LE
CODEX MERLIN – CELTIKA
Des
siècles avant sa rencontre avec Arthur, Merlin voyage à travers le monde,
immortel et éternellement jeune, à la recherche du savoir. Il se lie d'amitié
avec le héros grec Jason et l'accompagne dans sa quête de la Toison d'or. Une
décision qui lui coûtera cher... Quelques centaines d'années plus tard, Merlin
entend parler d'un navire perdu dans un lac gelé du Nord et d'où jaillit une
longue plainte. Il découvre qu'il s'agit de l'Argo, le vaisseau de Jason, où
gît l'âme du héros pleurant ses fils volés par l'enchanteresse Médée. Merlin
décide de retrouver les fils de Jason. C'est ainsi qu'il aborde pour la
première fois l'île qui deviendra l'Angleterre.
Le Codex Merlin – Celtika
Auteur
: Robert Holdstock
Type
d'ouvrage : Fantasy, Mythologie
Première
Parution : 14 janvier 2002
Edition
Poche : 17 avril 2005
Titre
en vo : The Merlin Codex – Celtika
Pays
d’origine : Grande-Bretagne
Langue
d’origine : anglais
Traduction : Thierry
Arson
Editeur : Pocket
Nombre
de pages : 544
Mon
avis : Superbe, tout simplement ! Telle
fut ma première réaction lorsque j’ai lu Celtika il y a
quelques années et mon opinion ne se modifia pas d’un iota lors de cette nouvelle
relecture, d’ailleurs, sur ce point, comment ne pas saluer le travail de Robert
Holdstock devant ce que je ne peux que nommer comme étant une belle réussite.
Oui, il fallait avoir une sacrée dose de courage pour mélanger des personnages,
des mythes, aux antipodes les uns des autres, mais il fallait également
posséder une bonne dose de talent : a ma droite, Merlin, tout bonnement le
fameux magicien, issu des légendes bretonnes, du cycle arthurien et figure
d’une certaine fantasy – celle du vieux sorcier a longue barbe grisonnante – et
que l’on ne présente plus ; a ma gauche, Jason, chef des Argonautes, celui-là
même qui, a bord de l’Argos, s’en est allé en Colchide a la recherche de la
Toison d’or, l’une des grandes figures – lui aussi – des mythes grecs,
accessoirement, pas le même lieu que Merlin, et bien plus tôt. Ce qui est clair
quand on présente les choses ainsi, c’est que l’on ne peut se demander ce que
ces deux personnages peuvent avoir en commun, et, en toute franchise, la
première réponse qui nous vient a l’esprit est : rien. Pourtant, Robert
Holdstock, ce lien, il va le trouver, ou plutôt, l’inventer. Ainsi, l’auteur va
réinventer le mythe de Merlin, lui modifiant ses origines – même si celles-ci
demeurent obscures – faisant de lui un être beaucoup plus ancien – ne dit-il
pas qu’il est vieux de plus de dix mille ans – mais permettant ainsi a celui-ci
d’avoir participé au fameux voyage des Argonautes en Colchide. Ainsi, par un
procédé finalement pas très compliqué à mettre en place, nous avons la une
histoire originale, des liens établis entre Merlin et Jason qui apparaissent
finalement crédibles et la promesse d’une bonne intrigue, ce qui, en plus, sera
le cas. En effet, en débutant son histoire dans les terres enneigés de
Finlande, Robert Holdstock entraine Merlin sur les bords d’un mystérieux lac
afin que celui-ci rende la vie a son ancien compagnon d’armes, le fameux Jason,
mort depuis sept cent ans et engloutis dans ce lac gelé avec son navire,
l’Argo. La raison de ce retour a la vie ? Merlin a finalement appris que les
fils de son ami n’ont pas été tués par leur mère, la cruelle Médée, et qu’ils
ont été envoyés dans le futur, plus précisément a l’époque où débute Celtika.
