ILIUM
Troie,
c'est la Guerre chantée par Homère dans l'Iliade. Ici, les dieux de
l'Olympe sont des posthumains qui bénéficient, grâce à la technologie, de
pouvoirs extravagants, une quasi-immortalité, la possibilité de se déplacer
dans le temps et dans l'espace, des armes prodigieuses. Ils habitent, sur Mars,
le mont Olympos, le plus haut volcan connu du système solaire. Leur spectacle
favori, voire obsessionnel, demeure cette Guerre qui se déroule sur terre et
dont aucun d'eux ne connaît l'issue. Aucun, sauf Zeus... Pour vérifier la
conformité de la guerre réelle avec ce qu'en a conté Homère, les scholiastes,
des spécialistes de l'Antiquité, sont chargés d'observer les dessous de cette
Guerre. C'est ainsi que Thomas Hockenberry, un universitaire du XXème siècle,
se retrouve malgré lui enrôlé par Aphrodite pour faire triompher les Troyens,
et rien moins qu'assassiner Athénée. Mais, à jouer ainsi avec l'espace et le
temps, les dieux posthumains mettent en péril le système solaire et l'univers
tout entier... Une aventure trépidante, une réflexion sur l'avenir d'une
humanité dépassée par ses créations et sur le sens de la culture. Certainement
l'un des premiers chefs-d’œuvre de science-fiction de ce XXIe siècle
débutant...
Ilium
Auteur
: Dan Simmons
Type
d'ouvrage : Science-Fiction
Première
Parution : 20 mai 2003
Edition
Poche : 13 septembre 2007
Titre
en vo : Ilium
Pays
d’origine : Etats-Unis
Langue
d’origine : anglais
Traduction : Guy
Abadia
Editeur : Folio
SF
Nombre
de pages : 896
Mon
avis : Ilium, lors de sa sortie il
y a de cela quelques années fut un petit événement en soi puisque ce roman
marquait le grand retour de Dan Simmons a un genre qui avait fait sa gloire
avec Les
Cantos d’Hypérion, la science-fiction. L’auteur, après le succès
phénoménal de celui-ci, eu la sagesse d’abandonner le genre quelques temps,
sachant pertinemment que toute nouvelle œuvre SF serait indéniablement et
implacablement comparée à son chef d’œuvre, ce qui était assez compréhensible.
Cependant, même en ayant pris son temps pour se relancer dans le bain, la
première chose que le fan qui a connu Simmons par le biais des Cantos et
qui découvrirait Ilium ensuite, fera, est de comparer les deux
œuvres, et ce, aussi différentes et proches qu’elles puissent l’être ;
éternel problème de l’écrivain qui, après avoir connu la gloire, se doit de se
renouveler, chose qui n’est pas toujours aussi évidente qu’on pourrait le
penser de prime abord, bien au contraire. Mais si je vous ai parlé de
différences et de points communs entre Ilium et Hypérion,
c’est que Simmons, par le biais de deux romans qui racontent chacun une
histoire propre, use et abuse toujours des mêmes ficelles qui ont su marcher en
leur temps : ainsi, l’on retrouve dans Ilium bien des
éléments autrefois présents dans les Cantos, que ce soit ces
téléportations instantanées à travers l’espace (les nœuds fax ici, les distrans
autrefois) accessoirement aussi nocives les unes que les autres, la présence
des intelligences artificielles (les moravecs ayant pris place des IA et des
Cybrides), le mythe du Juif errant (ici devenu une femme loin de faire oublier
l’inoubliable Sol Weintraub des Cantos) et la judéité en règle
générale (en avions-nous besoin dans un récit de SF se déroulant dans le
futur ? franchement, premier point négatif pour cette œuvre car on sent
que Simmons en fait un peu trop) ainsi que, bien entendu, le gout de l’auteur
pour imaginer ce qui pourrait advenir de l’humanité dans des milliers d’années
(L’Hégémonie est ici remplacée par une vision bien plus pessimiste qui nous
renvoi directement à La Machine à Explorer le Temps de HG
Wells). Bref, tout un tas de points communs qui font que l’habitué de Simmons
retrouvera dans la lecture d’Ilium des échos d’un lointain passé,
certes, pas forcément désagréables en soit, mais qui nous démontrent également
que l’auteur a un peu de mal à se renouveler. Une dernière preuve de cet état
de fait : le lien des deux œuvres aux grands auteurs du passé : Keats
dans Hypérion, Homère, Proust et Shakespeare dans Ilium.
