LES
VOYAGES D’ENDYMION – L’ÉVEIL D’ENDYMION
Enée
a seize ans. Elle vient de passer quatre ans sur la Terre, kidnappée. Des
années consacrées à l'étude avant de rebondir. Ses adversaires sont neutralisés
pour le moment : le père de Soya exerce son ministère sur le monde désertique
de Madre de Dios; Némès, la chose vivante, est restée fondue sur une roche du
Bosquet de Dieu. Mais la Pax lance une nouvelle croisade : la solution finale
au problème des Extros ? Et tous reprennent du service pour leurs causes
respectives. Mais leurs fins gardent une bonne partie de leur mystère : Enée
est-elle vraiment un virus nanotech envoyé pour contaminer l'humanité ? Et le
Gritche, qui le manipule ? Quant à Endymion, il part pour un long voyage
cryogénique au terme duquel il trouvera Enée adulte. Alors sonnera pour lui
l'heure de l'éveil.
Les Voyages d’Endymion – L’Éveil d’Endymion
Auteur
: Dan Simmons
Type
d'ouvrage : Science-Fiction
Première
Parution : 10 mars 1997
Edition
Poche : 01 novembre 2016
Titre
en vo : The Hyperion Cantos – The Rise Of
Endymion
Pays
d’origine : Etats-Unis
Langue
d’origine : anglais
Traduction : Guy
Abadia
Editeur : Folio
SF
Nombre
de pages : 960
Mon
avis : Nul doute que, comme je l’avais
signaler lors de ma critique de Endymion,
les fans de la première heure, ceux qui ont découvert les Cantos lors
de leurs parutions, il y a de cela trois décennies, auront été troublés par,
non seulement, la volonté de Dan Simmons d’écrire une suite à ce que beaucoup
considèrent comme un chef d’œuvre, mais aussi et surtout, par la remise en
cause, à la fois narrative que scénaristique, qu’apporta ces fameux Voyages
d’Endymion. En effet, ce qui ressort avant toute chose de ces deux romans
est la volonté affichée de l’auteur de remettre, bien entendu, en cause nos
certitudes, de bousculer nos croyances sur les dires des Cantos, mais
aussi, de donner un formidable coup de pied dans la fourmilière en niant,
quelque part, certains des acquis de ceux-ci. Du coup, le lecteur, encore
émerveiller par le final grandiose de La
Chute d’Hypérion aura forcément été troublé par ce
qu’il découvre par la suite : non pas le fait que l’Eglise, devenue toute
puissante, domine l’ancien Retz et que leurs dirigeants soient loin d’être des
saints, mais davantage par le fait que l’on s’aperçoive que certains dires
des Cantos soient annoncés comme mensongés, que des
protagonistes refassent leur apparition comme si de rien n’était (euh, il était
pas censé être mort lui ?) et même que, en une ou deux occasions, Dan
Simmons, pourtant vigilant, ne se soit un peu embrouiller les pinceaux –
exemple tout bête avec les dauphins d’Aliance Mui, présentés comme disparus et
qui, dans Endymion, sont encore bien en vie !? Du coup, le
trouble des lecteurs – et je m’inscris dedans – aura été compréhensible, comme
le fait que, pour certains, le sentiment qui prédomine avant toute chose aura
été, la déception. Pourtant, malgré cela, Dan Simmons savait parfaitement ce
qu’il faisait en replongeant dans l’univers des Cantos et ses
modifications, ses choix, aussi déroutant puissent-ils paraitre de prime abord,
finissent par être justifiés et compréhensibles lorsque l’on regarde l’œuvre
dans son intégralité. Et si, dans Endymion, l’auteur, en nous
présentant de nouveaux protagonistes dans cet univers post-Retz, nous avait
enchantés de la plus belle des manières avec cette fameuse fuite en radeau
d’Enée et compagnie à travers les anciens mondes de l’Hégémonie, L’Éveil
d’Endymion apporte une ultime conclusion que l’on peut qualifier de bonne.
