lundi 24 août 2020

LES CITÉS OBSCURES – LA FIÈVRE D'URBICANDE


LES CITÉS OBSCURES – LA FIÈVRE D'URBICANDE

On apporte à l'Urbatecte Eugen Robick un cube vide uniquement dessiné par ses arêtes, découvert lors d'un chantier à la périphérie de Von Hardenberg. Thomas Broch, son meilleur ami, en jouant avec, le pose en biais sur le bureau d’Eugen. Cela déstabilisera ce cube qui se mettra à croître, ignorant la matière l'environnant, traversant les murs, tout en se démultipliant, formant un véritable réseau cubique, dont la maison d'Eugen est le centre. Cela provoque un vrai choc visuel et esthétique pour cette ville dont la symétrie et l'ordre font loi. Cette structure va peu à peu englober toute la ville, tissant un réseau dense et indestructible que même des canons de grande taille ne pourront ébranler – les vibrations provoquant tout au plus l'effondrement des bâtiments investis par les montants du réseau. Dans le même temps, Eugen va s'éprendre d'une dénommée Sophie, sa voisine.


Les Cités Obscures – La Fièvre d'Urbicande
Scénario : Benoît Peeters
Dessins : François Schuiten
Couleurs : François Schuiten
Couverture : François Schuiten
Éditeur : Casterman
Genre : Fantastique
Pays d’origine : France
Langue d’origine : français
Parution : 22 janvier 1985
Nombre de pages : 94

Mon avis : Il y a de cela quelques jours, j’avais eu l’immense plaisir de vous parler des Murailles de Samaris, premier volet de ce qui est, sans aucune contestation possible, une des œuvres de bande dessinées parmi les plus originales de ces quarante dernières années, je veux, bien évidemment, parler des Cités Obscures, un cycle totalement inclassable et qui ne se contente pas du simple médium de la BD, l’œuvre, dans son ensemble, ayant même été, par moments, déclinée sur d’autres supports aussi incongrus que les documentaires, les guides touristiques, la musique ou les émissions de radio. Bref, un monument absolument pas grand public pour un sou mais qui aura émerveillé bien des générations d’amateurs d’imaginaire… Et donc, après un premier volet qui annonçait de fort belle manière la couleur mais qui était peut-être un peu perfectible, peut-être en raison d’un final un peu trop rapidement expédié à mon gout, La Fièvre d’Urbicande, second tome des Cités Obscures, confirme non seulement tout le bien que l’on pouvait penser de l’œuvre de Benoît Peeters et de François Schuiten, mais aussi, que si l’on pouvait encore en douter, ce cycle serait incontestablement un chef d’œuvre ! Ainsi, qualitativement parlant, ce second volet est nettement supérieur à son prédécesseur et nous entraine, cette fois ci, dans la cité d’Urbicande, cité parmi les cités – mais je pense que chacune d’entre elle se voit ainsi – où un cube pour le moins singulier va la transformer a tout jamais une fois que celui-ci vas, mystérieusement, commencer à grandir jusqu’à recouvrir l’intégralité de la ville, apportant avec lui bouleversements architecturaux mais, également, changements sociaux pour le moins importants. Le lecteur, stupéfait par l’audace narrative des auteurs, suivra donc, par le biais du protagoniste principal de l’histoire, l'Urbatecte Eugen Robick, véritable génie dans sa partie et qui devient rapidement obnubilé par le cube, ce, tout au long d’une intrigue fort étonnante, bourré de bonnes idées et qui tiendra en haleine les lecteurs, ou, plus précisément, ceux qui sont capables de savourer une œuvre aussi singulière et qui est tellement originale qu’elle en fera fuir plus d’un… Pour finir, que dire des dessins du sieur François Schuiten ? Ici, nous avons droit au noir et blanc mais n’allez pas croire que l’absence de couleur soit un défaut, je peux vous assurez que ce n’est absolument pas le cas et que, graphiquement, La Fièvre d’Urbicande est un pur régal. Bref, si Les Murailles de Samaris vous avait plu, n’hésitez pas une seconde et jetez-vous sur cette Fièvre d’Urbicande, vous ne serez pas déçu le moins du monde, si cela n’avait pas été le cas – c’est possible, après tout, Les Cités Obscures sont une œuvre complexe – vous pouvez passer votre chemin même si je trouve cela fort dommage…


Points Positifs :
- La confirmation, incontestable, que Les Cités Obscures sont un incontournable de la bande dessinée. Il faut dire que La Fièvre d’Urbicande réussi la gageure d’être supérieure à son prédécesseur et que, tout en nous proposant un scénario de folie et original, réussit à captiver l’intérêt du lecteur de la première à la dernière page…
- Une histoire bien étrange de cube qui se met à grandir jusqu’à recouvrir l’ensemble de la ville tout en entrainant moult changements architecturaux mais aussi sociaux. Certes, au final, on n’en saura pas plus au sujet de ce cube mais là n’est pas le principal.
- La partie graphique est, bien évidemment, une des grandes forces de cette saga et si, dans ce second volet, les dessins sont en noir et blanc, ce n’est nullement un défaut, bien au contraire. Bref, François Schuiten fait étalage de tout son talent et nous livre des planches pour le moins magnifiques et bourrées de petits détails architecturaux fort inventifs que l’on retrouva tout au long de la série.
- Eugen Robick, malgré son apparence et son côté un peu misanthrope s’avère être, finalement, un protagoniste plutôt charismatique au final et j’ai même finit par éprouver un peu de compassion pour lui à la fin…
- Les amateurs d’architecture seront, bien entendu, aux anges en découvrant l’architecture d’Urbicande et, bien entendu, des divers changements apportés par le cube.

Points Négatifs :
- Il faut reconnaitre que Les Cités Obscures ne sont pas une œuvre à mettre entre toutes les mains, bien au contraire : ainsi, sans certaines connaissances culturelles, on passera à côté de la plupart des références, de plus, il faut apprécier cette histoire où l’ambiance prime sur l’action et qui fait la part belle à l’architecture d’une cité plutôt que de développer des protagonistes qui, accessoirement, sont peu charismatiques.

Ma note : 8,5/10

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