LES
CANTOS D'HYPÉRION – LA CHUTE D'HYPÉRION
L'Hégémonie
gouverne plus de trois cents mondes. Quant aux Extros, ils ont pris le large
après l'Hégire. Reviendront-ils ? Un de leurs essaims, depuis trois cents ans,
se rapproche d'Hypérion. Les habitants de cette planète ont fini par devenir
nerveux ; ils réclament l'évacuation. Pour l'Hégémonie, le jeu n'en vaut pas la
chandelle. Mais, sur la même planète, on annonce l'ouverture prochaine des
Tombeaux du temps. Le Techno-Centre n'arrive pas à produire des prévisions
fiables à ce sujet. Alors, l'Hégémonie agit : elle envoie sept pèlerins sur
Hypérion. Drôles de pèlerins ! Celui-ci n'arrive pas à se débarrasser d'un
parasite de résurrection ; celui-là écrit un poème qui, selon lui, infléchira
le cours des événements. Deux d'entre eux veulent tuer le Gritche ; un autre hésite
à lui sacrifier sa propre fille, qui naîtra dans trois jours. Et le dernier
semble trahir tout le monde, ce qui étrangement ne trouble personne. Bref,
l'Hégémonie en fait le minimum ; qu'est-ce qui se cache là-dessous ?
Les Cantos d'Hypérion – La Chute d’Hypérion
Auteur
: Dan Simmons
Type
d'ouvrage : Science-Fiction
Première
Parution : 10 mai 1990
Edition
Poche : 03 avril 2018
Titre
en vo : The Hyperion Cantos – The Fall of
Hyperion
Pays
d’origine : Etats-Unis
Langue
d’origine : anglais
Traduction : Guy
Abadia
Editeur : Folio
SF
Nombre
de pages : 727
Mon
avis : Comme je vous l’avais dit il y a
quelques semaines, Les
Cantos d’Hypérion sont un cycle de science-fiction divisés en deux
parties distingues, chacune composée de deux tomes : ainsi, dans les deux
premiers volumes, le lecteur suit les pérégrinations des sept pèlerins qui
partent sur la lointaine planète Hypérion où vit le terrifiant Gritche tandis
que les deux derniers volumes de la saga, eux, se dérouleront quelques siècles
plus tard et que les protagonistes principaux seront Endymion et une certaine
Énée – mais chut, n’en disons pas plus, chaque chose en son temps. Cependant,
si les différences entre les deux parties des Cantos sont,
assez naturellement, nombreuses et flagrantes, cela se comprend aisément :
après tout, cette « suite » fut écrite quelques
années plus tard, l’action se déroule alors que les protagonistes des deux
premiers tomes sont morts (enfin…) tandis que le contexte, lui-même, a
considérablement changé. Par contre, ce qui a surpris bien des lecteurs – y
compris moi-même – c’est que, entre Hypérion et La Chute
d’Hypérion, on a parfois l’impression de lire un roman différent ; oh,
certes, pas complètement puisque l’intrigue générale, les personnages, les
lieux sont plus ou moins les mêmes, cependant, entre une flopée de nouvelles
têtes qui prennent une importance capitale, une action qui se déroule un peu
partout sur les divers mondes de l’Hégémonie, et même, du côté du Techno-Centre,
des allers retour dans le passé, le futur et surtout, le fait que l’on voit
beaucoup moins les pèlerins du premier volume (même si ceux-ci sont toujours
actifs, rassurez-vous, sauf qu’ils doivent partager la vedette cette fois ci),
nul doute que tous ses changements en auront perturber plus d’un. Mais ce n’est
pas tout puisque, la plus grande différence, à mes yeux, entre Hypérion et
La Chute d’Hypérion, c’est le style qui passe d’un récit intimiste, où
la principale action est de voyager d’un point A (L’Arbre-Monde des Templiers)
à un point B (Les Tombeaux du Temps) en quelques jours tout en se racontant
tranquillement sa vie, son passé, le pourquoi du comment de s’être trouver
sélectionner pour participer à ce pèlerinage – et ce qui a permis à ce malin de
Dan Simmons, de nous offrir par ce biais un condensé de tous les genres de SF,
réalisant un superbe melting-pot – dans le premier tome, a quelque chose de complètement
différent dans le second. En effet, ici, l’action prend le pas sur tout le
reste, et si, bien entendu, les moments plus calmes, les pauses dans le récit,
sont toujours présents, nul doute que la structure narrative de La Chute
d’Hypérion se déroule a cent à l’heures, qu’elle fourmille
d’événements et que, sincèrement, il est très difficile de poser son bouquin
tellement les événements se succèdent aux révélations et celles-ci aux coups de
théâtre. Et comme, en plus, par le biais de nouveaux protagonistes comme,
principalement, la présidente de l’Hégémonie, Meina Gladstone, ainsi que le
cybride Joseph Severn, second essai de personnalité récupéré du poète John
Keats, le lecteur découvre une nouvelle vision des choses, d’autres points de
