LA
FORÊT DES MYTHAGOS
Dans
un coin perdu du Hertfordshire s'étend le bois de Ryhope, vestige d'une ancienne
forêt remontant à la dernière glaciation ; un bois tellement dense qu'il paraît
impossible d'y pénétrer au-delà d'une certaine limite. George Huxley, qui s'est
établi avec sa famille à l'orée de Ryhope, est pour d'obscures raisons obsédé
par ce bois, par l'idée d'explorer ses profondeurs; une obsession qui le
conduit à négliger sa femme et ses enfants. Après sa mort, en 1946, ses deux
fils se retrouvent à Ryhope où, grâce aux carnets qu'il a laissés, l'étrange
vérité sur la forêt leur est peu à peu révélée : dans ce coin de l'ancienne
Angleterre, il semble que l'inconscient collectif humain soit capable de donner
vie aux peuplades des mythes et des légendes. Et qu'au détour d'un sentier, ou
bien derrière un arbre, se dissimulent Guiwenneth, la belle princesse celte,
Jason et ses argonautes, le roi Arthur Pendragon et bien d'autres héros
encore...
La Forêt des Mythagos
Auteur
: Robert Holdstock
Type
d'ouvrage : Fantasy, Mythologie
Première
Parution : 10 juin 1984
Edition
Poche : 02 septembre 2004
Titre
en vo : Mythago Wood
Pays
d’origine : Grande-Bretagne
Langue
d’origine : anglais
Traduction : Brian
Aldiss
Editeur : Folio
SF
Nombre
de pages : 464
Mon
avis : Comme ce fut le cas avec son autre
cycle majeur, Le
Codex Merlin, la
première chose qui me vient a l’esprit quant je pense à La Forêt des
Mythagos de Robert Holdstock, c’est son coté enchanteur, merveilleux
et surtout, captivant au possible. Il est en effet tout bonnement impossible,
pour peu que l’on ait accroché au synopsis de base ainsi qu’au style
d’écriture, a la fois fluide, sublimement bien écrit et surtout, fin, terriblement
fin, de décrocher avant d’en venir a bout. Et puisque nous parlons la d’un
cycle, il m’est du coup impossible de passer a autre chose tant que je ne
finirai pas les dernières pages du dernier volume de La Forêt des
Mythagos, et alors, je pense, viendra le grand regret de quitter un tel
univers, au point, sans nul doute, que tout me paraitra fade ensuite… Et ce
sentiment, tellement fort et prenant, je l’ai ressenti des les premières pages
car, immédiatement, je suis rentrer dans le vif du sujet, par le biais
d’extraits du journal intime du patriarche familial, l’inquiétant George Huxley
qui, toute sa vie, délaissa ses fils et sa femme afin de percer a jour l’énigme
du bois de Ryhope, mais aussi par la légende qui sert de prologue au récit,
celle avec ce géant, ses deux sœurs qui se disputent un nouveau né et ses
guerriers capables de se transformer en oiseaux qui viendront au secours de
celui-ci, première des nombreuses versions d’une même histoire racontée, au fil
des siècles voir des millénaires, de moult manières différentes même si le fond
reste le même. Puis, vint l’arrivée des protagonistes que l’on suivra tout au
long de ce premier tome : les deux frères Huxley, l’inquiétant ainé, Christian,
le plus jeune, Steve, la belle mythago, pour qui ils vont lutter, Guiwenneth,
légendaire figure celte du temps de l’occupation romaine (a moins que la
légende ne remonte encore plus loin ?) et Harry Keeton, l’aviateur qui en sait
plus qu’il n’y parait de prime abord. Tous ces personnages vont, petit a petit,
au gré des rencontres, des découvertes, percer les mystères du bois de Ryhope,
et surtout, bien évidement, de ses habitants, véritables archétypes vivants de
différentes figures mythiques dont certaines remontent tout bonnement a la nuit
des temps. Et là où un autre auteur nous aurait pondu un roman assez classique,
où l’exploration de la dite forêt, des ses habitants, aurait primé sur le
reste, ici, Robert Holdstock, nous propose une visite différente, plus
intimiste en quelque sorte, comme une espèce de plongée au sein de notre propre
inconscient collectif qui a, au fil des millénaires, donner vie a nos légendes.
