LE FLEUVE DE L'ÉTERNITÉ – LES DIEUX DU FLEUVE
LE
FLEUVE DE L'ÉTERNITÉ – LES DIEUX DU FLEUVE
L'humanité
s'est réveillée un matin sur les deux rives d'un fleuve géant, ressuscitée par
un peuple de l'avenir, les Ethiques. Elle s'est aussitôt livrée avec entrain à
ses passe-temps favoris, la conquête du pouvoir, la guerre, le sexe, avec
d'autant plus d'enthousiasme que la résurrection était garantie sans frais. Le
but des Ethiques avait été de donner à chaque humain une occasion de progresser
spirituellement. De toute évidence, il allait falloir du temps, beaucoup plus
de temps qu'il n'en avait prévu. Un ressuscité nommé Jésus pouvait en témoigner
qui, sur la rive du Fleuve, allait une fois de plus être mis à mort. Et les
hardis compagnons qui, sous la conduite de Richard Burton et de Mark Twain,
avaient conquis la Tour des Ethiques, allaient être soumis à la plus grande de
toutes les tentations. Disposer à leur gré, outre l'immortalité, de tous les
pouvoirs des Dieux du Fleuve.
Le Fleuve de l'Éternité – Les Dieux du Fleuve
Auteur
: Philip
José Farmer
Type
d'ouvrage : Science-Fiction
Première
Parution : 1983
Edition
Française : 15 septembre 1993
Titre en
vo : Riverworld
– Gods of Riverworld
Pays
d’origine : États-Unis
Langue
d’origine : Anglais
Traduction : Charles
Canet
Éditeur : Le
Livre de Poche
Nombre
de pages : 475
Mon
avis : Sans atteindre les sommets des
deux premiers tomes de la saga, Les Dieux du Fleuve, ultime tome du
Fleuve
de l’Eternité, n’est pas non plus le plantage total que certains ont
put affirmer depuis sa parution, en 1983... Vrai-faux roman, cet ouvrage est
composé d’une nouvelle, Ainsi Meurt toute Chair et de la suite a
proprement parlée de la saga où l’on retrouve Burton et ses compagnons quelques
semaines après la fin du Labyrinthe
Magique. Ainsi, impossible de vous proposer une critique digne de ce
nom sans diviser celle-ci en deux parties. Et, comme vous allez vous en
apercevoir, les deux sont loin de se valoir… Ainsi Meurt toute Chair est,
incontestablement, une déception. Certes, ce fut avec plaisir, au départ, que
je me suis plonger dans cette nouvelle dont l’intrigue avait lieu dans cet
univers si riche qu’est le Monde du Fleuve – et qui possédait un vivier
inépuisable de bonnes histoires à raconter, dommage que Farmer ne nous ait pas proposé
d’autres récits – cependant, malgré un style égal à celui de la saga
principale, une intrigue pas forcement géniale mais néanmoins sympathique,
qualifier celle-ci de réussie serait exagérée. Et cela, tout simplement parce
que, lorsque l’on inclut dans un récit le Christ parmi les personnages
principaux, et bien, on s’attend au moins à ce que celui-ci ait un rôle
légèrement plus étoffé. Hors, ce fut loin d’être le cas. A la place, le lecteur
se retrouve donc avec une aventure de Tom Mix, l’acteur du début du dix
neuvième siècle qui plaisait tant à Farmer et que l’on avait déjà vu dans la
saga principale, fuyant un tyran pas forcement charismatique avec, pour
compagnons, Jésus, donc, et l’une de ses compatriotes. Cependant, ces deux là
ont un rôle presque insignifiant. Du coup, on doit se coltiner ce brave mais
pas charismatique pour un sou Tom Mix sur la quasi-totalité du récit. Quant à
Jésus, et bien, ses apparitions sont rares, bien trop rares. Et si ses doutes
sont assez bien trouvés de la part de l’auteur, ils auraient largement mérités
d’être plus développés. Ainsi, alors que l’on aurait put être en droit de
s’attendre à une bonne intrigue centrée sur le questionnement métaphysique du
Christ, on a, à la place, une vulgaire aventurette de Tom Mix. Lisible mais
très loin d’être indispensable… Par contre, pour ce qui est du gros de ce
cinquième tome, Les Dieux du Fleuve, l’intérêt est bien plus élevé.
