mercredi 14 novembre 2018

LE CODEX MERLIN – CELTIKA


LE CODEX MERLIN – CELTIKA

Des siècles avant sa rencontre avec Arthur, Merlin voyage à travers le monde, immortel et éternellement jeune, à la recherche du savoir. Il se lie d'amitié avec le héros grec Jason et l'accompagne dans sa quête de la Toison d'or. Une décision qui lui coûtera cher... Quelques centaines d'années plus tard, Merlin entend parler d'un navire perdu dans un lac gelé du Nord et d'où jaillit une longue plainte. Il découvre qu'il s'agit de l'Argo, le vaisseau de Jason, où gît l'âme du héros pleurant ses fils volés par l'enchanteresse Médée. Merlin décide de retrouver les fils de Jason. C'est ainsi qu'il aborde pour la première fois l'île qui deviendra l'Angleterre.


Le Codex Merlin – Celtika
Auteur : Robert Holdstock
Type d'ouvrage : Fantasy, Mythologie
Première Parution : 14 janvier 2002
Edition Poche : 17 avril 2005
Titre en vo : The Merlin Codex – Celtika
Pays d’origine : Grande-Bretagne
Langue d’origine : anglais
Traduction : Thierry Arson
Editeur : Pocket
Nombre de pages : 544

Mon avis : Superbe, tout simplement ! Telle fut ma première réaction lorsque j’ai lu Celtika il y a quelques années et mon opinion ne se modifia pas d’un iota lors de cette nouvelle relecture, d’ailleurs, sur ce point, comment ne pas saluer le travail de Robert Holdstock devant ce que je ne peux que nommer comme étant une belle réussite. Oui, il fallait avoir une sacrée dose de courage pour mélanger des personnages, des mythes, aux antipodes les uns des autres, mais il fallait également posséder une bonne dose de talent : a ma droite, Merlin, tout bonnement le fameux magicien, issu des légendes bretonnes, du cycle arthurien et figure d’une certaine fantasy – celle du vieux sorcier a longue barbe grisonnante – et que l’on ne présente plus ; a ma gauche, Jason, chef des Argonautes, celui-là même qui, a bord de l’Argos, s’en est allé en Colchide a la recherche de la Toison d’or, l’une des grandes figures – lui aussi – des mythes grecs, accessoirement, pas le même lieu que Merlin, et bien plus tôt. Ce qui est clair quand on présente les choses ainsi, c’est que l’on ne peut se demander ce que ces deux personnages peuvent avoir en commun, et, en toute franchise, la première réponse qui nous vient a l’esprit est : rien. Pourtant, Robert Holdstock, ce lien, il va le trouver, ou plutôt, l’inventer. Ainsi, l’auteur va réinventer le mythe de Merlin, lui modifiant ses origines – même si celles-ci demeurent obscures – faisant de lui un être beaucoup plus ancien – ne dit-il pas qu’il est vieux de plus de dix mille ans – mais permettant ainsi a celui-ci d’avoir participé au fameux voyage des Argonautes en Colchide. Ainsi, par un procédé finalement pas très compliqué à mettre en place, nous avons la une histoire originale, des liens établis entre Merlin et Jason qui apparaissent finalement crédibles et la promesse d’une bonne intrigue, ce qui, en plus, sera le cas. En effet, en débutant son histoire dans les terres enneigés de Finlande, Robert Holdstock entraine Merlin sur les bords d’un mystérieux lac afin que celui-ci rende la vie a son ancien compagnon d’armes, le fameux Jason, mort depuis sept cent ans et engloutis dans ce lac gelé avec son navire, l’Argo. La raison de ce retour a la vie ? Merlin a finalement appris que les fils de son ami n’ont pas été tués par leur mère, la cruelle Médée, et qu’ils ont été envoyés dans le futur, plus précisément a l’époque où débute Celtika. Ainsi se pose donc le synopsis de base de ce premier tome, où Jason, Merlin et les nouveaux Argonautes – une chamane finnoise entichée de Merlin, un roi celte originaire de ce qui sera un jour la Grande Bretagne (et qui prendra de plus en plus d’importance) et ses compagnons, un dace et son cheval, un crétois forcement spécialiste des labyrinthes, une guerrière scythe, un hibernian qui se perd tout le temps dans les passages sous le monde et deux jeunes garçons se présentant comme les fils d’un Dieu, Lug – partent en quête des fils de perdus de Jason, toujours a bord de l’Argo, reconstruit pour l’occasion et cette fois si sous la houlette d’une divinité finnoise, d’une déesse des terres gelées, la cruelle et terrible Mielikki. Et ce qui pourrait ressembler a un simple exercice de style, une banale quête dans l’Europe de l’antiquité de ce transformer en un roman tout bonnement superbe, tant par le fond que par la forme, et sur ce point – certes, je me répètes mais tant pis – comment ne pas saluer une fois de plus tout le travail, mais aussi les idées de Robert Holdstock. Ainsi, que cela soit par son synopsis, son intrigue captivante au possible, ses protagonistes forcement hauts en couleurs, mais aussi et surtout, les divers coups de théâtre, les relations entre personnages ainsi que la multitudes de lieux traversés – cela débute dans le grand nord finlandais, se poursuit du coté des iles britanniques puis de la Gaule, la Germanie, l’Europe centrale et ses fleuves avant de s’achever en Grèce, a Delphes avec avant, un petit passage par le monde souterrain – mais aussi et surtout, le nombre de cultures différentes qui nous sont présentés – certes, beaucoup de celtes (mais de différentes tribus) mais aussi grecs, finnois, voir même orientaux – le lecteur ne peut que s’émerveiller devant ce formidable assemblage réaliser de main de maitre, cette belle invitation au voyage dans notre antique Europe, celle des Dieux et des légendes, celle de tants de peuples différents de par les croyances, les coutumes et l’apparence et pourtant si proches a la fois. Une époque finalement peu abordée, du moins, uniquement en temps normal du coté grec et qui nous permet d’en apprendre énormément sur les divers peuples, leurs coutumes et surtout sur leurs légendes. Bien sur, Celtika n’est que le premier tome d’un cycle qui en comportera trois, et, bien évidement, a l’issu de ce premier volume, énormément de questions resterons en suspens. Forcement, afin de ne pas gâcher le plaisir de la découverte a ceux qui seraient tenter de se lancer dans ce Codex de Merlin, je ne dévoilerais pas le scénario, cependant, je me contenterais de signaler que ce Merlin, tout a fois immensément vieux, n’en reste pas moins jeune et vous surprendra de moult façons, si différent qu’il est de l’image que l’on a de lui, que Jason, lui aussi, ne vous laissera pas indifférents, que des personnages comme Niiv et Urtha marquent les mémoires et que les mystères – relatifs aux origines de Merlin, de Médée, au monde en général – sont suffisamment nombreux mais aussi, plutôt bien trouvés. Bref, selon moi, Celtika est un superbe ovni dans la littérature fantastique actuelle, un beau patchwork où se mêlent peuples et légendes bien différents, superbement bien écrit, intelligent de surcroit et qui donne franchement envie d’en savoir un peu plus sur tous ces peuples, et leurs croyances, qui ont vécus a l’antiquité en Europe, bref, une belle réussite de Robert Holdstock.


