ANATÈM
ANATÈM
Fraa
Érasmas est un jeune chercheur vivant dans la congrégation de Saunt-Édhar, un
sanctuaire pour les mathématiciens et les philosophes. Depuis des siècles,
autour du sanctuaire, les gouvernements et les cités n’ont eu de cesse de se
développer et de s’effondrer. Méfiante vis-à-vis de ce monde extérieur violent,
la communauté ne s’ouvre au monde qu’une fois tous les dix ans. C’est lors
d’une de ces courtes périodes d’échanges avec l’extérieur qu’Érasmas se trouve
confronté à une énigme astronomique qui n’engage rien de moins que la survie de
toutes les congrégations. Ce mystère va l’obliger à partir pour retrouver son
mentor Fraa Orolo et vivre l’aventure de sa vie. Une quête qui lui permettra de
découvrir Arbre, la planète sur laquelle il vit depuis toujours et dont il
ignore quasiment tout.
Anatèm
Auteur
: Neal
Stephenson
Type
d'ouvrage : Science-Fiction
Première
Parution : 09 septembre 2008
Edition
Française : 13 octobre 2021
Titre en
vo : Anathem
Pays
d’origine : États-Unis
Langue
d’origine : anglais
Traduction : Jacques
Colin
Editeur : Le
Livre de Poche
Nombre
de pages : 1472
Mon
avis : Il est évidant, après lecture de
cet Anatèm, roman fleuve du sieur Neal
Stephenson, que nous avons affaire, ici, à une œuvre pour le moins singulière
qui ne plaira peut-être pas à tout le monde mais qui, malgré tout, risque de
fasciner certains lecteurs plus avides de se plonger dans des ouvrages que l’on
peut qualifier d’hors du commun. Mais bon, commençons par le commencement… Nous
voici sur la planète Arbre, 3689 ans après la Reconstitution et près de sept
mille ans après l’existence d’un individu dont la pensée et ses interprétations
ont façonné la civilisation arbrienne – nominalisme vs platonisme, pour faire
simple. Fraa Erasmas est un phyte, jeune avôt à la math décénarienne du Mynstère
de Saunt Edhar, dont l’aperte décennale approche… D’entrée de jeu, vous êtes
largué ? Disons que c’est normal et ce n’est que le début ! Mais bon,
histoire d’y voir plus clair, disons que le Mynstère de Saint Edhar est une
espèce de monastère dont les avôts – des moines qui se consacrent pour
l’essentiel à la philosophie et aux mathématiques – se répartissent en plusieurs
maths – congrégations – qui, par ailleurs, ne se mélangent guère, chacune
vivant à son rythme. De plus, le Mynstère vit en autarcie, imperméables aux
affaires sæculières, sauf à des occasions particulières : les apertes – sortes
de journées portes ouvertes – qui ont lieu à des intervalles réguliers – un an
pour la math unétarienne, dix ans pour la math décénarienne, cent ans ma math
centénarienne et, naturellement, mille ans pour la math millénarienne. Ainsi, quand
le roman débute, l’aperte est double, les portails de l’an et de la décennie
devant s’ouvrir. C’est l’occasion pour Erasmas de gagner l’extérieur et de
retrouver ce qu’il reste de sa famille. De retour au mynstère, sa vie bien
réglée reprend a priori son cours… mais le jeune homme pressent qu’il se trame
quelque chose qui pourrait avoir trait à l’astrohenge – l’observatoire – qui se
trouve confiné sans raison apparente. Quand fraa Orolo, le mentor d’Erasmas,
est frappé d’anathymne et, banni, doit quitter le mynstère, Erasmas est loin de
se douter que sa vie et son monde vont vite être chamboulés de fond en comble… À
ce stade-là, trop en divulguer serait dommageable, tant une grande part de
l’intérêt du roman provient de la découverte et de la compréhension d’un monde
à la fois familier et totalement étranger. Ainsi, au fil des pages, le lecteur
doit comprendre, dans un premier temps, la société dans laquelle évolue le
jeune Erasmas, puis, par les yeux de celui-ci, le monde extérieur. La note
introductive a beau donner quelques précisions utiles et les chapitres être
introduits par les extraits d’un dictionnaire, le roman nécessite un effort
