lundi 3 juillet 2017

LE PACTE DE VON BEK – LE CHIEN DE GUERRE ET LA DOULEUR DU MONDE


LE PACTE DE VON BEK – LE CHIEN DE GUERRE ET LA DOULEUR DU MONDE

1631, l'Allemagne est à feu et à sang au lendemain du sac de Magdebourg, le comte Ulrich von Bek, capitaine de mercenaires, abandonne ses hommes pour se réfugier dans les profondeurs de la forêt de Thuringe. Une redoutable révélation l'y attend. C'est un pacte qui va sceller le destin du « Chien de guerre », un pacte diabolique puisque Lucifer en est l'artisan. Dès lors, pour son salut, pour le salut de celle qu'il aime, pour le salut d'un monde que déchire la folie sanguinaire, von Bek se met en quête. Une quête où beaucoup ont échoué. Une quête qui l'entraine dans l'ailleurs entre les mondes et peut-être jusqu'aux portes du paradis. Aux portes des enfers aussi, car le royaume des Ténèbres est plus proche qu'on ne croit.


Le Pacte de Von Bek – Le Chien de Guerre et la douleur du Monde
Auteur : Michael Moorcock
Type d'ouvrage : Fantasy
Première Parution : 12 mai 1981
Edition Française : 19 juin 1998
Titre en vo : The War Hound and the World's Pain
Pays d’origine : Royaume-Uni
Langue d’origine : anglais
Traduction : Henry-Luc Planchat
Editeur : Atalante
Nombre de pages : 286

Mon avis : Bien évidement, qui dit Moorcock, dit forcement Champion Eternel, Multivers, lutte entre la Loi et le Chaos, Balance cosmique, et, n’oublions pas, sort peu enviable des protagonistes principaux à la fin de chaque cycle. Pourtant, réduire Moorcock a cela serait indéniablement réducteur, en particulier quand je pense a une œuvre aussi sublime que Gloriana, et, dans le cas qui nous préoccupe ici, le fidèle habitué d’Elric et consort doit s’attendre a un certain nombre de différences non négligeables. En effet, dans ce premier volume du Pacte de Von Bek, nul Champion Eternel a l’horizon, ou, du moins, cela n’est pas préciser car forcement, vous l’avez deviné, Ulrich von Bek en est l’incarnation du moment. De même, dans cette œuvre, vous n’entendrez pas parler ni de Loi, ni de Chaos, pourtant, a bien y réfléchir, cette lutte entre ces deux forces antagonistes est présente par le biais du Paradis et de l’Enfer, le bien contre le mal, rien que ca ! Et oui, dans ce Chien de Guerre et la douleur du Monde, c’est tout bonnement a Lucifer en personne auquel le héros aura a faire, Arioch, figure récurrente de la mythologie Moorcockienne n’étant qu’un de ses ducs infernaux ; un Lucifer par ailleurs curieux, presque contre nature puisque celui-ci envoie Von Bek, le fameux chien de guerre, carrément a la quête du Saint Graal, afin de soulager la douleur du monde. Et ce monde, c’est le notre, en pleine Guerre de trente ans, ce terrifiant conflit religieux qui mit une bonne partie de l’Europe, surtout en Allemagne, à feu et à sang au cours du dix-septième siècle. Et c’est donc avec un postulat de départ pour le moins singulier que débute cette œuvre peu connu de Michael Moorcock. Pourtant, il est indéniable que celle-ci mériterait d’être reconsidérée. Car si, du point de vue de l’écriture et de la narration, l’on n’atteint pas la haute qualité d’un Gloriana, le style de Moorcock n’en est pas moins supérieur a bon nombre de ses productions. De même, quelque part, il apparaît comme rafraichissant de pouvoir lire un récit, indéniablement lié au cycle, mais qui se déroule dans notre monde, qui plus est, dans une période historique importante du vieux continent. Ensuite, Ulrich von Bek est un personnage intéressant – certes, il existe mieux mais bon, dans l’ensemble, il est pas mal – qui n’a pas grand-chose à envier a un Elric ou un Corum ; ancien commandant de troupes de condottieres, sans foi ni loi, avec pas mal de sang d’innocents sur les mains, cet individu peu recommandable au départ, trouvera la rédemption tout d’abord par sa rencontre avec une femme, puis, grâce a sa quête, dictée par le Diable en personne. Et justement, il apparaît comme particulièrement jouissif que dans ce récit, cela soit l’Ange déchu qui, afin de se racheter, essaie de sauver une humanité en décrépitude et forcement condamnée. A cela, n’oublions pas d’ajouter la qualité intrinsèque d’un récit haut en couleurs, captivant au possible et qui entrainera Von Bek, et donc le lecteur, dans une quête apparemment insensée pour ne pas dire impossible – ne dit-on pas que seul un cœur pur peut trouver le Graal ? – qui l’amènera dans un autre plan d’existence, un monde proche du notre, ce qui rappellera de bons souvenirs aux fidèles de Moorcock ; qui a dit Multivers ? Le Chien de Guerre et la douleur du Monde est donc un superbe récit d’aventure, typiquement Moorcockien de part son contenu (même si les noms et les termes sont autres), mais au demeurant, beaucoup plus profond que l’on pourrait le penser a première vue ; en effet, ici, entre un Lucifer en quête de rédemption et un Dieu tout bonnement absent dont on ne sait rien de Ses desseins, la quête de Von Bek, plus que la simple recherche d’un artefact légendaire – le Graal – est une quête intérieure, bien entendue, mais aussi l’occasion pour que l’humanité se débarrasse de ses croyances, de ses anciens dieux et de la magie ; bref, une quête qui pourrait permettre a celle-ci de se prendre enfin en main, le merveilleux d’autrefois faisant place devant le siècle des lumières. Œuvre passionnante, captivante, qui se lit d’une traite, ce premier volume du Pacte de Von Bek, comme je le disais plus haut, de part ses nombreuses qualités, son originalité, son sens caché mais aussi pour ses protagonistes, mérite indéniablement le détour pour tout fan de Moorcock qui se respecte ; et pour les autres également par ailleurs. Dommage juste que, n’étant plus publiée depuis belle lurette, cette œuvre ne soit pas facile d’accès au plus grand nombre car en toute sincérité, elle gagnerait à être davantage connue.


