LE
NOMADE DU TEMPS
Soldat
de Sa Majesté en mission au Kumbalari, un état limitrophe du Tibet, le
capitaine Oswald Bastable survit à un tremblement de terre pour se retrouver
inexplicablement projeté depuis 1902 dans le futur : un 1973 alternatif où les
dirigeables des Grandes Puissances imposent une paix forcée à l'ensemble du
monde. Mais la révolte gronde et, guidé par la mystérieuse Una Persson, Bastable
va devoir interroger ses certitudes pour choisir le bon camp; un choix qui
pourrait le conduire à errer sans fin à travers le multivers, à visiter mille
destinées possibles d'un siècle de sang.
Le Nomade du Temps
Auteur
: Michael
Moorcock
Type
d'ouvrage : Fantasy
Première
Parution : 07 septembre 1982
Edition
Française : 4 septembre 2008
Titre en
vo : A
Nomad of the Time Streams
Pays
d’origine : Royaume-Uni
Langue
d’origine : anglais
Traduction : Denise
Hersant, Jacques Schmitt
Editeur : Folio
SF
Nombre
de pages : 720
Mon
avis : Déception aurait put être le
constat qui serait resté de la lecture de cette trilogie de Mickael Moorcock où
cette fois ci, l’avatar du Champion Eternel est un soldat de l’Empire
Britannique qui se ballade sans cesse entre divers univers alternatifs où la
technologie et les sciences ont pris un autre chemin et où règnent dans le ciel
de majestueux dirigeables tandis que la vapeur a remplacée l’électricité et le
pétrole. Bref, et les spécialistes l’auront compris, Le Nomade du Temps est
une trilogie que l’on pourrait qualifier de Steampunk, genre de SF moins connus
du grand public mais qui possède ses admirateurs. Alors, si j’ai parlé de
déception en préambule de cette critique, c’est que je dois avouer que
j’attendais énormément de cette œuvre : étant fan de Moorcock et de ses divers
ouvrages, ainsi que de Steampunk, le mélange des deux semblait s’annoncer comme
explosif et, du coup, j’ai probablement mis la barre un peu trop haut, oubliant
par exemple bien des défauts habituels de l’écrivain britannique comme ses
récits, souvent trop courts. Car une chose est évidente après coup ;
incontestablement, les trois ouvrages qui composent Le Nomade du Temps auraient
mérité d’être plus approfondis tant les univers proposés méritaient que l’on
s’attarde sur eux. De plus, je m’attendais également à plus de diversité entre
eux, ce qui ne fut pas le cas. Mais l’explication vint vers la fin du troisième
tome et il est temps de s’attarder sur chaque volume séparément, afin
d’approfondir le sujet. Incontestablement, c’est avec Le Seigneur des
airs que j’ai pris le plus de plaisir dans ce cycle, et le fait que
celui-ci présente les divers protagonistes et en gros, la base qui formera les
univers proposés par la suite y est pour beaucoup. Les premières pages sont
d’ailleurs tout bonnement excellentes, lorsque Bastable (l’avatar du jour du
Champion Eternel) et ses troupes tombent dans le piège d’une tribu fanatique
aux confins de l’Inde, dans une citée vieille comme le temps, mais qui,
malheureusement, l’on ne reverra plus par la suite. Dommage car la cité de Teku
Benga avec tous les mystères qui l’entourent aurait mérité un autre traitement
et les questions a son sujet que l’on se posait des le départ resteront sans
réponses. C’est certes regrettable mais a ce moment là, on ne le sait pas
encore et l’on poursuit la lecture avec le plus vif intérêt, surtout que
Bastable se retrouve projeter dans ce qui apparaît être comme une Terre
parallèle, dans le futur et le lecteur, comme le personnage principal, découvre
petit a petit celui-ci, avec émerveillement et curiosité même s’il faut
reconnaître que quand on connaît un tant soit peu le Steampunk, cela n’a pas
grand-chose d’original. Cependant, une nuance de taille s’impose : la date de
parution du roman, datant du tout début des années 70, a une époque donc où
tout cela était « nouveau » et peu
commun dans la littérature fantastique en général ; le temps qui passe faisant
que l’ont soit un peu blasé parfois, oubliant qu’a un moment donné, tout cela
était original et rare. Mais quoi qu’il en soit, il est incontestable que Le
Seigneur des airs est un bon petit roman de SF, dans la lignée malgré
ses différences notables, des autres productions de Moorcock et qui se lit
indéniablement avec plaisir. L’intrigue est suffisamment prenante pour captiver
le lecteur, même s’il faut reconnaître que celle-ci pêche légèrement par sa
longueur, bien trop courte à mon gout ; les personnages sont nombreux, ce monde
de 1973 est fascinant tant par la technologie Steampunk que par les implications
politiques qui sont abordées par un Moorcock qui visiblement, se délecte dans
sa critique de l’Utopie Britannique, mais dans les deux cas, l’auteur ne
s’attarde guère, retrouvant un peu ses travers déjà entraperçus par ailleurs.
