SOLEIL
VERT
2022.
New York baigne alors dans une étrange lumière jaune, qui a détruit la faune et
la flore. Très peu de terres sont encore cultivables et les habitants qui n'ont
pas les moyens d'acheter des aliments naturels, à cause de prix exorbitants,
mangent un aliment de synthèse, produit par la multinationale Soylent : le « soleil vert ». Des émeutes de citoyens affamés sont
fréquentes et sévèrement réprimées. Thorn, un policier « de premier ordre », vit avec son ami Sol Roth, un vieillard, dans
un petit appartement new-yorkais. Sol peste contre l'état du monde et à la
nostalgie du passé tandis que Thorn se contente des seules choses qu'il a
connues, à savoir la nourriture synthétique et la canicule perpétuelle. Dans le
même temps, William Simonson, un des dirigeants de la société agroalimentaire
Soylent, est tué chez lui ; Thorn est chargé de l'enquête et découvre que ce
meurtre qui semblait passer pour un crime crapuleux se révèle en fait être un
assassinat pour l'empêcher de révéler un terrible secret. Thorn va découvrir
que le garde du corps de Simonson, Tab Fielding, est complice car il était
absent au moment du meurtre.
Un
jour comme celui-ci, pour rappel pour ceux qui tomberaient sur cette critique
dans l’avenir, nous sommes le vendredi 21 décembre 2012, censé etre, comme
chacun sait, le jour de la fin du monde (hum, pour le moment, il ne s’est rien
passé de franchement excitant, c’est une journée comme une autre sauf que je
suis en vacances), rien de tel que de vous proposer un billet sur l’un des
films post-apocalyptiques les plus célèbres qui soient, je veux bien évidement
parler de Soleil Vert. Œuvre de Richard
Fleischer datant de 1973 et inspiré du roman d’Harry Harrison, d’où il reprend
le synopsis de la surpopulation humaine dans le futur, et avec, le grand Charlton
Heston au sommet de son art, mais aussi Edward G. Robinson qui décédera peu de
temps après la fin du tournage, Soleil
Vert était à mes yeux, l’un de ces films mythiques que j’avais vu étant
enfant, et que, aussi curieusement que cela puisse paraitre, je n’avais jamais
revu depuis. Ainsi, quand ARTE, hier
soir, dans sa thématique de fin du monde, nous le proposa, je n’ai pas hésité
une seule seconde et en ai donc profité pour revoir un film qui m’avait pas mal
marqué étant jeune, et que j’avais hâte de revoir.
Bien
évidemment, la problématique qui se pose souvent avec ces œuvres qui ont pu
marquer notre jeunesse et que l’on n’a pas revu depuis un bail, c’est que l’on
a souvent tendance à les glorifier, a les posés sur un piédestal et a en
occulter, de façon volontaire ou pas (car le temps qui passe n’est pas tendre
avec notre mémoire) ses éventuels défauts. Et quelque part, par bien des
points, Soleil Vert n’échappe pas à
la règle. Cependant, cet état de fait n’est pas tant dû au film lui-même, qui,
ma fois, s’en sort plutôt pas mal, même quarante ans après sa sortie, mais
davantage a certain vieillissement d’œuvres, jugés avant gardistes à l’époque,
mais qui ont pas mal vieillis de nos jours : manière de filmer
complétement différente, scénario plus posé et moins tape a l’œil que les
productions modernes, ambiance fortement teinté, même pour un film de
science-fiction, de son époque, Soleil
Vert, comme n’importe quelle œuvre de SF datant du début des années 70
accuse, je ne le caches pas, son âge. Cependant, si cela peut indéniablement
etre fort problématique pour un adolescent ou un jeune adulte en 2012, habitués
qu’ils sont à un autre cinéma, personnellement, et en le comparant a d’autres
films du même genre, je trouve que Soleil
Vert ne s’en sort pas trop mal, bien au contraire. Oui, il est ancien, oui
l’univers futuriste qu’il nous présente est aux antipodes du notre, oui les
acteurs prennent le temps de discuter au lieu de sauter, courir et survivre a
des explosions toutes les cinq secondes, mais bon, quelque part, est-ce un
mal ? Je ne le pense pas. D’ailleurs, en toute sincérité, comment
croyez-vous que vos enfants jugeront les films actuels que vous trouvez
tellement extraordinaires ? Bah ils les trouveront ringards, tout
simplement.
