dimanche 28 février 2016

MON ROI


MON ROI

Tony est admise dans un centre de rééducation après une grave chute de ski. Dépendante du personnel médical et des antidouleurs, elle prend le temps de se remémorer l’histoire tumultueuse qu’elle a vécue avec Georgio. Pourquoi se sont-ils aimés ? Qui est réellement l’homme qu’elle a adoré ? Comment a-t-elle pu se soumettre à cette passion étouffante et destructrice ? Pour Tony c’est une difficile reconstruction qui commence désormais, un travail corporel qui lui permettra peut-être de définitivement se libérer…


Mon roi
Réalisation : Maïwenn
Scénario : Étienne Comar et Maïwenn
Musique : Stephen Warbeck
Production : Les Productions du Trésor, StudioCanal, France 2 Cinéma, Arches Films
Genre : Drame
Titre en vo : Mon roi
Pays d'origine : France
Langue d'origine : français
Date de sortie : 21 octobre 2015
Durée : 125 mn

Casting :
Vincent Cassel : Georgio Milevski
Emmanuelle Bercot : Marie-Antoinette Jézéquel, dite Tony
Louis Garrel : Solal
Isild Le Besco : Babeth
Chrystèle Saint Louis Augustin : Agnès
Patrick Raynal : Denis Jézéquel
Yann Goven : Jean
Paul Hamy : Pascal
Djemel Barek : Djemel
Slim El Hedli : Slim
Lionnel Desruelles : Lionel
Laetitia Dosch : Lila
Félix Bossuet : Simbad enfant
Giovanni Pucci : Simbad 3 ans
Alain Beigel : Christian, l'ami à la pharmacie

Mon avis : De Maïwenn, jusqu’à hier soir, je n’avais eu l’occasion de voir qu’un seul de ses films, l’excellent Polisse, formidable plongée dans le quotidien de la brigade des mineurs du 36 Quai des Orfèvres, il y a de cela quatre ans. Ainsi, c’était avec un certain enthousiasme que je comptais voir Mon roi, et ce, pour de multiples raisons : pour sa réalisatrice, bien sur, pour son postulat de départ, c’est-à-dire, la descente aux enfers d’une femme sous l’emprise d’un pervers narcissique – Vincent Cassel, tout bonnement formidable dans ce rôle d’individu détestable au possible – mais aussi en raison de l’opinion de mon épouse qui avait vu ce film il y a quelques mois et qui avait été bouleversée par celui-ci. Bref, tout un tas de bonnes raisons avec, en prime, la curiosité de voir un long métrage soutenu par la critique publique mais pas vraiment par les professionnels de la chose – où alors, ils se sont un peu trop reconnus dans le personnage de Vincent Cassel, d’où, qui sait, un certain malaise ? Quoi qu’il en soit, si mes espérances étaient élevées vis-à-vis de Mon roi, le résultat final fut à la hauteur de celles-ci car, malgré un début peu engageant, dès la première rencontre entre les deux protagonistes principaux de l’histoire, Emmanuelle Bercot et Vincent Cassel, on plonge tout simplement dans ce que ma femme a si bien nommé un cinéma qui prend aux tripes. Car oui, mille fois oui, Mon roi fait parti de ces rares œuvres qui bouleversent, choquent et ne laissent pas indifférent le spectateur : le postulat de départ est a la fois simple et compliqué, après tout, cela n’est qu’une histoire d’amour qui finit mal comme une autre, cependant, au vu de la personnalité perverse du personnage interprété par Vincent Cassel, nous atteignons ici le comble des relations autodestructrices, ces histoires faites d’amour et de haine où l’un des membres du couple, souvent l’homme d’ailleurs, prend le pas sur l’autre tout en le dénigrant, lui faisant accepter tout et n’importe quoi mais en maintenant une emprise néfaste qui fait que l’autre finit par devenir son objet, sa chose, sans existence propre si ce n’est d’assouvir la volonté de puissance de ces individus que l’on appelle, fort justement, les pervers narcissique… Alors bien sur, dans Mon roi, il y a beaucoup de cris, de pleurs, de conflits, sans que, au final, il n’y ait de solutions a un problème insoluble, l’héroïne étant totalement sous la coupe d’un individu brillant, manipulateur, charmeur et qui réussit a chaque fois a s’en sortir par une pirouette, aussi improbable soit-elle… et justement, c’est là où je dis, où j’affirme que Vincent Cassel livre une prestation exceptionnelle, c’est qu’aussi détestable soit-il, il va si loin dans ses pseudos excuses et autres promesses, il est tellement crédible dans ce rôle haïssable au possible que le spectateur, par moments, on tomberait presque, lui aussi, sous sa coupe. Indéniablement, Mon roi est un très bon film qui réussit a traiter d’un sujet a la fois grave et méconnu – car oui, ce genre de pervers narcissiques, il en existe des tas – sans tomber dans le pathos de bas étage ; terriblement prenant, bouleversant, il confirme, accessoirement, le talent d’une réalisatrice, Maïwenn, qui avait déjà fait très fort en son temps avec Polisse. Un film donc, à voir et à revoir, et qui, qu’il vous plaise ou pas, ne vous laissera pas indifférent.


Points Positifs :
- La thématique, bien entendu, a la fois simple et compliquée puisque oui, ce genre d’individus, les pervers narcissiques, sont bien plus nombreux qu’on ne le pense et commettent bien des ravages autour d’eux, chose qui est fort bien retranscrite dans ce film.
- La performance de Vincent Cassel, tout simplement éblouissante et qui, tout au long du film, est tellement détestable, mesquin, manipulateur, qu’on finit par, nous aussi adorer le détester.
- Le personnage de Vincent Cassel va tellement loin, par moments, dans la manipulation et les fausses excuses, tout cela avec le grand art de toujours faire porter le chapeau a sa compagne, qu’on se dit que non, ce n’est pas possible, il ose et ça marche… mais le pire, c’est que ce genre d’individus existent réellement.
- Mine de rien, Maïwenn est bougrement douée pour retranscrire toute la souffrance du quotidien ; par moments, on se dit que ça sent le vécu ?!
- Un film qui prend aux tripes et qui ne laisse pas indifférent.
- La fin, pessimiste à souhait finalement…

Points Négatifs :
- Je n’ai pas accroché à tout le passage où Emmanuelle Bercot sympathise, lors de son séjour en convalescence, avec les petites racailles, sympathiques certes, de banlieue ; je trouve que cela n’apporte strictement rien à l’intrigue.
- Peut-être un peu trop de cris par moments ; après, je ne suis pas fan de ces grandes démonstrations qui tombent parfois à plat dans les films.
- Si certaines scènes de nudité sont compréhensibles – les personnages ont un rapport sexuel, par exemple – d’autres ne servent a rien et l’on est, par moments, un peu dubitatif devant celles-ci.

Ma note : 8/10

Aucun commentaire: