jeudi 4 août 2022

LA PLANÈTE SAUVAGE


LA PLANÈTE SAUVAGE
 
Sur la planète Ygam vivent les Draags, une espèce d'humanoïdes mesurant douze mètres de haut. Ils ont atteint les plus hauts sommets de la connaissance. Leur existence s’écoule lentement, toute entière tournée vers la méditation. Les enfants des Draags raffolent de minuscules animaux familiers, les Oms, ramenés d'une lointaine planète dévastée, Terra. Peu de Draags envisagent les Oms comme des créatures intelligentes, même s’ils sont doués d'une faculté d’adaptation certaine. Certains Draags considèrent même cette espèce comme nuisible, car si les Oms de luxe font la joie des petits, les spécimens qui s’échappent et retournent à l’état sauvage tendent à proliférer dans les parcs et volent des biens appartenant aux Draags. Terr est un bébé dont la mère, une Om sauvage, meurt lorsque des enfants Draags s'amusent avec. Tiwa, la fille de Sinh, est attendrie par le bébé et le recueille.
 

La Planète Sauvage
Réalisation : René Laloux
Scénario : René Laloux et Roland Topor d'après le roman de Stefan Wul
Musique : Alain Goraguer
Production : Les films Armorial, Service de la recherche ORTF, Československý Filmexport
Genre : Science-Fiction
Titre en vo : La Planète Sauvage
Pays d'origine : France, Tchécoslovaquie
Langue d'origine : français
Date de sortie : 06 décembre 1973
Durée : 72 mn
 
Casting :
Jennifer Drake : Tiwa
Éric Baugin : Terr enfant
William Coryn : Terr adolescent
Jean Topart : maître Sinh
Jean Valmont : Terr adulte et le narrateur
Jeanine Forney : la fiancée de Terr
Sylvie Lenoir : la voix
Yves Barsacq : un Om
Gérard Hernandez : un maître Draag
Philippe Ogouz : un Draag
Denis Boileau : un Draag
Julien Thomast : un jeune Om
 
