L'HOMME
QUI TUA LIBERTY VALANCE
En
1910, le sénateur Stoddard et sa femme Hallie, un couple âgé, reviennent à
Shinbone, dans l'Ouest, pour l'enterrement de Tom Doniphon. Le journaliste
local, intrigué par la présence d'un sénateur venu assister à l'enterrement
d'un cow-boy inconnu, presse Stoddard de s'expliquer. Stoddard, d'abord
réticent, finit par accepter. Il évoque l'époque où fraîchement diplômé en
droit, il débarqua avec l'idéal d'apporter la légalité dans l'Ouest. Peu avant
son arrivée à Shinbone, la diligence est attaquée par une bande de hors-la-loi.
Stoddard est dévalisé et frappé par leur chef qui le laisse pour mort. Tom
Doniphon le trouve, lui apprend le nom de son agresseur : Liberty Valance, un
bandit de notoriété publique, et le dépose dans le restaurant de Hallie et de
ses parents. Stoddard, encore faible, parle de faire arrêter Valance, ce qui
provoque les sarcasmes de Doniphon. À Shinbone, c'est la loi des armes qui
prévaut. Stoddard n'obtient pas plus le soutien du shérif, couard notable.
L'Homme qui tua Liberty Valance
Réalisation : John
Ford
Scénario : James
Warner Bellah et Willis Goldbeck d'après l'histoire de Dorothy M. Johnson
Musique : Cyril
J. Mockridge
Production : Paramount
Pictures, John Ford Productions
Genre : Western
Titre
en vo : The Man Who Shot Liberty
Valance
Pays
d'origine : États-Unis
Langue
d'origine : anglais
Date
de sortie : 22 avril 1962
Durée : 123
mn
Casting
:
John
Wayne : Tom Doniphon
James
Stewart : Ransom Stoddard
Vera
Miles : Hallie Stoddard
Lee
Marvin : Liberty Valance
Edmond
O'Brien : Dutton Peabody
Andy
Devine : Marshall Link Appleyard
Ken
Murray : Doc Willoughby
John
Carradine : Cassius
Starbuckle
Jeanette
Nolan : Nora Ericson
John
Qualen : Peter Ericson
Willis
Bouchey : Jason Tully
Carleton
Young : Maxwell Scott
Woody
Strode : Pompey
Denver
Pyle : Amos Carruthers
Strother
Martin : Floyd
Lee
Van Cleef : Reese,
complice de Valance
Robert
F. Simon : Jack/Handy
Strong
O.Z.
Whitehead : Herbert Carruthers
Paul
Birch : le maire Winder
Shug
Fisher : Kaintuck, le bègue
Earle
Hodgins : Clute Dumphries
Anna
Lee : Mme Prescott, la veuve
Ted
Mapes : Highpockets, ami du bègue
Charles
Seel : Président du conseil
électoral
Mon
avis : « On est dans
l'Ouest, ici. Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende ». Cette réplique culte est tout bonnement l’une des
plus célèbres de l’Histoire du cinéma est résume parfaitement, à elle seule, le
film, mais pourrait aussi s’adapter de façon plus générale a l’histoire avec un
grand H ; après tout, entre « l’Histoire est écrite par les vainqueurs
» et celle-ci, c’est un peu la science de l’Histoire qui s’en trouve
superbement définie. En effet, le néophyte pourra peut être ne pas comprendre
où je veux en venir mais, pour tous ceux qui, un jour ou l’autre, et sans
tomber dans la parfois stupide paranoïa de la théorie du complot à tout vas, se
sont intéresser à tel période de l’Histoire humaine, savent depuis longtemps
que les faits que l’on connaît et qui apparaissent comme établit après coups,
ne reflètent pas toujours la vérité la plus exacte. Mais ces réflexions
mériteraient à elles seules un article tant elles pourraient être développé a
l’infini, et ce n’est ni le lieu, ni le moment. Assez curieusement, L’homme
qui tua Liberty Valance est l’un des rares westerns que j’ai eu l’occasion
de critiquer sur ce blog, mais cela tient plus au fait que, sur ces derniers
mois, je n’ai eu l’opportunité d’en voir aucun ; pourtant, Dieu sait qu’au fil
de ma vie, les westerns, genre qui marcha énormément dans les années 50 et 60,
