mardi 7 août 2018

L'AFFAIRE CHARLES DEXTER WARD


L'AFFAIRE CHARLES DEXTER WARD

Providence, 1928, Charles Dexter Ward, un homme de vingt-six ans interné en maison de santé vient de disparaître sans laisser de trace. Le narrateur, Marinus Willet, médecin de la famille Ward depuis des années se remémore la progressive transformation qui vit le jeune homme enthousiaste féru d'archéologie et de généalogie devenir dément. À l'hiver 1919-1920, Charles découvrit au cours de ses recherches en généalogie qu'il avait parmi ses ancêtres un certain Joseph Curwen. Selon la croyance populaire, Joseph Curwen aurait fui Salem en 1692 lorsque les persécutions contre les sorciers et sorcières débutèrent de peur d'être lui-même accusé de sorcellerie à cause des expériences de chimie et d'alchimie qu'il pratiquait. Il s'installa à Providence comme armateur et il devint très vite une curiosité locale. Outre le fait qu'il ne semblait pas vieillir, une foule de faits bizarres contribuaient à alimenter la croyance populaire : trafic d'esclaves, hurlements venant de sa ferme, lumières étranges la nuit à ses fenêtres, cargaisons mystérieuses ramenées par ses navires et surtout, de nombreuses disparitions parmi les marins qu'il employait.


L'Affaire Charles Dexter Ward
Auteur : H. P. Lovecraft
Type d'ouvrage : Horreur, Fantastique
Première Parution : 20 mai 1941
Edition Poche : 08 janvier 2002
Titre en vo : The Case of Charles Dexter Ward
Pays d’origine : Etats-Unis
Langue d’origine : Anglais
Traduction : Jacques Papy et Simone Lamblin
Editeur : J’ai Lu
Nombre de pages : 126

Mon avis : Indéniablement, HP Lovecraft restera a jamais comme un des plus grands auteurs du vingtième siècle, du moins, pour ce qui est du fantastique et de l’horreur, car bon, comment dire, encore de nos jours, plus de quatre vingt ans après sa mort, nombreux sont ceux qui ne jurent que par lui, nombreux sont ceux qui connaissent sous le bout du doigt les œuvres de l’auteur, et, bien entendu, nombreux sont ceux pour qui des noms comme Le Necronomicon, Cthulhu ou Nyarlathotep sont a ranger au panthéon des plus belles créations du fantastique. Car Lovecraft, malgré sa mort précoce et le fait qu’il ne connut pas le succès de son vivant, laissa un héritage monumental qui inspira bien d’autres auteurs par la suite, sans oublier, bien entendu, toute une partie de la culture populaire, même si certains n’ont jamais entendu parler du reclus de Providence… Bref, un auteur majeur auquel, enfin, je propose la critique d’une de ses œuvres sur ce blog et pas n’importe laquelle puisque L’Affaire Charles Dexter Ward est l’une des plus connues, en tous cas, sa plus longue, celle-ci pouvant être qualifiée de longue nouvelle ou de très court roman, c’est selon… Alors certes, ici, pas de Grands Anciens et autres Dieux Extérieurs ni même de races extraterrestres comme La Grande Race, cependant, le récit, axé sur les recherches d’un jeune homme féru d’histoire, n’en reste pas moins en parfaite adéquation avec le reste de la production du maitre : quelques subtiles références sont faites a d’autres nouvelles, sorcellerie et nécromancie sont a l’œuvre et, bien entendu, on a droit a quelques horreurs insondables sans oublier que le héros – Charles Ward – finit mal, comme tout bon personnage Lovecraftien. Mais le meilleur, dans cette intrigue, c’est bien évidement cet inquiétant ancêtre, ce sombre et charismatique Joseph Curwen, une espèce de pseudo alchimiste nécromancien de son état. Un individu qui va, par delà les siècles, rapidement fasciner notre jeune héros au point même que celui-ci, obnubilé par celui-ci et ses recherches va inquiéter de plus en plus ses proches. Bien évidement, je ne dévoilerai nullement le déroulement de l’intrigue, me contentant de préciser que celle-ci est composée en trois parties : une première qui nous éclaire sur la vie de Curwen, une seconde sur celle de Charles Dexter Ward et, pour finir, une troisième où le médecin de famille résous l’énigme, aussi indicible soit-elle. L’histoire, en elle-même, est bonne, très bonne même, cependant, Lovecraft, plus habitué à des textes plus courts, a un peu de mal à maitriser sa narration et se perd un peu par moments dans une foule de détails par moments inutiles. Ceux-ci nuisent un peu a l’ensemble mais cela n’empêche pas cette Affaire Charles Dexter Ward d’être un incontournable du genre : de par son ambiance, son intrigue et pour ces hommes qui traversent les siècles, trompent la mort et commercent avec des forces d’un autre monde. Bref, un incontournable de Lovecraft, indispensable, bien évidement, pour tout fan du maitre !


Points Positifs :
- Une des œuvres les plus connues de Lovecraft, même si ce n’est pas la meilleure. Il faut dire que le postulat de départ est excellent et que même si on comprend rapidement que le héros a été remplacé par son ancêtre, c’est un vrai régal que de suivre tout le cheminement, jusqu’à une conclusion, elle, proche de la perfection.
- Charles Dexter Ward, jeune homme obnubilé par un de ses ancêtres, ce qui causera sa perte, Joseph Curwen, nécromancien et alchimiste charismatique et inquiétant. Bref, deux personnages qui marquent les esprits !
- Cette idée que des hommes sont capables de traverser les époques, trompant la mort s’il le faut et que, qui plus est, usent et abusent de leurs pouvoirs pour ramener a la vie des décédés afin d’apprendre leurs connaissances et un pur coup de génie de Lovecraft !
- Une longue nouvelle ou un court roman ? En tous cas, dans L’Affaire Charles Dexter Ward Lovecraft développe davantage son récit, s’attarde sur des détails, donne un peu plus de consistance a ses protagonistes et ce changement est plutôt appréciable.
- Le style habituel de l’auteur qui ravira, bien évidement, les amateurs du reclus de Providence.

Points Négatifs :
- Si l’on peut louer le fait que dans L’Affaire Charles Dexter Ward, Lovecraft ait souhaité nous offrir un récit qui tenait davantage du roman fait de cette force une… faiblesse par moments. Ainsi, les deux premières parties usent et abusent de détails sans grand intérêts, l’auteur n’étant visiblement pas habituer à des formats aussi longs. Cela est dommage car, du coup, par moments, la lecture est un peu pénible.
- Dommage que l’on comprenne rapidement que le héros n’est pas fou mais qu’il a été remplacé par son ancêtre. Davantage de suspens n’aurait pas été une mauvaise idée.

Ma note : 7,5/10

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