SERVITUDE – LE CHANT D'ANORŒR
Au royaume des fils de la terre, le
chevalier Kiriel fait route vers la capitale pour y être marié à Lérine, la
fille du roi Garantiel d’Anorœr. Sur le chemin, il passe prendre son ami
vigneron Delorn, sur lequel il compte pour être témoin de la cérémonie. Cette
alliance est critiquée, car Kiriel n’est pas de sang noble. Mais le roi, qui a
toute confiance en lui, veut faire évoluer la lignée qui ne s’est que trop
perpétrée à travers des mariages consanguins. D’ailleurs Tarquain, le propre
frère de Lérine, tente encore d’influer sur la décision de leur père, car il
est l’amant de sa sœur. Parmi les invités de la famille royale accueillant avec
des sentiments mitigés ce roturier dans leur généalogie, se trouve une déléguée
du prince de Vériel qui n’a pas daigné venir en personne. Outre ce mariage
controversé, un vent de renversement souffle sur le royaume. Les vieilles
querelles semblent refaire surface et des mercenaires sont mystérieusement
recrutés à l’est. Le soir même de la noce, une légion entière est décimée à
proximité du château. Dès le lendemain, le roi demande à Kiriel de lui servir
d’ambassadeur auprès du prince de Vériel…
Servitude – Le Chant d'Anorœr
Editeur : Soleil
Scénario : Fabrice
David
Dessins : Eric
Bourgier
Couleurs : Eric
Bourgier
Genre : Heroic
Fantasy
Pays d’origine : France
Langue
d’origine : français
Parution : 01
mai 2006
Nombre de pages : 60
Mon
avis : Ce fut par le plus grand des hasards
(mais celui-ci ne fait décidément pas bien les choses ?) que j’ai
découvert Servitude, en lisant un
numéro du magazine Zoo, et,
immédiatement, j’eu comme un coup de cœur : ni une, ni deux, je me suis
renseigner sur cette BD et, sans plus perde de temps, me la suis procurer, tout
cela, en moins de deux semaines. Mais malgré ce coup de cœur, la grande
question était : est-ce que cela allait me plaire ? Et ben
franchement, oui, sans nul doute et je m’en réjouie ! J’ai lu ce premier tome
de Servitude, ce Chant d’Anorœr dans la soirée d’hier, d’une seule traite, et
sincèrement, j’ai été conquis par celui-ci. Déjà, la couverture : à la fois
sobre car pas vraiment tape a l’œil mais franchement belle avec ses tons
sépias, l’on y découvre le protagoniste principal du récit, le maitre d’armes
Kiriel. Et là, tout de suite, on se dit : «
bigre, ce dessinateur a un talent fou pour les détails ! ». L’on tourne les
pages, on découvre un long poème qui résume le passé de ce monde imaginaire
puis la carte, comme il se doit, de celui-ci, mais aussi, toujours ce ton de
couleur particulier qui d’ailleurs, sera présent de la première a la dernière
page de cet album : car oui, le lecteur se doit d’être prévenu, dans Servitude, il ne faut pas s’attendre à
des explosions de couleurs en tous sens puisque l’on en aura que trois : blanc,
noir et marron, enfin, tout un tas de marrons, clairs, foncés etc. Bref, une
ambiance sépia qui peut déconcerter de prime abord mais qui va à merveille dans
le cas présent. Et comme en plus, personnellement, j’adore le sépia, vous
imaginez bien à quel point une telle prise de risque (car s’en est une) pouvait
me plaire. Ajoutez à cela des dessins tout bonnement excellents (je ne
connaissais pas Eric Bourgier mais le bougre est franchement bon), que ce soit
par les détails des décors (villes, paysages, architecture cyclopéenne) et des
diverses tenues des nombreux protagonistes, je ne déplorerai qu’un seul petit
bémol : le fait que bien souvent, l’on ait du mal à reconnaître qui est qui, la
faute à une trop grande ressemblance des visages. Mais hormis ce détail – je le
reconnais, gênant – pour le reste, il n’y a rien à dire, c’est du grand art. Mais
le nerf de la guerre, ne l’oublions pas, plus encore que les dessins, c’est la
qualité scénaristique d’une œuvre, et la, quand on s’attaque à un énième récit
de Fantasy, l’on peut, a raisons, éprouver quelques craintes parfois
compréhensibles. Bien heureusement, il n’en est rien, au contraire même !
