les comics, c’est-à-dire, la bande dessinée nord-américaine, ce n’est pas uniquement des histoires sans fin où des types en costumes en latex et masqués comme s’ils partaient boire un coup Chez Moustache, se tapent dessus à longueur de journées et où, années après années, il ne se passe jamais rien de bien transcendant – en gros, à chaque nouvelle évolution de l’histoire suit un fantastique bond en arrière éditorial sensé rassuré le fan de base. Non, les comics, c’est aussi autre chose, des hommes et des femmes qui osent sortir des sentiers battus, qui font éclater les carcans tellement réducteurs qui étouffent près de 90% de la production et qui savent prendre des risques. Certes, pour la plupart de ces courageux qui mériteraient presque qu’on leur dresse une statue, l’échec sera souvent au rendez-vous, et, comme il faut bien vivre, tôt ou tard, bon nombre d’entre eux devront se contenter de réaliser un boulot alimentaire du côté de chez Marvel ou DC, les deux ogres superhéroiques US. Mais heureusement pour ceux qui cherchent autre chose que l’énième mort de Magnéto ou le crosover de la mort qui tue qui, deux mois après, n’aura servi à rien puisque tout sera comme avant, certains parviennent néanmoins à produire des œuvres marquantes, originales, qui sortent de la masse et qui valent véritablement le coup – artistes et auteurs majeurs qui peuvent se le permettre ou petits nouveaux qui nous pondent le truc de l’année, ce sont ces hommes, et ces femmes, vers lesquels je me tourne uniquement pour ce qui est des comics. Certes, ce préambule pourra paraitre sévère et il se pourrait que bon nombre d’entre vous m’insultent copieusement pour m’en être pris aussi violement à un genre, le superhéroique, qui n’a plus grâce à mes yeux depuis longtemps ; pourtant, comme beaucoup, il fut un temps où j’étais un fan parmi d’autres, et je ne nie pas que parfois, certains titres vaillent le coup, mais le temps qui passe et qui n’arrange rien, cette impression, que dis-je, cette certitude de lire et relire sans cesse les mêmes histoires, cette non évolution flagrante des intrigues, ces morts qui n’en sont jamais, ces vieilles ficelles maintes fois utilisées et bien d’autres défauts font que, à force, j’éprouve un rejet monumental pour les productions Marvel et DC, du moins, pour leurs titres phares ; inutile de les nommer. Mais heureusement, comme je vous l’ai dit, il y autre chose.


J’ai découvert L’étoffe des légendes, comme souvent, par le plus grand des hasards, alors que j’effectuais une recherche, il y a de cela quelques semaines, sur une autre bande dessinée (qu’accessoirement, je n’achèterais jamais) et, immédiatement, au vu du synopsis et des quelques cases proposées sur un site consacré à la bande dessinée, je me suis dit que cette œuvre ne pouvait que me plaire et me suis donc empressé de me la procurer. Par manque de temps, je n’ai pas eu l’occasion de m’y attaquer tout de suite (il fallait que j’en finisse avec Millénaire avant, entre autres…) ce qui fait que 2011 c’est gentiment achevée tandis que mon album patientait tranquillement, posé dans le tas de bouquins en attente dans ma bibliothèque. Mais aujourd’hui, finalement, ayant quelques heures devant moi, je me suis confortablement installer dans le meilleur endroit qui existe au monde pour lire – c’est-à-dire, mon lit – et me suis plongé dans ce qui allait être une aventure peu commune, ou presque.


