LES
LIVRES DE CORUM – LE CHEVALIER DES ÉPÉES
Corum
est le dernier des Vadhaghs, race ennemie des Nhadraghs avec lesquels ils
cohabitent depuis plus d'un million d'années. Sa race a pourtant été exterminée
par les hommes, en ce temps-là appelés les Mabdens, qui peu à peu ont commencé
à se reproduire rapidement et à s'étendre sur les cinq continents. A l'insu des
Races Anciennes, les Mabdens ont investi ce monde, constitué de plusieurs
dimensions appelées les Cinq Plans. Corum a vu les siens massacrés et lui-même
a été blessé. Il prépare sa vengeance et rencontre un puissant sorcier qui lui
propose un pacte il greffe la main et l'œil des Dieux Perdus sur le corps
amputé de Corum ; en échange, celui-ci se verra confier une quête : voler le
cœur du Chevalier des épées, précieusement gardé dans l'un des Plans... Corum,
autre incarnation du Champion éternel, va devoir lutter contre le Chaos.
Les Livres de Corum – Le Chevalier des épées
Auteur
: Michael
Moorcock
Type
d'ouvrage : Fantasy
Première
Parution : 20 mars 1971
Edition
Française : 13 novembre 2003
Titre en
vo : The
Knight of the Swords
Pays
d’origine : Royaume-Uni
Langue
d’origine : anglais
Traduction : Gérard
Lebec
Editeur : Pocket
Nombre
de pages : 218
Mon
avis : Il est grand temps désormais de
m’attaquer à la troisième (dans mon ordre de lecture) incarnation du Champion
Eternel, après le charismatique Prince albinos, Elric,
et le Duc de Köln, Hawkmoon,
le dernier des Vadhaghs, je veux bien évidement parlé de Corum, le Prince à la
robe écarlate. Pour commencer, comme ce fut le cas pour Elric, Corum ne m’était
pas inconnu lorsque j’avais lu ce cycle pour la toute première fois : cela
faisait des années que je le connaissais plus ou moins, de plus, celui-ci était
apparu brièvement dans quelques aventures d’Elric et d’Hawkmoon, principalement
dans Le
Navigateur sur les mers du destin et La
quête de Tanelorn. Bon, pas de quoi fouetter un chat pour être franc, cependant,
même sans être emballer plus que de raison, ce fut avec un intérêt certain que
j’ai abordé les premières pages du Chevalier des épées. Et là,
assez rapidement, sans que je m’y attende, j’eu l’agréable surprise d’être
immédiatement emballer par le personnage, diablement charismatique et au destin
peu envieux… Un petit air d’Elric ? En effet, c’est le cas : contrairement à
Hawkmoon qui était loin de briller par son charisme et sa prestance, Corum,
s’il n’atteint pas les sommets du dernier Empereur de Melniboné, véritable
rock-star dans son genre, n’en est pas moins un personnage intéressant, et ce,
a de multiples facettes. Tant physiquement que mentalement, il n’est pas très
éloigner d’Elric : certes, il est loin de porter toutes les souffrances et la
mélancolie de celui-ci, cependant, le fait que des le début du livre, tous les
siens soient massacrés par les humains, rend son destin tragique. De plus, mutilé
d’horrible manière, les débuts de Corum sont très durs et le lecteur, de façon
différente, se prend d’affection pour lui comme il put le faire pour Elric.
Psychologiquement, Corum est un personnage intéressant, avec suffisamment de
substance pour captiver le lecteur : après ses terribles épreuves initiales,
celui-ci hait les humains et désire se venger a tous prix, même s’il en est
incapable, mais ce sont d’autres humains qui vont le sauver, et, par-dessus le
marché, Corum va tomber amoureux de l’une d’entre elle, la belle Rhalina. Bref,
c’est un personnage emplit de contradictions auquel nous allons avoir à faire,
qui assez rapidement, va s’apercevoir que son peuple, aujourd’hui décimé, aussi
puissant fut il, ne connaissait rien du monde qui l’entourait. D’ailleurs,
Moorcock a fort bien retranscrit, dans cette œuvre, l’un des tallons d’Achille
des puissants, ou plutôt de ceux qui le furent : se croire au dessus des
autres, la suffisance, l’ancienneté de sa civilisation et de sa culture ne
suffit pas toujours pour survivre, surtout qu’en, pendant ce temps là, d’autres
peuples que l’on considère comme étant inférieurs, montent en puissance et
finissent par vous détruire, au sens littéral du terme dans le cas présent.
