vendredi 13 mai 2022

DOULEUR ET GLOIRE


DOULEUR ET GLOIRE
 
Salvador Mallo est un réalisateur tourmenté et en fin de carrière qui a connu le succès mais qui ne réalise plus de films à cause des nombreuses douleurs physiques et psychiques dont il souffre. Par hasard, il retrouve Zulema, une de ses actrices, qui lui donne l'adresse d'Alberto Crespo, un acteur d’un de ses grands succès avec qui il est brouillé depuis trente-deux ans. À son contact, il sombre peu à peu dans l’addiction à l’héroïne. Frappé d'une terrible dépression au moment même où Sabor, son film le plus acclamé, est réédité, il se retrouve submergé par des fragments de son existence et il se remémore également des souvenirs de son enfance auprès de sa mère à Paterna. Salvador va connaître toute une série de retrouvailles après plusieurs décennies, certaines en chair et en os, d'autres par le souvenir, certaines ravivant parfois ses souffrances, d'autres le relançant dans le processus créatif et lui permettant d'approcher le sens de sa vie.
 

Douleur et Gloire
Réalisation : Pedro Almodóvar
Scénario : Pedro Almodóvar
Musique : Alberto Iglesias
Production : El Deseo
Genre : Drame
Titre en vo : Dolor y gloria
Pays d’origine : Espagne
Parution : 22 mars 2019
Langue d'origine : Espagnol
Durée : 113 min
 
Casting :
Antonio Banderas : Salvador Mallo, un réalisateur que les douleurs physiques et morales empêchent de tourner
Asier Flores : Salvador Mallo, enfant
Asier Etxeandia : Alberto Crespo
Nora Navas : Mercedes, l'assistante de Salvador
Leonardo Sbaraglia : Federico Delgado, le grand amour de Salvador
Julieta Serrano : Jacinta, la mère de Salvador en fin de vie
Penélope Cruz : Jacinta, jeune
César Vicente : Eduardo, le jeune maçon à qui Salvador apprend à lire et à écrire
Cecilia Roth : Zulema, une actrice amie de Salvador
Raúl Arévalo : Le père de Salvador
Susi Sánchez : Beata
Rosalía : Rosita, la villageoise qui chante
Pedro Casablanc : Dr. Galindo
Julián López : Le présentateur de la cinémathèque
Eva Martín : La radiologue
Sara Sierra : Conchita
Xavi Sáez : Un spectateur à la cinémathèque
Agustín Almodóvar : Le prêtre
Topacio Fresh : Une spectatrice à la cinémathèque
 
Mon avis :
 Il est bien entendu inutile de rappeler l’importance de Pedro Almodóvar dans le petit monde du Septième Art de ces quatre dernières décennies car bon, comment dire, si le réalisateur espagnol et, sans aucune contestation possible, le plus connu de son pays en dehors des frontières de celui-ci et que, même aux yeux du grand public plus avide de films à grand spectacle hollywoodien, Pedro Almodóvar n’est pas un inconnu, il faut également reconnaitre que ses œuvres, nombreuses, de qualités, sont pour beaucoup pour la reconnaissance que le réalisateur ibérique connait auprès des critiques comme du public depuis bien longtemps désormais. Curieusement, depuis que ce blog existe, je n’ai eu l’occasion que de vous parler à deux reprises de deux longs métrages du sieur Almodóvar : La Mauvaise Éducation et Julieta. C’est naturellement bien trop peu au vu de l’importance du réalisateur et cela tombe bien puisque, pas plus tard qu’hier soir, j’ai eu l’opportunité de voir un de ses longs métrages les plus récents, l’excellent Douleur et Gloire… Paru en 2019, ce film est, probablement, un des plus intéressants de Pedro Almodóvar puisque, en le regardant, il est difficile de ne pas se dire que celui-ci est, en quelque sorte, le portrait du réalisateur lui-même, de son enfance, de sa réussite, de ses faiblesses, de ses doutes et, naturellement, de ses amours et amitiés perdus. Pour camper son alter ego devant la caméra, rien de tel quAntonio Banderas qui est, sans aucun doute possible, l’acteur fétiche d’Almodóvar : en effet, c’est ce dernier qui le fit débuter lors de ses premiers films, dans les années 80, et, après l’intermède américain de l’acteur, qui le fit revenir à ses cotés dans les années 2010. Un duo de choc de qualité, donc, pour un film qui l’est tout autant : Douleur et Gloire est donc une œuvre autobiographique, comme je l’ai dit précédemment, mais c’est également une œuvre d’une intelligence rare, sincère où un Banderas plus faillible que jamais mais néanmoins magistral, campe un Almodóvar plus vrai que nature au point même que, lors de chaque scène, chaque dialogue, le spectateur se demande où est la part de réel et la part de fiction. Les amateurs de Pedro Almodóvar seront, une nouvelle fois, totalement conquis par cette énième réalisation de leur réalisateur favori et si, naturellement, une part plus importante du grand public passera tranquillement son chemin, quelque part, cela importe peu : après tout, cela ne reste qu’une affaire de gouts et l’on ne peut pas obliger des gens qui ne jurent que par des films d’actions ou de super-slips à apprécier une œuvre que l’on qualifiera de plus intellectuelle. Bref, vous l’avez compris, Douleur et Gloire est une superbe réussite du sieur Almodóvar, une de plus diront certains, et, incontestablement, la preuve évidente que le réalisateur espagnol à encore pas mal de choses à nous raconter, alors, pourquoi bouder son plaisir et ne pas continuer, encore et encore, à voir ou revoir ses créations…
 

Points Positifs
 :
- Probablement un des tous meilleurs films de Pedro Almodóvar et, en tous cas, sans nul doute son plus sincère, son plus personnel puisqu’il est évidant, en le visionnant, que nous avons affaire à une œuvre autobiographique qui nous fait découvrir, de superbe manière, le passé et le présent du réalisateur.
- Un casting de qualité, comme il est de coutume avec Almodóvar et si, parmi les têtes d’affiches, le grand public reconnaitra particulièrement Penélope Cruz et Antonio Banderas, c’est surtout ce dernier qui crève l’écran avec une interprétation magistrale de ce vieux réalisateur sur le déclin qui, obnubilé par ses diverses douleurs corporelles, n’ose plus faire de cinéma.
- Malgré un coté nostalgique qui transparait pendant une bonne partie du film, Douleur et Gloire est, avant toute chose, un bel hymne à la vie : certes, le passé est omniprésent, certes, il y a eu bon nombre de séparations, de disparitions et de diverses fâcheries, mais l’avenir peut être tout de même prometteur.
- Les fans du sieur Almodóvar retrouveront naturellement un bon nombre des thématiques habituelles du réalisateur comme le rapport à la mère, les premiers émois amoureux, le poids du passé, etc.
 
Points Négatifs :
- Bien évidement et, comme c’est à chaque fois le cas avec tous les films de Pedro Almodóvar, le grand public, nettement plus habitué à des longs métrages à grand spectacle et où prime l’action au détriment de la réflexion, passera tranquillement son chemin en se demandant pourquoi le réalisateur espagnol est toujours porté aux nues. Cela reste, naturellement, une affaire de gouts personnels…
- Les détracteurs de Pedro Almodóvar regretteront peut-être que celui-ci ne sorte quasiment jamais de ses thèmes de prédilections – le poids du passé, le rapport a la mère, les émois amoureux homosexuels – mais bon, peut-on vraiment lui en vouloir vu qu’il est tellement doué et se renouvelle à chaque fois ?
 
Ma note : 8,5/10

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