lundi 20 décembre 2021

LE NOM DE LA ROSE


LE NOM DE LA ROSE
 
En l'an 1327, le moine Guillaume de Baskerville, aidé du novice Adso, sont appelés dans un monastère pour enquêter sur la mort mystérieuse d'un moine. Leur démarche est entravée par des comportements où tout le monde a l'air de cacher quelque chose. Un autre moine meurt, assassiné. Un aveugle, Jorge de Burgos, semble connaître la cause des meurtres, mais reste hermétique à toute approche. De son côté Adso découvre l'amour avec une jeune fille qui s'est introduite dans le monastère. L'enquête se complique avec l'arrivée d'un prêtre de l'inquisition. Il s'agit avant tout pour lui d'arrêter les présumés coupables et de les condamner le plus rapidement possible aux flammes du bûcher.
 

Le Nom de la Rose
Réalisation : Jean-Jacques Annaud
Scénario : Gérard Brach, Alain Godard, Andrew Birkin, Howard Franklin, d'après le roman d'Umberto Eco
Musique : James Horner
Production : Les Films Ariane, FR3 Films Production, Cristaldifilm, Neue Constantin
Genre : Drame Historique, Thriller
Titre en vo : Le Nom de la Rose
Pays d’origine : Italie, France, Allemagne de l’Ouest
Parution : 24 septembre 1986
Langue d'origine : Anglais, Latin
Durée : 131 min
 
Casting :
Sean Connery : Guillaume de Baskerville
Christian Slater : Adso de Melk
Helmut Qualtinger : Remigio de Varagine
Elya Baskin : Severin de Sant'Emmerano
Michael Lonsdale : l'abbé
Volker Prechtel : Malachie de Hildesheim
Feodor Chaliapin Jr. : Jorge de Burgos, ex-bibliothécaire de l'abbaye
William Hickey : Ubertin de Casale
Michael Habeck : Bérenger d'Arundel
Urs Althaus : Venantius de Salvemec
Valentina Vargas : la fille
Ron Perlman : Salvatore
Leopoldo Trieste : Michel de Césène
Franco Valobra : Jérôme de Kaffa
Vernon Dobtcheff : Hughes de Newcastle
Donald O'Brien : Pietro d'Assisi
Andrew Birkin : Cuthbert de Winchester
F. Murray Abraham : Bernardo Gui
Lucien Bodard : le cardinal Bertrand du Pouget
Peter Berling : Jean d'Anneaux
Pete Lancaster : l'évêque d'Alborea
Dwight Weist : Adso vieux (le narrateur)
Gianni Rizzo : l'envoyé papal
Lars Bodin-Jorgensen : Adelme d'Otrante
 
Mon avis :
 Je n'ai pas découvert Le Nom de la Rose hier, encore moins avant hier, ce film, que dis-je, ce chef d’œuvre, je l'ai vu pour la première fois encore adolescent, même si à l'époque, j'étais encore bien trop jeune pour en apprécier toute la subtilité, toute la quintessence et le reconnaître a sa juste valeur, c'est à dire, comme étant l'une des œuvres cinématographiques majeures des années 80. Bien évidement, certains hurleront au loup devant une telle affirmation, jugeant tel autre long métrage meilleur ou plus représentatif d'une décennie, les années 80, qui, accessoirement, n'aura pas laisser un souvenir impérissable dans le Septième Art si on la compare a d'autres, bien plus fructueuses. De même, quelques uns rechigneront devant le fait qu'une production européenne puisse tenir la dragée haute aux films hollywoodiens : cela, je l'assume parfaitement, surtout que des films dans le genre SOS Fantômes ou bien Un Fauteuil pour Deux sont certes sympathiques mais ne resterons pas dans l'histoire du Septième Art comme des œuvres impérissables… Bien évidement, tout cela reste une affaire de gouts personnels mais je tenais à vous le dire, ne serais ce que pour que vous compreniez toute l'importance que peut avoir a mes yeux un film comme Le Nom de la Rose. Alors bien entendu, le film de Jean-Jacques Annaud ne serait rien sans l'œuvre originale, le roman d'Umberto Eco, mais comme aujourd'hui, c'est l'adaptation qui est le sujet de cette critique et non le roman original, mes propos, mon ressenti, seront bien évidement ceux du film. Mais si Le Nom de la Rose – le roman – était considéré comme étant un véritable chef d'œuvre, son adaptation n'en est pas moins incontournable comme je vais essayer de vous l'expliquer au mieux… Ainsi, avec sa grandiose bâtisse bâtie sur un éperon rocheux, ses ciels nocturnes, crépusculaires ou tempétueux, Le Nom de la Rose est une réussite visuelle rappelant indéniablement les films d'horreurs gothiques de la grande époque de la Hammer. Comme un ancêtre mythique, l'abbaye écrase de son poids les moines et se révèle être le personnage principal, inquiétant, secret et mystique avec sa haute tour verrouillée à double tour, son inquiétant cimetière ou encore son fantasmagorique portail orné. Pour peupler le sombre et majestueux édifice, Jean-Jacques Annaud a fait appel à une véritable Cour des Miracles, un défilé de tronches qui impriment leur faciès rebutant dans l'esprit du spectateur et qui marquera ceux ci fortement. Chaque personnage est un monument de laideur inoubliable : du bossu idiot à la gueule prognathe de Salvatore, joué par l'inimitable Ron Perlam au vénérable Jorge – Feodor Chaliapin Jr – vieil aveugle irascible au visage parcheminé, en passant par le bibliothécaire au profil de vautour et l'albinos adipeux qui se flagelle dans sa cellule. Autant d'injures à la Création et à la beauté qui sont contrebalancés par le visage buriné mais noble et franc de Guillaume de Baskerville – Sean Connery qui fit tout pour obtenir ce rôle qui sembla, après coup, fait pour lui – et la jeunesse insolente d'Adso – Christian Slater dans un de ses premiers rôles. Dans cette atmosphère hostile, sombre, inquiétante, Guillaume de Baskerville, Sherlock Holmes franciscain, tente tant bien que mal de mener son enquête. Car il s'agit bien sûr et avant tout, entendons nous bien, d'une enquête sur un tueur en série sévissant dans l'abbaye, un tueur qui prend appui sur L'Apocalypse comme le tueur de Seven utilisera, des années plus tard, les Sept Péchés Capitaux. Chaque meurtre est, en effet, directement lié à une prophétie de L'Apocalypse : tué par la grêle ou noyé dans le sang. Le Diable habiterait-il l'abbaye ? La peur de la fin du monde semble pétrifier les moines qui, habitués du mystère et de la dissimulation, referment les portes, réelles ou non, qui auraient pu amener Guillaume de Baskerville à la vérité. L'abbaye est un huis clos physiquement mais aussi mentalement car rien ne doit filtrer en dehors de l'édifice. Et comme un certain nombre de moines semblent cacher un passé ou un présent sulfureux, le spectateur en vient à soupçonner tout le monde. Et la recherche du meurtrier, et surtout de ses mobiles, n'en devient que plus intéressante. En parallèle de l'enquête policière, Le Nom de la Rose dépeint une Église médiévale en pleine tourmente. En opposition à une Église décadente et s'éloignant des préceptes du Christ, de nombreux courants se développent : les branches dissidentes vont rapidement se voir taxées d'hérétisme jusqu'à la création de l'Inquisition en 1199. Mais c'est en 1231 que le Pape Grégoire IX décide de la peine de mort pour les hérétiques les plus durs. Dans ce contexte troublé, Le Nom de la Rose oppose clairement une Église riche et hypocrite, celle de l'abbaye, à une Église se réclamant de la pauvreté. Comme un symbole de sa supériorité, l'abbaye est construite sur une masse rocheuse et surplombe un village miséreux : les ordures de l'abbaye sont des mets de choix pour des pauvres hères qui se battent pour obtenir les meilleurs morceaux, donnant au passage une scène marquante du film où des paysans crasseux se jettent comme des animaux sur cette manne tombée du ciel, don de la charité des moines. Cette richesse incongrue s'accompagne d'une déviance morale certaine, au moins du point de vue catholique. Tandis que les moines se montrent d'une piété certaine, l'attrait de la chair, envers le sexe opposé comme envers les jeunes moines prêts à tout pour obtenir quelques privilèges, ronge les fondations religieuses de l'abbaye comme de l'Église. Grâce à un univers gothique remarquable, peuplé de personnages inquiétants aux gueules éprouvantes, Le Nom de la Rose stimule la partie sensible du spectateur, tout en descendant dans les tréfonds d'une Église catholique médiévale décante et obscurantiste. Cette Église là préfère dissimuler et détruire plutôt que voir ses préceptes remis en question. Cette même Église qui voit le Diable partout, qui voit dans le rire l'une de ses manifestations terrestres, qui sait bien qu'elle n'empêchera pas les masses populaires de rire, mais qui ne veut surtout pas que les lettrés, que la petite minorité cultivée de cette époque, le Moyen-Âge, puisse subitement rire de tout, car alors, on rirait de Dieu également et cela serait la fin de son emprise. Un film, donc, assurément magistral de la première à la dernière seconde tant par son synopsis – mais là, bien sur, il le doit au roman – des décors et une ambiance inquiétantes faisant rappeler bien des chef d'œuvres plus anciens, un coté visuel et des tronches inoubliables, sans oublier, bien entendu, une histoire captivante avec une enquête parfaitement menée par un Sean Connery en grande forme ainsi que des implications qui donnent bien évidement a réfléchir sur le pouvoir de l'Église a l'époque, mais que l'on pourrait transposé assez facilement dans bien des régimes plus modernes. Un chef d’œuvre inoubliable, indéniablement…
 

Points Positifs
 :
- Un classique absolu du cinéma des années 80, un film magistral, quasiment parfait de bout en bout et qui, plus de trois décennies après sa sortie dans les salles, n’a rien perdu de son intensité. Il faut dire que Jean-Jacques Annaud est ici au sommet de son art et nous offre une adaptation sans faute du roman original d’Umberto Eco, œuvre qui était jugée quasiment inadaptable à la base au vu de sa complexité. Un chef d’œuvre !
- Scénaristiquement, bien entendu, le film doit tout au roman original, cependant, même s’il n’est pas aussi complexe, même s’il n’est pas aussi aboutit – ce qui est logique – il n’en propose pas moins une intrigue captivante de bout en bout et qui est à la hauteur des meilleurs polars.
- Un casting somptueux et si, naturellement, le grand Sean Connery livre ici peut-être son plus grand rôle – il sera à tout jamais Guillaume de Baskerville – et marque durablement les esprits, le reste des acteurs n’est pas en reste et si l’on notera une des premières apparitions du alors tout jeune Christian Slater, comment oublier Ron Perlman et sa fameuse tronche ainsi que la sensuelle Valentina Vargas.
- Des décors magnifiques et une reconstitution historique de qualité. D’ailleurs, on se croirait presque plongé au cœur du Moyen-Âge. Ajoutons à cela une ambiance particulière, faite de crasse et de bâtisses imposantes qui ne dénoteraient nullement dans un vieux film de la Hammer
- Une toile de fond complexe, qui met en avant la problématique religieuse et les luttes théologiques au sein de la Chrétienté au XIIIème siècle.
 
Points Négatifs :
- Un coté peut-être un peu trop a grand spectacle, surtout vers la fin. Après tout, avait-on besoin de faire mourir Bernardo Gui alors que ce dernier, personnage historique bien réel, ne passait pas l’arme à gauche dans l’œuvre originale ?
- Les inconditionnels du roman trouveront peut-être à redire au sujet de cette adaptation qui, fatalement, est moins complexe. Cependant, je pense qu’il était impossible de retranscrire totalement l’ouvrage d’Umberto Eco, il faut le reconnaitre…
 
Ma note : 8,5/10

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