Points Positifs :
- Mêler deux légendes aussi connues et aussi différentes que celle de Jason et les Argonautes, d’une part, et celle de Merlin de l’autre, était une gageure, or, non seulement Robert Holdstock y parvient de fort belle manière mais, qui plus est, en le faisant par un procédé crédible et inventif qui s’avère être une belle réussite.
- Un Merlin tellement différent du vieux magicien que tout le monde connait qu’il en devient presque un personnage totalement neuf. Il faut dire que celui-ci, a la fois vieux et jeune, loin de la figure du mythe arthurien, mérite le détour.
- Peut-être la fiction crée sur le personnage de Merlin la plus originale depuis… une éternité !?
- Une flopée de personnages secondaires qui méritent le détour : ainsi, entre Urtha, Niiv, les nouveaux Argonautes, Médée, les fils de Jason, il y a vraiment de quoi faire.
- Mythes grecs, celtes, finnois… un sacré travail de la part de Robert Holdstock, surtout que, historiquement parlant, l’auteur n’a pas chômé – voir la Grande Expédition sur le Sanctuaire de Delphes par les celtes qui eut bel et bien lieu en – 279 av JC.

Points Négatifs :
- Les protagonistes secondaires sont tellement nombreux et possèdent quasiment tous des noms tellement compliqués qu’il est, par moments, difficile de ne pas s’y perdre et de se souvenir de tout le monde…
- Un récit exigeant, complexe, qui risque de rebuter un certain public plus amateurs d’œuvres de fantasy plus simples d’accès ; il faut dire que le style de Robert Holdstock ne fut jamais destiné au grand public.

Ma note : 8/10

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