SUPERMAN
– RED SON
Les
Etats-Unis sont en alerte : leur président Dwight D. Eisenhower vient de leur
annoncer que les autorités russes ont dévoilé l’existence d’un étrange individu
costumé aux pouvoirs hors du commun. Capable de voler et plus puissant que
toutes les bombes à hydrogène réunies, l’homme, appelé Superman, est là pour
servir Staline et ses ordres. Ne sachant que faire, le président souhaite que
Lex Luthor, un scientifique de génie, trouve la faille de cette nouvelle
menace. Sans solution rapide, la guerre froide pourrait clairement tourner en
faveur des russes. Multipliant les sauvetages, Superman devient rapidement la
nouvelle coqueluche du peuple russe. Mais celui-ci n’est pas un soldat, il est
là pour faire régner la morale et la justice. Alors qu’un satellite s’apprête à
chuter sur Metropolis, aux Etats-Unis, il intervient et sauve la ville du
désastre. Staline a clairement compris que ce nouvel héros était un atout
indéniable pour lui et son peuple. Il organise régulièrement des manifestations
en son honneur. Lors d’une soirée avec les représentantes de Themyscira,
Superman se fait une amie en la personne de Diana. L’omniprésence du surhomme
commence quelque peu à exaspérer, et pas que dans le camp ennemi…
Superman – Red Son
Scénario : Mark Millar
Dessins
: Dave Johnson, Kilian Plunkett
Encrage : Andrew
Robinson, Walden Wong
Couleurs : Paul
Mounts
Couverture : Dave
Johnson
Genre : Super-héros,
Uchronie
Editeur : DC
Titre en vo
: Superman – Red
Son
Pays
d’origine : Etats-Unis
Parution
: 01
février 2004
Langue
d’origine : anglais
Editeur
français : Urban Comics
Date
de parution : 20 septembre 2013
Nombre
de pages : 176
Liste des
épisodes
Superman – Red
Son 1-3
Mon
avis : La toute première fois que j’avais
entendu parler de cette uchronie qu’était Superman
Red Son, j’avais été franchement enthousiaste : imaginez le postulat
de départ, à la fois simple et prometteur, qui nous entrainait dans un monde où
Superman, au lieu de débarquer bébé aux Etats-Unis serait tomber au beau milieu
de l’Union Soviétique, finissant par devenir, par la force des choses, le
champion absolu du communisme. Une excellente idée qui ne pouvait donner, selon
moi, qu’un résultat a la hauteur de mes espérances… or, a la lecture de cette
mini-série en trois parties, œuvre du décidément très prolifique Mark Millar,
mon ressenti final tint davantage de la déception qu’autre chose, beaucoup de
choses m’ayant alors gênées a l’époque. Les années, nombreuses, se sont écoulés
et plus le temps passait, plus j’avais envie de retenter l’expérience, de
redonner une seconde chance a ce Red Son,
régulièrement cité, paradoxalement, comme l’une des meilleurs aventures du super-héros
qui porte son slip par-dessus son pantalon de ces quinze dernières années :
après tout, peut-être le verrais-je d’un autre œil ? Et si ce n’était pas
le cas, eh ben ma foi, il aurait enfin droit a sa critique sur ce blog, ce qui
était un minimum… Mais alors, cette seconde lecture m’aura-t-elle fait changer
d’avis au sujet de Superman Red Son,
car bon, après tout, c’est le principal ? Eh bien, disons que oui, mais
pas totalement, mais je vais m’expliquer… Indéniablement, et cela, on ne peut
pas l’enlever a Mark Millar, le postulat de départ, même si cela reste un gros What if, est vraiment bon : l’idée
que Superman ait grandi en Union Soviétique, que sa pensée ait été modelée par
un système aux antipodes du capitalisme américain et qu’il soit devenu le
champion de l’URSS ne pouvait pas être mauvaise, bien au contraire. Ensuite, il
y a la partie graphique et si je ne suis pas franchement fan de celle-ci,
particulièrement des dessins de Killian Plunkett (oui, ce bougre de Johnson ne
finit même pas le travail), ce n’est pas mauvais non plus, loin de là, et puis,
il y a quelque chose qui rehausse de fort belle manière celle-ci, ce sont les
postures du personnage, inspirées des affiches de propagande soviétiques, et
qui, ma foi, sont tout simplement superbes. Un postulat de départ intéressant,
quelques planches superbes, certes, mais ce n’est pas tout car dans Superman Red Son, il y a un scénario
qui, lui aussi, démarre franchement bien : découvrant les fantastiques
pouvoirs de ce super-homme soviétique, les USA prennent peur et tombent dans
une paranoïa qui vont les pousser, au fil des décennies, a tout faire pour l’abattre,
et ce, tandis que notre Sup, restant égal a lui-même, reste tout de même quelqu’un
qui souhaite avant tout faire le bien, sauver des vies, améliorer le sort de
son prochain… quoi que, petit a petit, a force de bonnes volontés, une certaine
limite est franchie, ce qui amènera d’autres problèmes, comme vous pouvez l’imaginer.
