LA
FORÊT DES MYTHAGOS – LAVONDYSS
Des
années se sont écoulées depuis la quête qui a mené les frères Huxley au plus
profond de la forêt de Ryhope, ce vestige d'un lointain passé hanté par des
créatures issues de l'inconscient collectif. Une quête qui laissait inexplorée
une partie essentielle de ce territoire : le cœur de la forêt, le royaume
ultime, la source de tous les mythes – Lavondyss. Tallis, une adolescente dont
le demi-frère, Harry Keeton, a disparu quand elle était petite fille, va
entreprendre à son tour le voyage, persuadée qu’Harry est toujours vivant,
prisonnier du bois de Ryhope. Mais pour en franchir le seuil, toute une
initiation est nécessaire. Et avant d'être en mesure de répondre à l'appel de
Lavondyss, Tallis devra accomplir les rituels par lesquels la forêt s'offre et
se protège à la fois, fait signe et se refuse...
La Forêt des Mythagos – Lavondyss
Auteur
: Robert Holdstock
Type
d'ouvrage : Fantasy, Mythologie
Première
Parution : 11 mai 1988
Edition
Poche : 02 septembre 2004
Titre
en vo : Mythago Wood – Lavondyss
Pays
d’origine : Grande-Bretagne
Langue
d’origine : anglais
Traduction : William
Desmond
Editeur : Folio
SF
Nombre
de pages : 624
Mon
avis : Il est indéniable, après lecture
de ce second volet de La
Forêt des Mythagos, que ce Lavondyss fait partie de ce
genre d’œuvres que, soit l’on adore, soit l’on déteste. Et les raisons pour
ressentir des avis aussi différents, aux antipodes les uns des autres sont
multiples : tout d’abord, comme je vous l’ai déjà dit lors de ma critique du
premier volet, il y a le style de cette saga, aux antipodes, donc, de la
production lambda de Fantasy, ensuite, force est de constater que si le premier
tome de La Forêt des Mythagos était déjà particulier en soit,
son écriture, sa conception même restaient tout de même – dans un sens – assez
conventionnel, ce qui, il faut en convenir, n’est absolument pas le cas
avec Lavondyss. Ici, préparez vous a vous accrocher car la lecture
sera ardue, atteignant des sommets de complexité rarement atteints – nous
démontrant au passage tout le talent narratif de Robert Holdstock – ce qui m’a
fait penser, par moments, qu’il serait presque plus simple de gravir
l’Himalaya. J’exagère, bien évidement, mais je dois avouer qu’a certains
moments, j’ai eu énormément de mal avec certains passages, chose qui ne m’étais
jamais arrivé lors de la lecture du premier tome. Car dans Lavondyss,
si un jour le cœur vous dit de vous lancer dans la lecture de ce roman, force
est de constater que, en plus de vous armer de courage, vous allez devoir
accepter le fait que la structure narrative est particulière, qu’il y aura énormément
d’aller-retour dans le temps, que l’on commence a telle époque, que, sans
presque sans apercevoir, on poursuit dans le passé avant de revenir au point de
départ et que, surtout, en arrivant a un certain point du récit, un
spectaculaire bond en avant dans le temps sera effectuer... Bref, de quoi s’y
perdre ! D’ailleurs, le temps est l’un des éléments clefs de Lavondyss,
et quand en plus, on se rend compte que celui-ci ne s’écoule pas forcement de
la même façon et qu’en plus, il y a une belle petite boucle temporelle vers la
fin (accessoirement, superbement bien trouvée et écrite), peut être que vous
comprendrez a quel point j’ai put galérer lors de ma lecture. Mais quoi qu’il
en soit, cela mérite le coup de s’accrocher, indéniablement. Alors certes, la
première partie s’étale longuement et le lecteur peut parfois se demander où
l’auteur veut en venir avec toute ces chapitres consacrés a l’apprentissage de
la jeune Tallis qui, pour couronner le tout et complexifier la chose, semblent
bien souvent décousus ; d’ailleurs, entre toutes les références a de multiples
légendes (toutes différentes, quoi que…), celles a des procédés shamaniques qui
parsèment le récit (et qui en agaceront voire noieront certains), des passages
pas forcement clairs ou qui, de prime abord, semblent ne rien avoir avec le
récit en court, cette première partie est tout bonnement un sacré défit a
relever. Pourtant, même si on peut avoir du mal a tout suivre, quel plaisir finalement
de la lire, surtout que, petit a petit, certaines révélations se font. Mais le
grand tournant a lieu une fois que Tallis pénètre dans les bois, quand le récit
semble prendre des tons plus conventionnels (pourtant, rien n’est moins sur),
que de nouveaux protagonistes font leurs apparitions et que les énigmes se…
complexifient a notre grand dam (au départ), mais c’est surtout là que l’on
commence à se rendre compte où Robert Holdstock veut en venir et que la lecture
