LIFE ITSELF
LIFE
ITSELF
Amoureux
depuis l’université, Will et Abby, deux jeunes New-yorkais, se marient. Alors
qu’ils s’apprêtent à devenir parents, leur trajectoire se mêle à d’autres
destins. Ceux de Dylan, jeune femme perturbée qui tente d’apaiser sa
souffrance, d’Irwin, qui élève sa petite-fille dans un monde dangereux, de M.
Saccione, riche propriétaire terrien espagnol, et de son intendant Javier,
entouré de sa femme Isabelle et de leur fils Rodrigo. De New York à l’Espagne, nous
croisons les parcours d’êtres humains de générations différentes qui n’étaient
pas appelés à se rencontrer…
Life Itself
Réalisation
: Dan Fogelman
Scénario
: Dan Fogelman
Musique : Federico
Jusid
Production : FilmNation
Entertainment, Amazon Studios
Genre : Drame
Titre
en vo : Life Itself
Pays
d’origine : Etats-Unis, Espagne
Parution
: 21
septembre 2018
Langue
d'origine : Anglais, Espagnol
Durée
: 117
min
Casting :
Oscar
Isaac : Will Dempsey
Olivia
Wilde : Abby Dempsey
Antonio
Banderas : Mr. Saccione
Mandy
Patinkin : Irwin
Olivia
Cooke : Dylan
Kya
Kruse : Dylan, enfant
Alisa
Sushkova : Dylan, bébé
Jordana
Rose : Mary, enfant
Annette
Bening : Dr. Kate Morris
Laia
Costa : Isabel
Àlex
Monner : Rodrigo
Adrian
Marrero : Rodrigo, enfant
Samuel
L. Jackson : lui-même
Sergio
Peris-Mencheta : Javier
Jake
Robinson : Henry
Isabel
Durant : Charlie
Mon
avis : Pas bête l'ami Dan Fogelman ! Vu
l'énorme succès de sa série This Is Us,
le bougre a décidé de faire plus ou moins la même chose avec un long-métrage,
c'est-à-dire une fresque de destins entrecroisés où se mêlent les grands
bouleversements de la vie – l'amour, le deuil, etc. – dans un dessein de
mosaïque forcément plus grande. C'est sans doute pour cette raison que la
critique américaine l'a descendu en flèche – beaucoup l'ont par ailleurs
considéré comme un des pires films de 2018 – en n'y voyant là qu'une variation
tout autant mélodramatique qu'opportuniste de son plus grand succès à ce jour.
Pourtant, même s'il n'est pas une totale réussite, il faut le reconnaitre Life
Itself mérite tout de même d'être
réhabilité de sa sinistre réputation au vu du nombre assez conséquent de
qualités qu'il contient... « Le
narrateur n'est pas fiable ! », cette phrase proclamée par le
personnage d'Olivia Wilde alors en pleine préparation de sa thèse littéraire
est bien entendu la donne essentielle pour comprendre la vue d'ensemble que Dan
Fogelman veut donner à son histoire et, par là même, la manière dont il a de
nous de la narrer. Cela part d'une idée toute simple : dès qu'une histoire sur
quelqu'un est racontée, elle est forcément soumise au point de vue de son
auteur, de ce qu'il en a digéré lorsqu'il l'a lui-même entendue ou vécue avant
de la transmettre à son tour, de ce fait, elle n'en devient plus qu'une version
détournée. Ainsi, selon l'étudiante, il ne pourrait y avoir qu'un narrateur
véritablement fiable, ce serait la vie elle-même, seulement, au vu de l'aspect
littéralement chaotique de cette dernière, sa fiabilité reste contestable. Et
c'est là que le justement bien nommé Life Itself prend tout son sens en
nous montrant que le côté jugé a priori aléatoire de la vie n'est pas une
certitude si on le considère non pas sur une existence mais sur plusieurs où un
schéma bien plus grand se dessinerait faisant bel et bien de la vie un
narrateur fiable... Rassurez-vous, ce n'est pas si compliqué que ça en a l'air,
d'autant plus que l'ouverture magnifiquement absurde – avec Samuel L. Jackson
himself en guest-star – se charge de vous démontrer à elle toute seule à quel
point un narrateur ne peut pas être fiable. C'est d'ailleurs celle-ci que nous
introduit au premier chapitre – il y aura quatre en tout plus un cinquième
conclusif – et à la destinée de son premier personnage incarné par Oscar Isaac.
