GRAN
TORINO
Walt
Kowalski est un ancien de la guerre de Corée, un homme inflexible, amer et
pétri de préjugés surannés. Après des années de travail à la chaîne, il vit
replié sur lui-même, occupant ses journées à bricoler, traînasser et siroter
des bières. Avant de mourir, sa femme exprima le vœu qu'il aille à confesse,
mais Walt n'a rien à avouer, ni personne à qui parler. Hormis sa chienne Daisy,
il ne fait confiance qu'à son M-1, toujours propre, toujours prêt à l'usage... Ses
anciens voisins ont déménagé ou sont morts depuis longtemps. Son quartier est
aujourd'hui peuplé d'immigrants asiatiques qu'il méprise, et Walt ressasse ses
haines, innombrables - à l'encontre de ses voisins, des ados Hmong, latinos et
afro-américains « qui croient faire
la loi », de ses propres enfants, devenus pour lui des étrangers. Walt
tue le temps comme il peut, en attendant le grand départ, jusqu'au jour où un
ado Hmong du quartier tente de lui voler sa précieuse Ford Gran Torino... Walt
tient comme à la prunelle de ses yeux à cette voiture fétiche, aussi belle que
le jour où il la vit sortir de la chaîne. Lorsque le jeune et timide Thao tente
de la lui voler sous la pression d'un gang, Walt fait face à la bande, et
devient malgré lui le héros du quartier. Sue, la sœur aînée de Thao, insiste
pour que ce dernier se rachète en travaillant pour Walt. Surmontant ses
réticences, ce dernier confie au garçon des « travaux
d'intérêt général » au profit du voisinage. C'est le début d'une
amitié inattendue, qui changera le cours de leur vie. Grâce à Thao et sa
gentille famille, Walt va découvrir le vrai visage de ses voisins et comprendre
ce qui le lie à ces exilés, contraints de fuir la violence... comme lui, qui
croyait fermer la porte sur ses souvenirs aussi aisément qu'il enfermait au
garage sa précieuse Gran Torino...
Ah,
Clint Eastwood ! L’une des dernières légendes du cinéma hollywoodien, pour
ne pas dire, mondial, tant l’acteur, sans exagération aucune, su, au cours d’une
longue et fructueuse carrière, mettre à peu près tout le monde d’accord sur son
talent. Et pour moi, ce bon vieux Clint – 81 ans au compteur, ce qui n’est pas
rien – c’est avant tout un genre : le Western a la Sergio Leone, le
meilleur selon moi, et un film : Le
bon, la brute et le truand, chef d’œuvre absolu d’un genre décidément
aujourd’hui révolu. D’ailleurs, rien que de vous en parler, je ne peux m’empêcher
de me dire que, et malgré moult rediffusions sur le petit écran, cela fait
belle lurette que je ne l’ai pas vu, et que, à l’occasion, il faudra que je
répare ce mini-scandale ; car oui, c’en est un selon moi, ne serais ce que
pour en écrire une critique sur ce blog ! Mais si Clint Eastwood a su
se faire apprécier d’un public assez large et éclectique, ce n’est surement pas
pour les films qui lui ont valu sa gloire – les Westerns et les Inspecteurs Harry – qui ont dut laisser
dubitatifs une part non négligeable des amateurs de cinéma, comment dire, plus
intellos, mais surtout pour ses réalisations. Car pour ceux qui ne le sauraient
pas encore – après tout, plus rien ne m’étonnes en ce bas monde – Clint
Eastwood est aussi un excellent réalisateur, dont les films, assez récents, ont
fort bien marchés, tant d’un point de vue du public que de la critique. Enfin, à
ce qu’on en disait car aussi étonnant que cela puisse paraitre, jusqu’à hier
soir, je n’avais que peu souvent vu d’œuvres du maitre, et encore, pas forcément
les plus connus, et, au demeurant, pour une fois, je me dois de remercier TF1,
chaine que je ne porte pas dans mon cœur et qui, miraculeusement, n’a pas diffusé
en prime time le millième épisode sans saveur des Experts machin truc mais l’excellent Gran Torino.
