mercredi 17 mai 2017

LES LIVRES DE CORUM – LE CHEVALIER DES ÉPÉES


LES LIVRES DE CORUM – LE CHEVALIER DES ÉPÉES

Corum est le dernier des Vadhaghs, race ennemie des Nhadraghs avec lesquels ils cohabitent depuis plus d'un million d'années. Sa race a pourtant été exterminée par les hommes, en ce temps-là appelés les Mabdens, qui peu à peu ont commencé à se reproduire rapidement et à s'étendre sur les cinq continents. A l'insu des Races Anciennes, les Mabdens ont investi ce monde, constitué de plusieurs dimensions appelées les Cinq Plans. Corum a vu les siens massacrés et lui-même a été blessé. Il prépare sa vengeance et rencontre un puissant sorcier qui lui propose un pacte il greffe la main et l'œil des Dieux Perdus sur le corps amputé de Corum ; en échange, celui-ci se verra confier une quête : voler le cœur du Chevalier des épées, précieusement gardé dans l'un des Plans... Corum, autre incarnation du Champion éternel, va devoir lutter contre le Chaos.


Les Livres de Corum – Le Chevalier des épées
Auteur : Michael Moorcock
Type d'ouvrage : Fantasy
Première Parution : 20 mars 1971
Edition Française : 13 novembre 2003
Titre en vo : The Knight of the Swords
Pays d’origine : Royaume-Uni
Langue d’origine : anglais
Traduction : Gérard Lebec
Editeur : Pocket
Nombre de pages : 218

Mon avis : Il est grand temps désormais de m’attaquer à la troisième (dans mon ordre de lecture) incarnation du Champion Eternel, après le charismatique Prince albinos, Elric, et le Duc de Köln, Hawkmoon, le dernier des Vadhaghs, je veux bien évidement parlé de Corum, le Prince à la robe écarlate. Pour commencer, comme ce fut le cas pour Elric, Corum ne m’était pas inconnu lorsque j’avais lu ce cycle pour la toute première fois : cela faisait des années que je le connaissais plus ou moins, de plus, celui-ci était apparu brièvement dans quelques aventures d’Elric et d’Hawkmoon, principalement dans Le Navigateur sur les mers du destin et La quête de Tanelorn. Bon, pas de quoi fouetter un chat pour être franc, cependant, même sans être emballer plus que de raison, ce fut avec un intérêt certain que j’ai abordé les premières pages du Chevalier des épées. Et là, assez rapidement, sans que je m’y attende, j’eu l’agréable surprise d’être immédiatement emballer par le personnage, diablement charismatique et au destin peu envieux… Un petit air d’Elric ? En effet, c’est le cas : contrairement à Hawkmoon qui était loin de briller par son charisme et sa prestance, Corum, s’il n’atteint pas les sommets du dernier Empereur de Melniboné, véritable rock-star dans son genre, n’en est pas moins un personnage intéressant, et ce, a de multiples facettes. Tant physiquement que mentalement, il n’est pas très éloigner d’Elric : certes, il est loin de porter toutes les souffrances et la mélancolie de celui-ci, cependant, le fait que des le début du livre, tous les siens soient massacrés par les humains, rend son destin tragique. De plus, mutilé d’horrible manière, les débuts de Corum sont très durs et le lecteur, de façon différente, se prend d’affection pour lui comme il put le faire pour Elric. Psychologiquement, Corum est un personnage intéressant, avec suffisamment de substance pour captiver le lecteur : après ses terribles épreuves initiales, celui-ci hait les humains et désire se venger a tous prix, même s’il en est incapable, mais ce sont d’autres humains qui vont le sauver, et, par-dessus le marché, Corum va tomber amoureux de l’une d’entre elle, la belle Rhalina. Bref, c’est un personnage emplit de contradictions auquel nous allons avoir à faire, qui assez rapidement, va s’apercevoir que son peuple, aujourd’hui décimé, aussi puissant fut il, ne connaissait rien du monde qui l’entourait. D’ailleurs, Moorcock a fort bien retranscrit, dans cette œuvre, l’un des tallons d’Achille des puissants, ou plutôt de ceux qui le furent : se croire au dessus des autres, la suffisance, l’ancienneté de sa civilisation et de sa culture ne suffit pas toujours pour survivre, surtout qu’en, pendant ce temps là, d’autres peuples que l’on considère comme étant inférieurs, montent en puissance et finissent par vous détruire, au sens littéral du terme dans le cas présent. Cela est valable dans le monde réel, mais les amateurs de Fantasy se délecteront de cela pour une autre raison : Corum est un Vadhagh, mais que sont les Vadhaghs ? Les Elfes, tout simplement. Et oui, pour la première fois, l’auteur britannique nous pond un récit où ceux-ci sont représentés, dans leur splendeur décadente habituelle. Sauf que, contrairement à d’innombrables récits où l’on nous dit que le temps des Elfes est passé et que ceux-ci sont bien moins nombreux qu’autrefois (n’allez pas plus loin, relisez donc Le Seigneur des Anneaux…), qu’ils laissent petit à petit leurs places aux humains, sans que l’on rentre dans les détails, avec Corum, Moorcock nous donne une explication radicale mais intéressante à leur sorts : aussi puissants furent-ils, leur civilisation est entrée en décadence, et ils ne comprirent cela que lorsque des humains vinrent les massacrer. C’est peut être brutal pour expliquer leur disparition mais cela vaut bien le départ des Elfes pour l’ouest (ils sont ou depuis ?). Bref, un bon postulat pour un cycle qui promet énormément, au vu de la lecture de ce premier tome. Bien évidement, il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce Chevalier des épées. Les habitués de Moorcock ne seront guères dépaysés tant par le fond que par la forme. De plus, les concepts d’opposition entre Loi et Chaos seront présents, et de belle manière puisque Corum se voit, dans la deuxième partie de l’ouvrage, obligé d’aller affronter le terrible Duc Arioch dans son propre domaine. Un Arioch que les habitués d’Elric connaissent bien d’ailleurs même si quelques surprises les attendent. Alors, entre un synopsis de base intéressant, un personnage principal charismatique, des emprunts aux mythologies celtiques par moments et l’utilisation des Elfes ainsi que, le concept des quinze plans de base qui fait que le monde de Corum serait, en quelques sortes, le principal auquel tous les autres se greffent, les amateurs du Multivers de Moorcock seront aux anges, surtout que le tout est plutôt bien écrit et suffisamment captivant pour les tenir en haleine de la première a la dernière page. Bref, un cycle qui démarre sur les chapeaux de roues et qui promet énormément.


