LE
VOYAGE DE CHIHIRO
Suite
à leur déménagement, un couple et leur jeune fille, Chihiro, roulent vers leur
nouvelle maison. Ils s'égarent en chemin et arrivent devant un mystérieux
tunnel qui effraie Chihiro mais intrigue ses parents. En le traversant à pied
ils se retrouvent, tous les trois, sur des collines en bordure de mer et
découvrent ce qu'ils pensent être un ancien parc à thème abandonné. Envoutés
par les odeurs de nourriture appétissante du parc, les parents de Chihiro
s'installent sur la devanture d'un restaurant désert rempli de plats délicieux
pendant que leur fille explore la ville. Lorsque soudainement la nuit tombe,
des ombres étranges apparaissent un peu partout et se mettent à animer les
rues. Effrayée, Chihiro retourne auprès de ses parents et découvre avec horreur
qu'ils se sont transformés en cochons. Coincé dans cet univers étrange dans
lequel les humains ne sont pas acceptés, le corps de Chihiro commence à
disparaitre, c'est alors que le jeune et mystérieux Haku vient à son secours en
lui faisant avaler un remède. Afin de s'intégrer à ce monde, qui s'avère être
un lieu de repos et de détente pour les esprits, Chihiro va devoir travailler
durement dans le bâtiment des bains, dirigé par la vieille sorcière Yubaba,
pour tenter de venir en aide à ses parents. Ce bâtiment étrange est habité par
une multitude d'êtres fantastiques qui vont tour à tour aider ou empêcher Chihiro
de redonner un aspect humain à ses parents.
Le Voyage de Chihiro
Réalisation : Hayao
Miyazaki
Scénario : Hayao
Miyazaki
Musique : Joe
Hisaishi
Production : Studio
Ghibli
Genre : Animation
Titre
en vo : Sen to Chihiro no kamikakushi
Pays
d'origine : Japon
Langue
d'origine : japonais
Date
de sortie : 27 juillet 2001
Durée : 124
mn
Casting
:
Rumi
Hiiragi : Chihiro Ogino / Sen
Miyu
Irino : Haku
Mari
Natsuki : Yubaba / Zeniba
Bunta
Sugawara : Kamaji
Yasuko
Sawaguchi : Yūko Ogino
Takashi
Naitō : Akio Ogino
Yumi
Tamai : Lin
Tatsuya
Gashuin : Aogearu la grenouille
Mon
avis : J’ai déjà eu l’occasion, sur ce blog, de vous
parler de deux autres œuvres d’Hayao Miyazaki : Le vent
se lève et Princesse
Mononoké, et, a deux reprises, pour ceux qui auront eu l’occasion de
lire les critiques de ces deux dessins animés, j’ai put porter aux nues les
créations d’un homme que je qualifierai, sans exagération aucune selon moi, de
tout bonnement génial. Car oui, et n’en déplaise aux indécrottables qui ne
supportent pas tout ce qui vient du Japon, ou même, tous ceux qui n’aiment pas
les dessins animés (ou alors, tout juste les idioties crasses
d’outre-Atlantique, ces espèces de compiles de gags pour adolescents qui
n’apportent pas franchement grand-chose a l’animation en règle général),
Miyazaki est un génie, nous le prouvant quasiment a chaque fois, par le biais
de multiples œuvres, certaines certes plus réussies que les autres, depuis
environ trois bonnes décennies. Et si, au cours de ma vie, j’ai déjà eu
l’occasion de voir certains de ces longs métrages d’animation, que ce soit bien
évidement, Le vent se lève et Mononoké, ainsi
que Kiki la petite sorcière ou Le château ambulant sans oublier Nausicaä de la Vallée du
Vent, aujourd’hui, c’est une autre œuvre du sieur Miyazaki qui a
droit aux honneurs sur ce blog : Le Voyage
de Chihiro. Mon premier constat est que l’on se trouve là devant ce que je
qualifierais comme étant une sorte de Best-of Miyazaki, Le Voyage De
Chihiro étant donc un bestiaire de l'imaginaire du maître de l'anime.
