LES
SENTINELLES – AVRIL 1915 – YPRES
Après
la victoire de la Marne, Taillefer et ses troupes se trouvent englués dans les
tranchées d'Ypres, au cœur d'une guerre de position sans vainqueur ni vaincu.
Le haut commandement militaire français hésite encore à produire en masse des
Sentinelles à l'image de Taillefer. Les scientifiques travaillent en effet
également au développement d'une arme qui pourrait faire une différence plus
radicale sur l'ennemi : les gaz de combat. Kropp, le chercheur illuminé à
l'origine des Sentinelles, fabrique un nouvel appareil qui permet à un homme de
voler au dessus des troupes ennemies, propulsé par des fusées sur son dos. Mais
l'armée allemande n'est pas en reste. Un programme appelé Ubermensch va envoyer
sur le terrain un soldat dopé au Dexynal à haute dose. Sous une armure plus
massive que celle de Taillefer, ce combattant hyper violent se lance sur les
champs de bataille, tandis que les premiers conteneurs de gaz sont envoyés vers
le front.
Les Sentinelles – Avril 1915 – Ypres
Scénario
: Xavier Dorison
Dessins
: Enrique
Breccia
Couleurs : Enrique
Breccia
Couverture : Enrique
Breccia
Editeur
: Delcourt
Genre : Guerre,
Fantastique, Historique
Pays
d’origine : France
Langue
d’origine : français
Parution : 19
janvier 2011
Nombre
de pages : 48
Mon
avis : Avec ce troisième tome des Sentinelles,
œuvre du duo composé de Xavier Dorison et d’Enrique Breccia, une seule question
se pose : que faut-il retenir de la suite des aventures en plein premier
conflit mondial de Taillefer, Djibouti et les autres ? Tout d’abord, la qualité
des précédents volumes est toujours au rendez vous : dans la lignée de ces
derniers, nous retrouvons donc un univers, une intrigue auquel nous sommes
désormais habitués et tout ce que j’ai put écrire lors de mes deux premières
critiques de la série est toujours valable. Lecteurs, si vous avez aimé les
premiers volumes des Sentinelles, celui-ci vous ravira de la même
manière, voir, quelque part, encore plus de part ses nouveautés. Car si, sans
surprise, nous retrouvons un Taillefer toujours dubitatif quand a l’intérêt de
ce conflit et de tous ses morts, un Djibouti toujours aussi violent par moments
et, surtout, un état major de l’armée toujours aussi va-t-en-guerre et
incompétent (le problème, c’est que là, ce n’était pas de la fiction),
l’introduction de nouveaux protagonistes comme la fameuse nouvelle Sentinelle
française, Pégase, personnage hautement antipathique au départ mais qui, au fil
des pages, évolue dans le bon sens, mais aussi et surtout du premier surhomme
allemand, l’Übermensch apporte un sang neuf et un renouvellement intéressant a
l’intrigue. Surtout que, et les auteurs l’on bien retranscrit dans le récit,
avec l’apparition de protagonistes allemands, l’on s’aperçoit que ceux-ci ne
sont pas forcement mauvais dans le sens où l’on pourrait l’entendre et que,
avec les Sentinelles, tout n’est ni blanc, ni noir : ces hommes,
eux aussi doutent, peuvent avoir leurs peines, leurs désillusions et leurs
espoirs et, quelque part, ne sont guère différents de ceux du camp d’en face.
Mais Xavier Dorison, contexte historique oblige, nous montre aussi les
premières utilisations des fameux gaz de combats qui causèrent tant de
massacres au sein des tranchées, et qui, comme les attaques quotidiennes
baïonnettes au canon sous les obus, ne servit strictement a rien, enfin, sauf a
massacrer des millions d’hommes. Sur ce point, le sieur Dorison ouvre ce
troisième tome par le constat désabusé d’un Taillefer qui, dans son journal,
écrit que toutes ces attaques ne causent ni avancées ni reculades, sauf la mort
des hommes, et le l’achève de la même manière, cette fois ci avec le bilan
humain des gaz qui, eux aussi, n’ont pas permis de faire basculer le conflit…
tout juste d’apporter davantage d’horreur a celui-ci. Et cette horreur de la
grande guerre, comme dans les deux précédents volumes, celle-ci est
omniprésente dans ce nouveau tome des Sentinelles. Des hommes
meurent en masse, de nouvelles armes sont inventées apportant encore plus de
destruction et, pendant ce temps là, en haut lieu, une petite poignée
d’individus décide du sort, et de la destruction du continent européen dans de
luxueux appartements bien loin du champ de bataille ou périt la jeunesse d’une
civilisation. Et les Sentinelles, ces fameux super héros ne pèsent
pas bien lourd dans tout cela : désabusés, perdant leurs illusions, ils ne
sont finalement que des hommes comme les autres, soumis aux ordres d’une
hiérarchie cynique et aveugle. Et, pendant que nos trois héros, après avoir
subit les horreurs des premiers gazages des tranchées et avoir connu bien des difficultés
face à l’Übermensch, s’en vont pour les Dardanelles, vers d’autres horreurs a
venir, le lecteur, lui, ravis de tout ce qu’il vient de lire, ne peut
s’empêcher d’attendre avec une grande impatiente ce quatrième tome. Décidément
une œuvre superbe, sans aucun doute !
Points
Positifs :
- Non
seulement le plaisir de retrouver une série dont l’univers et les protagonistes
nous sont désormais familiers est toujours au rendez vous mais, qui plus,
albums après albums, la saga gagne en profondeur et, sans exagération aucune,
nous avons ici le meilleur volume des Sentinelles !
-
L’habile mélange entre réalité historique et imaginaire qui, comme précédemment,
fonctionne toujours à merveille. Il faut dire que le travail de recherche de
Dorison est toujours aussi impressionnant et que l’auteur maitrise à merveille
son sujet.
-
L’apparition de l’équivalent des Sentinelles du coté des allemands – le fameux Übermensch
– apporte enfin un adversaire de taille a nos héros.
-
L’absurdité de la guerre est parfaitement bien décrite dans ce volume, que ce
soit pour la guerre de positions – les fameuses tranchées – mais aussi l’utilisation,
horrible et inutile, des tristement célèbres gaz de combats…
-
Nous avons droit à une nouvelle Sentinelle : Pégase !
-
Les dessins d’Henrique Breccia, toujours assez plaisants, surtout si vous êtes
fans.
Points
Négatifs :
-
Dommage que l’Übermensch se comporte comme un salaud. J’aurai préféré qu’il
soit un peu plus ambigu, coté personnalité.
-
Qui plus est, il ne dure le temps que d’un seul album…
-
Henrique Breccia est un dessinateur plutôt talentueux mais dont le style risque
de ne pas plaire à tout le monde. De plus, je trouve sa colorisation un peu
trop fade par moments.
Ma
note : 8/10
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