LA
BRIGADE CHIMÉRIQUE – TOME 4
Ils
sont nés sur les champs de bataille de 14-18, dans le souffle des gaz et des
armes à rayons X. Ils ont pris le contrôle des grandes capitales européennes.
Par-delà le bien et le mal. Les feuilletonistes ont fait d'eux des icônes. Les
scientifiques sont fascinés par leurs pouvoirs. Pourtant, au centre du vieux
continent, une menace se profile, qui risque d'effacer jusqu'au souvenir de
leur existence. Le Nyctalope et l’Accélérateur sont en visite en Russie, pour
rencontrer le Grand Frère, mais « Nous Autres » retarde chaque
jour l’entrevue stratégique. À Paris, Irène Joliot-Curie persuade Jean Séverac
de profiter de l’absence de Saint-Clair pour mener un raid dans son QG de
Montmartre afin de délivrer Gregor Samsa, le Cafard, que le protecteur de Paris
retient prisonnier. Quant à Félifax, l’homme-tigre, il effectue pour le Conseil
une mission de reconnaissance à Metropolis, d’où le Docteur Mabuse manigance de
maléfiques projets...
La Brigade
Chimérique – Tome 4
Scénario
: Serge Lehman, Fabrice Colin
Dessins
: Gess
Encrage : Gess
Couleurs : Céline
Bessonneau
Couverture : Gess
Genre : Super-Héros
Editeur : Atalante
Titre
en vo : La Brigade Chimérique – Tome 4
Pays
d’origine : France
Langue
d’origine : français
Parution
: 25
mars 2010
Editeur
français : Atalante
Date
de parution : 25 mars 2010
Nombre
de pages : 52
Liste
des épisodes
Episode
6 – Politique Internationale
Episode
7 – H.A.V. Russe
Mon
avis : Assez curieusement, ma première impression
après avoir lu ce quatrième volume de La
Brigade Chimérique ne fut pas des plus positives : certes,
j’avais bien aimé les deux nouveaux épisodes proposés mais je n’avais pas
retrouvé le même enthousiasme que précédemment. Déception ? Je n’en étais pas
encore là mais ce qui était sur, c’est que je me posais pas mal de questions
quant a la valeur de ce volume. Pourtant, au fil des heures et de mes
interrogations, forcement légitimes, j’ai commencer a changer d’avis, a
regarder au delà de mes sentiments premiers et a rechercher la qualité là où
elle était, car que l’on ne se trompe pas, celle-ci n’avait pas le moins du
monde disparue. Et là, après une bonne nuit de sommeil, j’ai commencé à y voir
plus clair : oui, le quatrième tome de La Brigade Chimérique est
tout aussi bon que ses prédécesseurs, et si j’ai put a un moment donné en
douter, c’est parce qu’il est différent, tout simplement. En fait, comme cela
est souvent le cas, tout est une affaire de gouts. La où certains auraient put
se morfondre devant le manque d’action et d’avancée dans le scénario, selon
eux, pendant les trois premiers tomes de la série, pour moi, ce fut un bonheur
presque total : j’aime lorsque les choses prennent leur temps, que l’on
s’attarde sur tel élément, que l’on avance ces pions petits a petits et que
l’intrigue et les révélations qui en découlent ne soient pas apportées tout de
suite sur un plateau. Ainsi, que les auteurs aient pris la peine de s’étaler
sur une bonne moitié de leur série pour, premièrement, présenter les
personnages, l’univers, puis nous éclaircir quant au pourquoi du comment du
lien entre le Docteur Severac et la Brigade Chimérique ne me gêna pas le moins
du monde, bien au contraire. Le problème, c’est que m’étant en quelque sorte
habitué a ce rythme de sénateur, ce tome quatre, forcement, d’un tout autre
style me déconcerta au départ. D’où ma première impression, pas franchement
positive, et mes interrogations. Or, après coup, ce changement de cap, cette
entrée de plein pied dans le nœud du problème, c'est-à-dire la politique
internationale de l’époque, le jeu des alliances et, surtout, un processus
narratif bien plus axé sur l’action était, premièrement, parfaitement
justifiable, deuxièmement, oui, un véritable petit régal. La Brigade
Chimérique est avant tout une Uchronie, que l’on ne s’y trompe pas.