Si on retrouve des figures plus ou moins déjà vu sous des formes
quasi-similaire dans ses précédents films, l'énergie créative du réalisateur ne
s'est pas essoufflée tant la panoplie de créatures, d'esprits surtout est
diversifiée. D’ailleurs, sur ce point, nous avons droit a tout un florilège
varié, parfois étonnant pour un nous autres occidentaux peux au fait de la
culture nippone et de son imaginaire merveilleux, et ce, même si le connaisseur
des œuvres précédentes du maitre ne sera pas trop dépayser (cela étant
également valable pour ceux qui, éventuellement, sont familiers du fantastique
nippon, décidément aux antipodes du notre, ce qui donne toujours une petite
touche que l’on pourrait qualifier d’exotique, mais tout de même intéressante).
Le trait plus précis que jamais Miyazaki nous embarque dans un monde parallèle,
le monde des esprits, car si le monde contemporain est évoqué dans le début,
tout début du film, c'est pour mieux l'abandonner et laisser la place à ce
monde-ci, épuré, ou presque, de vies humaines. Au travers du voyage sont
évoqués tout les travers de la société de consommation moderne, abondance,
services publics, individualisme, domination, précarité, comme toujours sous
des formes plurielles, métaphores poétiques et ravissantes : humains
s'empiffrant devenant aussitôt porcs, irrespectueux, qui leur vaut se
bannissement du palais des bains. Puisqu’en effet, le monde où se trouve
Chihiro est bien vidé de ces êtres humains écœurants et malfamés. Pourtant
l'entreprise – car c’en est une, avec tous les travers que cela comporte –
qu’est vraiment ce palais, sorte de station balnéo-thérapeutique, répond aux
exigences d'individualité importante aux dépends de travailleurs débordés
soumis à une hiérarchie très humaine, avec à sa tête la sorcière Youbaba,
rappelant par son nom et son comportement une Baba-Yaga nordique que l’amateur
de merveilleux connaît bien. Donc pas si utopique que ça ce monde, en effet
Chihiro, seule humaine ou presque – au sein d’une faune d’hommes grenouilles
surtout et de servantes dont une bonne partie n’est pas totalement humaine –
est la seule qui semble avoir une trace de bonté, d'altruisme, le palais est
donc un reflet caricatural de la société mondiale, Miyazaki à la lumière d'un
La Fontaine, animalise les hommes pour mieux les décrire. Pas vraiment question
de message écologique ici, mais plutôt un retour aux sources japonaises, aux
croyances nippones, leurs esprit, leurs démons, que Miyazaki voit de plus en
plus abandonné par le japon moderne. Flash-back nostalgique ? Pas question,
Miyazaki sait évoluer avec son temps, comme le montre les techniques
graphiques, bien entendu, utilisées dans le film, mais aussi ce que l’on peut
voir dans le vrai monde, l’Audi des parents, la signalétique... ainsi que, dans
ce monde des esprits qui ne vit réellement que la nuit, ce fameux train, qui
pourrait paraître incongru de prime abord, mais qui, finalement, s’adapte
plutôt bien a l’ensemble, avec ses passagers fantomatiques et son aller simple
pour une destination inconnue, qu’il répète inlassablement. Hayao n'est
donc pas un rétrograde, il essaye dans ses films de mêlées la féerie éternelle
japonaise au monde contemporain aussi hostile soit-il, preuve encore de la
maturité et de la sagesse du maître. Le Voyage de Chihiro est
un voyage pour les sens, coloré, plus affiné que jamais, le dessin arrive à
captivé, à surprendre, à émerveillé tout le temps par sa fantaisie et son
imaginaire débordant, toujours créatif et vif, avec toujours ce goût paradoxal
pour ce qui dégouline des corps, métaphore ultraclassique vu et revu a de
multiples reprises dans le passé et dans bien des œuvres, mais néanmoins,
efficace d'un mal qui s'en va, par les orifices symboliques, bouche ou plaie.