Beaucoup, comme j’ai put le constater en lisant d’innombrables critiques, ont regretté
que Farmer ait, dans cette suite, remis en cause certaines des révélations finales
du Labyrinthe Magique. Certes, dans le fond, l’auteur n’était pas
obligé de revenir sur celles-ci, pourtant, après avoir lu, et découvert les
diverses nouvelles vérités sur les buts des Ethiques et le sort des âmes après
la mort, celles-ci ne m’apparaissent pas inintéressantes, bien au contraire et
j’ai trouver la démarche plutôt pertinente. En préface du troisième tome, Le
Noir Dessein, Philip José Farmer s’excusait auprès de ses lecteurs des
fins à rebondissements des premiers volumes et expliquait que la structure même
de l’intrigue, l’avait fait renoncer à faire comme Asimov, dans son excellent
cycle, Fondation,
où les révélations finales de fin de tomes étaient remises en cause des le
début des suivants. Et c’est ainsi que l’on doit juger Les Dieux du Fleuve :
c’est-à-dire, une remise en cause littérale des certitudes, tout justes
acquises. Après, on l’accepte ou non. Et si cela n’était pas nécessaire aux
yeux de certains, et ben, ma fois, personnellement, je trouve que ce tome
conclue bien mieux la saga que ne l’avais fait le précédant qui ne s’était
guère attarder dans cette fameuse Tour Noire, but tout de même des héros depuis
le départ. Car, après tout, ce cinquième volume du cycle n’est pas qu’un
prétexte pour l’auteur qui souhaite ainsi remettre en cause les révélations de
Loga, le fameux X, le récit allant beaucoup plus loin et s’intéressant fort
judicieusement à mes yeux à ce que feraient des hommes et des femmes dotées de
ce qu’il faut bien appeler des pouvoirs quasi divins. Et c’est là, franchement,
que repose toute la force de ce roman car, comme on va vite s’en rendre compte,
les choses ne vont pas être aussi simples… Ainsi, après un drame, vint
s’installer une ambiance paranoïaque qui va mettre les nerfs de Burton et ses
compagnons à rude épreuve, puis, une fois le problème apparemment réglé, vint
le plus jouissif du récit : nos héros vont commencer, chacun à sa manière, a
utiliser les possibilités quasi illimitées qui sont mises à leurs dispositions
et si, chacun n’agit pas de la même façon, les conséquences ne seront pas
forcement heureuses et les problèmes ne vont pas tarder à resurgir. Et ce,
jusqu'à une bataille à la fois homérique et absurde, entre ceux-ci et les
personnages de Alice au Pays
des Merveilles, tout au tant risible que dramatique. Ensuite, il
sera toujours temps de connaître enfin la vérité et de finir sur une note bien
moins métaphysique que dans le précédant tome, ainsi qu’une décision assez
logique au vu de la personnalité de ces héros qui nous ont accompagnés tout au
long du Fleuve… Il est indéniable, à présent que j’ai achevé ce cinquième volet
qui conclue définitivement la saga, que Le Fleuve de l’Éternité fait
partie – malgré bien des défauts déjà citées dans mes critiques précédentes – de
ces incontournables de la SF. Avec ce cycle, Philip José Farmer tient là son
œuvre culte, et, alors qu’il nous a quitté il y a quelques années, peut être,
qui sait, s’est-il réveillée quelque part sur les bords du Fleuve ?
Points
Positifs :
-
Véritable conclusion de la saga, Les
Dieux du Fleuve, malgré ses défauts, n’en reste pas moins un bon ouvrage
qui ne dénote nullement au sein de l’œuvre phare de Farmer. Il faut dire que,
entre les remises en cause de nos certitudes, l’ambiance paranoïaque qui pèse
tout au long de l’intrigue et les divers questionnements sur ce que feraient
des humains avec des pouvoirs divins, il y a de quoi ravir les fans de l’auteur
qui tiennent ici une conclusion plus qu’acceptable…
-
Alors que la conclusion du Labyrinthe
Magique décevait vu que l’on voyait peu nos héros dans la Tour Noire, ici,
l’intrigue s’y déroule uniquement et, ma foi, c’est une très bonne chose
puisque l’auteur peut ainsi mettre aux prises ses personnages avec des pouvoirs
quasi-divins tout en posant une question fort pertinente : que
feraient-ils avec ?
-
La bataille entre nos héros et les personnages de Alice au Pays des Merveilles est tout à la fois ridicule que
dramatique. On pourrait donc parfaitement ne pas y croire une seule seconde,
pourtant, celle-ci est un des grands moments de ce cinquième volet de la saga !
Points
Négatifs :
- La
nouvelle, Ainsi Meurt toute Chair est le gros point noir de cet
ouvrage. Il faut dire que celle-ci n’apporte strictement rien a l’intrigue
générale du Monde du Fleuve et que, en plus d’occuper une place non négligeable
dans cet ouvrage, elle ne peut que décevoir le lecteur qui, plutôt que d’avoir
droit à une histoire sur le Christ, se coltine ce fade et inutile Tom Mix, un
des protagonistes les moins intéressants du cycle…
-
Le récit principal est assez bon dans l’ensemble, malheureusement, certains
passages sont un peu longuets et cassent le rythme d’une intrigue où l’action
brille particulièrement par son peu de présence.
-
Le Deus ex Machina final est un peu ridicule quand on y pense. Solution de
facilité de la part de Farmer qui laisse un certain gout amer dans la bouche.
- Comme
je l’avais déjà souligné lors de mes critiques précédentes, cette œuvre accuse
un peu son âge, ce en raison d’un style d’écriture un peu vieillot et d’une
simplicité qui n’est plus de mise de nos jours…
Ma
note : 7/10
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