UN
HOMME CHANCEUX
Peter
Sidenius est accepté dans une université d'ingénierie. Il peut donc quitter le
Danemark rural pour se rendre à Copenhague et rompre les liens avec son père
pieux et dominateur. Détestant ce dernier, il refuse la montre que celui-ci
souhaitait lui offrir pour son départ. Peter, confiant, ayant abandonné sa
famille et la religion, est désormais étudiant et se lie d'amitié avec une
serveuse qui lui enseigne les us et coutumes de la ville et du monde du sexe.
Quelques temps plus tard, Peter rencontre Ivan et son père, Phillip Salomon,
appartenant à une riche famille bancaire juive. Ivan apprécie l'ingénieux
ingénieur intelligent et en particulier, son grand projet : exploiter l'eau et
l'énergie éolienne pour développer le pays en électricité. Nous sommes à la fin
du 19ème siècle et ses idées sont nouvelles et révolutionnaires. Ivan aide
Peter à s'adapter à son nouveau milieu, l’introduit au sein de sa famille, ce
qui permet à se dernier de rencontre sa sœur, Jakobe.
Un Homme Chanceux
Réalisation : Bille
August
Scénario : Bille
August, Anders August
Musique : Lorenz
Dangel
Production : Netflix
Genre : Drame
Titre
en vo : Lykke-Per
Pays
d'origine : Danemark
Langue
d'origine : danois, allemand
Date
de sortie : 20 août 2018
Durée : 162
mn
Casting :
Esben
Smed Jensen : Peter Sidenius
Katrine
Greis-Rosenthal : Jakobe
Salomon
Benjamin
Kitter : Ivan Salomon
Julie
Christiansen : Nanny Salomon
Tommy
Kenter : Phillip
Salomon
Tammi
Ost : Lea Salomon
Rasmus
Bjerg : Eybert
Sara
Viktoria Bjerregaard : Inger
Elsebeth
Steentofts : Fru Sidenius
Anders
Hove : Pastor
Sidenius
Jens
Albinus : Eberhardt
Sidenius
Mon
avis : Je n’ai que trop rarement eu
l’occasion, au cours de ma vie, de voir des films danois et même si ce fut le
cas, en de trop rares occasions, force est de constater que je connais bien
mieux les séries de ce pays que son cinéma. Forcément, grand amateur de ces
dernières, je n’ai guère hésité lorsque j’ai découvert Un Homme Chanceux, long métrage du sieur Bille August qui lorgnait
allègrement du coté des films à costumes comme le font si bien les britanniques
et qui, par certains cotés, me rappelait un certain Royal Affair,
film danois qui m’avait fort plu, il y a de cela quelques années déjà… Mais
ici, point de coucheries royales au programme mais, plutôt, un film
d’ambitions, d’amour, de gâchis et, surtout, un film où l’on voit un jeune
homme détruit par une famille oppressante, dysfonctionnelle et où le poids de
la religion se fera sentir tout au long de sa vie, l’empêchant, finalement,
d’être heureux… Car là est la thématique principale de Un Homme Chanceux : malgré toutes ses opportunités, ses
rencontres, son coté visionnaire, son génie indéniable, le héros du film est, d’entrée
de jeu, voué à l’échec, que ce soit vis-à-vis de ses ambitions ou en amour.