Certes, dans ce premier tome de Servitude,
l’auteur, Fabrice David, met tranquillement – mais surement car l’on ne
s’ennuie pas une seconde – en place son univers, le passé de celui-ci, les
forces en présence et nous présente, bien entendu, les protagonistes qui nous
accompagnerons dans ce cycle. Mais immédiatement, toutes les craintes que l’on
pouvait avoir quant au risque de se retrouver, pour la énième fois, devant un
vulgaire copié/collé du Seigneur des
anneaux comme la production de masse grand public de Fantasy a l’habitude
de nous abreuver, toutes ces craintes donc, s’envolent aussitôt : ici, et c’est
tant mieux, pas de nains et d’elfes (merci, oh merci !), du moins, pour le
moment, mais des hommes dans un monde où d’autres créatures ont pu exister,
certes, dans le passé, mais qui, désormais, ont, soit disparu – les géants –
soit sont en sommeil – les dragons – et du coup, plutôt que de se taper pour la
millième fois un truc avec des orcs, des elfes et des magiciens au chapeau
pointu, Fabrice David nous propose un magnifique monde entré en décadence
depuis longtemps, où subsiste encore quelques traces d’un passé bien plus
glorieux, mais où l’homme (qu’il soit du commun ou descendant des géants) est
la figure intelligente principal de celui-ci. Certes, on a compris qu’il y a
encore des dragons et l’on se demande même qui peut être ces fameux anges dont
on aperçoit, dans une case, l’un de leurs vaisseaux volants, mais pour le
moment, tenons-nous aux hommes ; hommes et femmes dont les comportements –
trahison, ambition, un certain racisme envers les classes inférieures, inceste
caractérisé et assumé (rare en Fantasy) – nous donnent au final une œuvre adulte,
assez éloignée des canons de la Fantasy de supermarché, ce qui, selon moi, n’en
est pas plus mal. Bref, vous l’avez compris, j’ai été conquis par Le chant d’Anorœr, premier volume de Servitude, que dis-je, j’ai même été
emballé par celui-ci et j’ai vraiment hâte de découvrir la suite, c'est-à-dire,
de voir ce que les deux autres volumes parus jusqu'à maintenant ont dans le
ventre, ce qui, d’ailleurs, ne devrait pas trop tarder.
Points Positifs :
- De la Fantasy adulte pour un
publique adulte : c’est suffisamment rare pour ne pas le signaler et le
mettre en avant. Complots, inceste, ambitions humaines, voilà ce qui prime dans
ce premier volume ou le fantastique est quasiment absent pour le moment.
- Qui dit Fantasy adulte dit forcément
protagonistes plus complexes qu’en temps normal et même si pour le moment, les
auteurs nous les présentent, il y a de quoi commencer à se faire quelques idées
sur ceux-ci.
- Graphiquement, c’est une pure
merveille : Eric Bourgier maitrise le crayon d’une main de maitre et nous
livre une prestation exceptionnelle, que ce soit au niveau des décors, souvent
magnifiques, que des personnages.
- Le ton sépia de l’ensemble :
de prime abord, ce choix artistique peut dérouter, pourtant, il s’avère etre un
coup de génie et est un plus indéniable a l’ensemble.
- Un poème au début pour présenter
l’univers, une carte pour que l’on s’y retrouve ; rien à dire, c’est
parfait !
Points Négatifs :
- Eric Bourgier dessine
merveilleusement bien, je ne le nie pas, mais par moments, il est difficile de
reconnaitre certains protagonistes au look un peu trop semblable.
Ma note : 9/10
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