LES
INDES FOURBES
Pablos
de Ségovie grandit en Castille au sein d’une famille de gueux particulièrement
doués pour les arnaques, le système D profitable et l’enfouissement de tout
scrupule. En clé de voûte de son éducation, l’adolescent retient un précepte
paternel fondamental : tu ne travailleras point. Après bien des escroqueries,
il se retrouve un beau jour à (fuir) embarquer sur un galion à destination des « Indes », en passant par l’Ouest – soit
vers l’Amérique du Sud. A ce qu’il parait, c’est en cette terra incognita que se
nichent l’aventure (donc la gloire) et l’Eldorado promis par des cités d’or
(donc un enrichissement rapide et fastueux). Mais après une énième tricherie
aux cartes lors d’une partie avec les marins, il est fichu par-dessus bord sans
autre forme de procès. Il dérive plusieurs jours accroché à morceau de bois et
accoste finalement sur un rivage tropical. Les africains qui l’accueillent sont
des esclaves rescapés d’un naufrage. Ils hésitent un temps à zigouiller cet
hidalgo, spécimen d’une race qui les a asservis… puis étant donné la capacité
du zigue à les faire rire avec ses pitreries, ils le laissent finalement en
vie. Deux bras de plus ne sont pas négligeables pour construire la petite
communauté libre à laquelle ils aspirent. Mais Pablos a d’autres ambitions. Il
les quitte en pleine nuit et longe la côte, espérant tomber sur un
établissement de compatriotes. Et c’est ce qui se passe : il finit par être
recueilli par des espagnols qui ont traversé l’Atlantique pour « défricher » dans le sang la vermine indienne…
Les Indes Fourbes
Scénario
: Alain Ayroles
Dessins
: Juanjo Guarnido
Couleurs : Juanjo
Guarnido
Couverture
: Juanjo Guarnido
Editeur
: Delcourt
Genre : Histoire,
Aventure
Pays
d’origine : France
Langue
d’origine : français
Parution
: 28
août 2019
Nombre
de pages : 160
Mon
avis : Ce fut, bien entendu, une des
bande dessinées les plus marquantes de l’année 2019, une de celles qui connu le
plus gros succès, succès, il faut le reconnaitre, attendu et oh combien mérité.
Car bon, comment dire, avant même que ne paraisse Les Indes Fourbes, prétendre que cette BD était attendue au
tournant aurait été tout sauf une exagération. La raison ? En fait, elle
est toute simple… Alain Ayroles et Juanjo Guarnido, les deux auteurs. Le
premier, scénariste, aura marqué le petit monde de la BD par son excellent De
Cape et de Crocs, sans nul doute une des œuvres françaises les plus
jouissives de ces deux dernières décennies. Le second, dessinateur et espagnol
d’origine, est connu pour son excellent Blacksad,
œuvre animalière – avec un chat détective – digne des meilleurs polars. Bref,
une réunion de deux grands noms de la bande dessinée européenne qui laissait
présager du meilleurs et, ma foi, le meilleur fut au rendez vous… ou presque !
Car bon, comment dire… si, indéniablement, Les
Indes Fourbes est une belle réussite, si nous passons un très bon moment de
lecture et d’évasion avec cette BD, si les mésaventures de cette fripouille de
Pablos est terriblement jouissive et si, oui, indéniablement oui, cette œuvre fourmille
de moult bonnes idées a toutes les pages, bref, si nous avons bel et bien
affaire a une des meilleures bande dessinées de l’année et que la réunion de
ces deux auteurs fut fort fructueuse, force est de constater que nous restons,
qualitativement parlant, un poil en dessous de ce que les deux hommes nous
avaient proposer dans De Cape et de Crocs
et Blacksad. Bien entendu, la valeur
de ces deux sagas y est pour beaucoup et, par la force des choses, il est
difficile de passer après de telles réussites, de plus, comparer un one-shot a
deux cycles, ce n’est pas évidant. Mais bon, quoi qu’il en soit et en sachant
rendre à César ce qui lui appartient, reconnaissons donc que oui, mille fois
oui, Les Indes Fourbes est une
excellente BD, un sympathique récit d’aventure qui nous fera passer un très bon
moment et que l’on peut qualifier, sans exagération, d’incontournable. Qui plus
est, il confirme tout le bien que l’on pouvait penser d’Alain Ayroles et de Juanjo
Guarnido, deux grands noms de la BD européenne et qui nous prouvent à
merveille, ici, que lorsque l’on s’en donne les moyens, créer de véritables
petites pépites est chose possible, ce qui, hélas, n’arrive pas trop souvent…
Points
Positifs :
-
Une fort belle réussite que cette réunion entre Alain Ayroles et Juanjo Guarnido,
le premier, scénariste fort doué et auteur en son temps de l’excellent De Cape et de Crocs, le second, artiste talentueux
qui nous a donner un certain Blacksad.
Le résultat de cette rencontre ? Tout simplement une magnifique BD qui
nous plonge dans les récits d’aventures d’autrefois, dans ce Nouveau Monde où
tout était possible, sur les traces d’une fripouille qui ose tout, qui n’a
guère de morale mais qui n’en reste pas moins attachante finalement…
-
Il est évidant que Les Indes Fourbes
fourmille de bonnes idées, quasiment à chaque page et que c’est un pur régal
que de se plonger dans ce récit haut en couleur et qui s’avère, lorsque l’on
approche de la conclusion, bien plus étonnant qu’on aurait put le penser de
prime abord. Bref, on ne s’ennui jamais ici et c’est tant mieux !
-
Captivant, donc, l’intrigue des Indes
Fourbes, mais également drôle tout en nous faisant réfléchir par moments. N’oublions
pas les multiples hommages, bien entendu, qui parsèment les pages de cet album…
-
Bien entendu, on connaissait davantage Juanjo Guarnido pour son Blacksad, œuvre animalière s’il en est.
Pourtant, ici, si l’artiste espagnol dessine de véritables humains, force est
de constater que ce n’est nullement un problème et qu’il livre, une fois de
plus, tout l’étalage de son talent.
-
Une couverture réussie pour ne pas dire magnifique, un produit de qualité. Bref,
on ne prend pas les lecteurs pour des pigeons ici !
Points
Négatifs :
-
Bon, cela reste inférieur à De Cape et de
Crocs et Blacksad, mais bon, c’est
juste histoire de titiller un peu et de trouver quelque chose à redire quand,
en fait, il n’y en a pas…
-
Bon, si vous n’aimez pas la BD…
Ma
note : 8,5/10
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