MASQUÉ
– ANOMALIES
Dans
les estives de la frontière russo-géorgienne, une troupe de militaires français
repère un phénomène curieux sur le sol. En alerte, ils sont soudain attaqués
par un drone russe autonome enterré, qui fait un carnage. Seuls le sergent
Frank Braffort et sa copine Melissa Tales s’en sortent indemnes, mais blessés,
grâce à une intervention aussi providentielle que mystérieuse… Une poignée
d’années plus tard, Braffort est de retour à Paris-Métropole. Il ne reconnaît
plus sa ville, à l’urbanisme gigantesque et effréné, et en proie à une vague
indéterminée d’anomalies. Ces anomalies, ce sont des composants électroniques
venus de nulle part, qui s’amalgament n’importe où, jusqu’à former des entités
intelligentes et agissantes. L’une d’elle agresse même le Préfet de police
Beauregard, en pleine conférence de presse. Braffort, lui, est instantanément
contacté par un ancien camarade de l’armée travaillant pour la Métropole. Ce
dernier lui propose un poste de premier choix : assurer la sécurité du Préfet.
La réputation d’homme de terrain de Braffort l’a visiblement précédé. Mais il
semble que les raisons de ce recrutement express dépassent largement le cadre
de ses réelles compétences…
Masqué –
Anomalies
Scénario
: Serge Lehman
Dessins
: Stéphane Créty
Encrage : Stéphane
Créty
Couleurs : Gaétan
Georges
Couverture : Benjamin
Carré
Genre : Super-Héros
Editeur : Delcourt
Titre
en vo : Masqué – Anomalies
Pays
d’origine : France
Langue
d’origine : français
Parution
: 18 janvier 2012
Editeur
français : Delcourt
Date
de parution : 18 janvier 2012
Nombre
de pages : 48
Liste
des épisodes
Masqué
– Anomalies
Mon
avis : Il y a de cela un peu plus d’un an,
je vous avais parler, sur ce blog, de ce qui restera comme étant une des bande
dessinées françaises les plus importantes de ces dix dernières années, La Brigade Chimérique :
œuvre de Serge Lehman et de Fabrice Colin au scénario, de Gess aux dessins et
de Céline Bessonneau aux couleurs, celle-ci mettait en scène les super-héros
européens avant la seconde guerre mondiale et nous expliquait, au passage, pour
quelle raison ces derniers avaient disparus par la suite sur le vieux continent.
Certes, La Brigade Chimérique n’est pas la seule bande
dessinée qui nous propose un matériel superhéroique européen – il suffit de ne
pas oublier Les
Sentinelles qui se déroule, elle, lors de la
Grande Guerre – mais jamais auparavant, une œuvre n’avait été aussi loin dans
le propos. En effet, ici, plutôt que de nous proposer une simple intrigue avec
des héros que l’on qualifierait d’indigènes au vieux continent, les auteurs ont
préféré poser (et répondre) a la question suivante : pourquoi, alors que
l’Europe possédait un matériel de base dans sa culture populaire tellement
important, les super héros locaux n’ont pas pris ici, le genre, s’il a marché,
étant bien évidement celui venu d’outre atlantique ? Et tel est le propos,
donc, de La Brigade Chimérique qui, tout au long de six tomes,
nous dévoile tout un monde oublier – celui d’avant-guerre, avec toutes ses
figures majeures de la culture feuilletonesque européenne – mais aussi et
surtout, sur son sort. Œuvre majeure donc, car désormais, on peut dire sans
crainte qu’il y a un avant et un après Brigade Chimérique. Et nous
sommes donc, avec Masqué, dans
l’après avec ce que les amoureux de La Brigade Chimérique espéraient
sans trop y croire : la parution, non pas vraiment d’une suite pure et
dure – quoi que, on en est pas loin – mais du retour des super héros européens
à notre époque, tâche ardue s’il en faut. Car en effet, et je pense ne
l’apprendre à personne, si le genre est très populaire sous nos contrées, c’est
par le biais de personnages américains avant tout... Quant aux productions
locales, si l’on met de côté les auteurs britanniques qui, soyons francs, ont
surtout travaillé avec du matériel US c’est le néant, tout simplement. Du coup,
et je pense ne pas me tromper en l’affirmant : tout fan de comics et de BD
européenne a dut, a un moment ou un autre de sa vie se poser la question
suivante, presque vitale : mais ils sont où nos super héros à nous ?
