LE
LIVRE DE CENDRES – LA PUISSANCE DE CARTHAGE
À
notre époque, un chercheur universitaire traduit et exploite des textes
médiévaux en rapport avec une guerrière oubliée. Il essaie de faire le tri
entre réalité historique et représentations mythiques. 1465. Cendres, huit ans
et orpheline vit dans un camp de mercenaires. Elle y est violée et défigurée
par deux soldats qu'elle tuera malgré son jeune âge. Fin du XVe siècle, les
armées de Carthage mettent le sud de l'Europe à feu et à sang. Rien ne semble pouvoir
les empêcher de détruire l'empire de Frédéric de Habsbourg. Dans les environs
de Gênes, une jeune femme de dix-neuf ans, capitaine d'une troupe de
mercenaires – blonde comme les blés au visage dévasté de cicatrices – va se
mettre sur le chemin de l'envahisseur. Prisonnière à Carthage, où le soleil ne
brille plus depuis longtemps, Cendres n'a jamais été aussi près du Golem de
pierre. Pourtant, simple esclave, sa vie ne tient plus qu'à un fil. Ou plutôt
au bon vouloir des amirs wisigoths. Ceux-ci, et leur Faris, ont presque achevé
leur croisade contre la Chrétienté et seule la Bourgogne leur résiste encore.
Prête à tout pour survivre et retrouver la compagnie du Lion, Cendres
découvrira-t-elle le secret de ses voix ?
Le Livre de Cendres – La Puissance de Carthage
Auteur
: Mary Gentle
Type
d'ouvrage : Heroic-Fantasy, Uchronie
Première
Parution : 01 février 2001
Edition
Poche : 30 octobre 2008
Titre
en vo : Ash – Carthage Ascendant
Pays
d’origine : Grande-Bretagne
Langue
d’origine : anglais
Traduction : Patrick
Marcel
Editeur : Folio
SF
Nombre
de pages : 624
Mon
avis : Après un premier
tome plus que prometteur, qui mettait en place l’univers si particulier
du Livre de Cendres, quadrilogie où se mêlent allègrement fantasy,
uchronie et science fiction, La Puissance de Carthage rentre
de plein pied dans le vif du sujet, ne perdant en rien en qualité, imposant le
cycle comme une réussite incontestable du genre. Car si, dans le volume
précédant, l’auteur s’attelait à développer ce passé à la fois si proche et si
éloigné du notre, cherchant à le crédibiliser autant qu’il soit possible – en
particulier grâce aux fameuses feuilles de correspondance insérées entre chaque
chapitre – ce qui se justifiait mais pouvait parfois paraître lassant, ce
deuxième tome ne possède quasiment aucun temps mort. Désormais, le lecteur,
familiariser par ce Moyen-âge alternatif, peut se délecter d’un récit toujours
aussi excellant, qui donne la place belle à l’action et aux retournements de
situations, et, surtout, humanise définitivement Cendres, cette héroïne qui
n’apparaît plus que comme étant une simple machine de guerre implacable, mais
également comme une femme, certes forte, mais rempli de doutes, de faiblesses,
et qui va connaître bien des déboires pendant une bonne partie de l’intrigue.
En effet, si le premier chapitre de La puissance de Carthage est
la suite directe du premier volet, et voit l’arrivée de Cendres et de sa
compagnie au cœur du royaume de Bourgogne, les préparatifs du combat à venir
contre les troupes Wisigoths de la Faris puis, l’affrontement à proprement
parler, la suite est bien différente. Prisonnière de ses ennemis, notre héroïne
va être amenée à Carthage, ou elle rencontrera enfin son « père ». Et, de fait, le récit prend des tons bien plus
intimistes, où Cendres, parfois brisée, tant physiquement que moralement,
essayera par tous les moyens d’apprendre la vérité sur son passé mais également
de tout faire – y compris par des moyens peu glorieux – pour sauver sa vie. Le
talent de l’auteur fait le reste : on souffre avec celle qui, il n’y a pas si
longtemps, menait ses hommes d’une main de fer et semblait capable de tout
encaisser sans férir, on partage ses joies et ses nombreuses peines, ses
espoirs et ses désillusions, et surtout, comme elle, on est stupéfait des nombreuses
révélations qui nous assènent tout au long du récit, et qui viennent, petit à
petit, à la fois révéler bon nombre de solutions à quelques mystères, mais,
également, apporter de nouvelles énigmes, comme ces inquiétantes Machines
Sauvages qui semblent tirer les ficelles dans l’ombre. Quasiment omniprésente
de bout en bout – les habituels personnages secondaires ne faisant que de
courtes apparitions en certains points de l’intrigue, mais même ainsi, Fernando
Del Guiz gagne encore en intérêt – de part la force des choses, le personnage
de Cendres acquière un statut supérieur, bien plus intéressant que dans le
premier volume. De plus, les multiples révélations dévoilées, ainsi que les
multiples complots viennent complexifier un récit déjà riche à la base, mais
qui devient de plus en plus passionnant, au point que l’on à énormément de mal
à lâcher la lecture, et ce, même si le style narratif est parfois ardu et que
quelques longueurs sont présentes, ce qui rebutera sans doute certains. Mais
ils auraient tort de ne pas s’accrocher, tant ce cycle grouille d’excellentes
idées et tant il apparaît de plus en plus que le mélange des genres fonctionne
à merveille. Comme chaque réponse donnée à une question en entraîne deux
nouvelles, le lecteur, tout en échafaudant ses propres théories, ne pourra que
rester en haleine devant une intrigue aussi bien ficelée. Un deuxième tome plutôt
bon, donc, qui laisse présager du meilleur pour la suite, et qui classe, Le Livre de Cendres comme une réussite
incontestable de ces dernières années.
Points
Positifs :
-
Le plaisir de retrouver la suite d’un cycle de fantasy pour le moins original
et qui, dans ce second tome, confirme tout le bien que l’on pouvait penser à
son sujet. Il faut dire que Mary Gentle a sut crée un univers, des personnages,
franchement réussis et que son idée maitresse de faire naviguer le lecteur
entre faits historiques réels et imaginaires, au point de ne plus savoir ou est
la réalité, est tout simplement excellente.
-
Un second tome centré sur Cendres, de par la tournure prise par les événements
bien sur. Cependant, cela permet à l’auteur de mieux mettre en avant son héroïne,
de développer des facettes de sa personnalité qu’on ne lui connaissait guère,
ce qui, ma foi, est une bonne chose.
-
Toute la partie qui nous narre la captivité de Cendres est excellente.
-
Les révélations totalement inattendues du final, avec, ces fameuses Machines
Sauvages qui seraient le véritable ennemi à abattre. N’oublions pas, non plus,
la fameuse question : pourquoi la Bourgogne doit-elle disparaitre ?
Points
Négatifs :
-
Comme je l’avais déjà souligné lors de ma critique du premier tome, cette saga
souffre malheureusement d’un style narratif par moments pesant : ainsi,
certains passages sont assez obscurs à comprendre, de même, il y a quelques
longueurs évitables. C’est dommage car cela nuit grandement au ressentit
général que l’on peut avoir de cette œuvre.
-
Vu le déroulé de l’intrigue, Cendres est quasiment le seul protagoniste à avoir
droit aux honneurs dans ce second volet. C’est dommage pour les autres qui, par
la force des choses, apparaissent fort peu alors que je les aime bien Floria,
Angeloti, Robert et compagnie…
Ma
note : 7,5/10
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