dimanche 19 avril 2009

BUFFALO SPRINGFIELD AGAIN


BUFFALO SPRINGFIELD AGAIN

Buffalo Springfield (1967)

1-Mr Soul (2:35) N. Young,
2-A Child's Claim to Fame (2:09) R. Furay,
3-Everydays (2:38) S. Stills,
4-Expecting to Fly (3:39) N. Young,
5-Bluebird (4:28) S. Stills,
6-Hung Upside Down (3:24) S. Stills,
7-Sad Memory (3:00) R. Furay,
8-Good Time Boy (2:11) R. Furay,
9-Rock & Roll Woman (2:44) S. Stills
10-Broken Arrow (6:13) N. Young

Il est parfait incroyable de constater à quel point les années 60 et 70 ont put nous donner d’aussi bons groupes, et ce, en quantité inimaginable aujourd’hui. Cependant, ce qui est dommage à mon avis, c’est que bon nombre d’entre eux sont tombés dans l’oubli depuis longtemps alors qu’ils auraient mérité un tout autre sort. Prenez par exemple les Buffalo Springfield : qui, en 2009, les connaît ? Franchement, à part les amateurs et les spécialistes, pas grand monde. Et pourtant, quel groupe formidable il fut en son temps. Certes, il n’eut pas une longue durée de vie (deux ans, ce n’est pas grand-chose), mais en ces quelques mois d’existence, celui-ci sortit trois bons albums et quelques petits bijoux inoubliables. Et en parlant d’album, leur deuxième, « Buffalo Springfield Again » est incontestablement le meilleur.

Formé par Stephen Stills et Neil Young qui venait de débarquer aux USA en 1966, le groupe se fit rapidement connaître avec un hit que chacun à au moins une fois écouter dans sa vie, « For what it’s worth », repris dans un nombre incalculables de longs métrages se déroulants dans les sixties. L’année suivante, ce fut donc leur deuxième album, ce « Buffalo Springfield Again » à la pochette vraiment bof mais superbe, du point de vu musical, de bout en bout. Car aux compositions du duo Stills / Young, déjà en grande forme à leurs débuts, ce joignirent celles du troisième larron de la foire, l’excellent et méconnu Richie Furay, qui aurait probablement mérité de connaître une carrière aussi prestigieuse que celle des deux autres (plutôt que de finir pasteur dans un quelconque trou perdu du Colorado ; véridique !). Le tout donnant un très bon album, assez éclectique sans temps morts, ou l’on ne s’ennuie pas une seconde, tant la qualité des compositions est de haut niveau. Certes, l’on regrettera peut être que le son ne soit pas excellent mais tout le monde, en 1967, n’avait pas accès aux meilleurs studios d’enregistrement comme de nos jours (mais à la différence de la plupart des musiciens d’aujourd’hui, le talent était présent). Cependant, même ainsi, ce « Buffalo Springfield Again », malgré un son moyen et une durée assez courte n’en reste pas moins inoubliable et ce laisse écouter encore et encore avec un grand plaisir. Entre un Neil Young déjà enchanteur avec un « Mr Soul » rentre dedans et un « Broken Arrow » plus pop, un Stills tout bonnement excellant, « Bluebird » et son banjo, « Hung Upside Down » et « Rock & Roll Woman », ainsi qu’un Richie Furay inspiré, « A Child's Claim to Fame », on se retrouve au final avec un album certes typique de l’époque, mais néanmoins de grande qualité et qui laisse déjà présager de ce que donnerons les carrières futures des deux leaders, Stills et Young, que cela soit en solo ou en groupe (CSN&Y), c'est-à-dire, du tout bon.

dimanche 12 avril 2009

VALSE AVEC BACHIR


VALSE AVEC BACHIR

Valse avec Bachir est un film autobiographique. Ari Folman, metteur en scène israélien, a rendez-vous en pleine nuit dans un bar avec un ami en proie à des cauchemars récurrents, au cours desquels il se retrouve systématiquement pourchassé par une meute de 26 chiens. 26, exactement le nombre de chiens qu'il a dû tuer au cours de la guerre du Liban, au début des années 80 ! Le lendemain, Ari, pour la première fois, retrouve un souvenir de cette période de sa vie. Une image muette, lancinante : lui-même, jeune soldat, se baigne devant Beyrouth avec deux camarades. Il éprouve alors un besoin vital de découvrir la vérité à propos de cette fraction d'Histoire et de lui-même et décide, pour y parvenir, d'aller interviewer à travers le monde quelques-uns de ses anciens compagnons d'armes. Plus Ari s'enfoncera à l'intérieur de sa mémoire, plus les images oubliées referont surface.