Ce qui marque, tout d’abord, c’est le format de cet album : peu commun, presque un carré, ce n’est pas ce que je préfère, question de rangement oblige (oui, je suis un horrible et incorrigible maniaque du rangement, tout droit être droit, classer, nickel… hum, ais-je des origines prussiennes ?) mais ceci n’est qu’un détail mineur pour juger une œuvre car ce qui compte, c’est bien évidement le contenu, et la, attention, c’est du tout bon ! Toutes les planches sont couleur sépia – l’une de mes préférée, ça tombe bien – un choix qui colle terriblement bien a L’étoffe des légendes et qui renforce l’impression de plonger le lecteur plus profondément dans le passé où se déroule l’intrigue – les années 40, en plein conflit mondial et ce, même si le noir et blanc aurait plus convenu si l’on voulait être logique. Mais peu importe la logique tant le sépia colle si bien à cette BD. Aux manettes, ou plutôt, devrais-je dire, aux pinceaux, un certain  Charles Paul Wilson troisième du nom, qui est peut-être un illustre inconnu pour moi, mais qui n’en possède pas moins un agréable coup de crayon qui sublime cet univers si particulier et ses protagonistes qui méritent amplement le détour. Mais au fait, qui sont-ils ? Et ben, des jouets, tout bonnement, des jouets qui, afin de sauver leur « maitre », un enfant enlevé par le terrifiant Croquemitaine, décident de partir dans le royaume de celui-ci, le fameux Obscur – qui a donner le titre a ce premier tome de la saga – et qui là, vont se transformer de manière radicale : l’ours, le doudou, une simple peluche, devient une machine à tuer, le soldat de plomb, un combattant héroïque de la Grande guerre, le canard en bois, un canard heureux de possèdes de vraies ailes, la tirelire… et ben, un cochon. Et cette transformation, ce passage entre un univers familier et réel (oui bon, en partant du principe que les jouets possèdent une conscience, mais après tout, on a déjà vu pire exagération) et finalement gentillet (quoi que, c’est la seconde guerre mondiale tout de même), et, de l’autre côté du miroir, cet univers, l’Obscur, royaume de l’épouvantable Croquemitaine, fonctionne à merveille et est l’une des grandes forces de cette œuvre : il est amusant de, tel un Toy’s Story dark, voir s’animer ses jouets, les voir prendre vie, agir en conformité tel que les voyait leur enfant, et partir à la rescousse de celui-ci, affrontant mille et un dangers, le plus souvent mortels par ailleurs. Car que l’on ne s’y trompe pas, L’étoffe des légendes n’est pas une BD pour les plus jeunes d’entre nous, au contraire : Mike Raicht et Brian Smith ont su créer une œuvre bien plus adulte que l’on pourrait le penser de prime abord et certainement plus profonde que les illustrations pourraient le laisser croire.


Forcément, nous n’en sommes là qu’au tout premier tome de cette série somme toute récente – aux USA, seul deux volumes sont parus jusque là – et il faudra probablement voir sur le long terme pour pouvoir juger cette Étoffe des héros à sa juste valeur. Mais quoi qu’il en soit, pour un début, cette espèce de fable onirique fonctionne à merveille et promet énormément ; tant par son univers, assez sombre et violent, ses personnages assez variés et dont certains – je pense surtout au cochon – me semblent posséder un potentiel certain, de même, pour les réflexions que cette BD peut entrainer – la vie et la mort, le courage, la lâcheté etc. – ce premier volume de L’étoffe des légendes est à découvrir de toute urgences, en espérant, bien entendu, que la suite soit à la hauteur de nos attentes. 

samedi 7 janvier 2012

THE TREE OF LIFE



THE TREE OF LIFE

Dans le Texas des années 50, Jack grandit entre un père autoritaire et une mère aimante et généreuse. La naissance de ses deux frères l’oblige bientôt à partager cet amour inconditionnel, puis à affronter l'individualisme forcené d'un père obsédé par la réussite de ses enfants. Jusqu'au jour où un tragique événement vient perturber cet équilibre fragile…Devenu adulte, Jack se remémore son enfance et se laisse envahir par les souvenirs du passé, alors qu'il s'apprête lui-même à devenir père…