Alors, au final, reste un roman sympathique, bon préambule pour la saga à venir
et assez prometteur pour celle-ci. Avec Le
Léviathan des terres, les choses se compliquent un peu et l’on commence,
indéniablement, à se poser quelques questions. 1904, Oswald Bastable croit
avoir retrouvé son monde d’origine mais il doit bien vite se rendre à
l’évidence que ce n’est pas le cas. A la place, une fois de plus, une évolution
divergente dans la ligne temporelle et une Terre, a la technologie fortement
évoluée qui connu l’Utopie dans les dernières décennies du dix neuvième siècle
avant de connaître une guerre totale entre les nations. Le préambule de départ
est a priori intéressant, sans nul doute, le problème, que l’on retrouvera
également dans le dernier tome de la trilogie, c’est que les points communs
restent légions, ainsi, les différences technologiques, par exemple, entre le
1973 du Seigneur des airs et le 1904 du Léviathan des
terres sont tenues et le lecteur n’a pas véritablement l’impression de
passer forcement d’un univers a un autre, ne serais ce les histoire des deux
mondes, divergentes dans les grandes lignes, mais qui n’en gardent pas moins
des points communs fortement troublants. Par la suite, vers la fin du cycle, on
comprendra pourquoi il en est ainsi, ou pourquoi, les mêmes personnages
reviennent aussi, sans cesse, mais il est clair qu’ à la lecture du deuxième
tome, le lecteur est loin de s’en douter et, du coup, toutes ces ressemblances
peuvent, par certains cotés, joué quant a l’intérêt d’un roman qui, pourtant,
n’en a pas moins ses qualités. Car l’intrigue de ce Léviathan des
terres est particulièrement bien trouvée : la conquête du monde par un
dictateur africain qui joue de la revanche des siens contre les occidentaux,
ainsi que les implications politiques une nouvelle fois abordées, sont, je
trouve, assez bien trouver. De même, les explications quand au pourquoi de ces
conquêtes, et l’image que se donne ce fameux Attila Noir est l’une des
réussites de ce livre. Alors, le lecteur saura trouver du plaisir à la lecture
de ce deuxième tome du Nomade du Temps, cependant, une fois de plus,
il faudra faire avec les habituels défauts de l’auteur, quelques raccourcis un
peu trop faciles et quelques protagonistes un peu trop stéréotypés, auquel,
s’ajoute, comme je l’ai déjà préciser, cette impression de déjà vu, une
impression qui nui un peu à l’œuvre, et qui ne trouvera son explication que par
la suite. Alors, au final, que penser de ce Léviathan des terres ?
Roman sympathique, sans aucun doute, avec ses qualités et de bonnes idées, je
n’en doute pas mais loin des meilleurs ouvrages de Moorcock, incontestablement.
