LES
ANNALES DU DISQUE-MONDE – RONDE DE NUIT
Le
commissaire Vimaire n'aurait jamais dû poursuivre un tueur sur les toits de
l'Université de l'Invisible. Un accident est si vite arrivé. Une chute stupide
dans la bibliothèque et le voilà projeté trente ans dans le passé... avec
l'assassin. Vimaire va se retrouver face à une version plus jeune de lui-même.
Que faire sinon former ce jeune homme à devenir un bon policier et assister à
la naissance du Guet ? Mais Vimaire sait qu'il ne doit pas modifier le passé au
risque de voir disparaître son présent : sa femme et son futur bébé !
Les Annales du Disque-Monde – Ronde de Nuit
Auteur
: Terry
Pratchett
Type
d'ouvrage : Fantasy Burlesque
Première
Parution : 10 avril 2002
Edition
Française : 10 février 2011
Titre en
vo : Night
Watch
Pays
d’origine : Grande-Bretagne
Langue
d’origine : Anglais
Traduction : Patrick
Couton
Editeur : Pocket
Nombre
de pages : 480
Mon
avis : « Il y avait bel et bien des conspirateurs, aucun doute là-dessus.
Certains étaient des gens ordinaires qui en avaient assez. D'autres des jeunes
sans argent qui contestaient un monde entre les mains de vieux richards.
D'autres étaient encore dans le coup pour avoir des filles. Et d'autres encore
des imbéciles aussi cinglés que Swing qui partageaient avec lui sa vision
rigide et irréelle du monde, qui se rangeaient dans le camp de ce qu'ils
appelaient le peuple. Vimaire avait passé son existence dans les rues, il y
avait croisé des braves citoyens, des idiots, des vauriens prêts à voler un sou
à un mendiant aveugle, des gens qui accomplissaient tous les jours des miracles
en silence ou commettaient des crimes abominables derrière les fenêtres
crasseuses de leurs petites maisons, mais il n'avait jamais croisé le
Peuple. » Je n’ai pas pour habitude de vous proposer des extraits des
romans que je lis dans mes critiques, pourtant, lorsque je tombe sur une
citation de cet acabit, une citation qui colle tellement bien a certains de nos
politiciens qui se prétendent révolutionnaires en herbe – qui a dit Mélenchon, le fameux démagogue – je me
dis que Pratchett, sous couvert d’avoir passer une bonne partie de sa vie a
écrire de la Fantasy parodique avait, en fait, tout compris sur ce qu’est
vraiment la société, la politique, etc. Et, justement, cette citation, selon
moi, résume fort bien cet excellent vingt-septième volume des Annales du Disque-Monde,
cette Ronde de Nuit qui, sous couvert
d’une intrigue où Vimaire voyage dans le temps, est un formidable hommage a la
Commune de Paris et, accessoirement, a toutes les révolutions dans un sens plus
large… Du coup, a ma grande surprise, alors que j’étais légèrement dubitatif au
départ au vu du postulat de ce roman – en poursuivant un meurtrier, Vimaire et celui-ci
sont plongés dans le temps, trente ans dans le passé, et notre héros doit faire
attention a ne pas modifier les faits afin de ne pas créer de paradoxes
temporelles – au fil des pages, je me suis rendu compte que tout cela n’est qu’une
excuse pour que Pratchett nous offre sa vision de ce que sont, véritablement,
les révolutions : c’est-à-dire, avec ses meneurs, ses idéalistes, ceux qui
en profitent vraiment et ceux qui, bien évidement, ne font que les subir sans
jamais en profiter. Car comme il est également dit dans ce roman : « je vous présente votre nouveau
patron, pareil que l’ancien », il n’y a rien de plus illusoire qu’une
révolution et tandis que les dirigeants se succèdent, que de grands slogans
sont lancés et qu’une même caste se trouve toujours au pouvoir, les vrais gens,
eux, doivent se contenter de l’essentiel a leurs yeux, c’est-à-dire, vivre leur
vie. Bref, Ronde de Nuit, sous
couvert d’un début fortement marqué fantastique est, en fait, une véritable
satyre sociale et une œuvre mature qui traite fort bien des révolutions et des
illusions de celles-ci. Pratchett, au sommet de son art, est ici fort éloigné
de ses débuts, plus comiques, mais en lisant le résultat final, on ne peut se
dire que c’est une heureuse évolution…
Points
Positifs :
-
Terry Pratchett nous livre ici une œuvre fortement marqué par la Commune de
Paris et aborde donc, de plein fouet, les révolutions dans leur ensemble. Le résultat
est tout simplement excellent et mérite largement le détour, surtout que, a
bien y réfléchir, en lisant ce Ronde de
Nuit, j’ai rarement eu l’occasion de lire autant de réflexions aussi
censées au sujet des illusions révolutionnaires.
-
L’intrigue en elle-même – Vimaire remonte le temps en compagnie d’un meurtrier,
intègre le Guet alors que sa version plus jeune en fait partit et doit tout
faire pour ne pas modifier le passé – est plutôt bonne et nous permet, qui plus
est, de découvrir Ankh-Morpork trente ans auparavant, de retrouver tout un tas
de protagonistes plus jeunes et d’en apprendre davantage sur le passé de ces
derniers et de la cité.
-
Samuel Vimaire était déjà, avant ce roman, un des personnages du Disque-Monde les mieux écrits, mais ici,
on atteint des sommets de psychologie avec ce dernier.
-
Ronde de Nuit est indéniablement le
roman le plus sombre de Pratchett – du moins, a ce moment là de ma lecture des Annales – mais cela n’est pas gênant,
loin de là.
-
Une œuvre que devraient lire tous ces démagogues a la Mélenchon, tous ces fils
et filles à papa qui se prétendent révolutionnaires, sans oublier, bien
entendu, tous ceux qui prétendent parler au nom du peuple.
Points
Négatifs :
-
Une œuvre que déplaira fortement a tous ces démagogues a la Mélenchon, tous ces
fils et filles a papa qui se prétendent révolutionnaires, sans oublier, bien
entendu, tous ceux qui prétendent parler au nom du peuple. La vérité ne fait
pas toujours plaisir…
-
Ceux et celles qui préfèrent le Pratchett des débuts, a l’humour plus absurde
(et plus présent) risquent de tiquer fortement devant cette Ronde de Nuit oh combien sérieuse –
malgré quelques passages assez drôles tout de même…
Ma
note : 8,5/10
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