Alors mon cher Dan, tu nous aurais sorti un simple copié/collé ? Eh ben,
ce n’est pas aussi simple que mes propos pourraient le laisser penser car en
fait, Ilium n’est pas dénué d’intérêt. Tout d’abord, le synopsis de
base est assez intéressant en soi et mérite largement le détour : imaginez
dans un avenir lointain, sur Mars, des dieux grecs avec Zeus, Athéna, Arès et
compagnie, qui passent leur temps à vérifier si la célèbre guerre de Troie se
déroule conforme à L’Iliade : pour cela, ils utilisent des
spécialistes du texte d’Homère, des humains reconstitués afin de vérifier s’il
si tout se déroule comme prévu. Ensuite, dans les satellites de Jupiter, des
créatures robotiques, les Moravecs, craignant pour la sécurité du système
solaire décident d’aller jeter un coup d’œil du coté de Mars afin de découvrir
d’où vient la provenance de tous ces joujoux quantiques. Pour finir, sur Terre,
vit une humanité déclinante, semblable aux Eloi de La Machine à
Explorer le Temps, qui ne soucient que de passer du bon temps et dont la
vie est limité a cent ans (pas une année de plus, pas une de moins) tandis que
de soi-disant posthumains, eux, seraient partis vivre dans des stations
orbitales des siècles auparavant. Bref, tout un tas d’éléments disparates, sans
lien apparent, a première vue, entre eux, et trois récits qui se croisent,
avant, bien entendu, de se rejoindre à la fin – car bien évidement, le lecteur
s’en doute assez rapidement, tous ces événements sont liés. Encore faut-il
savoir comment et pourquoi ? Et d’ailleurs, pour ce qui est de ces récits
a proprement parlé, force est de constater qu’ils sont assez prenants, chacun
un peu dans son style et que si j’ai eu une nette préférence pour les
événements de Troie et les complots entre dieux grecs – ce sont les passages
les plus durs et ici, la guerre n’a franchement rien de glorieux – je dois
avouer que l’humour qui émane de celui avec les deux Moravecs, tellement drôle,
mérite à lui seul le détour. Le problème, c’est que Simmons alterne sans arrêt
entre les trois récits, concluant chaque chapitre à chaque fois lors des
moments culminants, procédé qui, en plus de ne pas être original, fonctionne
toujours certes, mais lasse très rapidement au fil des pages, mais bon, à sa
décharge, j’avouerai que je ne vois pas trop comment l’auteur aurait pu faire
autrement ? Bien évidemment, je ne dévoilerais pas davantage le
déroulement du récit ainsi que les nombreuses surprises qui parsèment celui-ci
et dont certaines, je l’avoue, sont assez bien trouvées – après tout, il faut
toujours savoir préservé une part de mystère pour l’éventuel lecteur qui lirait
cette critique et qui serait tenter de découvrir l’œuvre sans la connaitre à l’
avance. Disons, en guise de conclusion, qu’Ilium, sans être du même
acabit que Les Cantos d’Hypérion, n’en reste pas moins une œuvre de
science-fiction assez plaisante, qui possède son petit lot de bonnes idées et
qui est suffisamment prenant pour captiver l’intérêt du lecteur ; ajoutons
à cela une petite pincée d’humour et quelques protagonistes hauts en couleur et
l’on se retrouve avec un bon petit roman de SF. Le problème, c’est que
certaines situations sont tellement osées, voire parfois ridicules, que cela
pâtit fortement a la crédibilité de l’ensemble (autant qu’un récit de SF puisse
être crédible, j’entends bien) et que l’espèce d’Ulysse 31 avec son sabre
laser, franchement, on s’en serait bien passé. De même, que les fans d’Hypérion prennent
garde : Ilium reste largement inférieur à son prestigieux
devancier, mais bon, dans l’ensemble, ce n’est pas mauvais en soit, cela se lit
bien et sans révolutionner le genre, cela vous fera passer un bon moment ;
et c’est déjà pas mal.
Points
Positifs :
-
Il n’était pas évidant pour Dan Simmons de se replonger a nouveau dans la
science-fiction vu qu’il avait, tout simplement, écrit l’un des classiques du
genre – Les Cantos d’Hypérion – et que,
forcément, on ne pourrait pas s’empêcher de comparer les deux œuvres, or, dans
l’ensemble, il s’en sort plutôt bien et Ilium reste un bon roman de SF.
-
Un postulat de départ intéressant – avec ces dieux grecs qui vient sur Mars et
qui nous ont pondu une nouvelle Guerre de Troie, ces robots qui se demandent ce
qu’est devenu l’humanité et les derniers survivants de celle-ci qui vient, a la
surface de la Terre, comme les Eloïs de La
Machine a Explorer le Temps – et qui s’avère, rapidement, assez captivant à
suivre.
-
Le talent, indéniable, de Simmons en tant que compteur et qui fait qu’il est
difficile de poser ce roman tellement on a envie de découvrir la suite.
Points
Négatifs :
-
La désagréable impression que nous avons affaire ici a un copié/collé des Cantos d’Hypérion tellement certaines
situations, certaines idées, certains passages nous renvoient indéniablement au
chef d’œuvre de Simmons.
-
Il faut tout de même avaler quelques grosses couleuvres comme certaines
situations et autres protagonistes que l’on peut qualifier d’étant, tout
bonnement, ridicules : le plus bel exemple étant cet espèce d’Ulysse 31
avec son sabre laser…
-
Simmons fait alterner ses trois récits en parallèle en nous laissant, à chaque
fois, sur un climax : au début, cela fonctionne, assez rapidement, on se
dit que l’auteur abuse franchement du procédé.
-
Au petit jeu des comparaisons, Ilium
reste inférieur aux Cantos d’Hypérion,
mais bon, ce n’est pas vraiment une surprise, n’est ce pas ?
Ma
note : 7,5/10
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