Points Positifs :
- Moins rock-star qu’Elric mais nettement plus charismatique qu’Hawkmoon, Corum est sans nul doute l’une des incarnations du Champion Eternel les plus réussie, et, a bien y regarder, notre Vadhagh n’a pas grand-chose à envier au cultissime Prince Albinos : un destin tout aussi tragique mais sans les traditionnelles lamentations d’Elric et le coté grandiloquent de ce dernier, ce n’est pas plus mal.
- Ce que l’on note tout de suite a la lecture de ce premier volet des Livres de Corum, c’est la cohérence de l’ensemble et le style d’écriture, ce qui faisait défaut au Cycle d’Elric, nettement plus ancien et qui, en plus, ne fut pas écrit dans l’ordre par Moorcock. Ici, l’auteur a fait de grands progrès pour ce qui est de l’écriture et la lecture n’en est que plus plaisante.
- On retrouve les traditionnels concepts de Loi et Chaos, la Balance Cosmique, les divers plans d’existence, etc. Bref, tout le fond et la forme des ouvrages de Moorcock. Mais le plus amusant est, bien entendu, cet Arioch que l’on avait connu quasiment divin dans Elric et, qui est vaincu par Corum dans cette incarnation.
- Bien évidement, les Vadhaghs sont les Elfes et, accessoirement, j’apprécie plutôt la manière dont Moorcock justifie leur disparition puisqu’ils finissent massacrer par les humains suite a une lente décadence de leur civilisation – ce qui, d’ailleurs, peut-être mis en parallèle avec n’importe quel peuple de notre propre histoire…

Points Négatifs :
- Une fin un poil trop rapide selon moi.
- Malheureusement, les éditions Pocket ne se sont pas vraiment foulées pour nous proposer une couverture digne de ce nom.

Ma note : 8,5/10

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