samedi 20 avril 2013

LA PLANÈTE SAUVAGE



LA PLANÈTE SAUVAGE

Sur la planète Ygam vivent les Draags, une espèce d'humanoïdes mesurant douze mètres de haut. Ils ont atteint les plus hauts sommets de la connaissance. Leur existence s’écoule lentement, toute entière tournée vers la méditation. Les enfants des Draags raffolent de minuscules animaux familiers, les Oms, ramenés d'une lointaine planète dévastée, Terra. Peu de Draags envisagent les Oms comme des créatures intelligentes, même s’ils sont doués d'une faculté d’adaptation certaine. Certains Draags considèrent même cette espèce comme nuisible, car si les Oms de luxe font la joie des petits, les spécimens qui s’échappent et retournent à l’état sauvage tendent à proliférer dans les parcs et endommagent les installations des Draags.


Avant de rentrer dans le vif du sujet, c’est-à-dire, la critique à proprement parler de La Planète sauvage, film d’animation de science-fiction de René Laloux et Roland Topor et qui fête cette année son quarantième anniversaire, je tennais à m’attarder un peu sur mon histoire personnelle vis-à-vis de cette œuvre, car, il me semble, le sentiment que j’ai ressenti à son encontre pendant des années est symptomatique de ce qui m’arrive un peu trop souvent à mon gout : juger une œuvre sur une première impression (la plupart du temps, remontant à ma plus tendre enfance), et persister coute que coute dans ce jugement, sans aucune volonté de lui donner une seconde chance. Le contraire, bien entendu, est valable également ; après tout, combien de films, par exemple, trouvions nous géniaux enfants et s’avèrent ridicules quand on les revoit une fois devenus adultes. Mais dans le cas qui nous préoccupe aujourd’hui, disons que La Planète sauvage est un cas d’école typique. Forcément, tous ceux qui connaissent cette œuvre – qu’ils l’aient vu ou, du moins, qu’ils sachent de quoi il en retourne – peuvent  imaginer comment un enfant de six ou sept ans peut l’apprécier à sa juste valeur ? Car ce fut sensiblement à cet âge que j’ai, pour la première et unique fois de ma vie, regarder cette fameuse Planète sauvage présenté, lors de sa diffusion sur le petit écran au début des années 80, comme une pure merveille, le chef d’œuvre du cinéma d’animation français. Bien évidemment, ayant à cette époque d’autres préoccupations, d’autres gouts, et surtout, un vécu qui n’est pas celui d’aujourd’hui, le visionnage de ce film me laissa dans un état de perplexité total, voire pire, me dégouta a un point que… trois décennies s’écoulèrent !


Car oui, pendant environ trente ans, j’en étais resté à mon ressenti d’alors, estimant que, comme cette « chose » était française, qu’il en avait été fait des tonnes à son sujet, que franchement, c’était à mille lieux de véritables dessins animés de qualité et que cette Planète sauvage et ses animations sous LSD tenaient davantage du délire pseudo-intellectuel bien de chez nous qu’autre chose… Et le temps passa, passa, les années d’abord, puis les décennies, sans que je ne daigne retenter l’expérience – oh, certes, cela n’aura pas marché dans les années 90, et peut etre pas au début des années 2000, mais ensuite… que de temps perdu. Et puis, curieusement, il y a quelques semaines, j’avais lu un court article sur ce film et, alors que je l’avais presque oublié – mais l’on n’oublie jamais totalement La Planète sauvage, ne serais-ce que pour ses dessins – j’eu la curieuse envie de le revoir, de découvrir, avec un regard plus mur et expérimenté, si, finalement, cette œuvre ne méritait pas que je lui donne une seconde chance, et puis, autre coïncidence, quelques temps après, dans ma médiathèque, alors que je ne le cherchais même pas, alors que je ne comptais même pas emprunter un quelconque film, en passant à côté du rayon DVD, je suis tombé sur… mais arriver à ce point de mon histoire, je pense que vous avez compris et qu’il est inutile de perdre davantage de temps.