vus et d’autres préoccupations, La Chute d’Hypérion, du coup,
lorgne beaucoup plus du côté du Space Opéra et une dimension cosmique que son
prédécesseur, lui, n’avait pas. Ici, en effet, en plus des préoccupations de
chaque protagoniste, des envies et des doutes des pèlerins, c’est l’avenir de
l’Hégémonie, et donc, de centaines de milliards d’êtres humains, qui est en
jeu. Du coup, les passages avec Gladstone et ses collaborateurs – conseillers,
sénateurs, militaires – sont un pur régal. Et si l’on ajoute à cela toute la
dimension philosophique déjà présente dans Hypérion et qui se
trouve renforcée ici par la présence de Joseph Severn, des passages tout
simplement exceptionnels et qui marqueront a jamais les lecteurs (quand Sol
offre sa fille au Gritche… Martin Silenus empalé sur l’Arbre du Gritche, les
derniers jours de Severn, qui meurt une seconde fois, de la même manière que
Keats, quelques siècles plus tôt, de la description de l’apocalypse final et de
Meina Gladstone face à une foule en colère composée d’un millions de
personnes), nul doute que si, déjà, Hypérion était un chef
d’œuvre, sa suite, La Chute d’Hypérion, dans un style à la fois proche
et tellement différent, en est un aussi. Si j’avais les connaissances
nécessaires en poésie, je me serais probablement attardé sur la construction du
récit faite par Simmons autour des œuvres de John Keats, tant une grande partie
de celles-ci transparaissent dans les Cantos. De même, si j’en
avais le talent, tout simplement – mais aussi le temps, et l’envie – j’aurais
abordé, car ils les méritent, chacun des personnages, avec leurs problématiques
personnelles et leurs implications et places respectives dans l’intrigue. Pour
finir, et toujours pour les mêmes raisons, j’aurais pu vous parler de tout le
coté religieux qui transparait de cette œuvre, de ce besoin de créer, être en
relation avec une entité supérieure, mais aussi, du rapport entre l’homme et la
nature et de la destruction de toute espèce pouvant rivaliser avec lui et même,
quelque part, de la vision de Dan Simmons qui, avec l’Infosphère, créa
l’Internet avant Internet. Mais bon, je le reconnais, je ne suis ni
suffisamment doué, ni très courageux pour tout cela. Ainsi, je me contenterais,
en guise de conclusion, de rappeler, une fois de plus, tout le bien que je
pense de ce cycle, de son importance même dans l’histoire de la
science-fiction. Et comme je vous l’ai dit, si Hypérion était
un chef d’œuvre, La Chute d’Hypérion l’est également, et les
deux récits forment, sans nul doute, l’un des ouvrages de SF les plus réussis
de l’histoire. Mais bon, rappelez-vous, tout cela n’est pas finie puisque,
quelques siècles vont s’écouler, un certain poète fera des siennes tandis que
le Gritche pourrait bien repointer le bout de son nez (qu’il doit avoir
forcément piquant), mais l’on se retrouvera, pour cela, dans Endymion.
Points
Positifs :
-
Le second volet de ce qui est, incontestablement, un des plus grands chefs
d’œuvres de la science-fiction. Avec La Chute d’Hypérion, Dan
Simmons conclut avec maestria la première partie de son cycle majeur en nous
livrant ce qu’il faut bel et bien appeler être un chef d’œuvre, tout simplement !
-
La structure narrative change complètement vis-à-vis du premier tome,
cependant, cela ne nuit absolument pas au plaisir de la lecture, surtout que,
ici, nous sommes davantage dans un récit pur et dur de space opéra où l’action
prime sur la réflexion, bien que cette dernière soit toujours présente.
-
Le plaisir, bien entendu, de retrouver les pèlerins, de découvrir quels seront
leur sort, mais aussi, de découvrir de nouveaux protagonistes dont, certains –
comme Joseph Severn ou Meina Gladstone – occupent une place majeure au sein du
récit.
-
Le coté grandiloquent de l’ensemble : il faut dire que, avec Les Cantos D’Hypérion, Dan Simmons nous
offre plus qu’une simple œuvre de SF : poésie, étude des religions, conquête
spatiale, problématique des intelligences artificielles, comportement des
humains vis-à-vis des autres espèces, etc.
-
Certains passages sont tout simplement exceptionnels et marquent les esprits.
-
Le Gritche, les Tombeaux du Temps, les Templiers, le Techno-Centre… mais où
Simmons a-t-il été cherché tout cela ?!
Points
Négatifs :
-
Si la structure narrative est plus simple dans La Chute d’Hypérion que dans Hypérion,
force est de constater que ce roman reste, dans l’ensemble, assez complexe et
risque de déplaire a un certain public qui ne souhaiterait guère se prendre la
tête…
Ma
note : 9,5/10
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