MOMMY
Au
Canada, une nouvelle loi (la loi S 14) autorise les parents
d'enfants très difficiles à confier ceux-ci à une institution d’État de type
hôpital psychiatrique pour mineurs. Dans ce contexte, Diane, veuve d'une
quarantaine d'années habitant la banlieue de Montréal, récupère la garde de son
fils Steve, un adolescent souffrant d'un trouble du déficit de l'attention avec
hyperactivité, du fait de son expulsion pour comportement irresponsable et
dangereux du centre de rééducation dans lequel il avait été placé peu de temps
après la mort de son père. La mère et le fils forment un duo explosif – entre
amour, violence, tendresse et insultes – que va venir compléter leur voisine
Kyla, professeur dans le secondaire en «
congé sabbatique » à la suite d'un drame dont elle garde un bégaiement
séquellaire handicapant. Tous les trois trouvent alors une forme d'équilibre
précaire (Kyla donnant des cours de rattrapage à Steve, tandis que Diane
effectue des ménages pour assurer la survie financière de la maisonnée) et même
un certain bonheur. Jusqu'au jour où un huissier de justice délivre à la mère
de l'enfant une très mauvaise nouvelle. Après, tout déraille...
Mommy
Réalisation : Xavier
Dolan
Scénario : Xavier
Dolan
Musique : Noia
Production : Metafilms
Genre : Drame
Titre
en vo : Mommy
Pays
d'origine : Canada
Langue
d'origine : français, joual
Date
de sortie : 19 septembre 2014
Durée : 134
mn
Casting
:
Anne
Dorval : Diane « Die » Després
Antoine
Olivier Pilon : Steve O'Connor
Després
Suzanne
Clément : Kyla
Alexandre
Goyette : Patrick, le mari de Kyla
Patrick
Huard : Paul Béliveau
Viviane
Pacal : Marthe
Nathalie
Hamel : Natacha
Michèle
Lituac : la directrice du centre de
rééducation
Pierre-Yves
Cardinal : un garde de
l'hôpital psychiatrique
Steven
Chevrin : Steve dans le rêve de
Diane
Sabrina
Bisson : la DJ du karaoké
Isabelle
Nélisse : la fille de Kyla
Ted
Pluviose : le chauffeur
du taxi
Mon
avis : De Xavier
Dolan, jusqu’à hier soir, donc, je n’avais vu que Juste
la fin du monde, en mars dernier, et, pour la petite histoire, je n’avais
absolument pas accroché a ce film, y trouvant beaucoup trop de défauts pour que
je comprenne un certain engouement vis-à-vis des critiques a son égard. Cependant,
malgré cette première expérience pas concluante pour un sou, je n’avais pas jeté
totalement l’éponge au sieur du sieur Dolan, ne serais-ce que pour voir si tout
le bien – et le mal car l’individu divise fortement – que certains disent de
lui depuis des années était justifié, d’où, finalement, cette envie de voir ce Mommy, long métrage dont j’avais entendu
moult louanges. Et là, alors que je n’attendais absolument pas monts et
merveilles de ce film, ce fut le choc, l’énorme surprise, totalement inattendue
car oui, mille fois oui, Mommy est un
bon, que dis-je, un excellent film ! Déjà, ne serais-ce que pour son
esthétisme, et en disant cela, je ne parle pas uniquement du format où seul 50%
de l’image est montrée a l’écran ; non, ce format, déstabilisant au départ
est qui renforce le sentiment d’oppression n’est qu’un élément de cet
esthétisme particulier qui ne laisse pas le spectateur indifférent, que ce soit
par ces plans rapprochés des protagonistes, le choix des couleurs, des
lumières, des angles de vue, qui sont, indéniablement, de pures merveilles pour
les yeux. Et puis, bien sur, il y a cette histoire, oh combien tragique, digne
d’Œdipe avec cet adolescent qui voue un culte amoureux a sa mère, cet
adolescent décidément pas comme les autres, quasiment ingérable mais si
attachant par moments. Mais n’oublions pas ces femmes, la mère, bien sur,
courageuse et prête a tout pour son fils, la voisine, blessée par la vie et qui
se sent presque investie d’une mission dans l’aide qu’elle accorde à ce couple
si particulier… Oui, ces femmes qui, comme souvent, sont au cœur des films de
Xavier Dolan et qui, dans ce Mommy,
sont tout simplement magnifiées. Magnifiées ?! Comme ce film,
incontestablement une ode a l’amour filial, terriblement cru dans ce qu’il nous
montre mais qui, fort heureusement, ne tombe jamais dans le misérabilisme –
pourtant, cela aurait été facile. Alors, pour ma part, si je n’avais pas aimé Juste la fin du monde, j’ai bien fait
retenter l’expérience Xavier Dolan car bon, mine de rien, après coup, il
apparait que ce Mommy est l’un des
meilleurs films qu’il m’ait été donné de voir depuis le début de cette année,
rien que ça !
Points
Positifs :
-
Une histoire a priori banale et qui, par le talent de Dolan, s’en retrouve
magnifiée comme une fantastique ode a l’amour maternel et filial. Il faut dire
que l’on s’attache très rapidement aux trois protagonistes – la mère, le fils
et la voisine – et que chacun d’entre eux, avec ses forces et ses faiblesses,
crève l’écran.
-
L’esthétisme du film, que ce soit pour le format de celui – un petit carré au
milieu de l’écran – oh combien oppressant, mais aussi pour les plans audacieux,
le choix des angles de vues, les couleurs, etc.
-
Magistrale interprétation des acteurs, principalement pour ce qui est d’Antoine
Olivier Pilon, en adolescent violent et quasiment ingérable, mais aussi Anne
Dorval, formidable dans ce rôle de mère un peu beauf et vulgaire mais tellement
attachante et forte.
-
Un film dur, cru mais qui ne tombe jamais dans le misérabilisme.
-
Ce québécois à couper le couteau et qui nécessite des sous-titres, c’est un
vrai régal !
-
La scène où la mère imagine cet avenir que son fils ne lui donnera jamais ;
d’une tristesse infinie lorsque l’on est parent…
-
Une fin ouverte où chacun aura sa propre signification – pour ma part, elle est
pessimiste.
Points
Négatifs :
- Même
si le film n’est pas court – plus de deux heures – je regrette que deux ou
trois scènes n’aient pas été davantage développées ; par exemple, celle
après la tentative de suicide du jeune homme. De même, le personnage du mari de
la voisine est a peine aperçu.
Ma
note : 8,5/10
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