Têtu que je suis, et que je serais probablement a jamais, je dois avouer que je n’attendais strictement rien de ce second visionnage, trente ans après, de La Planète sauvage, pourtant, au bout de quelques minutes de film, je dut constater, un peu surpris, que finalement, ce n’était pas aussi nul que dans mes souvenirs. D’ailleurs, la bande son que je m’imaginais etre un truc acide lambda s’avéra etre, autre surprise, plutôt réussie, avec certes, une sonorité de l’époque, mais pas franchement désagréable, bien au contraire. Et puis, si les dessins, comme dans mon souvenir, étaient et restaient pour le moins particulier, je devais reconnaitre que, si je ne suis pas un immense fan de ceux-ci, loin de là, je ne pouvais m’empêcher de leur trouver une certaine qualité, me disant que le sieur Roland Topor, dans sa partie, était plutôt un bon. Spécial donc, un peu daté, certes, mais moins désagréable que prévu et d’ailleurs, nouvelle surprise, petit à petit, alors que l’intrigue avançait, je commençais a me prendre au jeu, à me dire que telle idée était plutôt pas mal, à m’amuser de rechercher les références et même, les inspirations que cette Planète sauvage donna a d’autres œuvres ultérieures. Et puis… et puis… oui, c’était spécial, mais en fait, je me surpris à me dire que, finalement, c’était quand même pas mal pour l’époque et que, même si je ne voyais toujours pas en ce film d’animation le chef d’œuvre annoncé par certains, et bien, cela n’en restait pas moins plutôt bon ; spécial mais bon…


Alors bien sûr, je ne suis pas rentré dans le vif du scénario, laissant le plaisir de la découverte a ceux et celles qui souhaiteraient tenter l’expérience, pour les autres, ceux qui connaissent déjà cette œuvre, disons que celle-ci est en fait une adaptation d’un roman de Stefan Wul, Oms en série, et paru en 1957 – comme quoi, je me coucherais moins bête ce soir – et que, au vu des petites recherches que j’ai effectué, elle est plus ou moins fidèle. Alors, il y aurait probablement beaucoup à dire sur cette Planète sauvage, je ne le nie pas, mais je laisse cela à d’autres, autrement plus doués que moi (et puis, trois critiques en une journée, ça commence à faire beaucoup, surtout avec un rhume carabiné), quant à moi, mon opinion au sujet de cette œuvre aura bien changer : certes, il aura fallu trente ans environ pour cela, mais bon, comme on a coutume de le dire, vaut mieux tard que jamais, mais quoi qu’il en soit, si La Planète sauvage n’est pas forcément un grand chef d’œuvre, si le passage du temps à jouer, forcément, sur la perception que les plus jeunes peuvent avoir de celle-ci, nul doute que nous avons tout de même une œuvre de qualité, plutôt audacieuse – en France – pour l’époque et qui mérite d’etre vue, par tout amateur du genre, au moins une fois dans sa vie… 

mardi 16 avril 2013

HEROES



HEROES

David Bowie, 1977

1 – Beauty and the Beast (Bowie) 3:32
2 – Joe the Lion (Bowie) 3:05
3 – Heroes (Bowie, Eno) 6:07
4 – Sons of the Silent Age (Bowie) 3:15
5 – Blackout (Bowie) 3:50
6 – V-2 Schneider (Bowie) 3:10
7 – Sense of Doubt (Bowie) 3:57
8 – Moss Garden (Bowie, Eno) 5:03
9 – Neuköln (Bowie, Eno) 4:34
10 – The Secret Life of Arabia (Bowie, Eno, Alomar) 3:46


Ceux qui me connaissent personnellement, ou qui, pour trainer depuis longtemps sur ce blog, on put voir, au vu de mes publications, ce que sont mes gouts, savent parfaitement que j’éprouve, depuis bien des années, une admiration sans borne pour ce monument de la musique anglo-saxonne de la fin du vingtième siècle, pour ce génie souvent imité, jamais égalé, ce précurseur qui, tout au long de sa longue, très longue carrier, toucha a bien des genres différents – certains diront, mesquinement, qu’il vampirisait d’autres artistes autrement plus doués, une affaire de gouts probablement – mais qui, en toute franchise, malgré la reconnaissance du milieu et quelques succès par ci par là, ne fut jamais une star incontestable comme quelques autres, ce chanteur/auteur/compositeur/musicien britannique qui, alors qu’on le donnait pour mort, et après des années d’absence et de mystère l’entourant, nous pondit, à la surprise générale, en ce début d’année, un nouvel album, celui que l’on surnomma, au fil des décennies, le Major Tom, Ziggy ou the Thin white duc, je veux bien évidement parler de… David Bowie ! Le seul, l’unique David Robert Jones, l’homme aux yeux vairons et, accessoirement, mon musicien et chanteur préféré !


