mardi 13 novembre 2012

LA CHAMBRE DES OFFICIERS



LA CHAMBRE DES OFFICIERS

Au début du mois d'août 1914, Adrien, un jeune et séduisant lieutenant, part en reconnaissance à cheval. Un obus éclate et lui arrache le bas du visage. La guerre, c'est à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce qu'il la passe, dans la chambre des officiers. Une pièce à part réservée aux gradés atrocement défigurés par leurs blessures. Un antre de la douleur où chacun se voit dans le regard de l'autre. Cinq ans entre parenthèses à nouer des amitiés irréductibles avec ses compagnons d'infortune. Cinq ans de reconstruction pour se préparer à l'avenir, à la vie.


Ce dimanche, comme chacun sait, ou devrait le savoir (car en toute sincérité, je ne me fais plus guère d’illusions sur les connaissances historiques des nouvelles générations), 11 novembre 2012, nous fêtions, un peu partout en Europe, la fin de la première guerre mondiale, la célèbre der des ders, qui, bien entendu, ne le fut pas, et qui s’acheva donc, a la même date, il y a presque un siècle, en 1918. Ecrire cela, pour quelqu’un né en 1974, donc, bien après ce terrible conflit, parait tout de même incroyable : plus jeune, cette première guerre mondiale, pourtant lointaine dans le temps, ne me le paraissait pas tant, or, a chaque année qui défile, et alors qu’en 2014, nous fêterons le centenaire du début des hostilités, je commence à me rendre compte de tout le temps qui s’est écoulé depuis. Mais bon, d’ici deux ans, il y aura probablement de quoi vous en dire davantage, et surtout, de rappeler aux plus jeunes d’entre nous, qui n’aurons connus que la paix – ce qui fut mon cas également – quelle importance dans l’Histoire put avoir la première guerre mondiale, et surtout, quelle principale conséquence elle eut : je veux bien évidement parler de la chute de la toute-puissance de la civilisation européenne qui se donna le coup de grâce final deux décennies plus tard.


Mais là n’est pas mon propos dans ce billet de vous donner mes impressions sur ce conflit meurtrier et dévastateur pour le continent européen puisque, comme vous l’avez compris, c’est d’un film, La chambre des officiers, que je vais vous entretenir. Un long métrage sur la première guerre mondiale, c’est toujours, de mon point de vue, une bonne nouvelle, car même si les films qui lui sont consacrés ne sont pas aussi rares que l’on pourrait le penser de prime abord – disons qu’il faut les chercher un peu – si l’on fait la comparaison avec le deuxième conflit mondial, l’on ne peut que constater à quel point celle-ci est mise en avant, et de très loin, vis-à-vis de sa devancière. Est-ce dut au fait qu’en 39/45, entre un ennemi parfaitement identifié et représentatif des pires horreurs, l’Allemagne nazi et Hitler, des chefs d’état charismatiques et surtout, la main mise d’un cinéma américain qui se plait à se mettre en valeur, 14/18, conflit plus ambigu, sans véritables bons ni méchants, de fait, ne pouvait rivaliser ? Probablement. Quoi qu’il en soit, du coup, je n’hésite jamais à me laisser tenter par une œuvre se déroulant pendant ce conflit – il faut dire, que bien souvent, celles-ci sont particulièrement de bonnes qualités.


Sortit en 2001 déjà et tiré du roman éponyme, La chambre des officiers avait alors connu un certain succès critique qui, de mon point de vu, est assez mérité. Bien évidemment, dans le film, certaines différences apparaissent vis-à-vis de l’œuvre originale, et, principalement, le fait qu’ici, l’on s’en tienne à la période de la guerre, en gros, tout le temps de convalescence qu’il aura fallu a Adrien, le personnage principal – la fin du long métrage ne s’attardant guère malheureusement sur son retour à la vie dite « normale ». Mais si ces différences, normales et que l’on retrouve toujours lors de tout transfert d’une œuvre littéraire à l’écran, existent, et j’y reviendrai, dans les grandes lignes, le synopsis principal, l’idée maitresse initiale est toujours présente : je veux bien évidement parler de tout le processus de reconstruction d’Adrien, horriblement défiguré dès les premiers instants de la guerre et pour qui rien ne sera plus jamais comme avant, quoi qu’on puisse en penser. Bien évidemment, ici, point d’actes de bravoures, point de grandioses scènes de combat, la quasi intégralité du film se déroulant dans un hôpital militaire, et plus précisément dans cette fameuse chambre destinée aux officiers – sur ce point, il peut paraitre curieux que bon nombre de films sur la première guerre mondiale montrent finalement si peu sur celle-ci ?! Du coup, avec un tel scénario, les amateurs de grand spectacle auront rapidement pris la fuite, à moins que, film français oblige, ils n’aient même pas tenté l’expérience. Tant pis pour eux, tant mieux pour les autres, car, ce qui est sûr, c’est que pour tous les amoureux de films plus intimistes, plus centrés sur les sentiments des protagonistes, une œuvre comme La chambre des officiers ne peut que les intéresser.


Pourtant, malgré le fait que, incontestablement, cela soit un bon film, malgré le fait que les acteurs, engagés, précis et plutôt doués, jouent à merveille, malgré de superbes images – ah, ce sépia qui s’impose tout au long du film – et quelques bonnes idées ainsi que quelques scènes marquantes (personnellement, j’ai particulièrement apprécier le médecin plus enthousiasmer par les possibilités d’avancées médicales que lui ouvrent la guerre, mais qui, pourtant, n’en semble pas moins attaché à ses patients à sa manière), je dois reconnaitre que j’ai eu du mal avec la fin du film, trop rapidement expédiée selon moi. En effet, pendant deux heures, l’on suit, tranquillement, très tranquillement, la lente reconstruction d’Adrien et de ses compagnons, et puis, en moins d’un quart d’heure : sortie d’hôpital, retour à la vie civile, il se rend compte que sa Clémence fantasmée n’était qu’une chimère, quelques grimaces avec une petite dans le métro puis une rencontre un peu bête dans la rue et c’est tout… Mouais, bon, pour un film sur les gueules cassés, probablement les grands oubliés de l’Histoire, j’ai trouvé cela un peu léger, ne serais ce que pour les difficultés de retrouver une vie normale, de supporter le regard des autres etc., choses dont la version ciné de La chambre des officiers, finalement, fait abstraction. 

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