Ainsi se pose donc le synopsis de base de ce premier tome, où Jason, Merlin et
les nouveaux Argonautes – une chamane finnoise entichée de Merlin, un roi celte
originaire de ce qui sera un jour la Grande Bretagne (et qui prendra de plus en
plus d’importance) et ses compagnons, un dace et son cheval, un crétois
forcement spécialiste des labyrinthes, une guerrière scythe, un hibernian qui
se perd tout le temps dans les passages sous le monde et deux jeunes garçons se
présentant comme les fils d’un Dieu, Lug – partent en quête des fils de perdus
de Jason, toujours a bord de l’Argo, reconstruit pour l’occasion et cette fois
si sous la houlette d’une divinité finnoise, d’une déesse des terres gelées, la
cruelle et terrible Mielikki. Et ce qui pourrait ressembler a un simple
exercice de style, une banale quête dans l’Europe de l’antiquité de ce
transformer en un roman tout bonnement superbe, tant par le fond que par la
forme, et sur ce point – certes, je me répètes mais tant pis – comment ne pas
saluer une fois de plus tout le travail, mais aussi les idées de Robert
Holdstock. Ainsi, que cela soit par son synopsis, son intrigue captivante au
possible, ses protagonistes forcement hauts en couleurs, mais aussi et surtout,
les divers coups de théâtre, les relations entre personnages ainsi que la
multitudes de lieux traversés – cela débute dans le grand nord finlandais, se
poursuit du coté des iles britanniques puis de la Gaule, la Germanie, l’Europe
centrale et ses fleuves avant de s’achever en Grèce, a Delphes avec avant, un
petit passage par le monde souterrain – mais aussi et surtout, le nombre de
cultures différentes qui nous sont présentés – certes, beaucoup de celtes (mais
de différentes tribus) mais aussi grecs, finnois, voir même orientaux – le
lecteur ne peut que s’émerveiller devant ce formidable assemblage réaliser de
main de maitre, cette belle invitation au voyage dans notre antique Europe,
celle des Dieux et des légendes, celle de tants de peuples différents de par
les croyances, les coutumes et l’apparence et pourtant si proches a la fois.
Une époque finalement peu abordée, du moins, uniquement en temps normal du coté
grec et qui nous permet d’en apprendre énormément sur les divers peuples, leurs
coutumes et surtout sur leurs légendes. Bien sur, Celtika n’est
que le premier tome d’un cycle qui en comportera trois, et, bien évidement, a
l’issu de ce premier volume, énormément de questions resterons en suspens.
Forcement, afin de ne pas gâcher le plaisir de la découverte a ceux qui
seraient tenter de se lancer dans ce Codex de Merlin, je ne
dévoilerais pas le scénario, cependant, je me contenterais de signaler que ce
Merlin, tout a fois immensément vieux, n’en reste pas moins jeune et vous
surprendra de moult façons, si différent qu’il est de l’image que l’on a de
lui, que Jason, lui aussi, ne vous laissera pas indifférents, que des
personnages comme Niiv et Urtha marquent les mémoires et que les mystères –
relatifs aux origines de Merlin, de Médée, au monde en général – sont
suffisamment nombreux mais aussi, plutôt bien trouvés. Bref, selon moi, Celtika est
un superbe ovni dans la littérature fantastique actuelle, un beau patchwork où
se mêlent peuples et légendes bien différents, superbement bien écrit,
intelligent de surcroit et qui donne franchement envie d’en savoir un peu plus
sur tous ces peuples, et leurs croyances, qui ont vécus a l’antiquité en
Europe, bref, une belle réussite de Robert Holdstock.
Points
Positifs :
-
Mêler deux légendes aussi connues et aussi différentes que celle de Jason et
les Argonautes, d’une part, et celle de Merlin de l’autre, était une gageure,
or, non seulement Robert Holdstock y parvient de fort belle manière mais, qui
plus est, en le faisant par un procédé crédible et inventif qui s’avère être
une belle réussite.
-
Un Merlin tellement différent du vieux magicien que tout le monde connait qu’il
en devient presque un personnage totalement neuf. Il faut dire que celui-ci, a
la fois vieux et jeune, loin de la figure du mythe arthurien, mérite le détour.
-
Peut-être la fiction crée sur le personnage de Merlin la plus originale depuis…
une éternité !?
-
Une flopée de personnages secondaires qui méritent le détour : ainsi,
entre Urtha, Niiv, les nouveaux Argonautes, Médée, les fils de Jason, il y a
vraiment de quoi faire.
-
Mythes grecs, celtes, finnois… un sacré travail de la part de Robert Holdstock,
surtout que, historiquement parlant, l’auteur n’a pas chômé – voir la Grande
Expédition sur le Sanctuaire de Delphes par les celtes qui eut bel et bien lieu
en – 279 av JC.
Points
Négatifs :
-
Les protagonistes secondaires sont tellement nombreux et possèdent quasiment
tous des noms tellement compliqués qu’il est, par moments, difficile de ne pas
s’y perdre et de se souvenir de tout le monde…
-
Un récit exigeant, complexe, qui risque de rebuter un certain public plus
amateurs d’œuvres de fantasy plus simples d’accès ; il faut dire que le
style de Robert Holdstock ne fut jamais destiné au grand public.
Ma
note : 8/10
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