TREES
– EN PLEINE OMBRE
Il
y a 10 ans, le monde entier vit débarquer des arbres géants. Depuis, ils n'ont
rien fait ni même communiqué. De temps à autre, cette intelligence
extra-terrestre crache des sortes de déchets verdâtres qui, tels des acides,
tuent tout ce qu'ils touchent. Depuis, certains mystères restent, mais la vie a
repris son cours. Aux USA, Vince fait les efforts nécessaires pour devenir le
maire de sa ville car il sait qu'à ce poste, et avec le monde tel qu'il est
devenu, son pouvoir sur les forces de police sera crucial pour l'avenir. En
Chine, Tian Chenglei, un étudiant en art, se rend à la cité de Shu, une zone
culturelle spéciale où il compte peindre les paysages. Là-bas, il découvre un
lieu bariolé de couleurs et certaines pratiques libertines. Au nord-ouest du
Spitzberg, Marsh constate que de curieuses plantes noires parviennent à pousser
sur la carlingue d'une des machines du centre d'expérimentation. Cela ne
devrais pas être possible car un froid glacial règne et rien ne pousse. Seul un
de ses arbres gigantesques s'y trouve, muet et inactif. Est-il vraiment
dangereux ?
Trees – En
pleine ombre
Scénario
: Warren Ellis
Dessins
: Jason Howard
Encrage : Jason
Howard
Genre : Fantastique,
Etrange, Science-Fiction
Editeur : Image Comics
Titre
en vo : Trees - Vol 1
Pays
d’origine : Etats-Unis
Parution
: 11
février 2015
Langue
d’origine : anglais
Editeur
français : Urban Comics
Date
de parution : 16 octobre 2015
Nombre
de pages : 192
Liste
des épisodes
Trees
1-8
Mon avis :
Pour le grand public, comics rime avec super-héros, or, si effectivement, le
genre superhéroique est bien entendu le plus représenté dans la bande dessinée
nord-américaine, force est de constater que la chose est plutôt réductrice – un
peu, finalement, comme si la BD européenne serait limiter a Tintin ou Blake et Mortimer. Ainsi, dans l’ombre des deux géants de l’industrie
que sont Marvel et DC, il y a tout un tas d’éditeurs plus
ou moins importants, comme, dans le cas présent, Image, et qui nous propose, par le biais de scénaristes et de
dessinateurs libre des contraintes des univers partagés et forcément limité des
deux mastodontes, tout un tas d’œuvres de qualité et qui méritent franchement
le détour. Bien entendu, les quelques familiers de ce blog connaissent mon enthousiasme
vis-à-vis de l’un des plus beaux fleurons actuels du genre, je veux bien
évidement parler de Saga
(du duo Brian K. Vaughan/ Fiona Staples), mais aujourd’hui, c’est
une autre œuvre qui est a l’honneur, une œuvre qui, a sa manière, pourrait s’avérer
être excellente sur le long terme, Trees.
Tiré tout droit du cerveau on ne peut plus productif du sieur Warren Ellis, Trees est une œuvre pour le moins
originale qui possède pourtant un postulat de départ qui l’est un peu moins :
en effet, dans celui-ci, cela fait une décennie que des extraterrestres ont
débarqué sur notre planète, sauf que, là où Trees
se démarque nettement du genre, c’est que ces fameux aliens ne sont ni plus ni
moins que des arbres gigantesques, pour ne pas dire colossaux (trees signifie
arbre en anglais) et qui, depuis leur arrivé, ne sont pas rentrés en contact
avec l’humanité, se contentant de rester a leur place, passifs, tandis que les
humains, eux, voient leur écosystème et leur civilisation se modifier, petit a
petit. Car oui, Trees n’est pas
vraiment une œuvre de science-fiction typique où la Terre serait envahit par
une quelconque civilisation Alien (même si a la base, c’est un peu le cas) mais
davantage une œuvre écologique qui nous montre la survie de l’humanité face a
un changement brutal de ses conditions de vie. En effet, au fil des pages et
des nombreux protagonistes qui sont mis en avant, en plusieurs points du monde,
ce que le lecteur découvre, au-delà du gigantisme de ses arbres pour le moins
singuliers, c’est une humanité, ou du moins, une partie de celle-ci (les riches
ayant eu de toutes façons les moyens de déménager loin des envahisseurs) qui
survie, tant bien que mal, a l’ombre d’une menace venue d’ailleurs. Cet état de
fait, accessoirement, ressemble à bien des égards a ce que pourrait être l’avenir
de notre espèce suite au réchauffement climatique et a la montée des eaux, d’où,
comme je le disais, le coté écologique de la chose… pour ne pas dire tout
bonnement que Trees est avant tout
une œuvre d’anticipation… Cependant, les choses sont un peu plus complexes et
au fil des pages et des diverses intrigues, on s’aperçoit que si contact il n’y
a pas eu jusqu’à alors, les choses pourraient bien changer a terme… et pas forcément
en bien pour les humains d’ailleurs. Humains qui une fois de plus, sont fidèles
a eux-mêmes, en bien comme en mal : volonté de pouvoir, égoïsme,
égocentrisme mais aussi amour, tels sont quelques sentiments qui transparaissent
d’une œuvre décidément pas comme les autres, fort bien illustré par un Jason
Howard au style pour le moins percutant et qui, ma foi, donne franchement envie
de découvrir la suite !
Points
Positifs :
-
Voilà une œuvre qui commence ma foi fort bien : des extraterrestres
débarquent sur Terre, ce sont des arbres gigantesques et depuis dix ans, ils ne
sont absolument pas entrés en contact avec nous, faisant, en quelque sorte,
comme si on n’existait pas – ce qui en fout un sacré coup a l’égo de l’humanité.
Bien entendu, l’arrivée des arbres sur notre planète a changé bien des choses
au sein de la civilisation humaine qui doit apprendre à vivre avec…
-
Warren Ellis est diablement malin et en partant d’un postulat de départ à la
fois original et souvent vu, il réussi à créer une œuvre d’anticipation où les
modifications du climat et ce que cela entrainera pour l’humanité sont au cœur de
l’intrigue. Trees, un comics
écologique ? C’est un peu cela.
-
L’on suit l’intrigue générale par le biais de diverses sous-intrigues et pas
mal de personnages qui, ma foi, sont plutôt bien écrits et intéressants.
-
Le style de Jason Howard est pour le moins particulier mais je trouve qu’il
colle parfaitement bien à l’histoire ; c’est également le cas pour les couleurs,
parfois vives, parfois sombres, mais qui apportent un petit plus non
négligeable.
-
Une belle palette de sentiments humains (bons comme mauvais) transparaissent de
ces huit premiers épisodes.
Points
Négatifs :
- Si j’ai particulièrement apprécié les
dessins de Jason Howard, son style est tout de même particulier et risque d’en rebuter
certains, ce qui, ma foi, est dommage, mais bon, comme on dit, les gouts et les
couleurs…
- Il est évidant que Trees est le genre d’œuvre
réservé a un certain public, plus littéraire peut-être et que pas mal de
personnes pestent contre la place trop importante réservé aux dialogues,
surtout lorsque ceux-ci n’ont pas grand-chose à voir avec les véritables enjeux
en court – la aussi, les gouts et les couleurs…
Ma
note : 8/10
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