Mais
pour en revenir à Soleil Vert, sujet
qui nous préoccupe aujourd’hui, comment ne pas, avant toute chose, louer sa
modernité flagrante : en effet, alors que depuis quelques années, nous
sommes familiarisés avec l’écologie et l’avenir de notre planète – et ce, même
si, il faut le reconnaitre, cela ne change pas grand-chose au problème, réel
lui – cela n’était pas vraiment le cas il y a quatre décennies, le peu
d’écologistes existant, étant, tout au plus, comparés a de joyeux hippies
amateurs de LSD. Pourtant, dans le synopsis de cette œuvre, comment ne pas voir
un message écologiste fort ? L’évolution de l’industrie humaine ayant
atteint de telles proportions que la nature elle-même, irrémédiablement
atteinte, a quasiment disparue, l’humanité, elle, surpeuplée, vivant les uns
sur les autres dans des mégalopoles polluées et où la seule nourriture
existante est ce fameux Soleil vert, de petites tablettes vertes nutritives
censées etre fabriquées à base de plancton alors que celui-ci a disparu et que
la vérité, est bien plus horrible. Et c’est donc dans cet univers, sombre et
post apocalyptique, en regard de la société humaine actuelle, que se déroule
donc l’intrigue : à la base, une simple enquête policière comme il en
existe tant, mais qui prend très rapidement des proportions bien plus
importantes au vu des personnes engagées dans le meurtre. Corruption, secrets
d’états que l’on souhaite étouffer à tout prix, omniprésence de multinationales
surpuissantes et prêtes à tout, désespoir et manque de perspective pour la
quasi-totalité de la population mondiale qui se meurt à petit feu, le peu de
personnes qui s’en sortent sont les puissants, suffisamment aisés pour vivre
convenablement et se nourrir du peu de légumes, fruits ou viande encore
existant. Pour les autres, la rue, les cages d’escalier, ou, pour certaines
femmes, le rôle de meubles dans des villas pour riches. Hautement corrosif et
visionnaire à l’époque, le scénario de Soleil
Vert l’est bien moins de nos jours, moult autres œuvres étant depuis
passées par là, mais, même ainsi, il n’a absolument pas perdu de sa force
initiale, du moins, selon moi.
Bien
évidemment, tous ne seront pas de cet avis, et d’ailleurs, j’ai pu trouver ici
et là, sur le net, bien des critiques négatives à l’encontre de ce film ;
cependant, et même si, cela va de soi, les gouts et les couleurs ne se
discutent pas, comment ne pas m’insurger devant-elles ? Soleil Vert, de par son synopsis oh
combien visionnaire, son univers sombre et désespéré à souhait, ses acteurs,
tous bonnement parfaits, mais aussi et surtout, de par ses révélations
finales : les tablettes de Soleil vert sont faites a base des corps des
personnes âgées que l’on euthanise a tout va – ou comment régler deux problèmes
en un, la surpopulation et le manque de ressources. Bien entendu, les
révélations de celle-ci ne changeront rien au problème et si la fin est
ouverte, on se doute bien que notre brave Charlton Heston finira tranquillement
en petites pastilles vertes et que son supérieur ne va pas risquer de trop
parler s’il ne veut pas connaitre le même sort. Mais de par son ambiance, la
description d’une société au bout du rouleau mais aussi des scènes tout
bonnement magnifiques comme celle où le vieux Sol, juste avant de mourir,
regarde des images d’une nature qui n’existe plus (accessoirement, encore plus
touchant de par le fait que l’acteur, Edward G. Robinson, atteint d’un cancer
en phase terminal, décéda quelques temps après), il me parait évidant que ce Soleil Vert est ce que l’on peut appeler
un grand film, où tout, peut-être, n’est pas aussi parfait que l’on pourrait
l’espérer, mais ce qui ne l’empêche pas d’etre un classique du genre à voir et
à revoir.
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