De temps à autre, au cours d’une vie, on tombe parfois sur ce que l’on appelle tout simplement un chef d’œuvre, et, la plus part du temps, cela nous tombe dessus de façon tout à fait inattendu. Alors certes, « Valse avec Bachir » promettait énormément, et je me doutais bien que, après avoir entendu moult louanges à son sujet, je n’avais que peu de chances d’être déçu. Non pas que je fasse énormément confiance aux critiques (ce n’est pas le genre de la maison) puisque je me méfie de celles-ci, mais que, au vu du sujet traiter, la guerre du Liban en 82, et de l’esthétique sombre, mélange de BD européenne et fausse 3D, j’étais persuader, avant coup, que cette œuvre allait me plaire. Après, des différences existent entre le bon ou l’excellent et le chef d’œuvre et celles-ci sont souvent immenses, mais là, oui, je l’affirme, « Valse avec Bachir » en est un, incontestablement. Alors, encore sous le choc du film (d’animation, mais là n’est pas le problème), je craignais de ne pas réussir à exprimer les divers sentiments ressentis, n’ayant de toutes façons pas le talent nécessaire pour réussir à rendre justice à une telle œuvre. Certes, j’aurais put essayer, mais, au vu du texte suivant, écrit par ma femme, je n’éprouve pas de regrets à m’être effacer et a lui laisser la plume (enfin le clavier) pour une fois : celle-ci réussit le plus simplement du monde à retranscrire exactement ce que j’ai put ressentir lors du visionnage de ce superbe film et je l’en remercie :

La démarche psychanalytique est l’essence même de cette œuvre autobiographique d’un réalisateur israélien, Ari Folman, légitimement traumatisé par son expérience de jeune soldat durant la guerre du Liban de 1982. Le début du film nous plonge d’emblée dans une vision cauchemardesque bivalente : l’esthétique ultra réaliste et sombre de la bande dessinée, voir du jeu vidéo, et la terreur nocturne incluse dans la diégèse du film (le héros se trouve pris dans des visions noires terrifiantes qu’il n’arrive guère à s’expliquer). Lors d’une discussion avec un de ses camarades de guerre, il relate ses craintes et tente de remonter le passé, afin d’ associer ses propres images à une réalité qu’il pense avoir connu. De personnage en personnage retrouvé, le héros retrace son expérience traumatique, allant au plus profond de son Histoire puisque c’est la Shoah qui est aussi traitée ici. Car il va se rendre compte qu’en laissant les chrétiens libanais perpétrer ces massacres, lui, comme ses compatriotes israéliens, se sont mis dans la position des bourreaux, comme les sympathisants nazis lors de la seconde guerre mondiale qui ont laissé faire… L’histoire sert-elle de leçon ? L’homme sous l’autorité, en temps de guerre, ne devient-il pas un animal, à l’image de ces chiens errants et menaçants qu’on voit courir dès les premières images du film ? Tel est le questionnement philosophique de cette œuvre magistrale, magnifiée par une esthétique hyper obscure alliant la bande dessinée contemporaine européenne et le jeu vidéo. Instantanément, on est embarqué dans une aventure humaine d’où on ne peut sortir indemne. Le personnage principal, voyageant au plus profond de lui-même et de ses souvenirs qui reviennent petit à petit à la surface, accompagné par une bande son mêlant des musiques de l’époque, à du classique et de la musique de jeu, redevient le jeune soldat qu’il a été, coupable d’avoir su et de n’avoir rien fait, en recherche d’une rédemption, qu’il cherche pour lui et son peuple entier. La conclusion du film transgresse l’univers animé et mêle les images de plus en plus réalistes des massacres, aux vraies images, comme elles avaient pu être filmées à l’époque. Le procédé, bien que régulièrement utilisé (voir par exemple La liste de Schindler où l’on voit ce que sont devenus les vrais descendants), renforce l’émotion que peut ressentir le personnage à la révélation de son propre vécu, et celle du spectateur par la même occasion. La barrière jusque là maintenue par l’effet d’animation est anéantie face à la réalité, achevant le film sur une vision cauchemardesque malheureusement vraie et intense. Le réalisateur, par l’incarnation de son héros, a effectué sa catharsis, aussi dérangeante soit-elle pour lui et la position d’Israël face à ces massacres.

