vendredi 6 mai 2022

ANATÈM


ANATÈM
 
Fraa Érasmas est un jeune chercheur vivant dans la congrégation de Saunt-Édhar, un sanctuaire pour les mathématiciens et les philosophes. Depuis des siècles, autour du sanctuaire, les gouvernements et les cités n’ont eu de cesse de se développer et de s’effondrer. Méfiante vis-à-vis de ce monde extérieur violent, la communauté ne s’ouvre au monde qu’une fois tous les dix ans. C’est lors d’une de ces courtes périodes d’échanges avec l’extérieur qu’Érasmas se trouve confronté à une énigme astronomique qui n’engage rien de moins que la survie de toutes les congrégations. Ce mystère va l’obliger à partir pour retrouver son mentor Fraa Orolo et vivre l’aventure de sa vie. Une quête qui lui permettra de découvrir Arbre, la planète sur laquelle il vit depuis toujours et dont il ignore quasiment tout.
 

Anatèm
Auteur : Neal Stephenson
Type d'ouvrage : Science-Fiction
Première Parution : 09 septembre 2008
Edition Française : 13 octobre 2021
Titre en vo : Anathem
Pays d’origine : États-Unis
Langue d’origine : anglais
Traduction : Jacques Colin
Editeur : Le Livre de Poche
Nombre de pages : 1472
 
Mon avis :
 Il est évidant, après lecture de cet Anatèm, roman fleuve du sieur Neal Stephenson, que nous avons affaire, ici, à une œuvre pour le moins singulière qui ne plaira peut-être pas à tout le monde mais qui, malgré tout, risque de fasciner certains lecteurs plus avides de se plonger dans des ouvrages que l’on peut qualifier d’hors du commun. Mais bon, commençons par le commencement… Nous voici sur la planète Arbre, 3689 ans après la Reconstitution et près de sept mille ans après l’existence d’un individu dont la pensée et ses interprétations ont façonné la civilisation arbrienne – nominalisme vs platonisme, pour faire simple. Fraa Erasmas est un phyte, jeune avôt à la math décénarienne du Mynstère de Saunt Edhar, dont l’aperte décennale approche… D’entrée de jeu, vous êtes largué ? Disons que c’est normal et ce n’est que le début ! Mais bon, histoire d’y voir plus clair, disons que le Mynstère de Saint Edhar est une espèce de monastère dont les avôts – des moines qui se consacrent pour l’essentiel à la philosophie et aux mathématiques – se répartissent en plusieurs maths – congrégations – qui, par ailleurs, ne se mélangent guère, chacune vivant à son rythme. De plus, le Mynstère vit en autarcie, imperméables aux affaires sæculières, sauf à des occasions particulières : les apertes – sortes de journées portes ouvertes – qui ont lieu à des intervalles réguliers – un an pour la math unétarienne, dix ans pour la math décénarienne, cent ans ma math centénarienne et, naturellement, mille ans pour la math millénarienne. Ainsi, quand le roman débute, l’aperte est double, les portails de l’an et de la décennie devant s’ouvrir. C’est l’occasion pour Erasmas de gagner l’extérieur et de retrouver ce qu’il reste de sa famille. De retour au mynstère, sa vie bien réglée reprend a priori son cours… mais le jeune homme pressent qu’il se trame quelque chose qui pourrait avoir trait à l’astrohenge – l’observatoire – qui se trouve confiné sans raison apparente. Quand fraa Orolo, le mentor d’Erasmas, est frappé d’anathymne et, banni, doit quitter le mynstère, Erasmas est loin de se douter que sa vie et son monde vont vite être chamboulés de fond en comble… À ce stade-là, trop en divulguer serait dommageable, tant une grande part de l’intérêt du roman provient de la découverte et de la compréhension d’un monde à la fois familier et totalement étranger. Ainsi, au fil des pages, le lecteur doit comprendre, dans un premier temps, la société dans laquelle évolue le jeune Erasmas, puis, par les yeux de celui-ci, le monde extérieur. La note introductive a beau donner quelques précisions utiles et les chapitres être introduits par les extraits d’un dictionnaire, le roman nécessite un effort conséquent d’adaptation qui risque rapidement de faire fuir les moins courageux d’entre nous… Ainsi, avec ses néologismes à foison, ses discussions parfois abstruses,  et on action d’une lenteur de limace anesthésiée – il s’écoule bon nombre de pages avant que l’on comprenne que l’intrigue a très discrètement commencé depuis le premier chapitre – Anatèm ne facilite guère la vie du lecteur. Pourtant, pour ceux qui se sont accrochés, une fois passé les cent cinquante premières pages, le roman finit par fasciner, et s’avère impossible à lâcher dès lors que les enjeux se dessinent toujours plus clairement. À travers le parcours d’Erasmas, on en vient à comprendre peu à peu la nature de la planète Arbre, ses philosophies, ses religions et ses écoles de pensées, quand à la tournure prise par les événements, dans la seconde partie, disons que celle-ci à de quoi en surprendre plus d’un et que l’on peut affirmer, sans trop en dévoiler, que ce coté SF est plutôt bien trouvé. Bref, vous l’avez compris, Anatèm est une œuvre fascinante dans ses aspects spéculatifs et philosophiques, mais aussi, qui a de quoi surprendre de par la richesse peu commune de son univers proposé. Naturellement, c’est un roman qui n’est pas destiné à tout le monde et qui n’est pas simple d’accès pour un sou, mais bon, si jamais vous accrochez à celui-ci, il se pourrait bien que, vous aussi, vous soyez conquis par ce qui est probablement l’œuvre maitresse du sieur Neal Stephenson…
 