Donc, du coup, ce monde à la fois différent et proche du notre nous
interpellera de diverses façons mais ce qui est sur, c’est que du point de vu
des alliances entre les différents partis au pouvoir, les auteurs ne se sont
pas éloignés d’un iota de ce qui a put se passer avant guerre, du coup, a moins
d’être une bille totale en histoire, je pense que chaque lecteur de cette bande
dessinée connait un temps soit peu la situation des nations européennes avant
guerre : puissantes dictatures fascistes et communistes d’un coté avec les
faibles démocraties au beau milieu. Mais que l’on ne s’y trompe pas, certes, il
n’y aura pas d’élément de surprise au sens propre du terme, par exemple quant
au sort des populations juives ou pour ce qui est des alliances mêmes les plus
improbables du point de vu idéologique de l’époque. Mais là où les auteurs font
très fort, et cela est un atout non négligeable pour la valeur de cette série,
c’est de réussir ce superbe numéro de haute voltige entre le réel et
l’imaginaire, d’utiliser les événements du passé tout en les modifiants et du
coup, réussir à surprendre le lecteur de la plus superbe des façons. Et puis,
ne nous voilons pas la face, on l’attendait ce moment, depuis le prologue pour
être plus précis où tous les super-héros européens étaient réunis dans la ville
de Metropolis… Depuis lors, on s’était attardé sur les mystères liés au Docteur
Severac, et si celui-ci n’a pas disparut de l’intrigue, indéniablement, ce quatrième
volume est plus axé sur les liens entre les divers protagonistes, leurs
alliances, bref, la politique internationale qui annonce le conflit à venir. Et
là aussi, le jeu en vaut la chandelle car la personnalité de certains se
dévoile, tandis que pour d’autres, ce que l’on se doutait se justifie : en
particulier le fameux Nyctalope, assez étrange et qui apparaissait assez imbu
de sa personne jusque là mais dont on va se rendre compte a quel point son
égocentrisme est important. D’ailleurs, paraissant peu charismatique de part
son apparence au départ, ce personnage mérite le détour est se trouve, selon
moi, être l’un des plus intéressants du point de vu psychologique ce qui en fait
une agréable surprise. De même, je suis vraiment curieux de voir quels secrets
cache la mystérieuse George Spad avec ses crises spectaculaires d’écriture
automatique. Bref, malgré une première impression pas franchement
enthousiasmante, ce quatrième volume de La Brigade Chimérique s’avère
être aussi bon que ses prédécesseurs, que dis-je, après coup, il apparait comme
étant le meilleur depuis le début. Certes, il est différent, mais cette fois
ci, on commence à rentrer dans l’action a proprement parler et les auteurs ont
fait un tel travail sur la psychologie des protagonistes ainsi que sur la
crédibilité de leur univers qu’une fois de plus, je ne pourrais que redire pour
la énième fois : nous avons bel et bien affaire a un chef d’œuvre ! Tenez,
juste une petite pierre à l’édifice de tout ce que l’on peut trouver de positif
à La Brigade Chimérique : la petite scène du début, qui se
déroule a Moscou, avec ce super vilain a l’apparence peut être ridicule mais
qui représente si bien le grand capital comme les caricatures le représentait a
l’époque : un type en costume de banquier avec une tête de pieuvre. Ridicule ?
Oh que non ! Et puis en face, cette idéologie de « Nous Autres » où
la multitude prime sur l’individu, tellement bien représentative de ce que
pouvait être l’URSS sous Staline. Franchement, un must, quand je vous dis que
cette BD est un véritable petit bijou !
Points
Positifs :
- Après
trois volumes où les auteurs avaient prit le temps pour présenter leurs
protagonistes, leur univers et, au passage, dévoilé certaines réponses a des
questions que l’on pouvait se poser, ce quatrième tome de La Brigade Chimérique est très différent et on sent enfin que
l’intrigue est belle et bien lancée. Il faut dire que dans cet album, les
enjeux passent à une autre échelle et on comprend enfin quelle menace nos héros
vont devoir affronter.
-
Lehman et Colin ont sut superbement lier leur histoire a celle de notre monde
réel et même si de nombreuses différences subsistent naturellement, dans les grandes
lignes, l’Allemagne de Mabuse et l’URSS de Nous Autres ne font qu’agir comme
celle d’Hitler et de Staline. Dans le même ordre d’idées, l’échec des
démocraties se retrouve également dans cet album, sous une autre forme.
-
Psychologiquement parlant, le Nyctalope est une vrai réussite – il faut dire
que voir cet ancien héros tomber si bas est tellement pathétique qu’il en
devient génial. A coté de cela, des protagonistes comme George Spad ou Severac
méritent le détour également.
-
Toujours ces très nombreuses références a tout un pan de la culture populaire
de la première moitié du vingtième siècle mais aussi a l’Histoire.
-
Les dessins de Gess qui, bien entendu, raviront ses fans.
-
Le cambrioleur a tête de pieuvre avait tout pour être ringard, or, là où l’on
reconnait le génie des auteurs, c’est qu’ils ont réussis a rendre son
apparition géniale !
Points
Négatifs :
-
Comme d’habitude, on ne peut que regretter ce format, beaucoup trop petit selon
moi.
-
Bien évidement, si vous ne possédez pas une bonne culture générale sur cette
époque – y compris en Histoire – alors, vous passerez à coté de la profondeur
de cette œuvre.
Ma
note : 9/10
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