conséquent d’adaptation qui risque rapidement de faire fuir les moins courageux
d’entre nous… Ainsi, avec ses néologismes à foison, ses discussions parfois
abstruses, et on action d’une lenteur de
limace anesthésiée – il s’écoule bon nombre de pages avant que l’on comprenne
que l’intrigue a très discrètement commencé depuis le premier chapitre – Anatèm ne facilite guère la vie du
lecteur. Pourtant, pour ceux qui se sont accrochés, une fois passé les cent
cinquante premières pages, le roman finit par fasciner, et s’avère impossible à
lâcher dès lors que les enjeux se dessinent toujours plus clairement. À travers
le parcours d’Erasmas, on en vient à comprendre peu à peu la nature de la
planète Arbre, ses philosophies, ses religions et ses écoles de pensées, quand
à la tournure prise par les événements, dans la seconde partie, disons que celle-ci
à de quoi en surprendre plus d’un et que l’on peut affirmer, sans trop en
dévoiler, que ce coté SF est plutôt bien trouvé. Bref, vous l’avez compris, Anatèm est une œuvre fascinante dans ses
aspects spéculatifs et philosophiques, mais aussi, qui a de quoi surprendre de
par la richesse peu commune de son univers proposé. Naturellement, c’est un
roman qui n’est pas destiné à tout le monde et qui n’est pas simple d’accès
pour un sou, mais bon, si jamais vous accrochez à celui-ci, il se pourrait bien
que, vous aussi, vous soyez conquis par ce qui est probablement l’œuvre maitresse
du sieur Neal Stephenson…
Points
Positifs :
-
Un roman pour le moins singulier et qui ne plaira certes pas à tout le monde
mais qui n’en fascinera pas moins une certain public qui apprécie davantage les
œuvres complexes et originales. Il faut dire qu’avec Anatèm, Neal Stephenson nous offre un univers d’une richesse peu
commune et qui risque d’en fasciner plus d’un !
-
Si le début est difficile de par sa complexité, une fois passé les premières
200 pages, il devient très difficile de lâcher le roman – alors que l’on n’est
même pas au quart de celui-ci – il faut dire que, à ce moment là, le lecteur
commence à être familier des différents termes utilisés par le narrateur, il
saisit les points communs avec notre propre monde, les protagonistes commencent
à prendre de l’épaisseur et, surtout, l’intrigue, elle, décolle petit à petit
avant de partir vers des tournants pour le moins insoupçonnés par la suite…
-
Au début, on à l’impression de se retrouver face à un roman qui flirte bon avec
Le
Nom de la Rose, et puis, petit à petit, on finit par se rendre compte
que les choses sont un poil plus complexes et puis, vers le derniers tiers, on
nage tout bonnement en pleine science-fiction !
-
Neal Stephenson aura développé, ici, un univers d’une richesse impressionnante :
histoire, sciences, philosophies, rapports entre les Mynstère et le monde Sæculièr,
sans oublier, bien entendu, tous les termes de vocabulaires inventés pour l’occasion.
Points
Négatifs :
-
On ne va pas se mentir, Anatèm est
une œuvre qui ne plaira pas au grand public et je pense même aller plus loin en
affirmant que si l’on ne s’accroche pas durablement au début, sa complexité
fait que pas mal de lecteurs risquent d’abandonner en court de route, ce qui
est dommage vu que le jeu en vaut la chandelle mais qui est, finalement,
compréhensible…
-
Un rythme peut-être un peu trop lent, ce qui n’aide pas vraiment, il faut le
reconnaitre. Qui plus est, entre des discussions qui partent dans tous les sens
et qui s’éternisent parfois inutilement, des descriptions très nombreuses et
pas mal de problèmes mathématiques, la lecture n’est pas toujours facile.
-
Certains risquent peut-être de tiquer avec la conclusion même si, finalement,
elle est plutôt logique avec les implications développées tout au long du
roman.
Ma
note : 8/10
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