Dans un style, encore une fois différent (chapeau franchement, quatre tomes
pour ce cycle, quatre genres narratifs), Dan Simmons va encore plus loin,
poussant ses idées a un point presque inimaginable, parfois osé mais qui, aussi
surprenant que cela puisse paraitre, fonctionne parfaitement. Ainsi, dans cet
ultime volume de la saga, probablement le plus difficile d’accès pour le simple
quidam, les grandes questions métaphysiques sont à l’honneur, avec, d’un côté,
Enée, présentée comme le Messie tant attendue et dont le parallèle avec le
Christ est plus qu’évidant – ne serais ce que par la fameuse communion
partagée, le sang etc. – opposée à une Eglise chrétienne complètement
corrompue, à la fois par son alliance avec le Centre, mais aussi par la soif de
puissance de ses membres. Mais si le coté christique d’Enée ne peut être nié,
ce qui ressort le plus, ce sont les éléments philosophiques et religieux de
l’extrême orient, cette pensée bouddhique et zen qui se conçoit parfaitement quand
on connait un tant soit peu la génération de Simmons et ses propres gouts
personnels. Et a cette Église chrétienne définitivement corrompue – mais pour
ce qui est de ses dirigeants, pas forcément de ses membres – par une
quasi-immortalité offerte par le cruciforme et qui ne vie que dans le statu
quo, Simmons nous propose, par le biais de l’enseignement d’Enée, une autre
façon à la fois de vivre et d’accepter la mort : le crédo principal de
tout cela étant qu’une vie courte mais vécu est préférable à l’immortalité
parasitaire du cruciforme. Immobilisme d’un côté avec refus d’évolution,
changement de l’autre avec choix personnel du libre arbitre – le fameux
discours d’Enée : « refaites votre choix », y
compris, garder le cruciforme – cet Éveil d’Endymion conclut
la saga d’une façon certes étonnantes mais tout bonnement magistrale. Et si
certains auront pu tiquer vis-à-vis d’une certaine exagération narrative –
après tout, nous avons là des humains qui peuvent se déplacer d’un point à
l’autre de l’univers par leur seule volonté – ou sur le côté décidément peu
héroïque d’un Raul Endymion – vaincu par un simple… calcul rénal – je ne peux
m’empêcher de me dire que, au sujet de ce dernier, justement, ce qui fait toute
la force du personnage, c’est justement sa grande faiblesse : non,
Endymion n’est pas un héros au sens propre du terme, c’est juste un homme comme
vous et moi, avec ses forces et ses faiblesses, ses craintes, ses espoirs et
ses défauts, et c’est cela qui le rend tellement attachant à mes yeux, tellement…
humain. Humains, de par leurs grandeur d’âme – comme le Père Capitaine De Soya
– ou leurs mesquineries – Lourdusamy –, les protagonistes de cet Éveil
d’Endymion le sont tous, et même un personnage comme Enée, malgré sa
force de volonté devant son destin connu à l’avance et ses pouvoirs n’apparait
pas comme une espèce de surhomme – les seuls qui l’étant vraiment étant les
aberrations crées par le Centre comme Rhadamanthe Némès. Au final, L’Éveil
d’Endymion, formidable message d’espoir pour l’humanité et magnifique
histoire d’amour entre Raul et Enée, entre passages philosophiques parfois un
peu ardus d’accès – pour ne pas dire chiants – et moments plus intimes, entre
joies et tristesses, ses personnages hauts en couleurs, son ode à la vie, au
changement, au libre arbitre et son coté écologique parfaitement assumé est une
conclusion tout bonnement parfaite de ce qui est l’un des plus grands cycles de
science-fiction de l’histoire du genre, une œuvre un peu oubliée de nos jours,
pas forcément simple d’accès, mais qui s’inscrit au panthéon des chefs d’œuvre
du genre, je veux bien évidement parler des Cantos d’Hypérion.
Points
Positifs :
-
Une conclusion à la hauteur de ce que Dan Simmons avait réalisé jusque là.
Certes, au petit jeu des comparaisons, Les
Cantos d’Hypérion sont supérieurs aux Voyages
d’Endymion, cependant, cette suite, dans son ensemble, reste de très bonne qualité
et ne dénote nullement dans l’ensemble de l’œuvre.
-
Le plaisir de découvrir le sort de protagonistes hauts en couleurs comme Raul
Endymion, Énée ou le Père Capitaine De Soya, mais aussi, de retrouver tout un
tas de protagonistes, y compris certains du premier cycle.
-
Si le coté métaphysique du discours d’Énée est parfois pesant, force est de
constater que ce dernier n’en reste pas moins fort intéressant avec son coté antireligieux,
son ode de vie au changement, aux choix personnels, a l’écologie, a la
propagation de la vie sous toutes ses formes, etc.
-
Certains passages de ce roman sont franchement bons, surtout pour ce qui est du
sort d’Énée qui sait depuis toujours quel sera son destin mais qui n’en
poursuit pas moins son but, jouissant au mieux de sa vie.
-
Les grandes faiblesses de Raul Endymion font décidément de lui un héros fort
attachant.
Points
Négatifs :
-
Tout le coté métaphysique d’Énée est certes intéressant mais beaucoup trop
pesant par moments ; il faut dire que Simmons semble avoir de fortes
attaches pour les philosophies extrêmes orientales et ne s’en cache pas… le
problème, c’est que tout cela finit par saouler le lecteur au bout d’un moment.
-
Pas mal d’incohérences vis-à-vis des Cantos :
certaines sont souhaitées par l’auteur, certes, d’autres apparaissent comme de
véritables coquilles franchement discutables : les dauphins d’Aliance Mui
n’en sont qu’un exemple parmi tant d’autres.
-
D’indéniables longueurs nuisent au plaisir de la lecture.
-
Il faut tout de même accrocher à cette idée d’humains voyageant, comme si de
rien n’était, d’un bout à l’autre de la Galaxie.
Ma
note : 7,5/10
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire