LE NOM DE LA ROSE
LE
NOM DE LA ROSE
En
l'an 1327, le moine Guillaume de Baskerville, aidé du novice Adso, sont appelés
dans un monastère pour enquêter sur la mort mystérieuse d'un moine. Leur
démarche est entravée par des comportements où tout le monde a l'air de cacher
quelque chose. Un autre moine meurt, assassiné. Un aveugle, Jorge de Burgos,
semble connaître la cause des meurtres, mais reste hermétique à toute approche.
De son côté Adso découvre l'amour avec une jeune fille qui s'est introduite
dans le monastère. L'enquête se complique avec l'arrivée d'un prêtre de
l'inquisition. Il s'agit avant tout pour lui d'arrêter les présumés coupables
et de les condamner le plus rapidement possible aux flammes du bûcher.
Le Nom de la Rose
Réalisation
: Jean-Jacques Annaud
Scénario
: Gérard Brach, Alain Godard, Andrew Birkin, Howard
Franklin, d'après le roman d'Umberto Eco
Musique : James
Horner
Production : Les
Films Ariane, FR3 Films Production, Cristaldifilm, Neue Constantin
Genre : Drame
Historique, Thriller
Titre
en vo : Le Nom de la Rose
Pays
d’origine : Italie, France, Allemagne de l’Ouest
Parution
: 24
septembre 1986
Langue
d'origine : Anglais, Latin
Durée
: 131
min
Casting :
Sean
Connery : Guillaume de Baskerville
Christian
Slater : Adso de Melk
Helmut
Qualtinger : Remigio de
Varagine
Elya
Baskin : Severin de Sant'Emmerano
Michael
Lonsdale : l'abbé
Volker
Prechtel : Malachie de
Hildesheim
Feodor
Chaliapin Jr. : Jorge de
Burgos, ex-bibliothécaire de l'abbaye
William
Hickey : Ubertin de Casale
Michael
Habeck : Bérenger d'Arundel
Urs
Althaus : Venantius de Salvemec
Valentina
Vargas : la fille
Ron
Perlman : Salvatore
Leopoldo
Trieste : Michel de Césène
Franco
Valobra : Jérôme de Kaffa
Vernon
Dobtcheff : Hughes de
Newcastle
Donald
O'Brien : Pietro d'Assisi
Andrew
Birkin : Cuthbert de Winchester
F.
Murray Abraham : Bernardo Gui
Lucien
Bodard : le cardinal Bertrand du
Pouget
Peter
Berling : Jean d'Anneaux
Pete
Lancaster : l'évêque
d'Alborea
Dwight
Weist : Adso vieux (le narrateur)
Gianni
Rizzo : l'envoyé papal
Lars
Bodin-Jorgensen : Adelme
d'Otrante
Mon
avis : Je n'ai pas découvert Le Nom de la Rose hier, encore
moins avant hier, ce film, que dis-je, ce chef d’œuvre, je l'ai vu pour la
première fois encore adolescent, même si à l'époque, j'étais encore bien trop
jeune pour en apprécier toute la subtilité, toute la quintessence et le
reconnaître a sa juste valeur, c'est à dire, comme étant l'une des œuvres
cinématographiques majeures des années 80. Bien évidement, certains hurleront
au loup devant une telle affirmation, jugeant tel autre long métrage meilleur
ou plus représentatif d'une décennie, les années 80, qui, accessoirement,
n'aura pas laisser un souvenir impérissable dans le Septième Art si on la
compare a d'autres, bien plus fructueuses. De même, quelques uns rechigneront
devant le fait qu'une production européenne puisse tenir la dragée haute aux
films hollywoodiens : cela, je l'assume parfaitement, surtout que des
films dans le genre SOS Fantômes ou
bien Un Fauteuil pour Deux sont
certes sympathiques mais ne resterons pas dans l'histoire du Septième Art comme
des œuvres impérissables… Bien évidement, tout cela reste une affaire de gouts
personnels mais je tenais à vous le dire, ne serais ce que pour que vous
compreniez toute l'importance que peut avoir a mes yeux un film comme Le Nom de la Rose. Alors
bien entendu, le film de Jean-Jacques Annaud ne serait rien sans l'œuvre
originale, le roman
d'Umberto Eco, mais comme aujourd'hui, c'est l'adaptation qui est le sujet
de cette critique et non le roman original, mes propos, mon ressenti, seront bien
évidement ceux du film. Mais si Le Nom de la Rose – le roman –
était considéré comme étant un véritable chef d'œuvre, son adaptation n'en est