ont défiler, et que, sans être un grand spécialiste de la chose, je m’y connais
un minimum, en particulier sur ceux dits de l’âge d’or. Mais bon, peu importe
et puis, il est grand temps de rentrer dans le vif du sujet. L’homme
qui tua Liberty Valance est l’avant dernier long métrage de ce
monument du cinéma que fut John Ford et représente, en quelque sorte, son
testament cinématographique. Véritable chef d’œuvre du genre, ce film voit
réuni pour la première fois deux autres géants du septième art, John Wayne et
James Stewart, tous deux au sommet de leur art. Bon, j’entends déjà certains
hurler au loup au sujet du premier cité, arguant son prétendu jeu monolithique,
son machisme exacerbé, son conservatisme et son attachement au parti
républicain (comme si les opinions politiques avaient quelque chose a voir avec
le talent, ridicule) et cette apparence que dans toute sa carrière, il ne joua
qu’un seul et unique rôle : le sien. Oui, cela est vrai et faux à la fois car
tous ceux qui, au lieu de critiquer juste pour le plaisir de critiquer, on
daigner regarder plus d’un film du « Duke », auront certes remarqué
que celui-ci a toujours, effectivement, joué « son » rôle,
mais que celui-ci (un chef parfait, infaillible, effectivement macho, bagarreur
mais tellement mal à l’aise avec les femmes que ses histoires ne marchent
quasiment jamais) est bien plus complexe que l’on pourrait le croire à
l’origine. Et puis, quelque part, est-ce le seul acteur dans le cas ?
Franchement pas le moins du monde. Et forcement, dans L’homme qui tua
Liberty Valance, John Wayne fait donc du « John Wayne » tandis
que James Stewart, lui, en quelque sorte, et bien, fait du « James
Stewart » : ce grand type un peu maladroit sur les bords, épris de
grandes idées et qui cherche à les faire partager. En toute franchise, rien que
pour la rencontre de ces deux géants du septième art, le film valait déjà le
coup. Or, cela va beaucoup plus loin. J’ai dit un peu plus haut que pour John
Ford, L’homme qui tua Liberty Valance, fut son testament cinématographique,
et cela est plus qu’exact : dans ce film, baignant dans une certaine mélancolie
profonde, voir même désabusée par moments, le spectateur voit s’affronter, non
pas l’habituelle opposition entre le « méchant » et le «
gentil », mais celle de deux mondes, l’Ouest ancien, représenté par John
Wayne (le héros individualiste et honnête) et Lee Marvin (Liberty Valance, le
voyou individualiste et sanguinaire) à James Stewart (anti-individualiste et
honnête et représentant le progrès, l’avenir, le monde nouveau). Dans ce film,
donc, si la présence d’une crapule comme Liberty Valence peut a priori faire
croire que l’on se trouve dans un western dit classique, la véritable
opposition se trouve entre les deux héros ; une opposition entre le passé et
l’avenir d’un pays, les Etats-Unis, qui pour évoluer, se doit d’avoir des
règles, des Lois et des structures, d’où l’évolution d’un territoire en Etat,
thème abordé et important dans le film. Du coup, ceux qui représentaient la loi
du plus fort, quelle soit bonne ou mauvaise, se doivent de s’effacer devant
celle du progrès, que représente donc James Stewart qui finira sénateur tandis
que pour les deux autres protagonistes, l’un finira abattu comme il a vécu, et
le second, seul, malheureux d’avoir perdu la femme qu’il aime. Le duel, la
scène forte du film, est un modèle du genre : dès le départ, le spectateur a
parfaitement conscience que celui-ci est disproportionné au possible, que
Valance va abattre son adversaire, la chose étant même soulignée par le tablier