Cela est valable dans le monde réel, mais les amateurs de Fantasy se
délecteront de cela pour une autre raison : Corum est un Vadhagh, mais que sont
les Vadhaghs ? Les Elfes, tout simplement. Et oui, pour la première fois,
l’auteur britannique nous pond un récit où ceux-ci sont représentés, dans leur splendeur
décadente habituelle. Sauf que, contrairement à d’innombrables récits où l’on
nous dit que le temps des Elfes est passé et que ceux-ci sont bien moins
nombreux qu’autrefois (n’allez pas plus loin, relisez donc Le Seigneur
des Anneaux…), qu’ils laissent petit à petit leurs places aux humains, sans
que l’on rentre dans les détails, avec Corum, Moorcock nous donne une
explication radicale mais intéressante à leur sorts : aussi puissants
furent-ils, leur civilisation est entrée en décadence, et ils ne comprirent
cela que lorsque des humains vinrent les massacrer. C’est peut être brutal pour
expliquer leur disparition mais cela vaut bien le départ des Elfes pour l’ouest
(ils sont ou depuis ?). Bref, un bon postulat pour un cycle qui promet
énormément, au vu de la lecture de ce premier tome. Bien évidement, il y aurait
beaucoup de choses à dire sur ce Chevalier des épées. Les habitués
de Moorcock ne seront guères dépaysés tant par le fond que par la forme. De
plus, les concepts d’opposition entre Loi et Chaos seront présents, et de belle
manière puisque Corum se voit, dans la deuxième partie de l’ouvrage, obligé
d’aller affronter le terrible Duc Arioch dans son propre domaine. Un Arioch que
les habitués d’Elric connaissent bien d’ailleurs même si quelques surprises les
attendent. Alors, entre un synopsis de base intéressant, un personnage
principal charismatique, des emprunts aux mythologies celtiques par moments et
l’utilisation des Elfes ainsi que, le concept des quinze plans de base qui fait
que le monde de Corum serait, en quelques sortes, le principal auquel tous les
autres se greffent, les amateurs du Multivers de Moorcock seront aux anges,
surtout que le tout est plutôt bien écrit et suffisamment captivant pour les
tenir en haleine de la première a la dernière page. Bref, un cycle qui démarre
sur les chapeaux de roues et qui promet énormément.
Points
Positifs :
-
Moins rock-star qu’Elric mais nettement plus charismatique qu’Hawkmoon, Corum
est sans nul doute l’une des incarnations du Champion Eternel les plus réussie,
et, a bien y regarder, notre Vadhagh n’a pas grand-chose à envier au cultissime
Prince Albinos : un destin tout aussi tragique mais sans les
traditionnelles lamentations d’Elric et le coté grandiloquent de ce dernier, ce
n’est pas plus mal.
-
Ce que l’on note tout de suite a la lecture de ce premier volet des Livres de Corum, c’est la cohérence de l’ensemble
et le style d’écriture, ce qui faisait défaut au Cycle d’Elric, nettement plus ancien et qui, en plus, ne fut pas
écrit dans l’ordre par Moorcock. Ici, l’auteur a fait de grands progrès pour ce
qui est de l’écriture et la lecture n’en est que plus plaisante.
-
On retrouve les traditionnels concepts de Loi et Chaos, la Balance Cosmique,
les divers plans d’existence, etc. Bref, tout le fond et la forme des ouvrages
de Moorcock. Mais le plus amusant est, bien entendu, cet Arioch que l’on avait
connu quasiment divin dans Elric et,
qui est vaincu par Corum dans cette incarnation.
-
Bien évidement, les Vadhaghs sont les Elfes et, accessoirement, j’apprécie plutôt
la manière dont Moorcock justifie leur disparition puisqu’ils finissent
massacrer par les humains suite a une lente décadence de leur civilisation – ce
qui, d’ailleurs, peut-être mis en parallèle avec n’importe quel peuple de notre
propre histoire…
Points
Négatifs :
-
Une fin un poil trop rapide selon moi.
-
Malheureusement, les éditions Pocket
ne se sont pas vraiment foulées pour nous proposer une couverture digne de ce
nom.
Ma
note : 8,5/10
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