THE
ARTIST
Hollywood
1927. George Valentin enchaîne les films et les succès. Son art de la pantomime
en a fait une vedette du cinéma muet. L'arrivée des films parlants va tout
bouleverser. Ne croyant pas à cette nouvelle technique, il rate le train en
marche et sombre peu à peu dans l’oubli. Peppy Miller, jeune figurante qu'il a aidée
dans sa carrière, va-elle être propulsée au firmament des stars. Ce film
raconte l'histoire de leurs destins croisés, ou comment la célébrité, l'orgueil
et l'argent peuvent être autant d'obstacles à leur histoire d'amour.
Eh
bien, on pourra dire que celui-là, je l’aurai attendu avec impatience et
que, même, il ne serait pas exagéré de dire que cela faisait belle lurette que
je n’étais pas aussi pressé de voir un film, ne serais ce que pour constater
par moi-même ce qu’il valait. Car, depuis un an, qui n’a pas entendu parler de The Artist ? Franchement, a moins
de vivre sur une ile déserte ou au fin fond du Sahara, il aurait été fort difficile
de passer à coter de toute la campagne de pub faite autour de cette œuvre,
chose qui, au demeurant, a dut en agacer plus d’un, chose qui aurait pu m’arriver,
finalement, il n’y a pas si longtemps que cela puisque, moi aussi, j’ai pu être
agacer, a de multiples reprises, par tout le cirque médiatique que l’on fait à
certains films, au détriment d’autres, accessoirement plus méritants. Mais ici,
curieusement, ou non, cela ne m’a jamais gêné. Pour quelle raison ? Principalement
pour deux raisons : tout d’abord, bien souvent, ce qui a pu m’agacer, j’ai
finis par l’aimer lorsque je l’ai vu ce qui me fait dire qu’une œuvre, quelle
qu’elle soit, ne doit être jugé qu’en étant vue. Ensuite, The Artist m’attirait, énormément même ; oh, pas pour toute la
pub fait autour, pas pour les multiples récompenses que ce film a reçu, y
compris et surtout aux Oscars, non, si je tennais tellement à voir ce film, c’est
avant tout pour ce qu’il est avant toute autre chose : un magnifique
hommage au cinéma américain.
Cela
peut paraitre incongrus voir stupide d’affirmer une telle chose mais l’une de
mes premières réactions que j’ai eu après avoir finalement vu The Artist samedi soir dernier, c’est
que je l’ai comparé à Kill Bill.
Certes, dit comme cela, cela peut paraitre complétement idiot mais je m’explique :
comme je l’ai dit lors des critiques du premier
et du second
volet du dytique de Tarantino, Kill Bill
est avant tout un film de fan fait pour les fans ; et quelque part, avec The Artist, c’est un peu le même topo et
pour pouvoir l’apprécier à sa juste valeur, comment ne pas être obliger de
connaitre et d’apprécier toute une partie du cinéma américain de la grande
époque, des films hollywoodiens des années 30, du cinéma muet, bref, d’aimer un
genre certes aujourd’hui révolu, mais aussi, comme je vous l’ai dit, d’avoir
les connaissances cinématographiques qui vont avec afin d’apprécier les innombrables
clins d’œil qui parsèment le film et qui renvoient à d’autres œuvres et, bien
entendu, a une autre époque. Mais alors, The
Artist serait-il un film élitiste ? Quelque part, c’est le cas, mais
pas dans une connotation forcément négative comme le terme peut le laisser sous-entendre :
non, par élitiste, j’entends que le grand public, celui qui ne jure que par des
œuvres à grand spectacle, des films comiques ou des comédies sentimentales a la
Harlequin, ne peut qu’avoir du mal
avec un film comme celui-ci, un film muet, rempli de références et d’hommages,
un film pour les connaisseurs avant tout, qui eux, ne seront pas perturbés
comme ces spectateurs d’un cinéma de Liverpool qui, en dix minutes, quittèrent
la salle en exigeant le remboursement des tickets d’entrée – anecdote réelle. D’ailleurs,
c’est pour cela que The Artist n’a
pas marché, ne pouvais pas marcher en France : absolument pas grand
public, muet, en noir et blanc mais aussi… comment dire, pour les connaisseurs,
les fans d’un certain genre.
Car
regarder The Artist, c’est accepter
avant toute chose de faire un superbe plongeon dans notre passé, ou, plus exactement,
dans celui du cinéma ; car, finalement, que se passe-t-il dans ce film ?