Et donc, curieusement, alors que le sieur Bowie occupe une place tellement importante dans ma vie (avec les Beatles, les Stones, Neil Young, Brian Eno, Led Zeppelin, Roxy Music, le Velvet Underground et tant d’autres), cela faisait un sacré bout de temps que je ne vous proposais pas, sur ce blog, une critique de l’un de ses, nombreux, albums ; la faute, bien entendu, et comme je vous l’ai déjà dit à quelques reprises, au fait que ces dernières années, la musique à occuper une place bien moins importante qu’autrefois, que je n’ai plus trop le temps, hélas, d’écouter des albums dans leurs intégralités et que, du coup, l’occasion de vous proposer des critiques se fait plutôt rare. Mais bon, en cette année 2013, j’avais pris de nouvelles résolutions au sujet de la chose musicale et, pour le moment, je m’en tiens plus ou moins bien même si, je le reconnais, il n’y a pas de quoi sauter au plafond – un disque par mois chroniquer sur ce blog, ce n’est pas l’exploit du siècle non plus. Enfin bon, c’est un mieux en comparaison de ces dernières années et, surtout, cela m’a permis de vous proposer, en ce jour, l’un des plus grands disques du sieur Bowie, le légendaire Heroes !

Il y a de cela deux ans, à quelques jours prêts, je vous avais parlé ici même du premier volet de la célèbre trilogie berlinoise, le non moins légendaire Low, avec sa pochette orangée, bien entendu, mais aussi et surtout, avec ce son venu d’ailleurs, ses courtes chansons pour le moins singulières et ses longs instrumentaux littéralement aux antipodes de ce que nous avait fait David Bowie jusqu’alors, faisant entrer celui-ci, et accessoirement, la musique, dans une nouvelle ère, celle qui dominera la fin des années 70 et une bonne partie de la décennie suivante. A la manette de ce pur chef d’œuvre, deux hommes principalement : Bowie, bien entendu, mais aussi le fantasque Brian Eno, l’ex trublion de Roxy Music qui depuis, nous pondait de curieux albums que l’on pouvait sans peine qualifier d’ovnis musicaux et qui, dans l’ombre, allait de plus en plus prendre d’importance dans la scène musical britannique puis mondiale. Et la rencontre de ses deux individus, franchement barrés chacun dans leurs parties, mais aussi et surtout, avides de nouveautés et d’expériences musicales, allait donc accoucher, tout d’abord, de Low, un disque qui horrifia la maison de disque du mince duc blanc, déjà passablement secouée par le morbide mais génial Station to Station, puis, ensuite, car il est temps après ce très long préambule d’y arriver, du disque qui nous préoccupe aujourd’hui : Heroes !

