JANUA
VERA
Né
du rêve d'un conquérant, le vieux royaume n'est plus que le souvenir de sa
grandeur passée… Une poussière de fiefs, de bourgs et de cités a fleuri parmi
ses ruines, une société féodale et chamarrée où des héros nobles ou humbles,
brutaux ou érudits, se dressent contre leur destin. Ainsi Benvenuto l'assassin
trempe dans un complot dont il risque d'être la première victime, Ædan le
chevalier défend l'honneur des dames, Cecht le guerrier affronte ses fantômes
au milieu des tueries… Ils plongent dans les intrigues, les cultes et les
guerres du Vieux Royaume. Et dans ses mystères, dont les clefs se nichent au
plus profond du cœur humain…
Janua Vera
Auteur
: Jean-Philippe Jaworski
Type
d'ouvrage : Heroic-Fantasy
Première
Parution : 16 juillet 2009
Edition
Poche : 05 mars 2015
Titre
en vo : Janua Vera
Pays
d’origine : France
Langue
d’origine : français
Traduction : néant
Editeur : Folio
SF
Nombre
de pages : 496
Liste des Nouvelles :
Janua
Vera
Mauvaise
Donne
Le
Service des Dames
Une
Offrande très Précieuse
Le
Conte de Suzelle
Jour
de Guigne
Un
Amour Dévorant
Le
Confident
Mon
avis : En soit, Janua Vera n’est
pas un véritable roman au sens premier du terme puisque nous avons là un
recueil de nouvelles dont le nombre, au demeurant, varie suivant les différentes
éditions ; ainsi, celle que je possède, en poche chez Folio,
est composée de huit nouvelles : Janua Vera – Mauvaise
Donne – Le service des dames – Une offrande
très précieuse – Le conte de Suzelle – Jour de
Guigne – Un amour dévorant – Le confident.
En temps habituel, je ne suis pas un grand adepte de ce genre d’ouvrages,
préférant les romans, mais lorsque j’en ai l’occasion, et quand la qualité est
au rendez-vous, le genre ne me déplait pas trop surtout que, finalement, une
courte nouvelle vaut largement, voir plus qu’un long et ennuyeux roman,
non ? Et ici, force est de constater que oui, mille fois oui, pour ce qui
est de cette fameuse qualité, elle est bien présente et, en toutes
sincérité, Janua Vera est sans nul doute un des meilleurs romans de
Fantasy français de ces dernières années ! Car si Jean-Philippe Jaworski
nous offre là un ouvrage de Fantasy, celle-ci n’est pas si évidente que
cela : en effet, et contrairement à bien des ouvrages qui ne sont,
finalement, que des imitations plus ou moins réussies du maitre étalon du
genre, Le
Seigneur des Anneaux, ici, les éléments fantastiques (comme c’est le
cas dans Le Trône
de Fer par ailleurs) ne sont livrés qu’avec parcimonie. Oh, l’on
parle bien d’Elfes et de Nains, mais de façon lointaine (il y a bien l’être
elfique du Conte de Suzelle mais c’est tout), on sait qu’ils
existent, c’est tout, quand a la magie, elle est à peine présente et tient
davantage de la nécromancie que d’autre chose – la aussi, ce n’est pas plus
mal. Et pour ce qui est du bestiaire monstrueux des œuvres de Fantasy, eh bien,
en dehors des Gobelins qui sont évoqués, rien à ne se mettre sous la dent. Peu
de Fantasy donc, car l’univers de Janua Vera tient davantage
de celui de l’Europe de la fin du Moyen âge et de la Renaissance, avec lequel
il possède bon nombre de points communs : la cité état de Mauvaise
Donne ayant des faux airs de celles de l’Italie de la Renaissance,
comme Florence ou Venise, il existe un royaume qui ressemble bigrement a
l’Empire Ottoman, les contrées barbares, elles, étant facilement transposables
dans l’Europe de la fin de l’Empire Romain. Ajoutons à cela un style d’écriture
recherché et travaillé, usant habilement des termes de l’époque et qui renforce
la qualité générale de l’ensemble et nous avons forcément là, non seulement un
fort bon ouvrage, mais aussi, un univers réussi et crédible. Reste le cas des
diverses nouvelles qui composent cette œuvre : Janua Vera,
dont le nom a donné le titre de l’ouvrage est une mise en bouche se déroulant
des centaines d’années avant les autres et nous sert d’introduction en nous
racontant l’histoire lointaine du Vieux Royaume. Personnellement, c’est celle
que j’ai trouvé comme étant la moins intéressante, même si elle est de
qualité. Mauvaise Donne est la nouvelle la plus longue et sert
de prélude à Gagner la Guerre, le premier véritable roman de
l’auteur et, dans celle-ci, nous faisons la connaissance avec un personnage
haut en couleur, Benvenuto Gusefal, un assassin qui se retrouve mêlé bien