Un acteur célèbre, Jean Dujardin, véritable star du cinéma muet, se retrouve
mis sur la touche par l’arrivée du cinéma parlant ; cet état de fait,
véritable révolution à l’époque, bien plus importante, au demeurant, que l’arrivée
de la couleur, mis effectivement de côté bon nombre d’anciennes gloires qui n’ont
pas voulus ou tout simplement pas pu faire la transition entre le muet et le
parlant. Et c’est ce drame, justement, qui se trouve au cœur de l’intrigue de l’œuvre
de Michel Hazanavicius. Bien évidemment, lorsque l’on connait un tant soit peu
l’histoire du septième art, c’est un petit régal que de voir un tel film, d’apprécier
les clins d’œil à certains vieux chef d’œuvres comme, par exemple, celui a Douglas Fairbanks dans Le signe de Zorro, la scène du repas en tête à tête qui renvoi a Citizen Kane ou certaines affiches des
films de Peppy Miller fortement inspirées d’œuvres de l’époque. De même,
comment ne pas voir dans le synopsis de The
Artist des réminiscences d’Une étoile
est née de William A. Wellman ou de ne pas penser, tout bonnement, a Chantons sous la pluie qui lui aussi
traitait de l’arrivée du parlant dans le monde du cinéma ? Bref, avant
toute chose, The Artist est un
somptueux hommage, déclaré et qui ne s’en caches pas, a toute une époque, et
cette volonté affichée, qui prime sur tout le reste, aura déplu à certains.
Curieusement,
ou pas, ce sont les français qui auront le plus boudés ce film, ce qui est tout
de même amusant quand on n’y pense : voilà un film français, fait par des français
et avec des acteurs principaux français, qui se permet le luxe de triompher un
peu partout dans le monde, et qui se voit décrier dans son propre pays, ce qui
me laisse penser deux choses : tout d’abord, ici, on dirait qu’on en est
encore a préféré l’éternel perdant au vainqueur (voir Anquetil – Poulidor) ce
qui, à force, en devient un peu ridicule ; ensuite, je vais finir par
croire que l’intelligentsia de notre beau pays ne jure que par le cinéma
étranger et par, pour ce qui est de la production nationale, les films d’auteur
pseudo intellectuels et les films… comiques, de temps en temps. Mais un film
comme The Artist qui clame tout son
amour au cinéma américain – mais attention, celui d’avant-guerre – et qui
reprend tous les canons du genre, messieurs dames, on ne peut que le dénigrer !
D’ailleurs, qu’un journal comme Libération
ait put en dire du mal n’a fait que, une fois de plus, confirmer tout le mal
que je pense de lui… Car bon, est-ce un mal de faire un film muet et en noir et
blanc qui raconte une histoire sur ce qui s’est passé dans le milieu du cinéma à
l’orée des années 30 ? Visiblement, a en croire certains, oui. Attention,
je ne vise absolument pas les gens qui, de toute façon, n’aiment pas les films
muets, ou en noir et blanc, ou de toute façon trop anciens, avec eux, c’est une
affaire de gouts et ceux-ci ne se discutent pas. Par contre, certains critiques
français qui pestent contre The Artist
pour des raisons limite ridicules, c’est autre chose.
Mais
autant laisser ces prophètes de mauvais augure, ces éternels grincheux et
insatisfaits dire du mal d’un film, d’un réalisateur et des acteurs et des
actrices qui ont, premièrement, porter bien haut les couleurs françaises à l’étranger
(même si c’est pour louer le cinéma américain d’antan, ce sont quand même des français
qui l’on fait) et qui, au demeurant, ont réaliser un superbe film qui, selon
moi, méritait toutes les distinctions qu’il a reçu, n’en déplaise à certains. J’ai
aimé The Artist pour ce qu’il est, c’est-à-dire,
un brillant hommage à une ère révolue, un film de fan pour les fans, j’ai aimé The Artist pour m’avoir rappeler tout un
tas de films excellents et de grands acteurs, j’ai aimé The Artist pour son coté simple, nature, pour la fraicheur qui en
découle, mais aussi, pour la performance de ses acteurs, Jean Dujardin bien sûr
(quand je repense à Un gars, une fille,
que de chemin parcouru depuis…) mais aussi Bérénice Bejo, franchement excellente elle
aussi, j’ai aimé The Artist car,
quelque part, c’est cela aussi le cinéma que j’aime, et je pourrais vous parler
encore, pendant des heures et des heures, de l’intrigue du film, des diverses
symboliques entraperçues (comme les trois singes qui symbolisent bien ce que
Jean Dujardin ne veut pas : voir ce cinéma muet qui arrive, entendre car
dans ses films, il n’y a pas de son, parler car, bien entendu, ses rôles sont
muets), des seconds rôles, eux aussi excellents et de cette impression tenace,
d’être devant un film d’époque, mais, mieux que de grands discours, autant vous
laisser découvrir par vous-même ce que vaut ce The Artist : il pourra vous plaire, vous déplaire, mais à coup
sûr, il ne vous laissera pas indifférents.