LE FLEUVE DE L'ÉTERNITÉ – LE BATEAU FABULEUX
LE
FLEUVE DE L'ÉTERNITÉ – LE BATEAU FABULEUX
Vous
souvenez-vous de ce fleuve immense sillonnant une planète inconnue ? Sur ses
rives se sont retrouvés des milliards d'humains ressuscités. Et parmi eux, il y
a des grands noms : Cyrano de Bergerac, Odysseus, Hermann Goering, Mark Twain,
Le Prince Jean... Bref, des gens dynamiques, désireux de comprendre et d'agir.
Alors Mark Twain, qui n'a pas oublié son cher Mississippi, décide de construire
un navire pour remonter aux sources du fleuve. Il serait tout à la joie de la
folle entreprise si sa femme ne le chagrinait : elle s'est éprise de Cyrano !
Autre ennui : Goering, devenu un non-violent, s'oppose à l'aventure... Mark
Twain est têtu et le bateau fabuleux sera achevé. Pour voguer sur quelles eaux
tumultueuses et maléfiques ?
Le Fleuve de l'Éternité – Le Bateau Fabuleux
Auteur
: Philip
José Farmer
Type
d'ouvrage : Science-Fiction
Première
Parution : 1971
Edition
Française : 01 janvier 1992
Titre en
vo : Riverworld
– The Fabulous Riverboat
Pays
d’origine : États-Unis
Langue
d’origine : Anglais
Traduction : Jacques
Guiod
Éditeur : Le
Livre de Poche
Nombre
de pages : 348
Mon
avis : Le premier volume du Fleuve
de l’Éternité s’était achevé alors que Richard
Burton et ses compagnons se préparaient, une fois encore et après maintes
péripéties, à partir en quête de la mystérieuse Tour Noire, ce monument semi
légendaire où vivraient les responsables de la résurrection générale de
l’humanité toute entière sur le monde du Fleuve, les non moins étranges
Ethiques. Ainsi, après avoir suivi Burton, Alice, Frigate et les autres dans
leur exploration de cette planète, ou, plus précisément, de ce long et sinueux
fleuve sur les rives duquel, l’Homme commençait, au fil des années, a bâtir de
nouvelles nations et, bien trop souvent, a retomber dans ses travers, je
m’attendais à les retrouver dans ce second volume. Ainsi, telle ne fut pas ma
surprise en constatant assez rapidement que ceux-ci seraient tout simplement
absents dans ce tome – il est tout juste fait quelques allusions à Burton, ici
et là. Alors certes, je savais pertinemment que de nouveaux protagonistes
allaient faire leur grande entrée dans le récit, pas que nos anciens héros
brilleraient par leur absence… Ceci étant dit, rentrons donc dans le vif du
sujet pour ce qui est de ce Bateau
Fabuleux, ce second tome du Fleuve de
l’Éternité… Ainsi, après la surprise initiale, on finit, au bout d’une
période d’adaptation plus ou moins longue, par retrouver les grandes trames du
cycle du Fleuve de l’Éternité et en particulier les grandes
questions que les protagonistes et les lecteurs se posent : pourquoi une telle
résurrection, comment et dans quel but, qui sont ces mystérieux Ethiques,
comment accéder à cette mystérieuse Tour noire et, quel sera le sort de
l’humanité ? Car nombreux sont ceux qui se posent ces questions et, parmi eux,
un certain Sam Clemens (alias Mark Twain), un autre contacté, comme Burton, par
le mystérieux Inconnu, le soit disant rebelle des Ethiques. Et alors que l’on
aurait put s’attendre, comme dans le premier volume, a une succession de
voyages au court du fleuve, l’on se rend assez rapidement compte que Farmer
nous entraîne plutôt ici, dans la description de toute la mise en place
nécessaire à la construction de ce fameux Bateau Fabuleux. Et là, tout y passe
: création d’un état, enjeux politiques internes et relations avec les voisins,
quelles soient houleuses ou amicales, trahisons et manœuvres politiques
diverses, commerce, logistique, longs descriptifs de l’industrie et des moyens
nécessaires à l’accomplissement du but ultime de ce deuxième tome,
c’est-à-dire, la construction du plus grand bateau à aubes de l’Histoire,
navire qui permettra à Clemens et ses compagnons, de partir en quête de la Tour
Noire. Du coup, l’on se retrouve, tout en étant dans le même univers et que les
objectifs n’ont pas changés d’un iota, avec un récit bien différent que dans
le Monde du Fleuve, peut être moins romanesque mais tout autant
passionnant et captivant. Alors oui, l’action est moins présente, ce, au