Pour la petite histoire, Heroes fut le seul album de la prétendue trilogie berlinoise qui fut, effectivement, enregistrer à Berlin, accessoirement, à quelques pas du fameux Mur (qui ne dira pas grand-chose aux plus jeunes d’entre vous mais qui, pour ceux de ma génération, était une réalité), ce qui, d’entrée de jeu, pose l’ambiance de la chose. Pourtant, et si pour ce qui est de cette fameuse trilogie, Lodger est effectivement à part, on ne peut pas dire que Low soit franchement différent : disons plutôt que par « trilogie berlinoise », l’on affirme surtout le retour aux sources de Bowie, intérêt pour la musique européenne et plus particulièrement électronique dont le fer de lance était, bien entendu, Kraftwerk. Cela étant dit, car ce ne sont que de simples considérations sans importance, recentrons nous sur l’album à proprement parler : ce que l’on constate, lors de la première écoute, c’est que Heroes est à la fois très semblable mais également plutôt différent que son prédécesseur, Low. Déjà, structurellement, les deux albums sont très proches avec une première face de chansons et une seconde d’instrumentaux (plus ou moins, c’est ça) ; ensuite, d’un point de vu musical, Heroes est, comme il fallait s’y attendre dans la ligné de son prédécesseur, et certains titres présents sur l’un des albums auraient pu, parfaitement, se retrouver sur l’autre. Mais, comme je vous l’avais signalé, les différences sont nombreuses, avec, déjà, des chansons plus conformes avec l’idée que l’on peut se faire de la chose au lieu et place des petites vignettes musicales, mais qui me plaisaient tant, de Low ; ensuite, et ce n’est pas rien, l’arrivée d’un troisième larron qui vient compléter le duo Bowie/Eno, le guitariste Robert Fripp, échappé de King Crimson et complice de l’ancien de Roxy Music qui, avec son indéniable talent de guitariste, mais aussi et surtout, par son gout, lui aussi, pour l’expérimentation musicale, vient apporter la touche finale à la structure sonore de cet album. Bowie, Eno et Fripp, la rencontre de ces trois hommes, à la fois tellement proches et différents, apporte à Heroes sa structure, ce son fait de guitares distordues et de synthés triomphants (mais qui se contentent de rester à leur place, chose que beaucoup d’autres n’auront jamais compris), et où plane, au-dessus de tout cela, l’inimitable et enchanteresse voie d’un Bowie, plus héroïque que jamais.

Bien évidemment, il y aurait moult choses à dire et à redire sur cet album comme, pour ne parler que de la plus évidente, la chanson éponyme : Heroes. A elle seule, cet hymne à l’amour qui nous parle de deux amants qui s’embrassent près du Mur de Berlin (en fait, le producteur Tony Visconti et sa maitresse, la choriste Antonia Maass), mériterait presque un billet à elle toute seule tellement cette chanson est tout bonnement grandiose : point d’orgue de l’opus, avec son mur du son et ses accents héroïques, Heroes est incontestablement l’une des plus grandes chansons de David Bowie, mais aussi, l’une des plus connues. Mais Heroes, l’album, pas la chanson, c’est aussi la seconde face, qui, comme ce fut le cas avec Low, est quasiment intégralement instrumentale et qui nous fait naviguer dans cette vieille Europe décidément toujours aussi fascinante, et puis, histoire que l’on comprenne bien que le mince duc blanc sait remercier ceux qui l’inspirent, n’oublions pas le sublime V-2 Schneider, hommage à l’un des fondateurs de Kraftwerk, groupe qui l’avait tant marquer et dont je vous ai déjà parler ici, avec la critique de The Man Machine. Quasi parfait de bout en bout (je ne peux m’empêcher de titiller quant à la présence du sympathique mais limiter The Secret Life of Arabia qui clôt l’album alors que celui-ci aurait mieux fait de se clore sur un instrumental), Heroes est un très grand album de Bowie et, indéniablement, l’un de ses meilleurs, et ce, même si ce n’est pas mon préféré – ah, je préfère Low et puis, comment oublier Station to Station – même si dire cela est plus que relatif. Un album grandiose, que tout amateur de musique digne de ce nom se doit d’écouter au moins une fois dans sa vie et qui, pour la petite histoire, et pour rappeler surtout que, décidément, avec notre brave Bowie, les choses ne furent pas toujours simples, ne connut pas des ventes exceptionnelles en soit… mais bon, qu’importe la chose : après tout, les plus grosses ventes ne sont pas forcément les albums qui resteront dans l’histoire de la musique, quand a Heroes, sa place y est depuis bien longtemps…

