LES
ANNALES DU DISQUE-MONDE – LES ZINZINS D'OLIVE OUED
Il
ne se passe pas de jours sur le Disque-Monde sans que de terrifiantes
découvertes soient faites. Cette fois-ci, c'est un alchimiste, qui a percé le
secret de la magie des images animées : une boite appelée caméra, dans laquelle
on enferme six diablotins – deux qui regardent par le trou à l'avant de la
boîte et peignent les images de ce qu'ils voient sur une membrane transparente,
et quatre qui soufflent dessus pour sécher la peinture... Facile et simple,
maintenant que c'est inventé, on va pouvoir enfin s'amuser... Aussitôt, une
activité fébrile s'empare d'une petite colline déserte et tranquille au bord de
l'océan : Olive Oued ! Mais à jouer ainsi avec réalité et illusion, ne
risque-t-on pas de provoquer une catastrophe d'ampleur galactique ?
Les Annales du Disque-Monde – Les Zinzins D'Olive
Oued
Auteur
: Terry
Pratchett
Type
d'ouvrage : Fantasy Burlesque
Première
Parution : 22 septembre 1990
Edition
Française : 11 octobre 2011
Titre en
vo : Moving
Pictures
Pays
d’origine : Grande-Bretagne
Langue
d’origine : Anglais
Traduction : Patrick
Couton
Editeur : Pocket
Nombre
de pages : 416
Mon
avis : Il est curieux de se rendre compte
que c'est parfois les bouquins dont on n’attend pas grand chose qui s’avèrent
être, peut être pas les meilleurs, mais les plus surprenants. Pour être franc, la
toute première fois que j’avais lu Les Zinzins
d'Olive Oued, une parodie sur le cinéma dans l’univers du Disque-Monde,
je reconnais que je n’en n’attendais pas monts et merveilles. Non pas que le
milieu du septième art me laisse indiffèrent, mais le voir ainsi transposé dans
un univers où, a priori, il n’avait rien à faire me laissait perplexe. Alors,
certes, la même histoire se déroulant sur la Terre du Milieu aurait été un
ratage complet, mais dans le Disque-Monde, le résultat est, tout bonnement, une
parfaite réussite. Comme quoi, il faut savoir se méfier des jugements hâtifs.
Et donc, l’histoire débute par une révolution étonnante, dans un quartier d'Ankh-Morpork,
des alchimistes mettent au point une caméra rudimentaire, basée sur le fameux
appareil photo de Deuxfleurs, le cultissime touriste des deux premiers tomes.
Ne voulant éveiller l’attention des Mages, leurs rivaux condescendants, ils
décident de partir s'installer sur une colline en bord de mer du nom d’Olive
Oued. Pour quel raison ce lieu ? Eux mêmes ne le savent pas, ils se sentent
tout bonnement attirés... comme des tas de gens (humains, nains, trolls) mais
également des animaux divers, ce qui ne laisse augurer rien de bon, surtout que
l'on se doute bien que cet endroit, recèle un secret terrible... Mais cela n'empêche
nullement le développement de l'industrie cinématographique et, la, on a droit
a tout les travers possibles et inimaginables que l’on connait bien dans
celui-ci : producteurs véreux, scénaristes méprisés, acteurs exploités, rêveurs
qui cherchent absolument a faire leurs trou dans le milieu, premières stars des
images animés, différence entre le monde réel et le rôle a l'écran et j'en
passe des vertes et des pas mures... Là dessus, on reconnaît la patte
inestimable et inimitable de Pratchett, au point que l'on s'y croirait. De
plus, les clins d'œil a de nombreuses œuvres du septième art parsèment
l'ouvrage, pour notre plus grand plaisir ; mais si certaines sont flagrantes (Lassie, Autant en emporte le vent par exemple) une petite connaissance
cinématographique n’est pas négligeable pour en apprécier toute la saveur. Du
point de vu des personnages, le meilleur des auteurs humoristiques britannique
est fidèle a sa légende et si les deux protagonistes principaux (Victor et
Ginger) sont sympathiques mais ne resterons pas dans les annales (si j'ose
dire), la flambée des seconds rôles rattrape largement le coup, en commençant
par un Planteur Je Me Tranche La Gorge sublimée et en pilotage automatique qui,
jusque la, il faut bien le reconnaître, était cantonné a un rôle de figurant
dans les volumes précédents. Autre trouvaille bienvenue et réussie, Terry
Pratchett se décide enfin a étoffer les Mages de l'Université de l'Invisible en
enrichissant les rôles principaux de ses dirigeants et en donnant a celle ci un
Archichancelier stable et des souffres douleurs a sa mesure. Et avec ce petit
détail qui pourrait paraître insignifiant, on s’aperçoit que l’auteur, au fil
des ouvrages, augmente la crédibilité de son univers, surtout que les
interactions avec des personnages d'autres tomes sont de plus en plus en plus
nombreuses et bienvenues. Alors, il ne faudrait pas oublier quelques seconds rôles qui participent
activement au bon déroulement du récit (et a son humour) comme le neveu de
Planteur JMTLG, le chien savant, les trolls et bien d'autres... chacun a sa
place, même celui qui pourrait paraître le plus insignifiant. Alors, vous vous
doutez bien que l'intrigue sera bien plus complexe qu'une simple parodie d'Hollywood,
et que d' étranges forces plus vieilles que l'humanité sont a l'œuvre... Vous
pensez aux créatures du mythe de Lovecraft ? Eh bien, vous avez raison ! Alors,
si vous n'avez pas peur d’assister a la rencontre du cinéma et de Cthulhu dans l’univers
du Disque-Monde, n’hésitez plus une seconde et foncez ! Les Zinzins d'Olive Oued vous feront passer un très bon moment.
Points
Positifs :
-
Le cinéma dans un monde de Fantasy !? La chose paraissait impossible, or,
avec tout le talent qu’on lui connaissait, Terry Pratchett s’en sort fort bien
et livre avec Les Zinzins d’Olive Oued
un de ses romans les plus étonnants et, accessoirement, les plus réussis !
-
Les références a tout un tas de chef d’œuvres du septième art son tellement
nombreuses qu’en faire la liste serait fort fastidieux.
-
Si le cinéma est à la hauteur dans ce roman, l’univers de Lovecraft n’est pas
en reste.
-
Planteur Je Me Tranche La Gorge, personnage mineur jusque là, occupe ici le
devant de la scène et est, tout simplement, inoubliable dans son rôle de
producteur véreux !
-
Les mages de l’Université de l’Invisible sont enfin développés et certains d’entre
eux sont mis en avant, pour ne plus nous quitter : ainsi, entre Mustrum
Ridculle, l’Archichancelier, l’Econome, le Major de promo et les autres, on
découvre une flopée de personnages devenus, depuis, cultes !
Points
Négatifs :
- Soyons
francs : si vous n’êtes pas un spécialiste de l’histoire du septième art
et de ses plus grands chefs d’œuvres, alors, vous passerez a coté de la plupart
des références, ce qui, au demeurant, est fort dommage.
-
Les deux personnages principaux, Victor et Ginger, sont sympas mais
apparaissent franchement en retrait en comparaison des très nombreux seconds rôles
qui, eux, brillent vraiment de mille feux !
Ma note : 8/10
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