mardi 10 novembre 2015

TREES – EN PLEINE OMBRE


TREES – EN PLEINE OMBRE

Il y a 10 ans, le monde entier vit débarquer des arbres géants. Depuis, ils n'ont rien fait ni même communiqué. De temps à autre, cette intelligence extra-terrestre crache des sortes de déchets verdâtres qui, tels des acides, tuent tout ce qu'ils touchent. Depuis, certains mystères restent, mais la vie a repris son cours. Aux USA, Vince fait les efforts nécessaires pour devenir le maire de sa ville car il sait qu'à ce poste, et avec le monde tel qu'il est devenu, son pouvoir sur les forces de police sera crucial pour l'avenir. En Chine, Tian Chenglei, un étudiant en art, se rend à la cité de Shu, une zone culturelle spéciale où il compte peindre les paysages. Là-bas, il découvre un lieu bariolé de couleurs et certaines pratiques libertines. Au nord-ouest du Spitzberg, Marsh constate que de curieuses plantes noires parviennent à pousser sur la carlingue d'une des machines du centre d'expérimentation. Cela ne devrais pas être possible car un froid glacial règne et rien ne pousse. Seul un de ses arbres gigantesques s'y trouve, muet et inactif. Est-il vraiment dangereux ?


Trees – En pleine ombre
Scénario : Warren Ellis
Dessins : Jason Howard
Encrage : Jason Howard
Genre : Fantastique, Etrange, Science-Fiction
Editeur : Image Comics
Titre en vo : Trees - Vol 1
Pays d’origine : Etats-Unis
Parution : 11 février 2015
Langue d’origine : anglais
Editeur français : Urban Comics
Date de parution : 16 octobre 2015
Nombre de pages : 192

Liste des épisodes
Trees 1-8

Mon avis : Pour le grand public, comics rime avec super-héros, or, si effectivement, le genre superhéroique est bien entendu le plus représenté dans la bande dessinée nord-américaine, force est de constater que la chose est plutôt réductrice – un peu, finalement, comme si la BD européenne serait limiter a Tintin ou Blake et Mortimer. Ainsi, dans l’ombre des deux géants de l’industrie que sont Marvel et DC, il y a tout un tas d’éditeurs plus ou moins importants, comme, dans le cas présent, Image, et qui nous propose, par le biais de scénaristes et de dessinateurs libre des contraintes des univers partagés et forcément limité des deux mastodontes, tout un tas d’œuvres de qualité et qui méritent franchement le détour. Bien entendu, les quelques familiers de ce blog connaissent mon enthousiasme vis-à-vis de l’un des plus beaux fleurons actuels du genre, je veux bien évidement parler de Saga (du duo Brian K. Vaughan/ Fiona Staples), mais aujourd’hui, c’est une autre œuvre qui est a l’honneur, une œuvre qui, a sa manière, pourrait s’avérer être excellente sur le long terme, Trees. Tiré tout droit du cerveau on ne peut plus productif du sieur Warren Ellis, Trees est une œuvre pour le moins originale qui possède pourtant un postulat de départ qui l’est un peu moins : en effet, dans celui-ci, cela fait une décennie que des extraterrestres ont débarqué sur notre planète, sauf que, là où Trees se démarque nettement du genre, c’est que ces fameux aliens ne sont ni plus ni moins que des arbres gigantesques, pour ne pas dire colossaux (trees signifie arbre en anglais) et qui, depuis leur arrivé, ne sont pas rentrés en contact avec l’humanité, se contentant de rester a leur place, passifs, tandis que les humains, eux, voient leur écosystème et leur civilisation se modifier, petit a petit. Car oui, Trees n’est pas vraiment une œuvre de science-fiction typique où la Terre serait envahit par une quelconque civilisation Alien (même si a la base, c’est un peu le cas) mais davantage une œuvre écologique qui nous montre la survie de l’humanité face a un changement brutal de ses conditions de vie. En effet, au fil des pages et des nombreux protagonistes qui sont mis en avant, en plusieurs points du monde, ce que le lecteur découvre, au-delà du gigantisme de ses arbres pour le moins singuliers, c’est une humanité, ou du moins, une partie de celle-ci (les riches ayant eu de toutes façons les moyens de déménager loin des envahisseurs) qui survie, tant bien que mal, a l’ombre d’une menace venue d’ailleurs. Cet état de fait, accessoirement, ressemble à bien des égards a ce que pourrait être l’avenir de notre espèce suite au réchauffement climatique et a la montée des eaux, d’où, comme je le disais, le coté écologique de la chose… pour ne pas dire tout bonnement que Trees est avant tout une œuvre d’anticipation… Cependant, les choses sont un peu plus complexes et au fil des pages et des diverses intrigues, on s’aperçoit que si contact il n’y a pas eu jusqu’à alors, les choses pourraient bien changer a terme… et pas forcément en bien pour les humains d’ailleurs. Humains qui une fois de plus, sont fidèles a eux-mêmes, en bien comme en mal : volonté de pouvoir, égoïsme, égocentrisme mais aussi amour, tels sont quelques sentiments qui transparaissent d’une œuvre décidément pas comme les autres, fort bien illustré par un Jason Howard au style pour le moins percutant et qui, ma foi, donne franchement envie de découvrir la suite !


Points Positifs :
- Voilà une œuvre qui commence ma foi fort bien : des extraterrestres débarquent sur Terre, ce sont des arbres gigantesques et depuis dix ans, ils ne sont absolument pas entrés en contact avec nous, faisant, en quelque sorte, comme si on n’existait pas – ce qui en fout un sacré coup a l’égo de l’humanité. Bien entendu, l’arrivée des arbres sur notre planète a changé bien des choses au sein de la civilisation humaine qui doit apprendre à vivre avec…
- Warren Ellis est diablement malin et en partant d’un postulat de départ à la fois original et souvent vu, il réussi à créer une œuvre d’anticipation où les modifications du climat et ce que cela entrainera pour l’humanité sont au cœur de l’intrigue. Trees, un comics écologique ? C’est un peu cela.
- L’on suit l’intrigue générale par le biais de diverses sous-intrigues et pas mal de personnages qui, ma foi, sont plutôt bien écrits et intéressants.
- Le style de Jason Howard est pour le moins particulier mais je trouve qu’il colle parfaitement bien à l’histoire ; c’est également le cas pour les couleurs, parfois vives, parfois sombres, mais qui apportent un petit plus non négligeable.
- Une belle palette de sentiments humains (bons comme mauvais) transparaissent de ces huit premiers épisodes.

Points Négatifs :
- Si j’ai particulièrement apprécié les dessins de Jason Howard, son style est tout de même particulier et risque d’en rebuter certains, ce qui, ma foi, est dommage, mais bon, comme on dit, les gouts et les couleurs…
- Il est évidant que Trees est le genre d’œuvre réservé a un certain public, plus littéraire peut-être et que pas mal de personnes pestent contre la place trop importante réservé aux dialogues, surtout lorsque ceux-ci n’ont pas grand-chose à voir avec les véritables enjeux en court – la aussi, les gouts et les couleurs…

Ma note : 8/10

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