LE
TRÔNE DE FER : INTÉGRALE IV
La
Maison Stark est en ruines. Trahi par ses alliés Frey, qui n'ont pas toléré son
mariage à la hussarde avec une autre femme que l'une des filles de leur
patriarche, Robb Stark a été assassiné aux Jumeaux lors du sinistre épisode des
Noces Pourpres, en même temps que sa mère Catelyn. Winterfell a été incendié,
les derniers héritiers Stark étant réputés morts ou disparus. A Port-Réal,
pourtant, le triomphe des Lannister est amer. Avec les morts de Joffrey et
surtout de Tywin, la reine Cersei est isolée, coincée entre ses encombrants
nouveaux alliés de Hautjardin, les Tyrell, et le pouvoir fanatique du nouveau
Grand Septon. Brouillée avec son frère jumeau Jaime, elle l'envoie dans le
Conflans où la forteresse de Vivesaigues arbore toujours la bannière des Stark
envers et contre tout. Jaime, à présent mutilé, mesure l'étendue de la tâche :
pourra-t-il sécuriser le Trône de Fer pour son fils cadet, que tous pensent
être celui du défunt roi Robert Baratheon ? Pourra-t-il aussi laver sa propre
réputation de régicide ? Brienne de Torth, qu'il a envoyée à la recherche des
deux filles Stark, va devoir traverser des régions dévastées par la guerre
civile, sans savoir que son destin se trouve peut-être au bout de la route...
Depuis
que j’ai débuté la lecture de cette extraordinaire saga qu’est Le Trône de fer, à la fin de l’été
dernier (hum, comme le temps passe vite), il me parait évidant que le volume
qui m’inquiétait le plus, quoi que, le terme est probablement exagéré, disons
plutôt, le volume qui me rendait le plus perplexe était indubitablement ce A Feast For Crows, ou, en français, Un festin pour les corbeaux, regroupé
ici sous le titre bancal de Intégrale IV
– mais pour ce qui est de la problématique du découpage, ou plutôt devrais-je
dire du charcutage subit par l’œuvre dans nos vertes contrées, je n’en
parlerais pas ici, l’ayant déjà fait a de multiples reprises lors de mes
précédentes critiques. La raison de cette inquiétude est toute simple, et
d’ailleurs, tout fan du Trône de fer
sait parfaitement de quoi je parle : se compliquant la tache après moult
hésitations dans cette suite à donner à l’extraordinaire A Storm of Swords,
l’inimitable Georges Martin, après avoir souhaité faire un bond de cinq ans en
avant dans l’intrigue – afin que les protagonistes les plus jeunes grandissent
un peu – et constatant rapidement qu’en agissant ainsi, il ne réussissait pas à
inclure les très nombreux flashbacks nécessaires a la compréhension de l’œuvre,
se décida pour une suite, au départ, bien plus conventionnelle mais qui, très
rapidement, atteint des proportions pour le moins monumentales ; ainsi, à
la base, ce A Feast For Crows n’était
pas loin de dépasser allègrement les deux mille pages. Du coup, décision fut
prise de séparer ce volume en deux parties. Cependant, plutôt que d’avoir droit
à un quatrième tome I et un quatrième tome II, Martin nous proposa un découpage
pour le moins inattendue et qui en déconcerta plus d’un : la séparation
géographique. Ainsi, dans A Feast For
Crows, le lecteur suivrait les péripéties des Lannister – Cersei et Jaime –
mais aussi de Brienne de Torth, Arya et Sansa Stark, des Greyjoy, de Sam et
Mestre Aemon en route pour Villevieille tandis que de nouveaux protagonistes
faisaient leur apparition du coté de Dorme. Quid de John Snow, Daenerys,
Stannis, Mélisandre, Davos et Tyrion, pour ne citer que les plus
marquants ? Eh bien, ceux-ci n’apparaitraient que dans le cinquième volume,
A Dance with Dragons, censé se
déroulé au même moment que les événements de A Feast For Crows. Bref, de quoi en déconcerté plus d’un, surtout
que cette suite, prévu pour paraitre rapidement, traina en longueur… dans la
grande tradition de la saga.
Du
coup, que certains lecteurs crient au scandale ou jugent le procédé pour le
moins saugrenue, pouvait, de mon point de vue, pour le moins compréhensible, et
ce, même si, personnellement, j’estimais que l’on était sur le coup un peu
injuste avec Martin : après tout, autant celui-ci est parfaitement
critiquable quant à sa proportion a s’éparpiller a tout va, ce qui lui donne
moins de temps à consacrer à l’écriture de son œuvre – mais bon, quelque part,
il fait ce qu’il veut – autant ce choix scénaristique ne m’apparaissait pas du
tout une mauvaise idée. En son temps, un certain Tolkien n’avait-il pas déjà
plus ou moins agis de la sorte une fois la Compagnie de l’Anneau séparée ?