porter par James Stewart. Et pourtant, celui-ci s’en sort, tuant, du moins le
crois t-on, le bandit et devenant par cette action un véritable héros, le
glorifiant et l’amenant au final, vers la carrière fructueuse annoncée. Or,
dans un flash-back (dans le flash-back qu'est l'histoire elle-même), l’on
s’aperçoit qu’en fait, c’était John Wayne, tapis dans l’ombre, qui abattit
Valance, mais laissant néanmoins l’honneur de la chose a son rival en amour, se
retirant alors devant lui. Ainsi, malgré une carrière bâtie sur une imposture
initiale, et malgré ses révélations à des journalistes sur le tard, le peuple
préférera toujours l’homme qui a tuer Liberty Valance à celui qui a
véritablement tuer Liberty Valance. D’où la célèbre réplique finale : «
On est dans l'Ouest, ici. Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie
la légende ». L’homme qui tua Liberty Valance est donc un
très grand film qui mérite amplement d’être vu, et ce, quelque soient les
réticences que certains pourraient avoir à l’encontre de John Wayne ou d’un
genre considéré comme dépassé (et en plus, c’est en noir et blanc ajouteront
les incorrigibles insatisfaits). Plus qu’un Western où l’on verrait pour la
énième fois des bons face a un méchant très méchant (mais bon, encore de nos
jours, les œuvres manichéennes continuent à représenter la grande majorité de
la production), ce film, si riche, avec d’excellents acteurs, est porteur de
tellement de messages, allant bien au-delà du simple western classique que tout
amateur de cinéma, dans mon opinion, se doit de l’avoir vu au moins une fois
dans sa vie.
Points
Positifs :
-
Plus qu’un superbe western, L’homme
qui tua Liberty Valance marque durablement les esprits par sa thématique
principale, c’est-à-dire, la disparition, petit a petit, des anciennes lois qui
prévalaient a l’ouest – bref, celle du plus fort – remplacées par celle de l’autorité
de l’état, de la justice, bref, celles censées protégées tous les citoyens. Du
coup, même si un personnage comme Tom Doniphon est encore nécessaire pour stopper
un individu comme Valence, la véritable opposition du film se fait entre le
premier cité et Ransom Stoddard, l’avocat et représentant du monde nouveau.
- Un John Ford au sommet
de son art, tout bonnement : ainsi, pour la thématique du film, le coté
mélancolique qui s’en dégage, les plans, les dialogues, tout le film est un pur
régal pour l’amateur éclairé !
- L’homme qui tua
Liberty Valance peut se targuer de posséder un casting cinq étoiles :
John Wayne et James Stewart, bien entendu, mais aussi Lee Marvin, Vera Miles et
même, dans un second rôle, Lee Van Cleef, encore loin de sa gloire à venir mais
qui crève déjà l’écran.
- On peut aimer ou ne pas
aimer John Wayne, mais franchement, même si le Duke a toujours interprété le
même rôle, force est de constater que, comme souvent, il est parfait, tout
simplement !
- « On est dans
l'Ouest, ici. Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende »
Tout simplement l’une des répliques les plus célèbres de l’histoire du septième
art !
Points
Négatifs :
-
Un vieillissement des personnages un peu hasardeux, surtout pour ce qui est du
cas de Pompey ; on a même l’impression, au début du film, que c’est un
acteur blanc grimé en homme noir, c’est pour dire !
- Si
Lee Van Cleef est parfait en complice de Valence, c’est quoi cet espèce de demeuré
qui l’accompagne tout le temps ? M’étonne qu’avec un sous fifre comme ça,
le sort de Valence était joué d’avance…
Ma
note : 9/10
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