vendredi 22 juin 2018

PERDIDO STREET STATION

PERDIDO STREET STATION

Nouvelle-Crobuzon : une métropole tentaculaire et exubérante, au cœur d'un monde insensé. Humains et hybrides mécaniques y côtoient les créatures les plus exotiques à l'ombre des cheminées d'usine et des fonderies. Depuis plus de mille ans, le Parlement et son impitoyable milice règnent sur une population de travailleurs et d'artistes, d'espions, de magiciens, de dealers et de prostituées. Mais soudain un étranger, un homme-oiseau, arrive en ville avec une bourse pleine d'or et un rêve inaccessible: retrouver ses ailes. Isaac Dan der Grimnebulin, savant fou et génial, accepte de l'aider. Mais ses recherches vont le conduire à libérer une abomination sur la ville tout entière...


Perdido Street Station
Auteur : China Miéville
Type d'ouvrage : Science-Fiction, Dystopie, Fantasy
Première Parution : 24 mars 2000
Edition Poche : 1 septembre 2006
Titre en vo : Perdido Street Station
Pays d’origine : Grande-Bretagne
Langue d’origine : Anglais
Traduction : Nathalie Mège
Editeur : Pocket
Nombre de pages : 967

Mon avis : Inutile de tourner autour du pot plus longtemps puisqu’il apparait clairement que Perdido Street Station, après lecture, est un pur chef d’œuvre ; mais n’allons pas trop vite en besogne… Fantasy, Steampunk, Fantastique, Science-Fiction, voir même, critique sociale – Miéville étant plutôt actif politiquement parlant et engagé à l’extrême gauche – Perdido Street Station, est un fabuleux mélange des genres, quelque chose de littéralement inclassable et qui brille par son originalité. Mais il faut dire qu’ici, nous touchons là des sommets de la littérature fantastique moderne : j’ai conscience, pertinemment, que ce roman n’est pas fait pour tout le monde, que nombreux sont ceux qui n’accrocheront pas au style (car oui, Perdido est ardu a sa lecture, comme s’il choisissait ceux qui méritent d’aller au bout) et que, quelque part, son extrême originalité voir même son intrigue ne peuvent plaire à une grande partie des amateurs de fantastique, plus habitués à des œuvres dites plus classiques, mais malgré cela, je persiste et signe que nous avons bel et bien là un pur chef d’œuvre du genre. Déjà, ne serais ce que par l’univers sortit tout droit de l’imagination de Miéville : ce monde à la fois si proche et si éloigné du notre, ce monde où les humains ne côtoient pas des Elfes et des Nains mais, par contre, marchent et vivent auprès de créatures aussi singulières que des Hommes Cactus, des Femmes Scarabées et d’étranges grenouilles humanoïdes, un monde où magie, science et vapeur se mêlent et s’entremêlent, un monde où la chair est recrée et où des intelligences artificielles voient le jour, un monde où, dans une Cité État, New-Crobuzon, sous un couvert de démocratie, règnent en maitre de véritables despotes qui disposent de leur police politique et qui n’hésitent pas à faire des affaires avec la pègre. Un monde donc, diablement original mais surtout sans espoir, et un monde qui sert de toile de fond a une intrigue pour le moins réussie, même si on ne se doute pas, lorsque celle-ci débute, jusqu’où elle va nous mener : un couple mixte, Lin, une femme scarabée artiste et Isaac Dan der Grimnebulin, savant fou génial qui se voit approcher par Yagharek, un Garuda (un homme oiseau) à qui on a coupé les ailes, et qui ne rêve que d’une seule et unique chose, pouvoir voler à nouveau. Un départ plutôt simple, si ce n’était, comme je l’ai dit précédemment, le style de l’auteur : franchement, oui, il faut s’accrocher car, comme je l’ai dit, Perdido Street Station n’est pas un roman facile d’accès, surtout que Miéville, premièrement, prend un malin plaisir à détailler le moindre élément de cette mégapole tentaculaire, au point même que, par moments, on croirait a l’existence de New-Crobuzon, mais qu’en plus, il apparait clairement que le bougre possède un bagage pour le moins imposant pour ce qui est de l’écriture, a quoi il faut ajouter son gout pour les mots un peu modifiés, histoire de rendre la chose un peu plus exotique. Et comme en plus, pendant la première bonne moitié du roman, le lecteur a parfois l’impression que l’intrigue n’avance pas, vous pouvez comprendre pourquoi j’avais dit, en préambule, que Perdido Street Station n’est pas une œuvre à mettre entre toutes les mains. Cependant, si vous parvenez à accrocher à l’intrigue, si vous trouvez du plaisir à ces longues et interminables descriptions du véritable héros de l’histoire, je veux bien évidement parlé de la cité en elle-même, New-Crobuzon, alors, vous comprendrez ce que je voulais laisser entendre par chef d’œuvre. Car une fois arriver à la moitié de l’ouvrage, une fois la menace parfaitement identifiée, ces fameuses Gorgones, et donc, une fois que l’action démarre véritablement, c’est un véritable festival auquel nous avons droit, et ce, jusqu’au bout : les Gorgones paraissent certes invincibles mais entre Isaac et ses compagnons d’un côté, la Fileuse de l’autre, le Concile Artefact également ainsi que, les autorités et la pègre, la lutte s’annonce homérique, et elle le sera bel et bien. Cependant, comme New-Crobuzon est une cité implacable et que l’espoir n’y a pas vraiment sa place, comme un peu dans le monde réel, ce sont toujours les salauds qui l’emportent, la fin sera loin d’être un happy-end, bien au contraire et les quelques survivants seront loin d’en sortir intacts… Un final plutôt triste, mais tellement crédible lorsque l’on a lu les presque 1000 pages précédentes… Pas de place pour les héros avec China Miéville ! Incontestablement, et comme je vous l’avais dit, Perdido Street Station est sans nul doute l’une des œuvres majeures de la littérature fantastique de ce début de vingt-et-unième siècle ; de par l’immense richesse de son univers bien entendu, ses personnages, véritables antihéros et pourtant, tellement attachants (Yagharek étant mon préféré au vu de sa complexité, mais les autres ne sont pas en reste) ainsi que son histoire, dans un sens plus général et, forcément, son savant mélange des genres. Alors bien sûr, certains trouveront que j’exagère un chouia et que j’en fais un peu trop, pourtant, et cette relecture me la confirmer, des œuvres littéraires aussi originales, aussi bien écrites et prenantes, des œuvres qui marquent autant, il n’y en a pas des masses, et donc, ici, c’est le cas selon moi. Un grand bravo a China Miéville, auteur génial s’il en est et qui nous prouve, que la relève est assurée !