pas moins incontournable comme je vais essayer de vous l'expliquer au mieux…
Ainsi,
avec sa grandiose bâtisse bâtie sur un éperon rocheux, ses ciels nocturnes,
crépusculaires ou tempétueux, Le Nom de la Rose est une
réussite visuelle rappelant indéniablement les films d'horreurs gothiques de la
grande époque de la Hammer. Comme un ancêtre mythique, l'abbaye
écrase de son poids les moines et se révèle être le personnage principal,
inquiétant, secret et mystique avec sa haute tour verrouillée à double tour,
son inquiétant cimetière ou encore son fantasmagorique portail orné. Pour
peupler le sombre et majestueux édifice, Jean-Jacques Annaud a fait appel à une
véritable Cour des Miracles, un défilé de tronches qui impriment leur faciès
rebutant dans l'esprit du spectateur et qui marquera ceux ci fortement. Chaque
personnage est un monument de laideur inoubliable : du bossu idiot à la gueule
prognathe de Salvatore, joué par l'inimitable Ron Perlam au vénérable
Jorge – Feodor Chaliapin Jr – vieil aveugle irascible au visage parcheminé, en
passant par le bibliothécaire au profil de vautour et l'albinos adipeux qui se
flagelle dans sa cellule. Autant d'injures à la Création et à la beauté qui
sont contrebalancés par le visage buriné mais noble et franc de Guillaume de
Baskerville – Sean Connery qui fit tout pour obtenir ce rôle qui sembla, après
coup, fait pour lui – et la jeunesse insolente d'Adso – Christian Slater dans
un de ses premiers rôles. Dans cette atmosphère hostile,
sombre, inquiétante, Guillaume de Baskerville, Sherlock
Holmes franciscain, tente tant bien que mal de mener son enquête. Car il
s'agit bien sûr et avant tout, entendons nous bien, d'une enquête sur un tueur
en série sévissant dans l'abbaye, un tueur qui prend appui sur L'Apocalypse comme le tueur de Seven utilisera,
des années plus tard, les Sept Péchés Capitaux. Chaque meurtre est, en effet,
directement lié à une prophétie de L'Apocalypse
: tué par la grêle ou noyé dans le sang. Le Diable habiterait-il l'abbaye ? La
peur de la fin du monde semble pétrifier les moines qui, habitués du mystère et
de la dissimulation, referment les portes, réelles ou non, qui auraient pu
amener Guillaume de Baskerville à la vérité. L'abbaye est un huis clos
physiquement mais aussi mentalement car rien ne doit filtrer en dehors de
l'édifice. Et comme un certain nombre de moines semblent cacher un passé ou un
présent sulfureux, le spectateur en vient à soupçonner tout le monde. Et la
recherche du meurtrier, et surtout de ses mobiles, n'en devient que plus
intéressante. En parallèle de l'enquête policière, Le Nom
de la Rose dépeint une Église médiévale en pleine tourmente. En
opposition à une Église décadente et s'éloignant des préceptes du Christ, de
nombreux courants se développent : les branches dissidentes vont rapidement se
voir taxées d'hérétisme jusqu'à la création de l'Inquisition en 1199. Mais
c'est en 1231 que le Pape Grégoire IX décide de la peine de mort pour les
hérétiques les plus durs. Dans ce contexte troublé, Le Nom de la Rose oppose
clairement une Église riche et hypocrite, celle de l'abbaye, à une Église se
réclamant de la pauvreté. Comme un symbole de sa supériorité, l'abbaye est
construite sur une masse rocheuse et surplombe un village miséreux : les
ordures de l'abbaye sont des mets de choix pour des pauvres hères qui se
battent pour obtenir les meilleurs morceaux, donnant au passage une scène
marquante du film où des paysans crasseux se jettent comme des animaux sur
cette manne tombée du ciel, don de la charité des moines. Cette richesse
incongrue s'accompagne d'une déviance morale certaine, au moins du point de vue
catholique. Tandis que les moines se montrent d'une piété certaine, l'attrait
