mercredi 30 juin 2021

LES CANTOS D'HYPÉRION – LA CHUTE D'HYPÉRION


LES CANTOS D'HYPÉRION – LA CHUTE D'HYPÉRION

L'Hégémonie gouverne plus de trois cents mondes. Quant aux Extros, ils ont pris le large après l'Hégire. Reviendront-ils ? Un de leurs essaims, depuis trois cents ans, se rapproche d'Hypérion. Les habitants de cette planète ont fini par devenir nerveux ; ils réclament l'évacuation. Pour l'Hégémonie, le jeu n'en vaut pas la chandelle. Mais, sur la même planète, on annonce l'ouverture prochaine des Tombeaux du temps. Le Techno-Centre n'arrive pas à produire des prévisions fiables à ce sujet. Alors, l'Hégémonie agit : elle envoie sept pèlerins sur Hypérion. Drôles de pèlerins ! Celui-ci n'arrive pas à se débarrasser d'un parasite de résurrection ; celui-là écrit un poème qui, selon lui, infléchira le cours des événements. Deux d'entre eux veulent tuer le Gritche ; un autre hésite à lui sacrifier sa propre fille, qui naîtra dans trois jours. Et le dernier semble trahir tout le monde, ce qui étrangement ne trouble personne. Bref, l'Hégémonie en fait le minimum ; qu'est-ce qui se cache là-dessous ?


Les Cantos d'Hypérion – La Chute d’Hypérion
Auteur : Dan Simmons
Type d'ouvrage : Science-Fiction
Première Parution : 10 mai 1990
Edition Poche : 03 avril 2018
Titre en vo : The Hyperion Cantos – The Fall of Hyperion
Pays d’origine : Etats-Unis
Langue d’origine : anglais
Traduction : Guy Abadia
Editeur : Folio SF
Nombre de pages : 727