Finalement, je m’y serais décidé, finalement, j’aurais trouvé le temps, l’envie et le courage de m’y attaquer ; oui, je n’exagère pas, l’envie et le courage, bien plus que le temps finalement car avec ce genre d’œuvre, dans le fond, le principal problème, ce n’est pas forcément le fait de ne pas avoir le temps (si j’en avais eu véritablement envie, cela ne m’aurait pas posé de problème d’y consacré une partie d’une quelconque soirée de la semaine) mais la crainte, le manque d’envie, de m’attaquer à ce que l’on pourrait appeler sans exagération aucune un gros, un très gros morceau. Car c’est cela qu’est The tree of life, un monument, quasiment impossible – que l’on ait aimé ou tout bonnement détester – à critiquer, du moins, pour quelqu’un comme moi. Qu’entends par là ? Et ben, comment dire… disons tout simplement que je ne possède pas les capacités nécessaires, les connaissances et les références qui m’auraient permis de vous proposer une critique digne de ce nom. Certes, dans la plus part des cas, depuis que ce blog existe, je n’ai guère de problèmes à le faire ; je ne prétends pas par la que mes critiques soient d’un niveau époustouflant, mais bon, je m’y attèle à faire de mon mieux et à donner mon ressenti sur une œuvre. Certes, j’arrive plus à descendre un truc, selon moi, raté (il est toujours facile de dire du mal) que quelque chose que j’ai particulièrement aimé, mais dans l’ensemble, je n’ai jamais eu de gros problèmes à le faire et en tout cas, pas spécialement de grosses appréhensions. Or cette fois ci, j’en avais presque peur et je repoussais toujours au lendemain l’écriture de cette fameuse critique (du coup, de décembre 2011, on est passé à janvier 2012) tout en espérant l’impossible, c’est-à-dire, que ma femme le fasse elle-même – mais celle-ci, auteur de deux billets sur ce blog, et pourtant spécialiste de Terrence Malick ne l’aura pas, comme je m’y attendais, fait, et, du coup, il m’aura fallu prendre mon courage à deux mains et m’y atteler.

Mais pourquoi une telle appréhension devant ce film ? Après tout, quelque part, cela pourrait être comme pour n’importe qu’elle autre œuvre (qu’elle soit cinématographique ou pas), si l’on aime, on raconte grosso modo ce qui nous a plu, si l’on déteste, et ben, on s’évertue à descendre en flèche la chose ; et croyez-moi, si cette dernière année, un film fut descendu et eu droit à bien des critiques négatives, ce fut ce The tree of life. Or ici, mon impression finale fut différente, ni mauvaise ni bonne, plutôt… comment dire… perplexe, oui c’est ça, c’est le terme exacte qui, selon moi, me convient parfaitement : la perplexité totale, littérale, l’incompréhension… tout en comprenant. Oui, je sais, même ce que j’écris, finalement, ne veux pas dire grand-chose. Comme ce film ajouteront certains ? Hum, je n’en suis pas là mais ils n’auraient pas entièrement tort. Quand je vous disais que cela n’allait pas être simple…