de la chair, envers le sexe opposé comme envers les jeunes moines prêts à tout
pour obtenir quelques privilèges, ronge les fondations religieuses de l'abbaye
comme de l'Église. Grâce à un univers gothique remarquable,
peuplé de personnages inquiétants aux gueules éprouvantes, Le Nom de la
Rose stimule la partie sensible du spectateur, tout en descendant dans
les tréfonds d'une Église catholique médiévale décante et obscurantiste. Cette
Église là préfère dissimuler et détruire plutôt que voir ses préceptes remis en
question. Cette même Église qui voit le Diable partout, qui voit dans le rire
l'une de ses manifestations terrestres, qui sait bien qu'elle n'empêchera pas
les masses populaires de rire, mais qui ne veut surtout pas que les lettrés,
que la petite minorité cultivée de cette époque, le Moyen-Âge, puisse
subitement rire de tout, car alors, on rirait de Dieu également et cela serait
la fin de son emprise. Un film, donc, assurément magistral de la première à la
dernière seconde tant par son synopsis – mais là, bien sur, il le doit au roman
– des décors et une ambiance inquiétantes faisant rappeler bien des chef
d'œuvres plus anciens, un coté visuel et des tronches inoubliables, sans
oublier, bien entendu, une histoire captivante avec une enquête parfaitement
menée par un Sean Connery en grande forme ainsi que des implications qui
donnent bien évidement a réfléchir sur le pouvoir de l'Église a l'époque, mais
que l'on pourrait transposé assez facilement dans bien des régimes plus
modernes. Un chef d’œuvre inoubliable, indéniablement…
Points
Positifs :
-
Un classique absolu du cinéma des années 80, un film magistral, quasiment
parfait de bout en bout et qui, plus de trois décennies après sa sortie dans
les salles, n’a rien perdu de son intensité. Il faut dire que Jean-Jacques
Annaud est ici au sommet de son art et nous offre une adaptation sans faute du
roman original d’Umberto Eco, œuvre qui était jugée quasiment inadaptable à la
base au vu de sa complexité. Un chef d’œuvre !
-
Scénaristiquement, bien entendu, le film doit tout au roman original,
cependant, même s’il n’est pas aussi complexe, même s’il n’est pas aussi
aboutit – ce qui est logique – il n’en propose pas moins une intrigue
captivante de bout en bout et qui est à la hauteur des meilleurs polars.
-
Un casting somptueux et si, naturellement, le grand Sean Connery livre ici
peut-être son plus grand rôle – il sera à tout jamais Guillaume de Baskerville – et marque durablement les esprits, le reste
des acteurs n’est pas en reste et si l’on notera une des premières apparitions
du alors tout jeune Christian Slater, comment oublier Ron Perlman et sa fameuse
tronche ainsi que la sensuelle Valentina Vargas.
- Des décors magnifiques et une reconstitution
historique de qualité. D’ailleurs, on se croirait presque plongé au cœur du
Moyen-Âge. Ajoutons à cela une ambiance particulière, faite de crasse et de bâtisses
imposantes qui ne dénoteraient nullement dans un vieux film de la Hammer…
- Une toile de fond complexe, qui met en avant la
problématique religieuse et les luttes théologiques au sein de la Chrétienté au
XIIIème siècle.
Points
Négatifs :
-
Un coté peut-être un peu trop a grand spectacle, surtout vers la fin. Après
tout, avait-on besoin de faire mourir Bernardo
Gui alors que ce dernier, personnage historique bien réel, ne passait pas l’arme
à gauche dans l’œuvre originale ?
- Les inconditionnels du roman trouveront peut-être
à redire au sujet de cette adaptation qui, fatalement, est moins complexe.
Cependant, je pense qu’il était impossible de retranscrire totalement l’ouvrage
d’Umberto Eco, il faut le reconnaitre…
Ma
note : 8,5/10
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