Nul
doute que la première chose que le spectateur constate en regardant une œuvre comme
Gran Torino c’est que, tant dans la
réalisation, tant dans la façon qu’il a de se mettre en scène dans le film, Clint
Eastwood est franchement excellent. D’ailleurs, cela en deviendrait presque un
cas d’école, mais, pas aussi simple à copier lorsqu’on y pense bien :
après tout, des réalisateurs de talents, il en existe un certain nombre, mais,
des réalisateurs qui passent devant la caméra dans leurs propres films, c’est
déjà moins courant, et ce, même si Clint n’est ni le premier à le faire, ni le
dernier. Mais là où cela devient plus intéressant, c’est cette façon qu’il possède
de jouer avec son image, de jouer des personnages bourrus, acariâtres mais
aussi violents et qui sont les meilleurs dans leurs partis, mais,
paradoxalement, de montrer leurs innombrables faiblesses, tant physiques que psychologiques,
bref, d’être un parfait antihéros comme je les adores. Alors oui, on me dira
encore que d’autres l’on fait avant lui, et qu’il n’est surement pas le dernier
à agir de la sorte, cependant, à mon avis, ce qui fait la différence avec la concurrence
– le terme me semble juste – c’est que d’un point de vue charismatique, il n’y
a pas grand monde, en tout cas de vivant, qui arrive à la cheville de Clint
Eastwood. Ainsi, et comme d’autres acteurs de par le passé, ce bon vieux Clint
représente un genre à lui tout seul et l’on pourrait presque dire que celui-ci,
depuis une éternité, joue toujours le même rôle : celui d’un indécrottable
solitaire, violent et fragile à la fois et pas forcément adroit avec la gente
féminine. Est-ce un mal, un défaut ? Selon moi, pas forcément quand le
talent et le charisme sont présents.
Car
bon, soyons un petit peu objectif, si l’on peut qualifier ce Gran Torino d’excellent film, force est
de constater que, lorsqu’on l’analyse de plus près, certains détails flagrants
apparaissent et on ne peut les occulter : ainsi, franchement, peut-on dire
que tout cela soit vraiment original ? Non, une famille a des problèmes
avec des voyous, Clint s’en mêle et les protège et règle tout ça vite fait bien
fait, ça ne vous dit rien ? Allons bon, mais c’est un parfait scénario de
Western ça ! Donnez un chapeau et un cheval a Clint, remplacez les voisins
asiatiques par des américains pur souches et les petites frappes par des
desperados, le scénario restera le même. Ensuite, le côté « vieux bourru raciste qui finit par prendre sous son aile le
gamin du coin histoire de créer un lien filial, vu que ses propres enfants le
rejettent » ça a des petits airs de déjà-vu, et là aussi, pas qu’une
fois. Et si l’on ajoute à cela le fait que, bien des scènes soient prévisibles
et sans surprises, l’on ne pourra que constater que, finalement, ce Gran Torino apparait soudainement comme
moins exceptionnel qu’a première vue.
Mais
la différence avec tant d’autres films, c’est peut être bête à dire, mais c’est
Clint Eastwood lui-même ! En tant que réalisateur, il réussit le tour de
force de sublimer un scénario hautement conventionnel et de le transformer en un
film tout bonnement captivant. Puis, en tant qu’acteur, et tout en nous
ressortant toute la panoplie de son jeu, la saupoudrant ici et là d’une touche
particulièrement à la fois détestable et… jouissive – ah, ce mec a une répartie
du tonnerre, et puis, comment ne pas jubiler lorsqu’il sauve sa voisine lorsque
celle-ci a maille à partir avec des petites frappes arrogantes qui, dès qu’il
pointe une arme sous leurs nez, font dans leur culotte – il réussit à rendre ce
vieux conservateur raciste et bourru, finalement humain et en tout cas, bien
plus sympathique qu’on aurait pu le croire dans les premières scènes. Bien évidemment,
Gran Torino n’est pas
particulièrement politiquement correct aux yeux de certains, mais bon, peut être
que ce qui choque le plus certains, c’est une réalité qui y est montrée, et celle-ci
n’est pas forcement agréable à regarder. En tout cas, chapeau bas a Clint
Eastwood pour sa prestation, tant devant que derrière les caméras, et plus
particulièrement pour la scène finale ou l’octogénaire met en scène, de façon étonnante
– je suis resté sur le cul car je ne m’attendais pas à cela – et magistrale sa
propre mort ; comme si celui-ci, quelque part, voulait boucler la boucle d’une
longue, très longue carrière qui, pour le moment, n’a pas encore pris fin.
2 commentaires:
Ce film est génial mais terriblement triste car il nous rappelle qu'un génie tel que Clint va mourir un jour.
Karim
Et oui, même les meilleurs y passent, il faut si préparer...
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