Mon avis : Comme je vous l’avais dit il y a quelques semaines, Les Cantos d’Hypérion sont un cycle de science-fiction divisés en deux parties distingues, chacune composée de deux tomes : ainsi, dans les deux premiers volumes, le lecteur suit les pérégrinations des sept pèlerins qui partent sur la lointaine planète Hypérion où vit le terrifiant Gritche tandis que les deux derniers volumes de la saga, eux, se dérouleront quelques siècles plus tard et que les protagonistes principaux seront Endymion et une certaine Énée – mais chut, n’en disons pas plus, chaque chose en son temps. Cependant, si les différences entre les deux parties des Cantos sont, assez naturellement, nombreuses et flagrantes, cela se comprend aisément : après tout, cette « suite » fut écrite quelques années plus tard, l’action se déroule alors que les protagonistes des deux premiers tomes sont morts (enfin…) tandis que le contexte, lui-même, a considérablement changé. Par contre, ce qui a surpris bien des lecteurs – y compris moi-même – c’est que, entre Hypérion et La Chute d’Hypérion, on a parfois l’impression de lire un roman différent ; oh, certes, pas complètement puisque l’intrigue générale, les personnages, les lieux sont plus ou moins les mêmes, cependant, entre une flopée de nouvelles têtes qui prennent une importance capitale, une action qui se déroule un peu partout sur les divers mondes de l’Hégémonie, et même, du côté du Techno-Centre, des allers retour dans le passé, le futur et surtout, le fait que l’on voit beaucoup moins les pèlerins du premier volume (même si ceux-ci sont toujours actifs, rassurez-vous, sauf qu’ils doivent partager la vedette cette fois ci), nul doute que tous ses changements en auront perturber plus d’un. Mais ce n’est pas tout puisque, la plus grande différence, à mes yeux, entre Hypérion et La Chute d’Hypérion, c’est le style qui passe d’un récit intimiste, où la principale action est de voyager d’un point A (L’Arbre-Monde des Templiers) à un point B (Les Tombeaux du Temps) en quelques jours tout en se racontant tranquillement sa vie, son passé, le pourquoi du comment de s’être trouver sélectionner pour participer à ce pèlerinage – et ce qui a permis à ce malin de Dan Simmons, de nous offrir par ce biais un condensé de tous les genres de SF, réalisant un superbe melting-pot – dans le premier tome, a quelque chose de complètement différent dans le second. En effet, ici, l’action prend le pas sur tout le reste, et si, bien entendu, les moments plus calmes, les pauses dans le récit, sont toujours présents, nul doute que la structure narrative de La Chute d’Hypérion se déroule a cent à l’heures, qu’elle fourmille d’événements et que, sincèrement, il est très difficile de poser son bouquin tellement les événements se succèdent aux révélations et celles-ci aux coups de théâtre. Et comme, en plus, par le biais de nouveaux protagonistes comme, principalement, la présidente de l’Hégémonie, Meina Gladstone, ainsi que le cybride Joseph Severn, second essai de personnalité récupéré du poète John Keats, le lecteur découvre une nouvelle vision des choses, d’autres points de vus et d’autres préoccupations, La Chute d’Hypérion, du coup, lorgne beaucoup plus du côté du Space Opéra et une dimension cosmique que son prédécesseur, lui, n’avait pas. Ici, en effet, en plus des préoccupations de chaque protagoniste, des envies et des doutes des pèlerins, c’est l’avenir de l’Hégémonie, et donc, de centaines de milliards d’êtres humains, qui est en jeu. Du coup, les passages avec Gladstone et ses collaborateurs – conseillers, sénateurs, militaires – sont un pur régal. Et si l’on ajoute à cela toute la dimension philosophique déjà présente dans Hypérion et qui se trouve renforcée ici par la présence de Joseph Severn, des passages tout simplement exceptionnels et qui marqueront a jamais les lecteurs (quand Sol offre sa fille au Gritche… Martin Silenus empalé sur l’Arbre du Gritche, les derniers jours de Severn, qui meurt une seconde fois, de la même manière que Keats, quelques siècles plus tôt, de la description de l’apocalypse final et de Meina Gladstone face à une foule en colère composée d’un millions de personnes), nul doute que si, déjà, Hypérion était un chef d’œuvre, sa suite, La Chute d’Hypérion, dans un style à la fois proche et tellement différent, en est un aussi. Si j’avais les connaissances nécessaires en poésie, je me serais probablement attardé sur la construction du récit faite par Simmons autour des œuvres de John Keats, tant une grande partie de celles-ci transparaissent dans les Cantos. De même, si j’en avais le talent, tout simplement – mais aussi le temps, et l’envie – j’aurais abordé, car ils les méritent, chacun des personnages, avec leurs problématiques personnelles et leurs implications et places respectives dans l’intrigue. Pour finir, et toujours pour les mêmes raisons, j’aurais pu vous parler de tout le coté religieux qui transparait de cette œuvre, de ce besoin de créer, être en relation avec une entité supérieure, mais aussi, du rapport entre l’homme et la nature et de la destruction de toute espèce pouvant rivaliser avec lui et même, quelque part, de la vision de Dan Simmons qui, avec l’Infosphère, créa l’Internet avant Internet. Mais bon, je le reconnais, je ne suis ni suffisamment doué, ni très courageux pour tout cela. Ainsi, je me contenterais, en guise de conclusion, de rappeler, une fois de plus, tout le bien que je pense de ce cycle, de son importance même dans l’histoire de la science-fiction. Et comme je vous l’ai dit, si Hypérion était un chef d’œuvre, La Chute d’Hypérion l’est également, et les deux récits forment, sans nul doute, l’un des ouvrages de SF les plus réussis de l’histoire. Mais bon, rappelez-vous, tout cela n’est pas finie puisque, quelques siècles vont s’écouler, un certain poète fera des siennes tandis que le Gritche pourrait bien repointer le bout de son nez (qu’il doit avoir forcément piquant), mais l’on se retrouvera, pour cela, dans Endymion


Points Positifs :
- Le second volet de ce qui est, incontestablement, un des plus grands chefs d’œuvres de la science-fiction. Avec La Chute d’Hypérion, Dan Simmons conclut avec maestria la première partie de son cycle majeur en nous livrant ce qu’il faut bel et bien appeler être un chef d’œuvre, tout simplement !
- La structure narrative change complètement vis-à-vis du premier tome, cependant, cela ne nuit absolument pas au plaisir de la lecture, surtout que, ici, nous sommes davantage dans un récit pur et dur de space opéra où l’action prime sur la réflexion, bien que cette dernière soit toujours présente.
- Le plaisir, bien entendu, de retrouver les pèlerins, de découvrir quels seront leur sort, mais aussi, de découvrir de nouveaux protagonistes dont, certains – comme Joseph Severn ou Meina Gladstone – occupent une place majeure au sein du récit.
- Le coté grandiloquent de l’ensemble : il faut dire que, avec Les Cantos D’Hypérion, Dan Simmons nous offre plus qu’une simple œuvre de SF : poésie, étude des religions, conquête spatiale, problématique des intelligences artificielles, comportement des humains vis-à-vis des autres espèces, etc.
- Certains passages sont tout simplement exceptionnels et marquent les esprits.
- Le Gritche, les Tombeaux du Temps, les Templiers, le Techno-Centre… mais où Simmons a-t-il été cherché tout cela ?!

Points Négatifs :
- Si la structure narrative est plus simple dans La Chute d’Hypérion que dans Hypérion, force est de constater que ce roman reste, dans l’ensemble, assez complexe et risque de déplaire a un certain public qui ne souhaiterait guère se prendre la tête…

Ma note : 9,5/10

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