Bref, tout un tas de bonnes choses dans ce comics, mais alors, pourquoi ais-je
toujours des réticences a son encontre ? Tout simplement parce que,
malheureusement, malgré de bonnes idées, le scénario se limite trop rapidement
a un affrontement entre Superman et Lex Luthor, malheureusement, le traitement
des quelques personnages secondaires n’est pas a la hauteur et que la plupart
des situations ou des relations ne sont pas développées, malheureusement, parce
que ce fichu manichéisme américain fait que, au final, on en revient au fait
que les méchants, cela reste les rouges et les gentils, bah, vous savez, les
gus de l’Oncle Sam, même si ces derniers se sont comportés comme des salopards !
Alors, du coup, on se retrouve devant une œuvre qui divise, forcément, une œuvre
possédant un potentiel non négligeable, une œuvre qui, par certains cotés, est
une réussite – ne serais-ce que pour le look des protagonistes – mais qui, par
son développement scénaristique rate le coche. Cela est fort dommageable,
surtout qu’avec quelques modifications, Superman
Red Son aurait put être bien plus aboutit, mais bon, malgré tout un tas de
défauts qui lui nuisent grandement, cela reste un comics que tout fan de Superman se doit de lire au moins une
fois dans sa vie, ne serais-ce que pour cette vision différente du personnage,
qui, elle, vaut vraiment le détour !
Points
Positifs :
- Le
postulat de départ qui nous propose un univers parallèle où Superman, bébé,
aurait débarqué en URSS et non aux Etats-Unis, ce qui l’amènera à devenir le
champion du communisme, est, ma foi, plutôt excellente.
-
Graphiquement, tout cela est très inspirer des affiches de propagande
soviétiques, ce qui donne quelques planches franchement superbes ainsi que des
poses iconiques du champion des travailleurs fort plaisantes.
-
Même si Superman reste un personnage bon et qu’il ne souhaite faire qu’une
chose, faire le bien autour de lui, la manière qu’il choisi ici est fort différente
et, à force d’imposer sa paix – accessoirement, réellement efficace – il en
devient une espèce de Big Brother omnipotent et immortel.
-
Le look des protagonistes – Superman, Batman, Wonder Woman, Green Lantern –
tout simplement excellent.
-
La mythologie de Superman est a l’honneur est on a droit a tout un tas de
références, ce qui est agréable.
-
Le final en forme de boucle temporelle est un sympathique clin d’œil qui
modifie les origines de Superman, certes, mais qui n’en reste pas moins
intéressant.
-
Magnifique couverture de cette version française !
Points
Négatifs :
-
Trop rapidement, le scénario tombe dans un banal affrontement entre Superman et
Lex Luthor.
-
En dehors de Batman et Superman, et encore, la plupart des protagonistes ne
sont pas développés, ce qui est dommage vu que l’on est censés avoir à faire a
des versions différentes des héros que l’on connait.
-
Il en est de même pour certaines situations, rapidement expédiées. Le souci, c’est
que tous ces raccourcis scénaristiques nuisent grandement a l’ensemble – Superman Red Son aurait-il gagné à être
un peu plus d’un long, d’un épisode ? Je le pense sincèrement.
-
On finit malheureusement par tomber dans un manichéisme traditionnel vers la
fin de l’histoire où les américains, malgré tous ce qu’ils ont fait,
apparaissent comme les gentils, et les russes, bah, forcément, comme les
méchants. A croire qu’outre-Atlantique, il ne peut avoir une autre vision du
monde que la leur !?
-
On ne peut pas vraiment dire que, coté dessins, cela soit la panacée, surtout
avec Killian Plunkett – reste l’inspiration soviétique, efficace elle et qui
sauve les meubles.
Ma
note : 7,5/10
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