LA CHOSE D'UN AUTRE MONDE
Novembre 1951, un objet volant non
identifié s’écrase dans l’Arctique. Le haut commandement militaire US basé en
Alaska charge le Capitaine Patrick Hendry d’enquêter. Il est accompagné de
scientifiques, d’un journaliste et de militaires dont la base est localisée à
proximité du crash. Sur place, l’équipe découvre un vaisseau spatial pris dans
la glace. S’ils détruisent malencontreusement l’OVNI, ils parviennent néanmoins
à extraire son pilote, lui aussi prisonnier du froid. Le visiteur est ramené à
la base afin d’y être étudié. L’extraterrestre, une chose dont le métabolisme
ressemble à celui des végétaux, échappe à sa captivité et sème le chaos et la
mort dans le campement. D’un côté, les scientifiques veulent étudier le
visiteur, de l’autre, les militaires veulent le détruire. En bon observateur,
le reporter voit dans cette affaire le scoop de sa vie.
La Chose d’un autre Monde
Réalisation : Christian
Nyby et Howard Hawks
Scénario : Charles
Lederer, Howard Hawks, Ben Hecht d'après l'œuvre de John W. Campbell
Musique : Dimitri
Tiomkin
Production : RKO
Genre : Science-Fiction
Titre en vo : The
Thing from Another World
Pays d'origine : États-Unis
Langue d'origine : anglais
Date de sortie : 29
avril 1951
Durée : 87
mn
Casting
:
Margaret Sheridan : Nikki Nicholson, la secrétaire du docteur Carrington
Kenneth Tobey : le capitaine Patrick Hendry
Robert O. Cornthwaite : le docteur Arthur Carrington
Douglas Spencer : le journaliste Ned Scott
James R. Young : le lieutenant Eddie Dykes
Robert Nichols : le lieutenant Ken MacPherson
William Self : le caporal Barnes
Eduard Franz : le docteur Stern
Sally Creighton : Madame Chapman
James Arness : la chose, un extra-terrestre végétal
Dewey Martin : le capitaine Bob MacAuliff
John Dierkes : le docteur Chapman
George Fenneman : le docteur Redding
Edmund Breon : le docteur Ambrose
Everett Glass : le docteur Wilson
Paul Frees : le docteur Vorhees
Robert Bray : un capitaine
Mon avis : La
Chose d’un autre Monde fait partie de ces films de SF d’une époque
aujourd’hui totalement révolue : les effets spéciaux, loin de pouvoir faire
exister des monstres difformes criant de vérité, se limitaient bien souvent à
l’emploi ingénieux de maquettes et de décors en carton, encourageant les
réalisateurs à utiliser le plus souvent possible le hors-champ pour provoquer
l’angoisse du spectateur. Bien évidemment, de nos jours, de tels procédés
feront sourire, au mieux, les plus jeunes d’entre nous qui trouveront cela
particulièrement ringard, mais pour un vieil amateur comme moi, élevé à La
Dernière Séance, c’est un pur régal que de me replonger dans un film
parfaitement représentatif de l’âge d’or du cinéma SF hollywoodien. Pour cette
adaptation d’un roman de Campbell, Who Goes There?, auquel John
Carpenter sera plus fidèle lors de son remake de 1982, les deux réalisateurs,
Christian Nyby et Howard Hawks, ont donc dû faire preuve d’une constante
inventivité pour rendre le monstre crédible et véritablement menaçant,
c’est-à-dire en rendant son absence du cadre source de menaces réelles. La
première source d’angoisse va donc naître de l’emploi astucieux des décors où
la question du champ et du hors-champ prend tout son sens. Dans le champ, une
base scientifique où la présence humaine rend le lieu relativement rassurant.