Bien évidemment, La Brigade Chimérique y répond, mais cela
n’empêche pas que désormais, ce que l’on souhaite, justement, c’est des
histoires avec des super héros bien de chez nous, un mélange des genres qui
comblera d’aise les amateurs des deux genres – car bon, à part Les
Sentinelles, il n’y a pas grand-chose – et ça tombe bien, Masqué est
arrivé ! Tout d’abord, ce qui ressort avant tout à la lecture de ce
premier tome de Masqué, c’est indéniablement le plaisir. Oui, le
plaisir de lire une histoire de super héros – quoi que, on ne peut pas dire que
ceux-ci soient vraiment présents pour le moment – dans un décor familier ou
presque : Paris, ou plutôt, un Paris tentaculaire, une véritable
mégalopole qui n’a plus rien à envier à Londres, Tokyo ou New York. Ah, le nom
est cité : New York, lieu d’origine de tant d’individus masqués comme si,
pour que ceux-ci soient présents, il faudrait que la ville y soit pour quelque
chose ? Et d’ailleurs, quand on voit ce Paris là, ce Paris qui a des faux
airs de Blade
Runner, comment ne pas se dire que c’est justement le cas ? Comme
si la ville, devenu donc tentaculaire, était devenue un organisme vivant et
qu’il pourrait, désormais, si dérouler certaines choses ? Bien évidemment,
je ne vais pas en dévoiler davantage, autant vous laisser le plaisir de la
lecture ainsi que votre propre questionnement sur la problématique posée,
cependant, il me semble clair que la transformation de Paris soit l’élément
déclencheur qu’il manquait à l’apparition – ou plutôt, devrais-je dire, au
retour – des super héros. Et donc, dans ce premier tome intitulé Anomalies –
vous comprendrez rapidement pour quelle raison – l’on se plait à jongler entre
éléments familiers comme le treizième arrondissement, Montmartre, la Tour
Eiffel vue de loin, quelques titres de magazines etc. ainsi que, des nouveautés
marquantes comme cette place de la Défense qui ne dénoterais pas à Metropolis –
la ville de Fritz Lang, pas celle de Superman. Et c’est justement là qu’est la
grande force de Masqué : amener le lecteur à accepter, dans un
environnement finalement familier ce qu’il a l’habitude de voir par ailleurs.
Et sincèrement, pour le moment, si, qualitativement parlant, nous restons à
mille lieux de La Brigade Chimérique –
tant pour ce qui est du scénario, que des personnages que des dessins, n’est
pas Gess qui veut – force est de constater que ce premier volet de Masqué, a défaut d’être génial, possède
déjà quelques éléments qui pourraient faire de cette saga non pas un
incontournable mais, au moins, une série plaisante qui pourra ravir les
amateurs de Serge Lehman, auteur diablement doué et dont chaque œuvre mérite,
au minimum, le coup d’œil…
Points Positifs :
- Le
plaisir de retrouver à nouveau Serge Lehman dans une œuvre traitant des
super-héros sauf que, cette fois ci, l’auteur nous propose une intrigue qui se
déroule dans un futur très proche. Décidément, Lehman y tient à ses super-héros
européens et, sincèrement, qui pourrait lui en vouloir ?!
-
L’idée qu’une ville, lorsqu’elle atteint une certaine taille tentaculaire,
pourrait créer par elle-même des espèces de formes de vies qui pourraient même
posséder des pouvoirs est plutôt pas mal, surtout que, au passage, cela
explique, par exemple, pourquoi New-York pullule de super-héros depuis des décennies
et pourquoi Paris n’en n’avait pas.
-
L’évolution de la ville de Paris, devenue, désormais, une mégalopole impressionnante.
-
Les quelques clins d’œil – ou est-ce davantage – à La Brigade Chimérique.
-
Une fort belle couverture, indéniablement.
Points
Négatifs :
-
Habitué au style oh combien particulier mais terriblement marquant et génial de
Gess dans La Brigade Chimérique, il
est clair que celui de Stéphane Créty, dans Masqué,
à énormément de mal à tenir la comparaison : beaucoup trop classique pour
être honnête, il a du mal à accrocher l’œil du lecteur, surtout celui de l’amateur
de comics, genre pourtant abordé ici…
-
Bien entendu, ce n’est que le premier volet d’une saga qui en comporte quatre
et il faudra voir ce que donnera Masqué
dans son ensemble, cependant, tant pour ce qui est des protagonistes que de l’histoire
voir de l’ambiance, nous restons à mille lieux de ce que l’on ressentait à la
lecture de La Brigade Chimérique.
-
Serge Lehman semble beaucoup plus à l’aise avec une intrigue qui se déroule
pendant l’entre-deux guerres…
Ma
note : 6,5/10
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