Mon avis :
 Avant de rentrer dans le vif du sujet, c’est-à-dire, la critique à proprement parler de La Planète Sauvage, film d’animation de science-fiction de René Laloux et Roland Topor et qui fêtera, l’année prochaine, son cinquantième anniversaire, je tenais à m’attarder un peu sur mon histoire personnelle vis-à-vis de cette œuvre, car, il me semble, le sentiment que j’ai ressenti à son encontre pendant des années est symptomatique de ce qui m’arrive un peu trop souvent à mon gout : juger une œuvre sur une première impression et persister, coute que coute, dans ce jugement, sans aucune volonté de lui donner une seconde chance. Ainsi, dans le cas présent, disons que La Planète Sauvage est un cas d’école typique. Forcément, tous ceux qui connaissent cette œuvre – qu’ils l’aient vu ou, du moins, qu’ils sachent de quoi il en retourne – peuvent  imaginer comment un enfant de six ou sept ans peut l’apprécier à sa juste valeur ? Car ce fut sensiblement à cet âge que j’ai, pour la première et unique fois de ma vie, regarder cette fameuse Planète Sauvage présenté, lors de sa diffusion sur le petit écran au début des années 80, comme une pure merveille, le chef d’œuvre du cinéma d’animation français. Bien évidemment, ayant à cette époque d’autres préoccupations, d’autres gouts, et surtout, un vécu qui n’est pas celui d’aujourd’hui, le visionnage de ce film me laissa dans un état de perplexité total, voire pire, me dégouta a un point que… quatre décennies s’écoulèrent ! Car oui, pendant environ quarante ans, j’en étais resté à mon ressenti d’alors, estimant que, comme cette « chose » était française, qu’il en avait été fait des tonnes à son sujet, que franchement, c’était à mille lieux de véritables dessins animés de qualité et que cette Planète Sauvage et ses animations sous LSD tenaient davantage du délire pseudo-intellectuel bien de chez nous qu’autre chose… Et le temps passa, passa, les années d’abord, puis les décennies, sans que je ne daigne retenter l’expérience. Et puis, curieusement, il y a quelques semaines, j’avais lu un court article sur ce film et, alors que je l’avais presque oublié – mais l’on n’oublie jamais totalement La Planète Sauvage, ne serais-ce que pour ses dessins – j’eu la curieuse envie de le revoir, de découvrir, avec un regard plus mur et expérimenté, si, finalement, cette œuvre ne méritait pas que je lui donne une seconde chance… Bien entendu, me souvenant tout de même de mon vieux ressentit, je n’attendais pas grand chose de ce second visionnage, quatre décennies après, de La Planète Sauvage, pourtant, au bout de quelques minutes de film, je dus constater, un peu surpris, que finalement, ce n’était pas aussi nul que dans mes souvenirs. D’ailleurs, la bande son que je m’imaginais être un truc acide lambda s’avéra être, autre surprise, plutôt réussie, avec certes, une sonorité de l’époque, mais pas franchement désagréable, bien au contraire. Et puis, si les dessins, comme dans mon souvenir, étaient et restaient pour le moins particulier, je devais reconnaitre que, si je ne suis pas un immense fan de ceux-ci, loin de là, je ne pouvais m’empêcher de leur trouver une certaine qualité, me disant que le sieur Roland Topor, dans sa partie, était plutôt un bon. Spécial donc, un peu daté, certes, mais moins désagréable que prévu et d’ailleurs, nouvelle surprise, petit à petit, alors que l’intrigue avançait, je commençais a me prendre au jeu, à me dire que telle idée était plutôt pas mal, à m’amuser de rechercher les références et même, les inspirations que cette Planète Sauvage donna a d’autres œuvres ultérieures. Et puis… et puis… oui, c’était spécial, mais en fait, je me surpris à me dire que, finalement, c’était quand même pas mal pour l’époque et que, même si je ne voyais toujours pas en ce film d’animation le chef d’œuvre annoncé par certains, et bien, cela n’en restait pas moins plutôt bon ! Alors bien sûr, je ne suis pas rentré dans le vif du scénario, laissant le plaisir de la découverte a celles et ceux qui souhaiteraient tenter l’expérience. Pour les autres, ceux qui connaissent déjà cette œuvre, disons que celle-ci est en fait une adaptation d’un roman de Stefan Wul, Oms en Série, et paru en 1957 et que, au vu des petites recherches que j’ai effectué, elle est plus ou moins fidèle. Alors, il y aurait probablement beaucoup à dire sur cette Planète Sauvage, je ne le nie pas, mais je laisse cela à d’autres, autrement plus doués que moi, quant à moi, mon opinion au sujet de cette œuvre aura bien changer : certes, il aura fallu quarante ans environ pour cela, mais bon, comme on a coutume de le dire, vaut mieux tard que jamais, mais quoi qu’il en soit, si La Planète Sauvage n’est pas forcément un chef d’œuvre, si le passage du temps à jouer, forcément, sur la perception que les plus jeunes peuvent avoir de celle-ci, nul doute que nous avons tout de même une œuvre de qualité, plutôt audacieuse – en France – pour l’époque et qui mérite d’être vue, par tout amateur du genre, au moins une fois dans sa vie… 
 

Points Positifs
 :
- Sans aucun doute le meilleur film d’animation de science-fiction français, une œuvre culte aux yeux de pas mal de monde et qui, malgré les décennies écoulés et un certain vieillissement compréhensible, n’a rien perdu de son intérêt pour les amateurs du genre.
- Malgré le coté un peu daté de la chose, force est de constater que les dessins du sieur Roland Topor sont de toute beauté et que cet univers proposé est oh combien enchanteur pour les yeux.
- Une intrigue nettement plus profonde qu’on pourrait le penser de prime abord et qui s’avère être une ode à la fraternité entre les peuples, quelque soient leurs différences.
- Un univers plutôt riche, assez étonnant avec ses créatures improbables et qui fourmille de bonnes idées.
- Une bande originale en adéquation avec son époque – c’est du progressif – mais qui n’en reste pas moins fort réussie.
 
Points Négatifs :
- Une conclusion trop rapide selon moi, ce qui est dommage car il y avait, je pense, de quoi s’attarder un peu plus sur cette dernière partie.
- Dommage tout de même que Tiwa n’apparaisse plus une fois passé la moitié du film. Au vu de sa relation avec Terr, c’est un peu problématique.
- Il faut reconnaitre que La Planète Sauvage accuse nettement son âge et que l’ensemble apparait comme étant un peu daté.
- Malheureusement, je vois mal comment un public moderne peut accrocher à une œuvre d’un autre temps et qui, par son animation naïve, son style, sa narration et sa musique risque de laisser indifférent pas mal de monde…
 
Ma note : 7,5/10

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