Points Positifs :
- Originalité, c’est le terme qui s’impose immédiatement à la lecture de cette œuvre. Un mélange des genres complètement improbable, un style d’écriture pas évidant d’accès mais excellent, une intrigue qui prend son temps a décollé, des protagonistes qui sont tout sauf de véritables héros, un univers tellement bien décris qu’on le croirait presque réel, et, surtout, une parfaite maitrise de l’ensemble qui prouve, indubitablement, qu’avec Perdido Street Station, China Miéville offre au monde un véritable chef d’œuvre.
- Le véritable héros de ce roman, où plutôt, dans le cas présent, son héroïne, c’est la ville elle-même, New-Crobuzon : parfaitement détaillée, inquiétante, oppressante, celle-ci est partout, dans la moindre page du livre.
- Chapeau-bas a Miéville pour la création de cet univers, pour cette faune et cette flore complètement originale, pour ces hommes-cactus, ces femmes-scarabées, ces grenouilles humanoïdes, ces robots qui prennent vie, ces gorgones qui se nourrissent de vos cauchemars, cette araignée qui se déplace entre les dimensions… Bref, chapeau-bas pour un univers original et qui semble, par moments, si réel.
- Les protagonistes ne sont pas de véritables héros, mais pas dans le sens si usé désormais d’antihéros, bien au contraire : juste des gens, ordinaires ou pas, accablés par une mégalopole, un gouvernement, un destin qui ne leur laissera guère de chances…
- Je n’ai pas vraiment de préférences notables, cependant, Yagharek le Garuda est tout de même un personnage a la personnalité complexe et qui cache bien des secrets…
- La fin, triste, prévisible, mais tellement réussie… comme tout le reste finalement.

Points Négatifs :
- Attention, comme c’est le cas parfois avec certains chefs d’œuvres, il va falloir s’accrocher pour pouvoir en apprécier toute la quintessence… En effet, Perdido Street Station est difficile d’accès, et, entre une intrigue qui prend tout son temps avant de décoller et un style narratif pour le moins complexe, certains abandonneront au bout de quelques dizaines de pages. C’est fort dommageable mais tellement prévisible…

Ma note : 9,5/10

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