Je ne dirais pas que The tree of life est nul, ni qu'il est grandiose. Il est évident qu'à première vue l'histoire est décousue, l'enchainement des séquences parait tout d'abord étrange et sans lien entres elles, et les scènes de nature sans lien avec le reste. Mais, selon moi, du moins est ce mon opinion voir une quelconque tentative d’explication, le spectateur a son rôle à jouer et ne doit pas se contenter de regarder mais doit aussi essayer de comprendre. Procédé finalement rare en cinéma, surtout avec un tel casting, a moins d’être un habituer du cinéma d’auteur albanais et de certains délires pseudo intellos que l’on peut trouver de temps en temps, tard le soir sur ARTE. Alors, une fois qu’on se dit qu’il faut réfléchir, il faut, comment dire, et ben, le faire, tout bonnement, et essayer d’analyser cette première partie, ou ces deux premières parties du film – l’annonce de la mort de l’un des enfants du couple avec le questionnement qui s’ensuit puis, la scène de la genèse, des débuts de la vie sur Terre avec même, en invités incongrus, quelques dinosaures – qui en aura dérouter plus d’un et en aura fait fuir beaucoup d’autres. Et donc, on peut penser que nous montrer des images de la nature, l'univers, la terre, la vie, c'est nous montrer Dieu. Puisque la mère fait une prière à Dieu et veut savoir où il est, ce qu'il est. Dieu est le monde et le monde continue de vivre, la roue continue de tourner. Et à la fin, après une très longue troisième (ou seconde, c’est selon) partie constituée de scènes de la vie quotidienne du couple et de ses trois enfants, elle comprend, accepte de laisser partir son fils. C'est du moins ce que j'ai cru comprendre, oui, ce que j’ai cru comprendre car une chose est sure, comme je vous l’ai dit, rien n'est explicite dans The tree of Life, il faut essayer de comprendre par soi-même, d’analyser chaque partie, chaque scène, chaque parole, chaque plan de caméra, mais sincèrement, et je ne m’en cache pas, ce n'est pas évident.

Ce n’est pas évidant car Terrence Malick, le grand Terrence Malick (je suis obligé de le surnommé ainsi sinon ma femme sera indignée) a tout fait pour nous compliquer la tâche et après tout, n’ayons pas peur de le dire : le début et la fin du film sont d’une difficulté extrême pour le commun des mortels (quoi que, n’allez pas croire que le gros morceau, c’est-à-dire le reste, les scènes de vie de famille, soit conventionnel, bien au contraire), et personnellement, malgré mes gouts éclectiques, mes connaissances cinématographiques et même pas forcement d’apriori pour le cinéma dit « prise de tête » (enfin, jusqu’à un certain point), je vous avoue que j’en ai sacrément bavé et que, parfois, je me demandais ce que je faisais là à regarder ce truc. Et puis, finalement, je suis allé jusqu’au bout… et je n’ai pas aimé, mais je n’ai pas détesté non plus. Je vous l’ai dit, j’étais perplexe, dubitatif et je n’ai compris qu’une seule et unique chose, surtout quand ma femme s’est lancée dans une analyse complète et détaillée du film : décidément, je suis a des années lumières d’un tel truc, c’est trop pour moi.

The tree of life est une œuvre d’art, ce n’est pas un film. Comme ma femme me l’a dit, c’est du Terrence Malick poussé à l’extrême ; l’on y retrouve bien entendu tous les thèmes chers au réalisateur, mais amplifiés, sublimés de façon indicible, au point d’en dérouter plus d’un. D’ailleurs, je ne m’en cache pas, autant j’avais franchement adoré un chef d’œuvre comme The thin red ligne (La ligne rouge), magnifique manifeste antiguerre d’une profondeur rarement atteinte, autant cela n’aura pas été le cas pour The tree of life, trop compliquer, trop extrême, trop… tout en fait. Mais au moins, malgré ma perplexité, malgré mon impression d’être un idiot incapable de comprendre un chef d’œuvre à sa juste mesure, je ne l’aurais pas détesté – contrairement à Le nouveau monde, du même réalisateur, qui sincèrement, ne volait pas bien haut. Et puis, pour les thèmes abordés – la vie, la mort, l’inéluctabilité du temps qui passe – ses acteurs tout simplement extraordinaires (bigre, Brad Pitt dans son rôle de père violent et pourtant aimant est époustouflant), certaines scènes superbes et cette façon de montrer les choses, ces moments simples de la vie quotidienne d’une famille, je ne peux que tirer bien bas mon chapeau au sieur Terrence Malick. Dommage juste que tout cela soit si compliquer, qu’il y ait cette impression que cela ait été fait pour une élite ou quelque chose dans le genre, car sinon, et sans nul doute, The tree of life aurait été un sacré chef d’œuvre !