SHEPHERDS
AND BUTCHERS
Afrique
du Sud, 1987. Lorsque Leon, un jeune gardien de prison blanc âgé de 19 ans,
commet un acte d’une violence inexplicable – il assassine sauvagement sept
hommes noirs –, l’issue de son procès semble courue d’avance. John Weber, un
célèbre avocat d’origine britannique, accepte l’affaire à contrecœur. Il
découvre que Leon a travaillé dans le couloir de la mort de la prison la plus
célèbre du pays, dans des conditions particulièrement traumatisantes : il y
côtoyait les prisonniers pendant des années, il se liait d’amitié avec eux mais
il devait ensuite assister à leur exécution. La défense de Leon donne alors à
John l’occasion de faire le procès de l’ensemble du système juridique
légalisant la peine de mort.
Shepherds and Butchers
Réalisation
: Oliver Schmitz
Scénario
: Oliver Schmitz
Musique : Brian
Cox
Production : Videovision
Entertainment, Distant Horizon, Times Media Films
Genre : Drame
Titre
en vo : Shepherds and Butchers
Pays
d’origine : Afrique du Sud, Etats-Unis,
Allemagne
Parution
: 13
février 2016
Langue
d'origine : anglais, afrikaner
Durée
: 103
min
Casting :
Steve Coogan : John Weber
Andrea
Riseborough : Kathleen Marais
Garion Dowds : Leon Labuschagne
Marcel van
Heerden : Juge J. P. van Zyl
Deon Lotz : Adjudant Rautenbach
Robert Hobbs : Pierre De Villiers
Mon
avis : Il est amusant comment, parfois,
certains films sont totalement méconnus non seulement du grand public mais
même, j’oserais l’affirmer, d’un public que l’on peut qualifier comme étant un
peu plus connaisseur, car bon, comment dire, ce Shepherds and Butchers, pour en avoir entendu parler, il faut se
lever de bonne heure a moins d’être un familier du cinéma sud-africain ou bien,
comme moi, d’être abonné à Netflix. Mais
bon, même dans ce cas là, on ne peut pas dire que ce long métrage ait vraiment
été mis en avant, c’est plutôt le contraire d’ailleurs, bref, a moins d’un coup
de bol monumental et de se dire qu’il fallait bien occuper une soirée en cette
période de confinement, il est clair que j’aurais put parfaitement passer à
coter de ce véritable petit bijou… Oui, j’ose et j’affirme bien fort : Shepherds and Butchers est un superbe
film, une œuvre plutôt rare, comme on n’en fait que trop rarement et qui,
malgré sa simplicité initiale – un meurtre, un procès perdu d’avance tellement
la culpabilité du coupable est flagrante, un avocat qui va se démener afin de
sauver son client – s’avère être une bonne, que dis-je, une très bonne
surprise. Ainsi, après un début loin d’être enthousiasmant, il faut le
reconnaitre, on comprend rapidement que, plus qu’un simple procès, nous allons
avoir affaire a plusieurs mises en causes, celle du système carcéral de l’Afrique
du Sud du temps de l’Apartheid, celle des nombreuses condamnations a morts de l’époque
et de la manière dont les gardiens du couloir de la mort travaillaient à la
chaine et, bien entendu, dans un sens plus large, celle de la peine de mort elle-même.
Du coup, on comprend que le combat de cet avocat, superbement interprété par un
Steve Coogan en état de grâce, n’est pas d’innocenter son client – cela est
impossible – mais de tenter de justifier… l’injustifiable. Tache oh combien
ardue, surtout dans l’Afrique du Sud de l’époque où tout était classer raison d’état,
mais aussi vis-à-vis des familles des victimes, ce qui nous amène a réfléchir,
la aussi, sur la place de ces dernières, bien souvent les grandes oubliées des
procès en tout genre… Bref, Shepherds and
Butchers est une œuvre bien plus intelligente qu’on aurait put le penser de
prime abord et qui s’avère être franchement captivante, pour peu, bien entendu,
que l’on soit amateur de procès et de débats interminables, une œuvre qui nous
amène à réfléchir et qui, comme je le disais en préambule de cette critique,
mériterait vraiment d’être plus connue, mais bon, quoi qu’il en soit, je suis
bien contant d’être tomber dessus, même par hasard, le jeu en aura largement valut
la chandelle !
Points
Positifs :
-
Une œuvre d’une intelligence rare et qui nous pousse à la réflexion sur tout un
tas de thématiques à la fois différentes et liées : peine de mort, sort
des victimes et de leurs familles, responsabilité de la société, circonstances atténuantes,
etc. Ainsi, de l’évidence initiale – le gardien de prison est bien coupable,
aucun doute là-dessus – tout le propos du film est de nous amener à comprendre
comment il en est arrivé à ce geste fatal.
-
Bien entendu, en filigrane, il y a également la société sud-africaine de l’époque
de l’Apartheid, ce qui rappellera bien des mauvais souvenirs au plus agés d’entre
nous…
-
Coté casting, il n’y a rien à redire, celui-ci est plutôt bon mais il est
évidant que Steve Coogan est nettement au-dessus du lot et livre ici une
performance magnifique !
-
Toute la brutalité et l’horreur du couloir de la mort et des pendaisons des condamnés
sont montrées sans la moindre concession, ce qui renforce le propos principal
du film.
Points
Négatifs :
-
Il faut reconnaitre qu’il faut apprécier ce genre de longs métrages où,
principalement, on a affaire uniquement à des longs débats d’une salle d’audience.
Pour certains, c’est un pur régal, pour d’autres, c’est une souffrance…
-
Attention aux plus sensibles d’entre vous : certaines scènes sont
terribles, surtout celles des pendaisons…
Ma
note : 8/10
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