Que je sache, on ne critiqua pas l’auteur du Seigneur des anneaux pour cela ? Mais il faut dire qu’à
l’époque, la Fantasy n’occupait pas la même place que de nos jours et que,
surtout, il n’y avait pas Internet. Car bon, comment dire, j’ai encore en
mémoire de longs, forts long passages où il fallait se taper Frodon et Sam qui
marchaient, se lamentaient, marchaient, discutaient, marchaient… tandis que par
ailleurs, il s’en passait des choses autrement plus intéressantes sur la Terre
du Milieu. Mais bon, pour en revenir à nos moutons, c’est-à-dire, au Trône de fer et plus précisément à ce
quatrième tome tant décrié par certains, je dois tout de même reconnaitre que,
avant lecture de celui-ci, je me demandais tout de même qu’elle allait etre mon
ressentit vis-à-vis de celui-ci ? Que j’allais aimer, je n’en doutais pas
le moins du monde, par contre, allais-je trouver cela aussi bien que les trois
premiers volumes qui eux, mettaient la barre très haut, hum… c’était là une
toute autre histoire ?!
Et
alors, quid de ce quatrième intégrale, ou A
Feast For Crows, pour citer le titre exact de cette œuvre ? Eh bien,
ma fois, avouons-le tout de suite, après le summum scénaristique que fut A Storm of Swords, où les événements
notables se succédaient les uns aux autres, quasiment sans temps mort, avec un
final, Les Noces pourpres et La loi du régicide, qui restera
longtemps, très longtemps dans les mémoires de tout lecteur ayant eu la chance
de lire Le Trône de fer, force est de
constater qu’ici, et bien, ce n’est pas qu’il ne se passe rien (comme j’ai pu
le lire ici ou là, ce qui est on ne peut plus faux), mais tout de même,
scénaristiquement, c’est beaucoup plus calme : prenant tranquillement son
temps, Martin met gentiment en place ses quelques nouveaux protagonistes, plus
particulièrement toute la clique dornienne, dont on avait eu un aperçu avec le
regretté Oberyn Martell, mort un peu trop selon moi tant le personnage était
charismatique (mais c’est là aussi la force de cette œuvre contrairement à bien
d’autres : ici, personne n’est à l’abris et quand un personnage ultra
charismatique passe rapidement l’arme à gauche, un autre, sans grand intérêt,
peut durer toute la saga… en gros, comme dans la vie réelle) et nous entraine
de nouveau du côté des Iles de Fer, avec la lutte de succession pour le Trône
de grés, avec, là aussi, un nouveau protagoniste qui promet énormément :
un certain Œil de Choucas. Mais si quelques nouveautés sont au rendez-vous, les
anciens, du moins, une partie d’entre eux, ont droit au chapitre : alors
certes, si les passages dédiés a Sam et Brienne ne sont pas inintéressants à
strictement parler, car même s’il ne se passe pas grand-chose d’époustouflant
avec eux – après tout, ils se contentent de voyager tout le long du bouquin –
de par les quelques événements qui leur arrivent, ainsi que par leur évolution,
ils n’en sont restent pas moins nécessaires quant à l’évolution de l’intrigue.
Mais le point d’orgue de ce A Feast For
Crows, bien entendu, sont les chapitres consacrés aux Lannister. Indéniablement,
c’est un véritable régal que de suivre les deux jumeaux, Cersei et Jaime, la
première, régente du royaume, son fils Tommen étant trop jeune encore, s’englue
littéralement dans des mauvais choix qui s’avèrent qui plus est catastrophiques
tandis que sa paranoïa et sa haine de sa bru finissent par la pousser à se
mettre dans un sacré pétrin au final ; Jaime lui, protagoniste tout
bonnement ignoble dans le premier tome de la saga – normal, on ne le voyait que
sous le regard un peu trop hypocrite des Stark – poursuit son évolution et
semble, une bonne fois pour toutes, quitter le « côté obscur de la force »,
n’espérant qu’une seule et unique chose : devenir quelqu’un d’honorable,
le problème étant l’image que les autres ayant de lui et qui ne s’améliore pas
avec le temps – sauf Brienne mais elle, c’est son cœur qui parle. Alors je ne
dis pas que tout l’intérêt de ce quatrième volume du Trône de fer repose uniquement sur les péripéties des Lannister,
mais que ceux-ci y occupent une place non négligeable et centrale, c’est un
fait que l’on ne peut nier.
Bien
évidemment, A Feast For Crows, s’il
faut le comparer à ses devanciers, apparait néanmoins comme étant inférieure :
l’intrigue est certes toujours aussi excellente, la qualité, intrinsèque de la
série ne s’est pas envolée subitement du jour au lendemain, et certaines
révélations sur le passé de Westeros et des protagonistes méritent amplement le
détour, ajoutons à cela quelques événements notables et un final tout bonnement
digne des meilleurs moments de la saga est vous comprendrez que mon avis vis-à-vis
de ce quatrième volume du Trône de fer
est on ne peut plus positif. Pourtant, comme je vous l’ai dit, il n’empêche qu’il
apparait comme étant inférieur à ses prédécesseurs ; la faute,
probablement, a sa structure qui fait que l’on mette de côté la moitié des
personnages principaux, mais aussi, ne l’oublions pas, a cette sensation qu’en
presque neuf cent pages, il ne se passe pas, finalement, grand-chose. Quoi qu’il
en soit, un très bon ouvrage, selon moi, qui ne dénote absolument pas vis-à-vis
de ses devanciers, et ce, même s’il peut dérouter par moments. Enfin bon, tout
cela est bien gentil mais il est temps, désormais, de se lancer dans sa suite
et voir ce qu’il va advenir de John, Daenerys, Stannis, Tyrion, Theon, Davos et
les autres !
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