La volonté de narration trompeuse y prendra encore plus de sens avec l'histoire
de cet homme incapable de se remettre de son grand amour perdu – Olivia Wilde –
où tout nous est ainsi rapporté par son esprit fracassé à cause du chagrin et
de son questionnement sur ses propres souvenirs. Dans une chronologie
complètement morcelée, un événement-clé en apparence aléatoire et
incompréhensible par celui qui l'a vécu marquera les esprits pour devenir le
point de départ d'un dessein bien plus grand englobant une multitude d'autres
existences à travers le temps et l'espace. Face à l'impossibilité d'entrevoir
encore le vaste schéma qui se dessine, ce premier point de vue se terminera sur
un choc, un uppercut narratif pour mieux nous montrer la tragédie de
l'impossibilité d'apporter une quelconque interprétation à un drame jalonnant
une vie sur le court-terme. On se taira, bien entendu, sur la teneur des autres
chapitres et de leurs personnages afin de ne pas trop en révéler mais sachez
juste que Life Itself va bien tourner à un brillant exercice de mise en
abîme narrative exploitant totalement l'idée de son concept, la narration du
film en elle-même va se révéler à la hauteur en retraçant le destin de
multiples existences sur des années de vécu pour n'en saisir que des instants
fugaces mais essentiels à ce qui se joue sur un plus grand plan. Au delà de la
globalité du propos, chaque chapitre pris indépendamment va se révéler intéressant,
que cela soit par des personnages toujours travaillés et attachants, des
merveilles de dialogues donnant une justesse de vérité dans les moments
décisifs des différentes intrigues et, enfin, des acteurs en totale adéquation
avec l'ensemble, toujours capables de nous toucher à tout moment par la
sincérité de leurs jeux, ce qui, par ailleurs, est plutôt logique au vu du
casting. Hélas, car tout n’est pas parfait dans ce film, cette construction
d'un schéma plus vaste va se retourner contre le film. Une fois, la destinée de
certains personnages posée et le discours compris, nul besoin d'élargir notre
grand œil omniscient de spectateur pour comprendre où Dan Fogelman veut nous
emmener par la main, Life Itself va ainsi devenir complètement
prévisible sur sa ligne d'arrivée en parfaite opposition à ses prémices surprenants
et cela va nuire considérablement sur ce que l'on veut nous faire ressentir. Il
reste encore de jolis moments à se mettre sous la dent mais rien n'y fait, le
film a beau tout faire pour essayer d'arracher des larmes à nos petits corps,
le fait d'avoir abattu ses cartes trop tôt nuit bien trop à créer le tourbillon
d'émotions dans lequel il espérait nous emporter avec sa conclusion... On
ressort donc de Life Itself avec l'impression d'avoir vu un exercice
narratif étonnant et même plutôt brillamment convaincant la plupart du temps
mais qui n'a toutefois pas eu conscience qu'il se tirait une balle dans le pied
en exposant trop frontalement ses propres plans avec ce risque de perdre tout
effet de surprise et de yeux mouillés que sa dernière partie se devait de
provoquer. Néanmoins, le film de Dan Fogelman a tellement de jolis et bons
moments qu'il est bien loin du mélo catastrophique annoncé, à vrai dire, on
espérerait même que d'autres en prennent de la graine au niveau de leurs
ambitions et de leur écriture...
Points
Positifs :
-
Du Dan Fogelman pur jus : reprenant la trame narrative de son plus gros
succès jusqu’alors, je veux, bien évidement, parlé de la série This Is Us, le réalisateur nous livre un
long métrage terriblement efficace qui plaira, naturellement, aux fans de son
autre création, mais également à un public qui sera, probablement, conquis par
ce bel exercice narratif qui mêle fort habilement divers destins et diverses
époques tout en finissant par lier tout cela ensemble.
-
Un casting cinq étoiles sur lequel il n’y a rien à redire et qui rempli
parfaitement le job : Oscar Isaac, Olivia Wilde, Antonio Banderas, Annette
Bening, pour ne citer que les plus connus et même Samuel L. Jackson en guest
star dans un rôle franchement amusant.
-
Diverses histoires de mêlent et s’emmêlent fort habilement et, dans l’ensemble,
elles sont toutes passionnantes et touchantes.
Points
Négatifs :
-
On comprend trop rapidement où le réalisateur veut en venir et si la seconde partie
du film est de qualité, on y perd tout de même en suspens puisqu’on se doute
bien de la conclusion qui est plus qu’évidente.
-
Du Dan Fogelman pur jus : évidement, tout cela ressemble terriblement à This Is Us dans sa structure et l’on
peut comprendre que certains trouvent à redire à cela.
-
Bien évidement, on n’échappe pas à quelques poncifs propres aux films US dans
leur ensemble – étalages de grands sentiments et autres joyeusetés du même
genre…
Ma
note : 7,5/10
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