Mais le pire, c’est que, si forcément, son enfance au sein d’une horrible famille
bigote y est pour beaucoup, chaque échec ne peut que lui être imputable à lui-même,
comme si, malgré les opportunités, malgré la chance qui lui est offerte, il s’empêchait
lui-même d’accéder au bonheur. Bref, pour ses thématiques, son ambiance, ses
acteurs et sa réalisation, Un Homme
Chanceux est un bon film, non pas un chef d’œuvre, certes, mais un film
prenant qui, malgré sa durée – un peu plus de deux heures et demi – n’a aucune
longueur, un long métrage qui ravira les amateurs du genre, sans nul doute…
Points
Positifs :
-
Les thématiques abordées dans ce film : le refus par soi-même d’accéder au
bonheur alors que celui-ci nous tend les bras. Bien évidement, le héros du
film, Peter Sidenius, a été élevé dans
une horrible famille protestante bigote au possible, ce qui n’a vraiment pas
aidé, mais bon, ce qui est terrible, c’est que, a aucun moment, celui-ci n’a
été capable d’échapper a son traumatisme…
- Un très bon film, franchement captivant, ce,
malgré sa durée – plus de deux heures et demi. Il faut dire que voir ce jeune
homme pauvre flirter si près du succès – dans tous les sens du terme – et le
voir chuter si durement, par sa faute et ses traumatismes familiaux, cela a de
quoi tenir en haleine.
- Mine de rien, Peter Sidenius est très loin d’être
un type bien, pourtant, malgré ses innombrables défauts et ses trahisons,
difficile de ne pas s’attacher à lui.
- La mise en parallèle entre deux familles, deux
religions, deux manières de voir le monde : protestante, rigoriste, pauvre,
triste d’un coté, juive, éclairée, ouverte, riche de l’autre. D’ailleurs, le
film nous montre très bien l’opposition entre des scènes plus sombres pour la
famille Sidenius et d’autres plus éclairées pour la famille Salomon.
- Pour ce qui est du casting, celui-ci est, naturellement
danois mais force est de constater que nous avons affaire à de bons acteurs.
Mention spéciale, bien entendu, à Esben Smed Jensen et Katrine Greis-Rosenthal.
- Un film qui marquera celles et ceux qui ont connu
des familles dysfonctionnelles…
Points
Négatifs :
-
Malgré sa durée, conséquente, j’ai trouvé ce film trop court. Il faut dire que
le dernier quart est beaucoup trop rapidement expédié a mon gout alors qu’il y
avait de quoi faire un peu mieux.
-
Quelques raccourcis un peu faciles par moments qui gâchent un peu l’ensemble.
-
On ne peut pas vraiment dire que le maquillage censé vieillir Peter Sidenius à la toute fin du film ait été
une grande réussite, bien au contraire.
Ma
note : 7,5/10
1 commentaire:
Bille August avait déjà choisi ce format pour "Les Meilleures Intentions" (2h54). Son Édition collector en DVD propose même la série en 4 épisodes, pour une durée de 5h33. Une diffusion similaire, en feuilleton, est d'ailleurs prévue pour "Un homme chanceux". La durée du film n'est pas étonnante non plus quand on songe à l'ampleur de l’œuvre dont il s'inspire : une fresque romanesque en 6 ou 8 tomes... Un film de cette qualité demande donc une certaine disponibilité (personnellement, je n'ai pas trois heures d'affilée à consacrer à ce loisir ; aussi l'ai-je découpé en quatre séances de 3/4h quotidiennes.)
Je voudrais préciser que je suis pasteur luthérien depuis 30 ans, dans une Église qui, à ses origines, était un peu semblable à celle du pasteur Sidenius. Ce film montre bien quels effets dévastateurs peut produire une éducation légaliste et excessivement autoritaire sur la personnalité d'un jeune enfant. Cet élément est une clé indispensable à la compréhension d'un "Homme chanceux", tout comme des "Meilleures Intensions". Par légaliste, j'entends l'enseignement d'un rapport à Dieu qui menace et condamne, et qui maintient le chrétien dans la peur du châtiment. C'est une sorte de dévoiement du christianisme et de bien des courants religieux protestants. Il est bien résumé par le personnage de Jacobe, à la fin du film, lorsqu'elle fait visiter son école à un journaliste et lui en explique la pédagogie. Il est heureusement contrebalancé par le personnage du "bon pasteur", luthérien lui aussi, qui saura (enfin!) parler de l’Évangile à l'infortuné Peter Sidenius.
On l'aura compris, j'encourage vivement à voir ce film, en prenant son temps !
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