vendredi 12 avril 2013

BLAKE ET MORTIMER – L’AFFAIRE DU COLLIER



LES AVENTURES DE BLAKE ET MORTIMER – L’AFFAIRE DU COLLIER

Olrik qui défraye la chronique des faits divers et se transforme tour à tour en passe muraille et en gentleman cambrioleur, voilà qui ne laisse pas d’étonner Blake et Mortimer ! Ces derniers se sont rendus à Paris pour une confrontation avec leur vieil ennemi au Palais de Justice. Mais le colonel, par un magistral tour de passe-passe et l’utilisation de complice extérieur, réussi à fausser compagnie à ses geôliers avant d’arriver au Palais. L’histoire ferait presque sourire nos deux Anglais, si le colonel ne les mettait au défi de l’arrêter avant qu’il ne commette quelque forfait. Or les feux de l’actualité sont alors braqués sur une affaire que d’aucun dans l’opinion publique française n’hésite pas à qualifier d’état. Sir Williamson, un richissime collectionneur Britannique, se propose de faire cadeau à la reine Elisabeth du collier de Marie-Antoinette, celui-là même qui fut à l’origine d’un retentissant scandale qui, à la fin de l’ancien régime, préluda à la révolution. Le prestigieux bijou doit être présenté à l’issue d’une réception que donne Sir Williamson chez le joaillier Duranton. C’est ce moment que choisit Olrik pour refaire surface et subtiliser le collier, au nez et à la barbe de Blake et Mortimer, eux aussi invités à la fête. Mais quelle curieuse stratégie pousse donc Olrik à informer par téléphone tous les journaux de son forfait ? Pour quelle raison harcèle-t-il le pauvre Duranton, déjà bien éprouvé par la disparition du bijou dans son hôtel particulier ?


Lors de mes derniers congés, en mars, j’avais lu quelques albums des célèbres Aventures de Blake et Mortimer, le fameux duo so british de l’inoubliable Edgard P. Jacobs, et, bien entendu, je vous avais proposé les critiques de ceux-ci sur ce même blog ; depuis, après avoir repris le travail, le temps à passer et je dois avouer que je n’avais pas trop Blake et Mortimer en tête, au point que, alors que j’avais emprunter ce septième volume de la saga à ma médiathèque, j’aurais attendu le tout dernier jour avant de le rendre pour le lire. Enfin bon, l’important, bien évidemment, aura été que je le fasse, mais, du coup, ces quelques semaines d’absence (la critique du dernier volume, Le piège diabolique, date tout de même du 21 mars dernier) auront fait que je n’étais plus autant enthousiaste qu’alors pour me replonger dans l’œuvre de Jacobs. Mais bon, comme dirait l’autre, quand il faut-il aller, faut y aller, alors, ce vendredi après-midi, je me suis poser un peu et me suis attaquer à L’affaire du collier, septième tome des Aventures de Blake et Mortimer.

Il faut dire d’entrée de jeu que déjà, avec la couverture, ça partait mal : en effet, celle-ci, où l’on voit l’ennemi juré de nos deux compères, le charismatique Colonel Olrik avec le fameux collier de Marie-Antoinette, est probablement l’une des plus moches si ce n’est la plus moche de la série ; alors certes, cela ne reste qu’une couverture et que celle-ci soit réussie ou pas, cela ne signifie pas que le contenu de l’album soit mauvais – d’ailleurs, sur ce point, Blake et Mortimer ont quelques fois eu droit à des couvertures… hum, comment dire… franchement ratées. Mais passé ce premier mauvais point, dès la première case, j’eu la mauvaise surprise de m’apercevoir que, une fois de plus, l’aventure allait se dérouler en France, plus précisément à Paris et dans sa proche banlieue, et comme cela fait tout juste trois albums que ça dure, je pense que, sur ce coup-là, Jacobs aurait pu nous faire « voyager » un peu plus, car bon, pour le dépaysement, on repassera. Du coup, l’on retrouve des lieux et des personnages désormais devenus habituels, comme l’inspecteur français, mais qui manquent franchement de charisme. Mais si la couverture et le choix du lieu où se déroulait l’aventure m’avaient déjà mortifié, le coup de grâce final fut le scénario en lui-même : ici, nulle machine sophistiqué, pas la moindre trace de science-fiction ou de fantastique mais tout juste une simple et banale enquête policière, un polar donc, un jeu du chat et de la sourie dans les rues et les égouts de Paris avec… soupir… Olrik, Blake et Mortimer. Alors certes, c’est sympa par moments, mais… par moments seulement et ceux-ci ne sont pas nombreux : prévisible au possible, le scénario n’apporte pas de grandes surprises et tout au long de l’album, l’on assiste à des courses poursuites, des coups de feu, des retournements de situations, mais tellement convenus qu’ils en perdent toute leur saveur. Pire que tout, le passage dans les catacombes parisiennes, qui aurait dut etre le point d’orgue de l’histoire, est, selon moi, plutôt ratée, la faute à un Jacobs pas franchement au sommet de son art et qui fit bien mieux précédemment, quand à l’histoire du Collier, sincèrement, je n’aurais pas vraiment accroché, le comble étant atteint par son propriétaire qui au début, souhaite le donner à la Reine d’Angleterre, et qui, à la fin, change d’avis comme si de rien n’était… et d’ailleurs, sans explications.