Points Positifs :
- Une incarnation du Champion Eternel pour le moins singulière mais qui, curieusement, pour ce qui est de son charisme, n’a absolument rien à envier a un Elric ou a un Corum. Il faut dire que Von Bek, ancien condottiere qui a énormément de sang sur les mains et qui a commis de nombreux crimes, œuvrant pour Lucifer, cela pose un personnage !
- Le fait que l’intrigue ait lieue dans notre monde, au XVIIe siècle, en pleine Guerre de Trente ans, l’une des plus terribles de l’Histoire du vieux continent, ce qui, bien entendu, ravira les amateurs d’Histoire.
- Pas de Loi, pas de Chaos ni même de Balance Cosmique dans ce Pacte de Von Bek, ce qui est appréciable, pourtant, a bien y regarder, cette lutte entre l’Enfer et le Paradis, cette quête du Graal et cet équilibre trouvé a la fin rappelle bien des choses…
- Un récit plutôt philosophique sur l’homme, son désir de se crée des dieux, de tuer en leur noms et une belle parabole sur le fait que l’humanité ne se libérera que par elle-même, par le biais de la connaissance et non par celui de la religion.

Points Négatifs :
- Dommage que, vers la fin, la quête de Von Bek et Sadako subisse une accélération pour le moins impressionnante, Moorcock se contentant d’en faire un rapide résumé. En effet, si l’auteur avait un tant soit peu approfondi cette partie, ce roman aurait été proche de la perfection.
- Les deux premiers tiers sont tout simplement excellents, le dernier, un poil trop rapide hélas, ce qui est dommage puisque la conclusion est plutôt bonne.

Ma note : 8/10

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