Miyazaki s'il est un grand enfant, éternel rêveur, poétique, n'en perd pas pour
autant sa perception simple des choses, du monde et des êtres, qu'il voit pour
chacun, aussi laid, putride soit-il, une fin en soi, à la manière Kantienne,
tolérant et moraliste, humain finalement. Ainsi, avec un scénario d'une
complexité et d'une originalité rare, avec un personnage principal finalement
intéressant et atypique, des protagonistes secondaires assez attachants,
quelque soit leur rôles, un humour présent et subtil qui n’enlève rien au
message du film, un univers tout bonnement envoutant , une qualité de dessin
bien évidement remarquable (comme d'habitude : un vrai travail de titan qui ne
passe pas inaperçu et qui régales les yeux) ainsi que, pour conclure, une bande
originale du même acabit, très soignée et en accord parfait avec l'ensemble des
scènes, il me semble évidant que Le voyage de Chihiro ne peut,
tout au long de ses deux heures, qu’enchanter le spectateur, émerveiller et
conquis. Indéniablement, Le voyage de Chihiro constitue
donc un incroyable concentré des différentes œuvres de Miyazaki, récit simple
mais aboutit, c'est surtout au niveau création que Miyazaki en fait son œuvre
la plus complète, la plus foisonnante, riche dans sa forme et intelligente,
dans sa forme comme toujours, Chihiro est pour la philosophie ce
qu'était Mononoké pour la nature, une ode parfaite, charmante,
impeccable de pureté graphique et de créativité magique. Une œuvre qui plaira
autant aux petits comme aux grands même si, bien évidement, ceux-ci auront un
autre regard, plus posé, sur ce qui est plus qu’un simple et banal dessin
animé. Alors maintenant se pose la grande question : peut-on qualifier Le
voyage de Chihiro d’authentique chef d’œuvre – alors que, toujours
selon mon avis, Princesse Mononoké ou Nausicaä méritaient,
eux, largement ce qualificatif – force est de constater que, même si après
tout, cela reste une affaire de gouts personnels, selon moi, et tout en gardant
une préférence pour les deux œuvres là, je pense que la réponse, et ce, dans un
genre différent, est oui, indéniablement. Bref, une fois de plus avec Miyazaki,
un indispensable que tout amateur d’animation nippone – mais pas uniquement car
cela serait bien trop réducteur – se doit de voir de toute urgence si ce n’est
pas déjà fait.
Points
Positifs :
-
Un formidable condensé de tout ce que Miyazaki a put faire auparavant se
retrouve dans ce Voyage de Chihiro :
ainsi, entre toutes ces créatures et autres divinités des mythes nippons, ces
sorcières, ces esprits et ces dragons, le maitre nous amène dans un beau voyage
dans un Japon d’un autre temps, un Japon où le fantastique marchait encore avec
le réel et où la modernité n’avait pas imposée sa loi.
-
Une histoire plutôt réussie et qui se laisse fort bien regarder, des
personnages assez attachants et une héroïne principale qui, passer les débuts,
s’avère plus intéressante qu’on pourrait le penser de prime abord.
-
Pour ce qui est de l’animation, du design des protagonistes, des dessins en eux-mêmes,
il n’y a rien à redire : après tout, c’est les Studio Ghibli et les fans, bien évidement, seront en terrain
familier.
-
Divinités, créatures, esprits et autres curiosités enchantent nos yeux tout au
long du film.
-
L’opposition entre modernité et passé, entre ce Japon moderne et ancestral,
quoi que, par moments, les deux sont liés – je pense particulièrement a ce train,
oh combien mystérieux et a ses passagers qui le sont tout autant.
-
Une bande originale tout bonnement excellente.
-
Une certaine dose d’humour, plutôt bienvenue et qui ne tombe jamais dans le n’importe
quoi, comme dans les productions américaines.
Points
Négatifs :
-
Il est indéniable que malgré toutes ses qualités, Le Voyage de Chihiro n’est peut-être pas l’œuvre de Miyazaki la
plus simple d’accès et que tout ce florilège de créatures et autres divinités
perdent un peu le spectateur occidental, peut habituer aux mythes nippons.
-
Une fin un peu trop rapide a mon gout.
Ma
note : 8,5/10
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