Bref, je pense qu’il est inutile d’en rajouter, je n’ai absolument pas accroché à cette Affaire du collier : les amateurs de la série et ceux qui l’auront apprécié pourront m’en vouloir mais sincèrement, j’ai trouvé cet album plutôt fade et sans grand intérêt, un peu comme si Jacobs, pourtant capable de nous livrer des histoires sublimes, tournait un peu en rond et s’était louper sur ce coup-là. Dommage tout de même puisque, jusqu’ici, et en dehors du premier album, Le secret de l’Espadon, un peu spécial dut à son ancienneté, j’avais plutôt bien accroché à cette série, mais là, je suis contraint d’admettre que j’ai connu, avec cette Affaire du collier, ma plus belle déception avec cette série. 

samedi 6 avril 2013

PROMÉTHÉE – MANTIQUE



PROMÉTHÉE – MANTIQUE

13 h 13 min – 21 Septembre 2019 : La navette Atlantis disparaît mystérieusement des écrans de contrôle lors de son dernier vol.
13 h 13 min – 22 Septembre 2019 : Toutes les montres et les horloges de la planète s’arrêtent. Au même moment, le mécanisme d’Anticythère, un étrange astrolabe datant de la Grèce Antique, se met en marche alors qu’aucun scientifique n’était parvenu à le déclencher jusqu’à présent.
13 h 13 min – 23 Septembre 2019 : La navette Atlantis réapparaît et atterrit à Cap Canaveral, un survivant est à bord : le commandant de la mission, en état de choc au milieu des cadavres déchiquetés du reste de l’équipage.
13 h 13 min – 24 Septembre 2019 : Un sous-marin nucléaire américain capte l’écho sonar d’un U-boat de l’armée allemande disparu soixante-huit ans plus tôt...Un chalutier voit apparaître devant lui la monumentale coque du Titanic, disparu au même endroit, à 650 km au Sud-Est de Terre-Neuve.
Quelle nouvelle catastrophe plongera plus encore notre civilisation dans les ténèbres ? La série de phénomènes inexpliqués qui frappent la planète jour après jour semble présager le pire pour l'Humanité : disparition de la navette Atlantis, arrêt des horloges, crash des avions et des satellites orbitaux… Alors que les États-Unis sont accusés de vouloir installer un nouvel ordre mondial, Jeff Spaulding, directeur de vol à la NASA, accède à des documents secrets qui prouvent la découverte sur la Lune d'un gigantesque vaisseau spatial extraterrestre. Parallèlement, dans le journal de bord du capitaine du Titanic, revenu à la surface dans un état quasi neuf, on retrouve d'étranges coordonnées qui semblent indiquer un point au large des Bahamas : un trou bleu ! Une équipe de spécialistes sera constituée pour plonger dans le mystérieux gouffre.