En hors-champ, l’étendue arctique, la nuit, le froid et la tempête de neige
permanente rappellent la totale inhospitalité des lieux où les êtres humains
n’ont manifestement pas leur place. Pour dérégler cette frontière, il va donc
falloir trouver un élément perturbateur qui rend le champ perméable au
hors-champ. Dans un premier temps, donc, il est matérialisé par une onde de
choc particulièrement violente localisée à plusieurs dizaines de kilomètres de
la station. Curieuse de comprendre les raisons de ce tumulte dans cet océan de
tranquillité, une équipe de chercheurs décide de se rendre sur les lieux. Là,
elle découvre avec stupeur un effondrement de la banquise parfaitement
circulaire et la présence, sous quelques mètres de glace, d’un étrange vaisseau
et d’un être vivant. L’équipe prend l’initiative de ramener l’extra-terrestre à
la base tout en prenant soin de ne pas le décongeler afin d’éviter toute
mauvaise surprise. Malheureusement, l’inattention d’un des membres de l’équipe
permet à la créature de s’extraire du bloc de glace menaçant la sécurité de
tous les occupants de la base. La tension ne naît pas tant de la confrontation
entre l’équipe et le monstre (finalement assez décevant, reconnaissons-le,
lorsqu’il apparaît à l’écran), mais de cette paranoïa qu’il suscite chez les
scientifiques au point de les diviser très clairement sur l’attitude à adopter
à son égard. Qui est-il ? D’où vient-il ? Que veut-il ? Comment se reproduit-il
? Comment le vaincre ? Nombreux questionnements que l’on retrouvera des
décennies plus tard, bien évidemment, dans l’œuvre de Carpenter, mais également
dans Alien et
qui, de nos jours, sont devenus assez banals même s’il faut reconnaitre qu’à
l’époque, c’était une trouvaille assez intéressante en soi. Cet ensemble de
questions n’est bien évidemment pas dénué d’une lecture géopolitique, parfois
un peu pesante. En 1951, lorsque Christian Nyby s’attèle à la réalisation du
film, les États-Unis sont en pleine guerre froide. La haine du communisme se
double d’une paranoïa insensée à l’égard de l’URSS, terrain de tous les
fantasmes les plus délirants sur la menace que représentait ce puissant pays
opposé aux idéaux américains. Si la représentation du monstre, venu en
territoire étranger pour se nourrir du sang des humains, donne l’impression
d’un anticommunisme primaire, l’ambiguïté des personnages et la qualité des
dialogues encouragent, mais sans la nier, une autre analyse du film. L’un des scientifiques,
titulaire d’un prix Nobel, adopte une attitude particulièrement ambivalente à
l’égard de la créature. Seule à prôner une pacification des rapports en
s’opposant à la suppression de la créature, il n’en reste pas moins fasciné par
cet objet d’étude inédit. Inversement, les autres membres de l’équipe qui se
sont mis en tête d’abattre le monstre tiennent un discours pacifiste en
rappelant par exemple au scientifique le plus réputé que le travail sur l’atome
ne s’était pas forcément soldé par une grande avancée. La Chose d’un
autre Monde est finalement une œuvre plus complexe qu’il n’y paraît,
et si, en toute sincérité, il faut tout de même reconnaitre que le film a un
peu vieilli avec le temps et n’est pas exempts de défauts – certains dialogues
parfois limites, la romance inutile mais qui apporte tout de même une scène
osée pour l’époque où le protagoniste principal se retrouve attacher face à sa
dulcinée – et que nombreux sont ceux qui lui préfèreront le remake de John
Carpenter, ce film, culte pour certains, n’en reste pas moins assez réussi,
parfaitement représentatif de ce qui se faisait à l’époque et ne devrait pas
déplaire aux amateurs du genre.
Points Positifs :
- L’ambiance particulière qui se dégage
de ce film avec cette opposition plutôt intelligente entre les militaires qui,
pragmatiques, souhaitent sauver leur peau en éliminant cet extraterrestre, et
les scientifiques qui, eux, préfèrent profiter de l’occasion pour en connaitre
davantage sur cet être venu d’ailleurs.
- Une mise en scène qui ferait sourire
aujourd’hui, certes, mais qui n’en reste pas moins une merveille du genre pour
l’époque.
- Plutôt pas mal cet idée d’un alien qui
tient du végétal et qui se nourrit de sang.
- Une œuvre qui ravira les amateurs des
vieux films de SF des années 50.
Points Négatifs :
- L’apparence de l’extraterrestre est
franchement ridicule, il faut le reconnaitre.
- Les confrontations entre les
militaires et l’alien sont un peu décevantes, qui plus est, on aurait put
espérer que quelques humains perdent la vie dans l’histoire.
- L’amourette entre le capitaine et la
secrétaire n’apporte strictement rien à l’intrigue, bien au contraire.
- L’anticommunisme traditionnel pour un
film de l’époque devient même ridicule lors du final avec le discours du
journaliste.
- Bon, il faut tout de même apprécier ce
genre de vieux films qui, bien évidement, on pas mal vieillit…
Ma note : 6,5/10
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