Points Positifs
 :
- Un roman pour le moins singulier et qui ne plaira certes pas à tout le monde mais qui n’en fascinera pas moins une certain public qui apprécie davantage les œuvres complexes et originales. Il faut dire qu’avec Anatèm, Neal Stephenson nous offre un univers d’une richesse peu commune et qui risque d’en fasciner plus d’un !
- Si le début est difficile de par sa complexité, une fois passé les premières 200 pages, il devient très difficile de lâcher le roman – alors que l’on n’est même pas au quart de celui-ci – il faut dire que, à ce moment là, le lecteur commence à être familier des différents termes utilisés par le narrateur, il saisit les points communs avec notre propre monde, les protagonistes commencent à prendre de l’épaisseur et, surtout, l’intrigue, elle, décolle petit à petit avant de partir vers des tournants pour le moins insoupçonnés par la suite…
- Au début, on à l’impression de se retrouver face à un roman qui flirte bon avec Le Nom de la Rose, et puis, petit à petit, on finit par se rendre compte que les choses sont un poil plus complexes et puis, vers le derniers tiers, on nage tout bonnement en pleine science-fiction !
- Neal Stephenson aura développé, ici, un univers d’une richesse impressionnante : histoire, sciences, philosophies, rapports entre les Mynstère et le monde Sæculièr, sans oublier, bien entendu, tous les termes de vocabulaires inventés pour l’occasion.
 
Points Négatifs :
- On ne va pas se mentir, Anatèm est une œuvre qui ne plaira pas au grand public et je pense même aller plus loin en affirmant que si l’on ne s’accroche pas durablement au début, sa complexité fait que pas mal de lecteurs risquent d’abandonner en court de route, ce qui est dommage vu que le jeu en vaut la chandelle mais qui est, finalement, compréhensible…
- Un rythme peut-être un peu trop lent, ce qui n’aide pas vraiment, il faut le reconnaitre. Qui plus est, entre des discussions qui partent dans tous les sens et qui s’éternisent parfois inutilement, des descriptions très nombreuses et pas mal de problèmes mathématiques, la lecture n’est pas toujours facile.
- Certains risquent peut-être de tiquer avec la conclusion même si, finalement, elle est plutôt logique avec les implications développées tout au long du roman.
 
Ma note : 8/10

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