Après avoir renoué avec cette excellente série qu’est Prométhée, œuvre du sieur Christophe Bec au scénario et aux dessins (en partie pour les derniers albums) avec deux albums, Blue Beam Project et Exogénèse lus coups sur coups, il m’aura fallu patienter un peu plus d’un mois pour, enfin, m’attaquer au quatrième volume de la saga, ce Mantique dont je vous parle aujourd’hui : une attente pour le moins longue, peut-être pas insoutenable non plus car, aussi bonne soit cette série, cela ne reste qu’une bande dessinée, mais même ainsi, je dois avouer que j’étais plutôt impatient de découvrir la suite que nous avait mijoter ce diable de Christophe Bec, décidément plutôt jouer pour ce qui est de nous offrir une œuvre pour le moins captivante. Et comme en plus, la trame générale de l’ensemble n’est pas pour me déplaire, bien au contraire – événements paranormaux qui se succèdent les uns aux autres, ambiance a la X-Files – au jour d’aujourd’hui, je n’ai aucun problème à dire que, pour moi, Prométhée est la BD du moment, et ce, même si celle-ci n’est pas si récente que cela – mais comme je ne l’ai débuté qu’à la fin de l’année dernière, pour moi, cela reste du domaine du neuf. Mais bon, trêve de bavardages inutiles et voyons donc ce que ce quatrième tome de Prométhée a dans le ventre.

Pour ce qui est de la qualité générale, tant du scénario que des dessins, il n’y a rien à redire, celle-ci est toujours au rendez-vous, pourtant, le fait que Bec soit quasiment absent aux pinceaux aurait pu etre un point faible pour ce Mantique, pourtant, il n’en est rien : Alessandro Bocci, qui avait déjà officié dans l’album précédant, Exogénèse, est une fois de plus au rendez-vous est sans sort, une fois de plus, pas trop mal, mais ce quatrième volume de la saga voit l’arrivé d’un troisième dessinateur, Stefano Raffaele, dont le style colle à merveille à celui des deux autres. Ce fait, plutôt rare au demeurant (demandez donc aux amateurs de comics qui, dans certains épisodes spéciaux ou plus longs qu’a l’accoutumée, passent d’un dessinateur a l’autre et où le sublime côtoie parfois le médiocre), est à souligner et tous ceux qui pourraient craindre que trois dessinateurs se s’arguant d’une bande dessinée, c’est deux de trop, se rassurent : en aucun cas, cela ne gâche le plaisir des yeux. Quant au scénario, les amateurs de la série, une fois de plus, trouveront leurs comptes : certes, certains pourront estimer qu’il ne se passe pas grand-chose et qu’à force de prendre son temps, Christophe Bec pourrait lasser, de même, que ceux qui s’attendaient a de grandes révélations passent leur chemins, une fois de plus, Mantique apporte davantage de nouvelles énigmes que de solutions, d’ailleurs, elles sont où celles-ci ? Mais personnellement, j’adhère totalement au concept ; certes, je ne nie pas que mes gouts personnels entrent en ligne de mire, de même, j’ai toujours eu une certaine attirance pour les œuvres où il faut « se prendre un peu la tête », mais quoi qu’il en soit, il faut tout de même rendre à César ce qui lui appartient, bref, a messire Bec, c’est-à-dire, le fait qu’il a réussi, dans ce Prométhée, à tisser une toile scénaristique de toute beauté et qui fait cogiter pas mal ses lecteurs.


Avec un coté vu et archi-vu pour le fond – phénomènes paranormaux, présence des extraterrestres et connaissance de nos gouvernements, bref, du X-Files – et une forme – scénario, multiples intrigues sans lien apparents, certaines idées comme celle d’une catastrophe planétaire par jour – de toute beauté, nul ne doute que nous tenons là une excellente saga, bien meilleure que ce à quoi je m’attendais à la base. Captivante au possible, Prométhée nous entraine très loin, dans un au-delà du réel où la vérité est ailleurs, certes, mais de la plus belle des façons. Alors certes, au bout de quatre albums, on n’en sait pas plus ou presque qu’au début, il y a bien des extraterrestres apparemment, tous ces éléments sont liés, mais alors, le pourquoi du comment, cela reste une énigme totale, et si l’on ajoute à cela, en filigrane de tous ses événements, ce sympathique Prométhée, qui donne le titre a la saga, est qui est ici libéré par Héraclès, et vous comprendrez à quel point il est bien difficile de deviner où Christophe Bec veut nous mener ? Quelques révélations dans le prochain tome ? Oh, je suis sûr que même dans le septième, ce ne sera pas encore le cas…