samedi 24 mai 2014

ANNO DRACULA


ANNO DRACULA

Londres, 1888. L’obscur voile de la terreur est tombé sur la capitale depuis que la reine Victoria  s’est unie au sulfureux comte Dracula. Sous son influence, les citoyens sont de  plus en plus nombreux à rejoindre les rangs des vampires, toujours plus puissants. Mais la riposte ne se fait pas attendre. Dans les sinistres ruelles de Whitechapel, un assassin surnommé Scalpel d’Argent massacre les prostituées aux canines un peu trop aiguisées. Lancés dans la traque du tueur, Geneviève Dieudonné, une vampire à  la jeunesse éternelle, et Charles Beauregard, espion pour le Diogene’s Club, vont devoir gravir les échelons du pouvoir. Et s’approcher dangereusement du souverain le plus sanguinaire qu’a jamais connu le royaume.


Anno Dracula
Auteur : Kim Newman
Type d'ouvrage : Horreur, Fantastique, Uchronie
Première Parution : 1992
Edition Poche : 16 avril 2014
Titre en vo : Anno Dracula
Pays d’origine : Grande-Bretagne
Langue d’origine : Anglais
Traduction : Thierry Arson
Editeur : Le Livre de Poche
Nombre de pages : 648

Mon avis : Il est sans doute indéniable que depuis une centaine d’années, Dracula, dont le roman, écrit par Bram Stoker, où il fit son apparition fut publié à la fin du XIXème siècle, est devenu l’un des plus grand mythes du fantastique, celui-ci ayant été des centaines, que dis-je, des milliers de fois utilisé, parodié, copié par maints auteurs et dans tout un tas de genres différents : romans, bande dessinées, cinéma, séries, comédies musicales etc., sans oublier, bien entendu, le genre vampirique tellement à la mode depuis. Mais si par la force des choses, il est difficile aujourd’hui de trouver quelqu’un qui ne connaitrait pas le mythe et le personnage de Dracula ou du vampire en général, dans toutes les adaptations qui ont suivis l’opus original, il est indéniable que le meilleur côtoie bien souvent le pire et que, du coup, se lancer dans une énième réinterprétation du mythe n’est pas chose aisée : après tout, le risque d’etre déçu est toujours une possibilité à prendre en compte. Du coup, comme vous pouvez l’imaginer, ce fut avec une certaine méfiance que j’ai abordé ce cas Anno Dracula, œuvre de l’auteur britannique Kim Newman (pour ma part, inconnu au bataillon avant que je ne découvre ce roman) et paru au tout début des années 90. Pourtant, suite à quelques critiques positives de ce dernier trouvées sur le net, je me suis procurer cette magnifique réédition poche (avec tout un tas d’annexes fort intéressantes d’ailleurs) et me suis donc lancer, avec curiosité, dans cette uchronie où Dracula, contrairement au roman original, aurait vaincu Van Helsing et aurait ainsi put assoir son emprise sur la Grande Bretagne et son empire en épousant la Reine Victoria, devenant ainsi prince consort tandis qu’humains et vampires (anciens et nouveaux) cohabitaient désormais à Londres. Bon, je le reconnais, le postulat de départ peut paraitre un peu biscornu, surtout pour ce qu’il en est des épousailles entre Victoria et Dracula, mais en fait, une fois celui-ci accepter et une fois le lecteur habitué à voir ainsi cohabiter humains et vampires, force est de constater que Kim Newman nous livre un univers non seulement réussi mais qui plus est assez crédible, tout en étant proche de l’œuvre originale qui mêle habilement des personnages historiques et d’autres imaginaires – ainsi, dans ce roman, on retrouve le Dr Jekyll, le Dr Moreau,  Ruthven (l’un des tous premiers vampires littéraires) mais aussi Joseph Merrick, Oscar Wilde ou Victoria, bien entendu – a ses propres créations comme Charles Beauregard ou la charismatique Geneviève Dieudonné ainsi que celles de Bram Stoker (n’oublions pas qu’Anno Dracula est censé etre une suite a Dracula), ce melting-pot plutôt risqué fonctionnant à merveille, ce qui était loin d’etre évidant. Mais Kim Newman, grand spécialiste du mythe vampirique, s’en sort diablement bien et nous livre une prestation étonnante, tout en mêlant le mythe de Dracula à celui de Jack l’éventreur ; on sent ici le passionné, amoureux  et respectueux du matériel original, et qui plus est, talentueux, ce qui nous donne au final un roman qui n’est peut-être pas le bouquin de l’année, qui est d’ailleurs plutôt méconnu du grand public, mais qui n’en reste pas moins franchement réussi et captivant au possible. Alors, si vous êtes un inconditionnel du mythe du vampire et si Twilight, à vos yeux, est une hérésie, alors Anno Dracula est sans nul doute fait pour vous ! Comme quoi, on peut toujours etre original, même avec un mythe aussi connu que Dracula


Points Positifs :
- Un postulat de départ singulier mais qui s’avère assez rapidement comme étant une belle réussite : et si Dracula s’était débarrassé de Van Helsing et ses comparses ? Eh ben, il prenait le contrôle de la Grande Bretagne et on avait Anno Dracula !
- Ce n’est pas de la grande littérature, j’en conviens, mais c’est suffisamment bien écrit pour captiver le lecteur, surtout que Kim Newman maitrise à la perfection son sujet, du coup, l’habitué du genre s’amusera à trouver les multiples références (et elles sont légions) au mythe du vampire mais aussi à tout un tas d’autres œuvres de la fin du XIXème siècle, sans oublier une multitude de figures historiques en guest-stars.
- Un casting plutôt fournie et à la hauteur de l’intrigue, avec une mention spéciale pour Geneviève Dieudonné et, bien entendu, Jack l’éventreur (je ne vous donne pas son identité mais bon, Newman nous donne une version crédible ici) mais la majeur partie des protagonistes sont plutôt intéressants et bien utilisés.
- L’univers, l’intrigue, les personnages, les rapports entre humains et vampires voir même entre les différentes catégories de vampires : tout est intéressant et plutôt bien trouver.
- Les annexes en fin de roman, plus de cent pages, sont forts instructifs et apportent un autre éclairage à l’œuvre – ah, si tous les romans en possédaient…
- Une fort belle édition avec une couverture magnifique : c’est suffisamment rare pour ne pas le signaler !

Points Négatifs :
- On comprend à la fin comment a pu faire Dracula pour épouser la Reine Victoria mais c’est vrai qu’au début, on a un peu de mal à comprendre comment celui-ci a pu faire, surtout que cette dernière n’est plus très jeune à ce moment-là.
- La fin est franchement trop rapide et j’avoue que je ne m’attendais pas du tout à ce qu’elle soit aussi abrupte.
- Intéressant les annexes de fin de roman mais du coup, on regrette que certaines idées n’aient pas été utilisées dans l’intrigue.
- J’ai malheureusement trouvé que quelques passages auraient mérité d’etre davantage développés, idem pour certains protagonistes, sous exploités ; alors, un peu trop court Anno Dracula ? Hum, je le pense…

Ma note : 8/10

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