Ce fut donc avec une certaine perplexité que j’ai abordé la lecture du dernier
tome du Nomade du Temps, Le Tsar d’acier. Il est
évidant que, comme je l’ai précisé dans les autres volumes, le fait d’attendre
monts et merveilles de ce cycle, auquel, il faut ajouter le fait, non
négligeable, que les divers mondes traversées par notre voyageur du multivers,
Oswald Bastable, se ressemblent tous dans les grandes lignes, avait commencer à
m’ennuyer un peu, au point que, dans les premières pages de ce troisième
volume, la déception était présente, indéniablement. Pourtant, malgré le fait
que ce monde de 1941, une fois de plus, ressemblait presque comme deux gouttes
d’eau a ses prédécesseurs et que Bastable, pour ne pas changer, allait pour la
énième fois essayer de travailler dans un dirigeable, petit à petit, alors que
l’intrigue avançait, ce sentiment de déception commençait à s’atténuer, alors
que les implications générales du cycle, ainsi que les explications de tous les
mystères et, surtout, du pourquoi tous ces univers étaient si proches, se
révélaient. Car sans rentrer dans des explications qui priveraient ceux qui
n’ont pas lu ce cycle du plaisir de la découverte, en fait, bon nombre de
choses, comme ses points communs agaçants, ses personnages que l’on retrouvait
sans cesse, n’étaient pas une facilité de l’auteur, ni la preuve d’un ratage
complet, mais au contraire, la démonstration évidant que Moorcock, en
écrivant Le Nomade du Temps, avait une idée précise de ce qu’il
faisait et que l’explication finale, avec ses implications sur d’autres cycles,
était, malgré tout, une bonne idée. Alors bien sur, l’on pourra regretter que
pour en arriver la, il faille passer par une intrigue pas forcement
passionnante, puisque franchement répétitive… Mais bon, sans atteindre des
sommets dans la production habituelle de l’auteur britannique, ce troisième
tome n’en reste pas moins nécessaire, ne serais ce que pour la compréhension de
l’ensemble du cycle, se lisant bien, même si le plaisir des débuts n’est plus
aussi intense. Une fin donc qui vaut plus par ses explications que par son
intrigue générale mais qui conclut néanmoins bien un cycle qui n’est pas
forcement exceptionnel mais qui mérite tout de même que l’on le découvre,
surtout pour les passionnés de Moorcock. Pour les autres, peut être ne
sera-t-il pas nécessaire.
Points
Positifs :
-
Avec Le Nomade du Temps, Moorcock s’essaye
au genre Steampunk avant même que celui-ci ne soit crée et, ma foi, c’est une
réussite dans son genre. Certes, les trois univers proposés se ressemblent
trop, mais ces derniers n’en restent pas moins plutôt réussis dans leur genres
et on se plait rapidement à imaginer ces formidables dirigeables géants pilotés
par des aéronautes.
-
Critique de l’Empire Britannique, critique du racisme, critique du socialisme :
Moorcock profite de ses trois romans pour régler quelques comptes et, ma foi,
tout cela est plutôt judicieux surtout que l’auteur est bigrement doué pour
faire passer ses messages.
-
Oswald Bastable est un Champion Eternel pour le moins singulier mais qui se
démarque un peu du lot par son originalité. Bien évidement, comme ses autres
avatars, il geint énormément et se lamente sur lui-même.
-
Le Seigneur des airs est très bon et
nous permet de faire connaissance avec cet univers et ses personnages, quand au
Léviathan des terres, il mérite le
détour pour sa critique intéressante du racisme et la belle revanche du fameux
Attila noir.
Points
Négatifs :
-
Bastable se ballade entre trois époques différentes et plusieurs univers
parallèles mais ceux-ci se ressemblent beaucoup trop ce qui fait que, vers la
fin, on finit par se lasser de toutes ces similitudes.
-
Certes, a la fin du Tsar d’acier, on
comprend pourquoi ces univers se ressemblent tant et pourquoi certains
protagonistes reviennent sans cesse, cependant, il faut s’accrocher pour saisir
toutes ces subtilités métaphysiques souvent peu évidentes…
-
Je n’ai pas vraiment accroché à l’intrigue du Tsar d’acier et j’ai trouvé ce Staline franchement insupportable.
-
Les deux premiers romans auraient mérités d’être plus longs.
Ma
note : 7,5/10
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