LES
AVENTURES DE BLAKE ET MORTIMER – LE SECRET DE L’ESPADON
1947.
Alors que dans le monde se multiplient les pactes et les conférences destinées
à sauvegarder la paix, le mystérieux Empire Jaune de Basam Damdu « l’usurpateur », empereur du
Tibet, lance une offensive généralisée. En quelques heures, la gigantesque
armada anéantit les principales villes de la planète. Paris, Londres, Rome,
Bombay, sont réduites à l’état de ruines fumantes, la flotte américaine du
Pacifique gît au fond de l’océan, tandis que les couleurs de l’empereur sont
hissées par ses parachutistes sur les gratte-ciel du nouveau monde… Cependant,
dans la base militaire de Scaw-Fell, en Angleterre, le professeur Mortimer met
au point une arme secrète dont la puissance de feu devrait permettre de contrer
la fulgurante progression de l’armée « jaune »
: l’Espadon. Mis au courant par ses espions, Olrik, aventurier habile et sans
scrupules qui s’est mis au service de l’Usurpateur, attaque la base avec sa
flotte aérienne. Le capitaine Blake, de l’Intelligence Service, ainsi que le
professeur Mortimer s’enfuient à bord du Golden
Rocket, emportant avec eux les plans de l’Espadon. Ils ne laissent derrière
eux que les décombres de Scaw-Fell. Une fantastique poursuite s’engage alors
dans les airs et sur terre entre Olrik, qui veut récupérer les plans, et Blake
et Mortimer qui tentent de rejoindre une base secrète du Moyen-Orient où, déjà,
s’organise la résistance, et où il leur sera possible de mener à bien la
construction de l’engin qui représente le dernier espoir du monde libre :
l’Espadon…
Je
ne sais pas si cela vous est déjà arriver mais personnellement, cela en devient
presque habituel chez moi : quel que soit le genre, mais ici, c’est de
bande dessinée que nous parlons donc je m’en tiendrais a ce média, il est des œuvres
tellement connues qu’elles dépassent de loin les simples amateurs du genre pour
ne pas parler des fans purs et durs, ainsi, grand amateur de BD depuis mon plus
jeune âge, je pense ne pas me tromper en affirmant que j’ai toujours connu l’une
des plus grandes saga de la bande dessinée franco-belge a la papa, je veux bien
évidement parler des Aventures de Blake
et Mortimer. Pourtant, si le nom de la série m’était familier, si les deux protagonistes
principaux également (mais qui ne les connait pas ?), le militaire
flegmatique blond a moustache, Blake, et le scientifique brun et barbu, un peu
sanguin sur les bords, Mortimer (amusant mais auparavant, j’étais persuader,
allez donc savoir pourquoi, que c’était le contraire), si leur auteur, Edgar P.
Jacobs ne m’était pas inconnu comme le fait que, depuis son décès, la série
continue, reprise par d’autres et si bon nombre d’albums, à force de les voir
des centaines de fois, voire plus, dans les rayons, m’étaient aussi communs que
bon nombre d’autres bande dessinées que j’avais lu, jamais, jusqu’à ce jour,
oui, jamais je n’avais lu ne serais-ce qu’une seule planche d’un quelconque
album des aventures des deux britanniques. Hérésie ? Je n’en suis pas
loin, j’en conviens, surtout aux yeux des fans purs et durs qui connaissent le
moindre album de la saga sur le bout des ongles. Mais bon, que voulez-vous,
comme je vous le disais un peu plus haut, c’est le genre de choses qui m’arrivent
souvent, et non seulement, ce n’est pas la première fois que cela m’arrive –
juste un exemple, Thorgal
– mais ce n’est surement pas la dernière, vous pouvez en etre sur.
Et
donc, après presque quatre décennies complètes à connaitre Blake et Mortimer mais sans lire le moindre album, il y a de cela
quelques semaines, alors que je trainais sur le net pour passer le temps au
travail (hein, chut, il ne faut pas le dire), en tombant un peu par hasard sur
un titre de la saga, je me suis surpris à me renseigner sur celle-ci, son
univers, ses protagonistes, bref, l’œuvre de Jacobs au sens large, et, du coup,
je me suis dit que cela ne serait pas franchement idiot de, a l’occasion,
tenter l’expérience, voir si moi aussi je m’enthousiasmerai pour une BD qui
depuis des décennies n’a vraiment plus rien à prouver de par sa qualité, une BD
qui certes, aux yeux des plus jeunes, a fait son temps et représente désormais
une époque plus que révolue, mais une BD qui, contrairement à Tintin, pour ne citer que la série la
plus proche, tant dans le temps que par le sens graphique (et puis, après tout,
Jacobs et Hergé se connaissaient bien), a su dépasser la mort de son créateur ce
qui permet à d’autres auteurs d’apporter leur propre vision du mythe – chose très
bien faite, par exemple, du côté de Spirou,
comme on peut le voir ici : Le
groom vert de gris. Une aventure de Spirou et Fantasio. Et comme,
encore en 2013, je ne me lasse pas d’un bon Tintin,
comment ne pas me dire que Blake et
Mortimer pourrait me plaire ? Et puis, qu’avais-je à perdre ? De
l’argent ? Même pas puisque la ludothèque à côté de chez moi possède l’intégralité
de la saga. Mon temps alors ? Oh, si ce n’était que ça, cela ne
représentait pas un bien grand risque.