détriment de la psychologie des personnages, mais la force de Farmer, est de
maintenir le niveau de qualité de l’œuvre et l’intérêt du lecteur pour celle-ci
à un haut degré, et ce, malgré tant de changements. L’on avait aimé la bravoure
de Burton ? On se passionnera pour ce râleur de Clemens, a la personnalité bien
trouble, parfois peu reluisante et jusqu’au boutiste. L’on avait aimé les
voyages du premier tome ? La gérance d’un état et ses relations avec ses
voisins nous passionnerons. L’on avait aimé la présence d’un homme de
Néandertal et d’un extraterrestre dans le premier tome ? Les protagonistes de
la suite seront plus conventionnels, si l’on fait abstraction du géant
préhistorique, l’attachant Joe Miller, quand à d’autres, comme Cyrano de
Bergerac, Jean sans Terre ou Eric la Hache, disons qu’ils ne laisseront pas les
lecteurs indifférents... Et, bien entendu, on avait adoré tous les mystères
entourant la résurrection de l’humanité, le sort à plus moins longue échéance
de celle ci et les Ethiques ? Rassurez vous, ceux-ci sont toujours présents et
s’en trouvent mêmes sublimés car plus l’on avance dans l’œuvre, plus de
nouveaux indices nous sont donnés, plus nos certitudes et nos hypothèses volent
en éclat, ainsi, tandis que les dernières pages de ce Bateau Fabuleux s’achèvent,
une chose est certaine, la route sera encore longue pour nos protagonistes et
bien malin sera celui qui peut prétendre connaître la solution de toutes les
énigmes, qui ne cessent de croîtrent… Bref, ce second volume du Fleuve de l’Éternité, malgré son
changement de ton, n’en reste pas plutôt réussi et ne décevra pas les lecteurs
de Farmer, qui, ici, réussit à se renouveler tout en maintenant la qualité de
son cycle. Malheureusement, malgré toutes les louanges déjà citées, je ne peux
passer sous silence certaines longueurs ainsi que quelques incohérences, dues, la
plupart du temps à des oublis, même si, malgré ces quelques défauts, Le Bateau Fabuleux vient
confirmer ce que son prédécesseur promettait : Le Fleuve de l’Éternité est
un excellant cycle. Puisse la suite être du même acabit…
Points
Positifs :
-
Une suite qui, malgré son changement radical de casting et de ton, n’en reste
pas moins dans la même veine, qualitativement parlant, que son prédécesseur et
confirme tout le bien que l’on pouvait penser du cycle du Fleuve de l’Éternité, œuvre qui possède un univers oh combien
singulier et qui mérite le détour, de par son postulat de départ et son
originalité.
-
Dans Le Bateau Fabuleux, on perd un
peu le coté aventureux du premier volet, Le
Monde du Fleuve, pour une ambiance plus politique, plus axée sur les
rouages de la création d’un état et de son développement, cependant, l’intrigue
n’en reste pas moins passionnante pour peu que vous adhériez a l’univers de
Farmer.
-
Le casting est renouvelé en profondeur, cependant, les nouvelles têtes d’affiches
ont de quoi marquer les esprits : Mark Twain, Jean sans Terre, Cyrano de
Bergerac, Lothar von Richthofen, pour les figures historiques, mais aussi Joe
Miller, l’hominidé géant, pour les personnages inventés pour l’occasion…
-
Les grandes questions que l’on se posait dans le premier volume reviennent à
nouveau ici et on est toujours aussi curieux de connaitre le fin mot de l’histoire.
Points
Négatifs :
- Comme
cela avait été le cas pour le premier volume, cette œuvre accuse un peu son âge,
ce en raison d’un style d’écriture un peu vieillot et d’une simplicité qui
n’est plus de mise de nos jours…
-
Quelques petites boulettes narratives, ici et là, ainsi que certaines longueurs
nuisent un peu au plaisir de la lecture de ce roman.
-
Le changement radical de casting à de quoi déstabiliser pas mal de lecteurs,
surtout que, il faut le reconnaitre, Mark Twain et les petits nouveaux sont moins
charismatiques que Richard Burton et ses compagnons.
-
Les femmes occupent une place négligeable ici. Certes, il faut se remettre dans
le contexte de l’époque, cependant, j’ai déjà eu l’occasion de lire des
ouvrages où la gente féminine avait droit à un traitement plus acceptable…
Ma
note : 7,5/10
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