LE
FILM MAUDIT – JUD SÜSS
À
l'hiver 1939, Joseph Goebbels cherche l'interprète principal du Juif Süss, film
de Veit Harlan retraçant la chute de Joseph Süss Oppenheimer, conseiller
financier du duc de Wurtemberg exécuté en 1738. Le ministre de la Propagande du
IIIe Reich jette son dévolu sur l'acteur non juif Ferdinand Marian, qui présente
selon lui de parfaits « traits
sémites ». Marié à Anna, qui a renoncé à la comédie pour dissimuler
ses origines juives, Marian refuse le rôle au risque de voir sa carrière
anéantie. Mais les menaces et les pièges de Goebbels ont bientôt raison de sa
volonté.
Le film maudit – Jud Süss
Réalisation : Oskar
Roehler
Scénario : Klaus
Richter et Michael Esser d'après le livre de Friedrich Knilli
Musique : Martin
Todsharow
Production : Novotny
& Novotny Filmproduktion GmbH
Genre : Historique
Titre
en vo : Jud Süß – Film ohne Gewissen
Pays
d'origine : Allemagne, Autriche
Langue
d'origine : allemand
Date
de sortie : 18 février 2010
Durée : 114
mn
Casting
:
Tobias
Moretti : Ferdinand Marian
Moritz
Bleibtreu : Joseph
Goebbels
Martina
Gedeck : Anna Marian
Justus
Von Dohnanyi : Veit Harlan
Heribert
Sasse : Deutscher
Martin
Feifel : Knauf
Anna
Unterberger : Britta
Milan
Peschel : Werner Krauss
Armin
Rohde : Heinrich George
Paula
Kalenberg : Kristina
Söderbaum
Erika
Marozsán : Vlasta
Ralf
Bauer : Fritz Hippler
Robert
Stadlober : Lutz
Martin
Butzke : Malte Jäger
Rolf
Zacher : Erich Engel
Mon
avis : Loin d’un film
comme Le fils
de Saul qui marquait davantage les esprits de par sa mise en scène et
la violence crue de sa thématique, cette œuvre allemande, au demeurant, fort
méconnue et diffusée hier sur Arte
sous le titre un peu biscornu de Le film
maudit – Jud Süss est, selon moi, d’un tout autre acabit. Ainsi, ici, si l’époque
et la thématique sont les mêmes, on quitte les camps de concentrations pour l’univers
du cinéma sous le Troisième Reich, sujet rarement abordé au septième art – ce qui
est un comble – et, bien entendu, de par la force des choses, l’utilisation de celui-ci
en tant que propagande au service du régime. Du coup, tombant un peu par
surprise sur ce long métrage, pour rappel, fort méconnu, je ne pouvais pas
passer a coté une telle opportunité, surtout que la thématique m’intéressait,
et, franchement, je ne l’ai nullement regretter, bien au contraire… Car oui, s’il
y a bien une chose que l’on peut retenir de ce long métrage, c’est que ce
dernier est excellent : ainsi, entre une esthétique fort bien choisie avec
une palette de couleur très désaturée (on est proche du noir et blanc), ce qui
donne un rendu typique de l’esthétique des films des années 1940 et une
reconstitution plus ou moins fidèle (avec des passages romancés, autant pour la
vérité historique quand a l’épouse de Ferdinand Marian), Le film maudit – Jud Süss est un fort bon témoignage de la manière
dont fut réaliser ce fameux film interdit, ce Jud Süss de triste mémoire… Véritable brulot antisémite mais, accessoirement,
servi par des moyens colossaux d’une industrie cinématographique germanique
qui, pour rappel, dans les années 30, n’avait strictement rien à envier à Hollywood,
Jud Süss fut un immense succès lors
de sa sortie : en Allemagne, bien sur, en Italie, fort logiquement, mais
en France également, ce qu’il est bon de rappeler… Du coup, ce long métrage –
le moderne, pas le film original – est une œuvre captivante, pour peu que l’on
s’intéresse à la propagande sous toutes ses formes mais aussi, a l’Histoire du
cinéma en général. Mais Le film maudit –
Jud Süss, c’est aussi l’histoire d’un homme, Ferdinand Marian, acteur de
seconde zone qui porté devant les feux des projecteurs par ce film, s’y brula
les ailes avant de disparaitre prématurément peu de temps après la guerre…
Bref, vous l’avez compris, non seulement je n’ai pas regretter une seule
seconde d’avoir regarder ce film mais en plus, je ne peux que vous le
conseiller, ne serais-ce que pour sa thématique principale, c’est-à-dire, ces
fameux films de propagande, interdits pour la plupart de nos jours et, bien
entendu, la fameuse question qui en découle : peuvent-ils être vus ou pas ?
Personnellement, je dirais oui mais franchement, en possédant un sacré bagage
culturel derrière…
Points
Positifs :
- Le
film maudit – Jud Süss est
captivant pour peu que vous vous intéressiez a la Seconde Guerre Mondiale et
pas seulement le conflit en lui-même : comme chacun sait, la propagande,
fort logiquement, y fut importante et le cinéma nazi, malgré ses thématiques
nauséabondes, est un sujet d’étude qui mérite le détour.
- Voilà une œuvre qui amène bien des questions lors
de son visionnage, surtout sur le fait de savoir si, de nos jours, ces fameux
films interdits peuvent être vus par le plus grand nombre ?
- L’esthétique est l’un des points forts de ce film
avec cette palette de couleurs proche du noir et blanc qui rappelle les œuvres de
l’époque – ce qui a permis d'insérer de véritables extrais du film Jud Süss.
- L’originalité de cette œuvre : après tout, le
cinéma nazi ne fut que trop rarement abordé sur grand écran et le seul exemple
de film qui traite de propagande qui me
vient a l’esprit est Inglourious
Basterds, c’est pour dire !
Points
Négatifs :
-
Malgré une esthétique irréprochable et réussie, on note tout de même un manque
de moyens par moments – oui, le cinéma nazi en possédait bien plus si on le
compare avec le cinéma allemand actuel.
-
Dommage que les dernières années de la vie de Ferdinand Marian aient été si
vite expédiées ; je n’aurai pas été contre un film plus long du coup.
-
Je comprends pourquoi ils ont fait de l’épouse de Ferdinand Marian une
autrichienne d’origine juive, histoire de dramatisé davantage l’ensemble,
cependant, pour la réalité historique, on repassera…
Ma
note : 7,5/10
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