Et
ce fut le choc ! Dès la première partie de ce Secret de l’espadon, premier titre des Aventures de Blake et Mortimer, je n’ai pas pu m’empêcher de me
dire : « mais qu’est-ce que c’est
que cette daube !? ». Dessins d’un autre âge, scénario simpliste
au possible, personnages tellement stéréotypés qu’ils en deviennent navrant,
bulles de texte inversées (souvent, il faut commencer par le bas avant de
passer au haut), intrigue invraisemblable et termes plus que limites au sujet
des asiatiques, les fameux « jaunes »,
cette première partie fut plus qu’un choc, un véritable séisme émotionnel qui
me perturba au plus haut point. Certes, en affirmant cela, je sais pertinemment
que je vais en froisser plus d’un, que certains vont me tomber dessus, mais
franchement, j’étais persuader que Blake
et Mortimer valait mieux que cela !? Et puis, j’ai essayé de
relativiser les choses, de me dire que, par exemple, Tintin au pays des soviets n’avait rien à voir avec le reste de l’œuvre
de Hergé et que, d’ailleurs, celui-ci avait retravaillé ses premiers albums,
chose qui n’avait pas été faite ici. Pourtant, de mémoire, Tintin au pays des soviets ne m’avait pas laissé un aussi mauvais souvenir,
et puis, ce côté limite raciste… ah les gens se plaignent tout le temps de Tintin
au Congo, mais franchement, celui-ci, à côté du Secret de l’espadon, c’est du pipi de chat ! Bref, une sacrée
déception, cela, pour ce qui est du premier album. Mais histoire d’enfoncer
davantage le clou, le second, qui, accessoirement, ne justifie son existence
que par de simples raisons mercantiles, est dans la même veine et réussi même,
au bout d’une quinzaine de pages, à baisser de niveau graphiquement, ce qui est
un comble ! En effet, suite à une colorisation différente, les deux tiers
de cette deuxième partie du Secret de l’espadon
atteignent des sommets de médiocrité dont on se serais bien passer, quant au
scénario, n’allez pas chercher plus loin, rien n’a changer d’un iota et si en
plus, il faut se taper moult pages possédant une seule planche et dont la
justification est nulle, en dehors, bien évidemment, de remplir l’album
inutilement toujours dans un but mercantile et vous comprendrez à quel point j’étais
en plein désarroi à l’issu de la lecture des deux premières parties du Secret de l’espadon.
Arrivé
à ce point de ma lecture, je dois vous avouer que je n’avais même plus envie de
continuer tant ma déception était immense, et puis, finalement, après quelques
jours, je me suis enfin décidé de franchir le pas, ne serais ce que pour
conclure cet album est de passer définitivement a autre chose… et là, ce fut le
choc ! Mais pas le même genre de choc, bien au contraire !
Soudainement, sans crier gare et alors que je n’attendais strictement plus rien
de Blake et Mortimer, telle ne fut
pas ma surprise en m’apercevant, dès les premières pages, que cette dernière
partie du Secret de l’espadon était d’un
tout autre acabit ! Bon, déjà, graphiquement, c’est un peu le jour et la
nuit, ou, si vous préférez, c’est comme comparez Dieu a un ver de terre ;
bref, le sieur Jacobs nous livre là un travail de maitre et l’on retrouve une
ligne claire plus conforme à nos habitudes, des traits plus précis et
travaillés, un encrage plus subtil et surtout, des couleurs moins tape a l’œil.
Mais ce n’est pas tout car scénaristiquement, on se croirait presque devant une
autre histoire, autrement plus complexe et adulte : avec un début long et
complexe où l’auteur prend la peine d’exposer son intrigue, c’est un véritable
régal, je le reconnais, que de s’immerger dans cet album qui est à mille lieux
de ses prédécesseurs. Alors bien sûr, l’on sent l’évolution du coté de Jacobs,
et l’on se prend à regretter qu’il n’ait pas retravaillé ses débuts car si le Secret de l’espadon aurait été réalisé
dans la même veine, quel grand album aurait-il été ! Quoi qu’il en soit,
cette dernière partie m’aura finalement fait comprendre pourquoi cette saga est
loué par temps de personnes depuis des décennies, et, du coup, malgré des
débuts pour le moins catastrophiques selon moi, cette évolution finale m’aura donné
envie, a l’occasion, de lire d’autres albums du duo britannique ; pourtant,
force est de constater que c’était bien mal barré au début ! Alors oui,
sans nul doute que cette critique sera juger bien trop dure par certains, que l’on
me trouvera injuste vis-à-vis des débuts d’une œuvre assez anciens et qui
doivent etre remis dans leurs contextes, mais bon, je ne renie aucunement ce
que j’ai dit : sur trois albums (deux auraient amplement suffis), seul le
dernier fut à la hauteur de mes espérances, cela est tout de même peu quand on
y pense. Et puis tout de même, les deux premières parties possèdent bien trop
de points faibles, de mon point de vue, pour que je les passe sous silence, la
suite, par contre, c’est autrement plus intéressant et laisse entrevoir le
potentiel d’une saga qui, je ne le doute pas, mérité d’etre découverte.
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