Celles-ci étant qui plus est changeantes, n’étant pas fixées dans du marbre,
évoluant, au fil du temps qui s’écoule, au point que pour la plus part, il est
devenu impossible – a moins de se perdre en conjonctures – d’en connaître les
origines exactes. Et comme en plus, au fil des pages, le lecteur s’aperçoit que
les actes actuels peuvent eux-mêmes modifier les histoires, que celles-ci
peuvent changer – ne doit on pas se taire devant la fameuse diseuse de vie sous
peine de modifier ses récits ? – voir, carrément, prendre forme et créer de
nouveaux mythes, vous comprendrez peut être toute la force qui sort du récit de
Robert Holdstock. Indéniablement, celui-ci fait très fort avec ce premier
volume de La Forêt des Mythagos. Bien évidement, celui-ci,
tellement éloigné des canons habituels de la Fantasy de masse, ne plaira guère
au grand public, mais, si quelque part, cela est dommageable en soit, cela
n’enlève en rien tout l’intérêt de ce qui est tout bonnement un cycle majeur du
merveilleux. Tant par son écriture, ses implications, son synopsis audacieux et
captivant au possible, ses protagonistes qui ne tombent jamais dans la
mièvrerie ou l’originalité, ce premier tome de La Forêt des Mythagos mérite
amplement le détour. Et puis, quel plaisir, pour un féru de mythes dans mon
genre, que de pénétrer dans ces bois, de croiser les archétypes vivants de
figures légendaires – quelque soit leur ancienneté – et surtout, de progresser
de plus en plus loin dans le temps, tandis que l’on s’avance vers le cœur de la
forêt, vers notre passé le plus lointain. Et puis ce final, à la fois superbe
et tellement féerique, une véritable petite merveille que cette conclusion en
guise de légende qui fait la boucle avec les toutes premières pages de la
meilleure des façons. Personnellement, j’ai tout bonnement adoré et j’ai passé
un superbe moment que je ne suis pas prêt d’oublier de si tôt. J’espère
maintenant que sa suite, Lavondyss, soit dans la même veine…
Points
Positifs :
-
Sans nul doute le chef d’œuvre absolu du regretté Robert Holdstock. Une œuvre de
Fantasy tout simplement enchanteresse, où le merveilleux transparait à chaque
page et où l’auteur nous entraine dans un récit tout bonnement captivant qui
nous fera rêver de la première a la dernière page.
-
Sans nul doute une des œuvres de Fantasy les plus originales qu’il m’a été
donné de lire au court de ma vie. Il faut dire que Robert Holdstock, de par sa
connaissance précise des mythes, la manière dont il les traite et son style
précis nous a livré ici une œuvre majeure et originale qui mérite le détour.
-
L’amateur de mythes et de légendes ne pourra bien entendu qu’être aux anges en
lisant cette Forêt des Mythagos. Il
faut dire que ces derniers sont non seulement intéressants mais la manière dont
l’auteur use de ceux-ci, comment il nous fait comprendre que la plupart
remontent en fait a la nuit des temps et on subit moult modifications au fil
des millénaires est non seulement intéressant mais, surtout, plausible au vu
des découvertes récentes sur le sujet.
-
Il y a peu de protagonistes mais ceux-ci sont tous charismatiques et c’est avec
plaisir qu’on les suit tout au long de cet ouvrage.
Points
Négatifs :
-
Un récit, un style d’écriture, peut-être un peu trop élitiste pour le grand
public, ce qui est dommage car oui, il n’est pas évidant de se plonger dans une
œuvre comme La Forêt des Mythagos.
Pourtant, le jeu en vaut largement la chandelle !
-
De la même manière, une bonne connaissance des mythes et légendes m’est, de mon
point de vu, nécessaire pour apprécier au mieux cet ouvrage.
Ma
note : 8,5/10
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