DÉJÀ VU


DÉJÀ VU

Crosby, Stills, Nash & Young (1970)

1-Carry On (Stills) – 4:25
2-Teach Your Children (Nash) – 2:53
3-Almost Cut My Hair (Crosby) – 4:25
4-Helpless (Young) – 3:30
5-Woodstock (Joni Mitchell) – 3:52
6-Déjà Vu (Crosby) – 4:10
7-Our House (Nash) – 2:59
8-4 + 20 (Stills) – 1:55
9-Country Girl (Young) – 5:05
.Whiskey Boot Hill
.Down, Down, Down
.Country Girl (I Think You're Pretty)

10-Everybody I Love You (Stills, Young) – 2:20

Ici, l’affaire fut entendue tout de suite : mais qu’allais faire le grand Neil Young dans ce ramassis de nains qu’était Crosby, Stills & Nash ? Comme souvent, le raccourci était facile et un peu trop réducteur, après tout Stephen Stills n’était pas n’importe qui et avait déjà fait ses armes de fort belle manière aux cotés du canadien chez Buffalo Springfield, ainsi que de façon ponctuelle par la suite, lorsque le cœur leur en dit (et qu’ils ne sont pas fâchés). De plus, pour être tout a fait honnête, Stills est un bon auto compositeur interprète, connaissant, au cours de sa carrière fait de hauts et de bas, quelques bonnes réussites. Certes, pour CS&N, il restait la problématique de Crosby et Nash, l’otarie et le grand dadais des familles. Une fois de plus, il faut savoir relativiser et ne pas tomber dans des clichés, ne serais ce que pour leur superbe mélange de voix, bande son de toute une époque à jamais révolue. Et puis, pour la première et dernière fois, ces deux là nous livrent deux compositions personnelles à la hauteur de celles de leurs complices, ce qui fait que ce « Déjà Vu », incontestablement, est un excellant album, riche, complet et tout simplement le meilleur d’un groupe miné bien trop rapidement par les immenses ego de leurs membres respectifs. Mais bon, comme tout à chacun sait, ce n’est pas parce que l’on met plusieurs « stars » ensemble que la mayonnaise prendra forcement (les amateurs de ballon rond ne me contrediront pas) et même si ce « Déjà Vu » est le meilleur album de la carrière du groupe, en est il pour le moins, tout simplement, bon ? Car c’est peut être cela qui compte dans le fond ?

Et bien oui, sans aucune discussion possible. Comme dit précédemment, outre Neil Young, véritable monument de la musique nord américaine depuis une quarantaine d’années, et Stills, qui en son temps, connu de grands moments d’inspirations, l’ajout des deux autres, si l’on peut être perplexe après coup, était parfaitement justifié à l’époque, et, en écoutant, vingt neuf ans après sa sortie, ce « Déjà Vu », il est indéniable que cet album était (et l’est toujours) tout bonnement excellent. D’ailleurs, pour être tout a fait franc, je dois avouer que c’est l’un des albums que j’écoute le plus, même si celui-ci est loin d’être mon préféré : les compositions sont soit excellentes soit fort agréables, il n’y a pas de temps morts et de morceaux a jeter aux oubliettes et, de plus, « Déjà Vu » possède un petit coté rétro fort accrocheur, nous faisant replonger dans une époque révolue (et que je n’ai pas connu, pour être né quelques petites années plus tard) mais qui m’a toujours attiré. Et puis, si Neil Young reste égal à lui-même et nous livre deux compositions de haute volée (en particulier le célèbre « Helpless »), à mes yeux, les deux meilleurs titres de l’album sont l’excellant et ébouriffant « Carry On » de Stills, qui ouvre l’album (et dont j’invite tout a chacun de découvrir la version de plus d’un quart d’heure de l’album live qui suivra, « 4 Way Street ») tout tambours battants, et la reprise du « Woodstock » de Jony Mitchell, dans la même veine. Et comme le reste de l’album, oscillant entre divers styles selon les compositeurs, et du même niveau, vous comprendrez aisément que ce « Déjà Vu » vaut largement le détour et mérite, incontestablement, de figurer dans votre discothèque idéale.