(apparemment) apparaît comme étant plus simple. Pourtant, nous n’en sommes pas
au bout de nos peines et tout en suivant les pérégrinations de Tallis et de
Scathach (le jeune guerrier qu’elle vue en vision étant jeune) au sein de la
forêt de Ryhope, approchant de plus en plus de son cœur, le fameux Lavondyss,
la première forêt, celle qui arriva après l’âge glaciaire, le lecteur devra
prendre en compte chaque détail, chaque élément voir même le moindre
protagoniste (qui peut apparaître sous un trait, disparaître, puis réapparaitre
par la suite sous une autre apparence) ou une simple parole car chaque
paragraphe, aussi court soit-il, contient une information importante pour la
suite du récit. Le détail peut s'imbriquer dans les rouages de l'énigme aussi
bien dans le paragraphe qui suit que bien plus tard dans le récit. Car disons
le : Lavondyss est avant tout un immense puzzle, d’une
complexité rarement atteinte et qui ne trouve son dénouement et l’intégralité
de la révélation de ses mystères que dans les toutes dernières pages et c’est a
ce moment là, que la valeur de ce roman prend toute sa saveur, lorsque,
admiratif devant le travail accompli par Robert Holdstock sur cette œuvre, le
lecteur ne peut que s’incliner devant ce qu’il faut bien nommer une pure
réussite. Lavondyss n’est donc pas le genre de roman qui plaira a
tout le monde, cela, je ne peux le nier, d’ailleurs, ce n’est que vers la toute
fin, en découvrant les conséquences de l’imbrication de toutes les pièces du
puzzle, lorsque je me suis rendu compte a quel point tout était murement penser,
réfléchis, qu’un détail a telle page occasionnait quelque chose vers la fin
mais aussi, et surtout, au début, en découvrant la réelle portée et valeur de
cette œuvre que mon opinion, jusque là dubitative c’est faite et que j’ai put
m’apercevoir a quel point Lavondyss était une véritable
réussite. L'imagination de l'auteur est extraordinaire, parfois déroutante,
parfois sanglante, parfois brumeuse, parfois délirante, parfois effrayante et
certes, rarement rassurante, mais elle nous donne au final un récit
extraordinaire, tout bonnement. Certes, c’est complexe, certes, on est parfois
perdu, mais si l’on s’accroche, si l’on prend la peine d’aller jusqu’au bout et
si – il faut bien l’avouer – l’on n’est pas un indécrottable allergique aux
récits à la fois allégoriques et féeriques, si l’on accepte de quitter le traintrain
quotidien de la Fantasy commerciale, alors, Lavondyss pourra
vous plaire, indéniablement. Ce qui est amusant, c’est qu’en reprenant des
éléments déjà vus dans le premier tome mais en les traitant sous une forme
complètement différente, Robert Holdstock nous offre une première partie de
cycle tout bonnement exceptionnelle, qui revisite totalement nos légendes,
poussant celles-ci jusqu'à leurs retranchements et émerveillant, au passage, le
lecteur devant une aussi incontestable réussite.
Points
Positifs :
-
Un ouvrage d’une complexité peu commune, qui vous fera tourner en bourrique par
moments, qui choisis, indéniablement, ses lecteurs, auquel il faut s’accrocher
et faire attention au moindre détail… mais qui s’avère, une fois que l’on
parvient au bout, une réussite incontestable. Avec Lavondyss, Robert Holdstock nous a livré une œuvre totalement
inclassable, étonnante, pas simple d’accès mais tout simplement exceptionnelle !
-
Le premier volet de La Forêt des Mythagos
nous avait déjà entrainés très loin au cœur des mythes et des légendes de l’humanité,
dans Lavondyss, l’auteur va encore
plus loin, faisant preuve, au passage, d’une maitrise narrative peu commune.
-
Le temps est au cœur du récit : ainsi, tout au long de celui-ci, on
alternera entre plusieurs périodes temporelles, on s’y perdra, les
protagonistes se rencontreront eux-mêmes dans le futur et dans le passé, bref,
de quoi s’y perdre, cependant, une fois que l’on possède une vision de l’ensemble…
chapeau bas Mr Holdstock !
-
Une nouvelle héroïne dans ce second tome, Tallis, jeune fille qui cherche son
frère dans la sombre et inquiétante forêt des Ryhope. Et si celle-ci est la
figure principale de ce roman, les autres protagonistes brillent tous par un
charisme indéniable.
Points
Négatifs :
-
Un roman d’une complexité peu commune, probablement un des plus durs qu’il m’a
été donné de lire ; bref, il faut s’accrocher, et pas qu’un peu !
Bien évidement, une œuvre comme Lavondyss
n’est absolument pas destinée au grand public, ni même, il faut le reconnaitre,
a la plupart des amateurs de Fantasy.
-
On n’échappe pas à quelques longueurs, particulièrement lors de la première
partie.
Ma
note : 8,5/10
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