malgré lui a un complot d’envergure : Mauvaise donne est
un véritable petit bijou comme je les aime où se mêlent intrigues, complots et
personnages sans foi ni loi. Le Service des Dames pourrait
paraitre négligeable de prime abord si ce n’était l’évidant hommage appuyé à
Chrétien de Troyes et à ses récits de chevaliers arthuriens. Une
Offrande très Précieuse, elle, est une nouvelle pour le moins surprenante,
qui ne se dévoile que dans ses toutes dernières lignes, mais qui possède un
potentiel fort au niveau de la psychologie dramatique du protagoniste
principal ; une nouvelle qui m’aura particulièrement touché. Mais pas
autant que Le Conte de Suzelle, l’une de mes préférées :
racontant l’existence d’une petite fille paysanne et sa rencontre avec un
personnage elfique dont on n’en saura pas grand-chose, on suit tout au long de
cette nouvelle, tous les aléas d’une vie avec ses joies et ses drames, et ce,
jusqu’à un final bien triste ; une belle réussite sans nul doute. Jour
de Guigne ravira les amateurs du Disque-Monde
puisque nous avons là un hommage à Pratchett, mais un hommage pour le moins
réussi et plutôt drôle. Un Amour Dévorant est aussi l’une de
mes nouvelles préférées, un conte fantastique comme je les aime et sur lequel
je n’en dirais pas davantage mais est, selon moi, l’une des meilleures
réussites de cet ouvrage ; mais il faut dire que j’aime bien les histoires
de fantômes. Quant au Confident, qui clôt Janua Vera,
c’est un texte pour le moins lugubre, où règne un malaise certain mais qui n’en
est pas moins particulièrement intéressant puisque, dans celui-ci, on en
apprend pas mal sur le fameux Culte de l’Écorché. Bref, vous l’avez deviné,
j’ai particulièrement apprécié ce Janua Vera ; certes, je
m’attendais, au vu des nombreuses critiques positives, a un bon ouvrage, mais à
ce point, franchement, non. Car, que ce soit pour son univers, ses
protagonistes nombreux et variés, le style d’écriture plutôt recherché,
l’ambiance souvent pesante qui transparait de cet ouvrage et, bien entendu, la
grande qualité des nouvelles, j’aurais passé un superbe moment de lecture,
comme je les aime, au point même de ne quasiment plus pouvoir lâcher ce livre,
c’est pour dire. Mais le plaisir n’est pas fini puisque, désormais, il est
grand temps de m’atteler à la lecture d’un certain… Gagner la Guerre…
Points
Positifs :
-
Même si je ne suis pas un grand fan des recueils de nouvelles, il faut rendre à
César ce qui lui appartient, et donc, reconnaitre qu’avec Janua Vera, Jean-Philippe Jaworski nous offre là un formidable
voyage dans un univers bien plus original et intéressant que moult œuvres de
Fantasy qui se contentent, elles, de pomper allègrement du coté de Tolkien…
-
Deux véritables pépites se démarquent, a mes yeux, du lot : Mauvaise Donne, qui nous fait faire la
connaissance avec le charismatique Benvenuto Gusefal, assassin de son état,
dans une citée qui nous fait penser a Florence ou Venise de la Renaissance,
mais aussi, le fort enchanteur Le Conte
de Suzelle, formidable récit assez triste mais oh combien réussi.
-
La qualité générale de l’ensemble : en effet, dans Janua Vera, si toutes les nouvelles ne sont pas exceptionnelles, force
est de constater qu’il n’y en a pas de mauvaises et que, celles qui
apparaissent, a mes yeux, en fin de classement, n’en restent pas moins plutôt bonnes.
-
Un univers bourré de références, bien entendu, mais bien plus original que l’on
pourrait le penser de prime abord – il faut reconnaitre que la chose est rare
du coté de la Fantasy. Ainsi, ici, le merveilleux existe, certes, mais il
brille par sa quasi-absence et l’on est plus proche de la Renaissance et de la
Guerre de Trente ans que de Tolkien, ce qui n’est pas plus mal.
-
Le talent, indéniable, du sieur Jaworski qui excelle a merveille dans ces
récits assez différents les uns des autres.
Points
Négatifs :
-
Bien évidement, toutes les nouvelles ne sont pas exceptionnelles et il faut
reconnaitre que, Janua Vera – la nouvelle,
pas l’ouvrage – Le Confident et, dans
une moindre mesure, Une Offrande très
Spéciale, apparaissent comme étant légèrement en retrait des autres.
-
Un ouvrage qui déplaira peut-être aux fans intégristes de Tolkien et qui ont
une autre vision de la Fantasy…
Ma
note : 8,5/10